Le gouverneur de Saint-Domingue et le vice-amiral de France félicitent le capitaine Granmont (1679)


Introduction

Suite à son expédition du lac de Maracaïbo, le capitaine Granmont s'attire les félicitations de MM. de Pouancey et d'Estrées. Ce dernier, aussi enthousiaste qu'à son habitude, s'empresse de le proposer pour servir dans la marine royale. Mais Granmont n'a que faire de ces honneurs et, comme l'écrit d'Estrées, il repart bientôt en course.


contribution (pour la lettre de Pouancey): Dominika Haraneder.

Le sieur de Pouancey au marquis de Seigneley [extrait]

9 janvier 1679.

(...) J'ai aussi un gouverneur, un gentilhomme et un vicaire de la province de Ste-Marthe que je garde et nourris depuis 18 mois, afin de tenir le gouverneur en quelque risque pour le traitement de nos gens.

Notre flotte est arrivée depuis 15 jours après avoir fait 6 mois de saison dans la baie de Marecaie où ils ont fait peu de choses pour butin. Ils n'ont pas perdu de gens et le nombre n'est allé qu'à vingt desquels plus des trois quarts sont morts de maladie. Leur arrivée m'a tiré de très gros chagrin. Monsieur de Granmont, qui est celui à qui j'avais donné le commandement de ces gens aux îles d'Aves pour leur conduite et conservation, s'est acquitté bien dignement de cette commission ayant fait en plusieurs endroits des actions non seulement de capitaine et de commandant, mais des actions de vigueur et a su ménager ses gens, en sorte qu'il n'en a pas été tué d'avantage. Il a pris un fort qui est à garder l'entrée de la baie, l'a assiègé et à fait rendre celui qui en avait commande à condition d'en sortir sans arme avec la garnison. Je souhaiterai avec passion que le Roi vous donne ordre de faire quelque entreprise avec moi, de vous suivre avec les gens de ce gouvernement.


source: Archives nationales, Colonies, C9 A rec. 1.

Le vice-amiral d'Estrées à Mgr le marquis de Seigneley [extrait]

Brest, 10 avril 1679.

Le second [Granmont] m'a adressé une lettre pour Monsieur votre père, avec la relation de la dernière entreprise des flibustiers dans le lac de Marescaye, si je les croyais digne de vous être envoyée à l'un et à l'autre, pour en faire le rapport à Sa Majesté.

J'ai cru, Monsieur que vous seriez bien aise de les recevoir et j'ai considéré plus que toutes choses, que le sieur de Granmont a profité des leçons que l'on lui a faites dans le dernier voyage, et engagé les flibustiers à une discipline qui ne leur était pas connue; ils ont remué la terre, et agit avec beaucoup plus d'ordre et moins d'impétuosité, qu'ils n'avaient accoutumé; ces commencements me donnent quelque espérance pour de plus grands desseins, et j'avoue que je vois tant de facilité à entreprendre sur les Espagnols dans l'Amérique, que je ne sais, si c'est le zèle ou la raison qui me fait croire qu'il ne faut pas se borner à des choses médiocres.

Ces flibustiers ont demeuré quatre mois dans les terres des Espagnols, brûlé deux villes, et une très grande quantité d'habitations, en sorte que l'on en peut estimer le dommage à près de quatre millions. Le sieur de Granmont par une lettre qu'il m'écrit m'assure qu'il devait partir dans quinze jours, pour aller croiser, trois mois devant La Havanne, et reconnaître parfaitement les lieux dont il m'avait entretenu; on ne peut rien ajouter à son zèle, et à ses connaissances dans ce pays là, et si le Roi l'honorait d'un brevet de capitaine de frégate légère, il ne mettrait pas dans sa marine une personne indigne de cet honneur là.


source: Archives nationales, Marine, B4 8, fol. 386.

LES ARCHIVES DE LA FLIBUSTE
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