Le duel a connu plusieurs formes au cours de son histoire : les tournois, les jugements de Dieu, les duels judiciaires, les duels du point d’honneur. De plus, ces formes ont elles-mêmes largement varié aussi bien dans le temps que dans l’espace.
Le duel judiciaire n’a pas toujours été pratiqué avec la même ferveur. De nombreux souverains ont tenté de l’interdire ou de le soumettre à leur autorité auparavant, c’était l’apanage des seigneurs). Il en fut ainsi pour Saint Louis.
En 1306, Philippe le Bel, après avoir interdit le duel pour cause de guerre avec les anglais, réinstaure cette pratique car « son interdiction [...] n’a fait qu’accroître les chances d’impunités des malfaiteurs. ».
Cependant, Philippe le Bel soumet le duel judiciaire à de nombreuses formalités qui seront malgré tout un frein certain. De plus, le duel n’est plus utilisé pour les litiges civils, seuls restent donc les crimes.
Le déroulement est le suivant : "L’accusateur expose devant les juges [...] ses griefs et déclare qu’il n’a d’autres moyens de prouver que "par son corps". Il jette son gage, généralement un gant, et attend qu’il soit relevé par son adversaire [...]. Dès lors, les deux parties, avant d’en découdre en champs clos (NDLR: nom de l'endroit où se déroule le duel), demeurent en prison, à moins qu’on ne leur permette la liberté contre une caution importante."
Le jour du duel, après maint arrêts à caractère religieux (signe de croix tous les dix mètres, messe -cette messe particulière s’appelle missa produello-, ...). Les adversaires, à la demande d’un héraut, se présentent devant le roi. À ce moment, les opposants peuvent contester les armes de leur adversaire, si celles-ci ne sont pas conformes à l’usage. En ce cas,
elles leur seront retirées. Ensuite, un héraut lit les cinq défenses relatives au combat (la dernière précise qu'il est interdit de porter secours à un des belligérants. La mort est la peine encourue si jamais le secours entraîne la défaite d'un des protagonistes). Vient par après le moment des serments : l’un accuse et l’autre se défend.
Les serments sont au nombre de trois, tous plus importants que les précédents. Après le second serment, il faut jurer que l’on n’a ni sur lui, ni sur son cheval ou ses armes herbe, charme, parole, pleurs, conjuration, pacte ou incantation dont il voudrait se servir. On leur propose ensuite de s’en remettre à la justice royale plutôt que divine. Si aucun des belligérants ne confesse sa faute, alors on passe au troisième serment, plus long et plus fervent encore que les autres (on jure sur la Croix, la Vraie Passion, ...).
La déclaration suivante est faite :"Seigneurs, chevaliers, écuyer, et tous autres gens, notre souverain seigneur par la grâce de Dieu, roi de France, vous commande et défend sous peine de perdre la vie et les biens, que nul ne soit armé, ne porte épée ou autres armes quelconques, à l’exception des gardes du champ de bataille, et ceux pour qui le roi permet l'exception. Ainsi, le roi commande et défend que nul, de quelconque condition qu'il soit, ne demeure à cheval pendant la bataille. Et ce sous peine aux gentilshommes de perdre leur cheval et aux serviteurs et roturiers de perdre une oreille. Notre roi, notre sire commande à tous, de quelconque condition qu'il soit, de s'asseoir sur bancs ou sur terre afin que chacun puisse voir les parties combattre, et ce sous peine du poing coupé. Notre roi, notre sire commande et défend que nul ne sorte, ne se signe, ne tousse, ne crache, ne crie, ne fasse aucun semblant quel qu'il soit et ce sous peine de perdre vie et biens."
Le maréchal du camp vient alors au milieu du champ clos et crie par trois fois "Faites vos devoirs". Les opposants vont s'armer chacun de leur côté. Ils peuvent, s'ils le souhaitent, monter à cheval. Une fois près, le maréchal crie par trois fois "Laissez les aller" puis "Faites vos devoirs". Le combat s'engage enfin après qu'il ait fait jeter le gant par-dessus la lice.
La durée du combat peut être largement variable. Néanmoins, celui-ci s'arrête au coucher du soleil. Il peut reprendre le lendemain, pour une durée égale à celle des cérémonies préliminaires et ceci uniquement sur requête des avocats des combattants.
Le vaincu est livré au maréchal du camp jusqu'à ce que le roi ou le connétable qui le remplace ait pris sa décision :soit le pardon, soit "en faire justice", c'est-à-dire le pendre en chemise par le cou s'il est vivant, sinon par les pieds. Néanmoins, les pardons sont à peu de choses près inexistants. N'oublions pas que seules les affaires criminelles peuvent faire l'objet d'un duel. De plus, le vaincu, qui est donc le coupable, s'est parjuré par trois fois ! Tous les biens du vaincu sont confisqués au profit du roi après dédommagement du vainqueur.