On en parle beaucoup... Mais l'avez-vous lu ?

(Ukko)

Tiré du fanzine n°8 du mois de février 1997

dernière mise à jour : 11/11/98

Quoi ? Vous ne l'avez pas lu ! Vous vous prétendez passionné d'Heroïc Fantasy ET VOUS NE L'AVEZ PAS LU ! Je me demande pourquoi je perd mon temps avec une bande d'incultes pareils. De quoi je parle ? Du "Seigneur des Anneaux" bien sûr. Plus que la Bible absolue du genre médieval-fantastique, ce bouquin est tout simplement un des meilleurs romans du vingtième siècle.

Tout chef-d'oeuvre que cela représente, il est important afin d'en tirer toute la substantifique saveur, d'aborder l'oeuvre de John Ronald Reuel Tolkien, suivant un ordre bien précis. Si l'on n'a jamais rien lu du Maître, on commencera par "Bilbo le Hobbit", faisant vaillament fi du quand-dira-t'on, car pour beaucoup de gens, il s'agit là d'une oeuvre destinée aux enfants. Cet aspect enfantin facilite pourtant l'approche de cet univers inattendu pour le lecteur non averti et il s'estompe d'ailleurs peu à peu au fil du récit. On est très vite emporté par le talent narratif de l'auteur, qui nous accroche au suspens tout en nous faisant mourir de rire d'entrée de jeu avec l'extraordinaire goûter durant lequel Bilbo rencontre les douze nains.

J.R.R. Tolkien
Mais "Bilbo..." n'est qu'un amuse-gueule. Les choses sérieuses ne commencent qu'avec "le Seigneur des Anneaux". On retrouve le personnage de Bilbo, mais c'est son neveu Frodon qui est en tête d'affiche. Car chez Tolkien aussi, les personnages savent s'éclipser lorsque leur destinée est accomplie (Hm, hm... Non, non, je ne vise personne !) Je ne tenterai pas ici de vous résumer ses époustouflantes aventures, se serait déflorer le sujet. J'insisterai seulement sur le souffle épique qui anime cette trilogie et sur quelques ingrédients qui en relève la saveur:
- Le voyage. Tout comme dans "Bilbo...", les héros parcourent leur monde et nous entraînent avec eux à sa découverte. Une grande partie du succès de l'oeuvre vient de la cohérence de l'univers inventé par Tolkien. Son histoire, sa géographie et même ses différents langages sont parfaitement logiques et réalistes. Il semble en avoir une idée tellement précise que lorsqu'il décrit des paysages, on a l'impression qu'il les a réellement vu. Sa description de la Comté est d'ailleurs assez fidèlement celle du Cotswold, région d'Angleterre qu'il affectionnait.
- Le quotidien. Si "Le seigneur des Anneaux" est un livre aussi dense, c'est parce que Tolkien n'hésite pas à rentrer dans la description de petits faits du quotidien, mais sans en abuser. Ainsi, lorsque ses personnages voyagent, on a mal aux pieds avec eux, on a froid, faim, peur comme eux. Il met le doigt sur l'importance que peut prendre un bon repas quand on crève la dalle ou un feu après une journée de marche sous la drache. Tout joueur de G.N. verra très bien de quoi je veux parler. La scène du lapin aux herbes que Sam prépare pour Frodon est un modèle du genre.
- Les combats. Assez curieusement, c'est parce qu'il ne les décrit que très superficiellement qu'ils prennent une telle ampleur lyrique. Pas de descriptions de cervelles éventrées, de boyaux répandus ou de passes d'armes diaboliques, il laisse le soin à l'imagination de son lecteur d'inventer les détails des affrontements titanesques qui opposent les armées du Gondor et du Mordor, renforçant ainsi leur impact.
- L'humanité de ses personnages. Même s'il décrit aussi bien des hobbits, nains ou elfes que des hommes, Tolkien met parfaitement à jour la complexité de ses héros. Leurs conflits intérieurs sont sources d'affrontements, mais aussi facteurs des amitiés les plus surprenantes qui ne peuvent manquer d'apparaître au sein d'un groupe partageant des expériences aussi intenses. Une fois encore, il fait preuve de son grand sens d'observation et de sa finesse dans la description.
Lorsque vous aurez fini "Le seigneur des Anneaux", vous aurez immanquablement envie d'en savoir plus. Il faudra alors vous atteler à la lecture plus ardue mais néanmoins passionnante du "Silmarillion" et des "Contes et légendes inachevées.", écrits éparses de Tolkien qu'il comptait faire paraître un jour et qui furent compilés après sa mort par son fils Christopher. Ce ne sont pas des romans, plutôt des recueils de textes foisonnant d'informations sur la riche histoire des Terres du Milieu.
Voilà. Je ne veux plus vous voir avant que vous puissiez me réciter l'ascendance d'Aragorn jusqu'à la vingtième génération. Et puis, la prochaine fois que vous passez, amenez donc avec vous quelques gâteaux au miel. Bonne lecture !

"Bilbo le Hobbit", "Le Seigneur des Anneaux", "Le Silmarillion" et les "Contes et légendes inachevées" existent en Livre de Poche ou en Press Pocket. Si vous avez des sous, Christian Bourgeois a publié une édition de luxe (superbe !) de tous ces ouvrages. Sortent pour l'instant de nouveaux livres tirés de manuscrits de Tolkien sous le nom de " Le livres des contes perdus " (un seul tome en français et une dizaine en anglais).