Sans queue ni tête

14 octobre 1996

Un torrent de vent déverse une coulée de roses sang
Sur le ventre de la déesse,
Elle enfante d'un déchirement et l'enfant la dévorera.
Mouillée, salée, sucrée, piquée, souillée,
Elle pleure, panique et suffoque.
Cris, appelle, découvre-toi.
Suis-le pas à pas et trace ton chemin.
Ne cherche pas, coule.
Pars, tombe, ne te relève pas.
Attends, le temps te rejoindra.
Passe le pont que la rivière emporte
Et reste morose et noir.
Non, renie et envole-toi,
Passe et dépasse ce qui bloque,
Crache, sue, saigne,
De plumes et de rêves tu es faite,
Et tu le sais, rien ne t'arrête.
Viens mon amour, viens à moi.
Rejoins le cercle, ne t'attarde pas.
Amoncelle or, empique diamants,
Apporte trésors sans oublier la clef,
Et de ne pas douter que tout te sera volé.
Labyrinthes de pensées,
Torturements de sentiments,
Joliment tournés, sournoisement entortillés.
Le piège est tissé, prêt à capturer.
Et crois-tu le voir, trop tard, c'est que tu es pris.
La tornade éparpille la colère,
Elle sème par ci par là, au gré du vent,
Les graines emportées,
Beauté affolée, ébouriffée,
Rires en cristal brisé,
Oeil miroir de mille saphirs dérobés,
Créature de fleurs, de velours et de lumières rapiécées,
Au parfum cruel, irrésistible et fatal.