Printemps

9 avril 2000

Les collines reverdirent ce printemps-là.
L'eau revint chanter dans les ruisseaux.
Plus haut grimpèrent les arbres.
La pluie trouva son chemin jusqu'à moi,
Au plus profond du bois,
Loin où s'élève son cœur,
Un amas de rochers ancestraux,
Battus par les vents, assaillis par le gel
Et les ans longs et tumultueux.
Perdue là à l'abri des rochers,
Recroquevillée sous un aplomb,
Mon propre cœur résistait lui aussi.
Les yeux clos, je ne me souvenais plus.
La pluie me retrouva,
La pluie éveilla ma mémoire.
Elle vint frapper mes doigts à sa manière,
Elle caressa mon visage craquelé.
Elle appuya sa fraîcheur contre moi et m'appela.
Mes yeux s'ouvrirent, trouvèrent mes souvenirs.
Ils revinrent à ces années de bals,
Musiques, tambours, velours et galons.
Ils revinrent à ces temps de bleu,
Visages clairs, mains tendues, bruissements d'ailes.
Ils tournèrent en arrière, jusqu'au lointain,
Fontaines, jonquilles, lilas et papillons.
Parce que leur place ils ne trouvaient,
Ils s'en revinrent étonnés,
Ils me trouvèrent émerveillée.