Informations sur la Trompeuse et la prise de la Veracruz fournies par le gouvernement des Antilles françaises (1683)


Introduction

Le présent extrait, d'une lettre du lieutenant du gouverneur général des Isles d'Amérique et de l'intendant Bégon, montre comment les autorités coloniales pouvaient souvent être mal informées, surtout le gouvernement général des Antilles à cause de la distance que le séparait de Saint-Domingue, base principale des flibustiers, distance rendu encore plus longue à cause du régime des vents dans la mers des Caraïbes. Dans cette lettre, l'on raconte la destruction de la Trompeuse, vaisseau du roi affrété au commerce avec l'Afrique et qui fut détourné par son capitaine Pierre Pain. En réalité, Pain alla chercher asile à la Jamaïque puis les autorités de cette colonie réarmèrent la Trompeuse pour la retourner en France. En route, elle fut capturée par le flibustier Jean Hamelin qui, lui, se rendit sur ce bâtiment à Saint-Thomas, possession du roi du Danemark, où il fut chaleureusement accueilli par le gouverneur. La Trompeuse fut ainsi détruite par un navire anglais, non pas un corsaire, mais un vaisseau du roi d'Angleterre, The Francis, commandé par le capitaine Charles Carlile, envoyé là par le gouverneur des Leeward Islands pour régler son compte à Hamelin qui avait pillé plusieurs bâtiments anglais. À la fin de l'extrait, les deux officiers royaux annoncent aussi la prise de la Veracruz (Nova Crux) par les flibustiers de Saint-Domingue.


contribution: Dominika Haraneder.

Le chevalier de St-Laurens et Begon au Roi [extrait]

(...) Sa Majesté a déjà su que la frégate La Trompeuse avait été brûlée dans la rade de St-Thomas par un corsaire anglais qui la poursuivait depuis plusieurs jours, nous avons appris depuis que le gouverneur de St-Thomas avait donné retraite au nommé Pain qui le commandait et luy avait accordé sa protection sur ce que ledit Pain lui avait remis la frégate pour la rendre à Sa Majesté ce qu'il fit aussi tôt savoir au capitaine anglais et lui fit défense de rien entreprendre sur ledit vaisseau d'autant qu'il appartenait à Sa Majesté ce que les Anglais prenant pour un prétexte et se voyant le plus fort, il la brûla dont le gouvernement fait de grandes plaintes mais il est certain que ce lieu-là est une retraite assurée pour toute sorte de forbans et de voleurs.

Nous ne doutons pas que Sa Majesté n'ai été avertie par le sieur de Franquenet du pillage que les flibustiers de St-Domingue et de la Jamaïque ont fait de Nova Crux où l'on nous a assuré qu'ils ont enlevé aux Espagnols près de 2000 nègres et près de 3 millions en argent ou marchandises précieuses. La plus grande partie des nègres sont morts de faim faute de vivre. Le reste a été partagé entre les flibustiers français et anglais. (...) On nous a assuré que les flibustiers se disposaient à faire une nouvelle entreprise.

Fait à la Martinique le 23e novembre 1683.


source: Archives nationales, Colonies, C8 A rec. 3 fol. 291.

LES ARCHIVES DE LA FLIBUSTE
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