Vendredi, le 25 fevrier 2000
On m'avait demande de rencontrer Chahram pour discuter des problemes des techs. Chahram ne m'a pas rencontre parce qu'il s'occupe plus ou moins de ces choses la. J'ai rencontre Robert Jourdain mon 3e niveau. Il m'a informe que la decision de discuter du probleme avec Chahram a ete apportee au niveau des V-Ps, Yvan Girard et Claude Dubois car Chahram s'occupe des " Operations Globales " au niveau mondial et il est tres occupe. Il s'est informe et la compagnie n'a pas le droit legalement de rencontrer un autre groupe que les representants elus de l'UCTC durant la periode de negos. Le probleme sera apporte a la table des negociations avec l'UCTC par Ossama Guindi et Andre Lavigne (tous deux, assignes par Chahram, font partie du comite pour negocier avec l'UCTC a la table de negociation pour le contrat collectif) car les deux parties devront etre conjointement et solidairement d'accord pour organiser une rencontre pour informer adequatement les membres de l'UCTC (particulierement les techs) et discuter du projet des DEC vs AEC et des autres problemes, durant la periode de negos. Bien que M. Jourdain n'a aucune opinion sur nos representants elus, si nous trouvons que nous sommes mal representes, c'est notre probleme et non celui de la compagnie. Selon le code du travail nous les avons elus democratiquement et si nous n'aimons pas l'UCTC au complet, ce n'est pas le probleme de la compagnie mais bien le notre. Si le Conseil Administratif de l'UCTC fait des concessions qu'on ne veut pas faire c'est notre probleme. Pour ce qui est de creer un autre groupe pour discuter avec Chahram, c'est comme il dit, il y en a deja deux qui negocient--> ce sont nos representants elus et un comite que Chahram a designe pour aller negocier avec nos representants aux negos. Il m'a aussi demande si le groupe qui veut parler a Chahram est peu ou tres nombreux dans le but de savoir si le groupe est representatif de la volonte en generale dans l'usine. Car le management veut evaluer l'etendue du probleme. Pour eux, comme il m'a dit, nous sommes deja supposes avoir quelqu'un qui parle pour nous; i.e. nos representants elus. Ils se demandent pourquoi etre oblige de negocier avec deux groupes differents surtout si ce 2ieme groupe ne represente peut-etre pas la majorite. J'ai explique que nos representants agissent sans l'appui de la majorite des membres. Il m'a aussi mentionne qu'au seminaire du Mont-Tremblant, il y avait eu une presentation a environ 400 techs par M. Jourdain ou il expliquait les opportunites d'emplois des techs en ingenierie et les qualites que le management de Nortel recherchait. Il a aussi mentionne que le management voulait que tous soient stimules et motives par leur emploi. Ils veulent engager les meilleurs techniciens possible pour leur savoir dans le but qu'ils utilisent leur savoir pour le meilleur de la compagnie. Il a mentionne qu'une station automatique ou l'on presse un bouton au 15 minutes ( 95% yield ) ne requiere pas un niveau eleve de connaissances. La presentation n'etait pas axe sur les jobs d'operateurs/techniciens mais plutot sur les possibilites d'avancements des techniciens. Personne n'a pose de question donc personne n'a signale leur desaccord (Je n'y etais pas). Apres avoir consulte avec des gens qui y etaient, on m'a rapporte qu'il y avait eu un murmure dans la salle. Mais il a raison quand il dit que personne a pris la parole. Voila la faute. Aussi M. Andre Lavigne a rencontre son groupe, il y a quelques semaines pour tenter de clarifier la question et a offert un chance pour discuter. Encore la, personne n'a pris la parole. Trois jours plus tard une petition demandant l'abolition des postes d'operateurs/techniciens circula. Il se demande pourquoi vouloir rencontrer Chahram et vouloir en parler maintenant si lorsque la chance etait la d'en parler et que personne n'a rien dit. Pour ce qui est des A.E.C., voila la goutte qui a fait deborde le vase. J'ai explique que les techs n'ont jamais autorise ni mandate l'UCTC a negocier ni a accepter une telle proposition. Les techs croient aussi que ceci remet en question la valeur d'un DEC. De plus, selon les techs ceci ouvrira la porte a une zone grise (comme les IN-Circuits ou ils ont perdus ces postes) lors de la creation future des positions de travail. Lorsque viendra le temps de creer de nouveaux postes de travail, ou se situera la limite d'un DEC et d'un AEC ? La compagnie dit que selon leur position, ils ne nous enlevent rien parce qu'ils embauchent encore. Donc, pour eux, s'ils redefinissent ex. 25 jobs et qu'ils en embauchent 200, on en a quand meme gagne 175. Donc, pour eux, on a rien perdu. J'ai explique que les techs ne voient pas ca comme ca et qu'on devrait en avoir 225 dans notre exemple.
M. Jourdain m'a explique que leur vision est de nous offrir des jobs qui nous donnent un defi au niveau technique, digne de notre titre de technicien et non des jobs de pousseux de "enter". J'ai explique que ce n'est pas tout le monde qui veulent ce defi. Beaucoup sollicitent une fonction ou le mode travail est simple. Pour eux, l'embauche d'un tech pour peser sur "enter" n'est pas un investissement strategique, c'est une perte de talent. Il m'a explique qu'ils aiment mieux voir un operateur motive a qui on donne une chance a une station de test qu'un tech demotive qui donne son minimum. Il m'a fait un parallele avec les bureaux. Ils preferent voir un tech motive dans les bureaux qui fait une job specialisee au lieu d'un ingenieur qui donne son minimum. Les ingenieurs ne se sentent pas menaces lorsqu'un technicien monte dans les bureaux car les ingenieurs pourront faire quelque chose de plus interessant. Il se demande pourquoi ne pas utiliser la meme analogie entre les operateurs et les techs. D'autres diraient, n'est-ce pas plus strategique que d'avoir, au meme cout, des employes surqualifies qui n'en demandent pas plus que d'entrer faire leur petit bouleau. Voila le probleme d'un systeme syndical qui encourage l'equite et non la performance.
J'ai aussi mentionne que s'ils sont si interesses a nous donner des jobs plus interessantes au niveau technique, pourquoi donc nous ne pouvons plus toucher a la programmation de nos test sets, par exemple, et que c'est Belltron, un sous-traitant qui a pris ces jobs la. Ceci a ouvert un debat sur la sous-traitance. On m'a explique que Nortel ne peut pas fournir a la demande des clients a elle seule et que si aujourd'hui nous sommes si gros, c'est a cause de cette decision strategique. Nous aurions simplement manque le bateau parce que sans nos alliances nous n'aurions pas la capacite de fournir a la demande prevue dans un si court delai. La croissance necessaire pour survivre et bien se positionner face a nos competiteurs et repondre a la demande du client est simplement trop rapide. Ils disent aussi qu'il n'y a plus assez de techs sur le marche. J'ai explique qu'il y en a encore beaucoup et que pour les deloger des autres compagnies voisinantes, c'est une question d'offre et de demande. Si l'offre etait meilleure au niveau de l'encadrement dans l'usine, au niveau technique et au niveau salarial (Nortel a les moyens), ils arriveraient a aller chercher d'autres techs.
Pour les salaires il n'est pas au courant de l'offre de la compagnie. La discussion que nous avons eu etait centree sur le fait que la compagnie dit que nous avons les meilleurs salaires deja dans ce secteur de l'industrie a Montreal. Le point de vue que j'ai apporte etait au niveau du partage des richesses de la compagnie. Elle fait beaucoup d'argent (comme on en a jamais vu et elle envoie un mauvais signal a sa main d'oeuvre en ne cherchant pas a offrir des augmentations substantielles avec options d'achats). Ce qu'il m'a repondu, c'est que si la compagnie voyait qu'elle perdait ses techs, elle offrirait sans doute plus. Il m'a explique que ceci etait arrive a ses ingenieurs et qu'elle avait du se reajuster pour leur donner une meilleure offre et que leur systeme est base sur la performance. J'ai explique que meme si le scenario est different, c'est plutot une question d'ethique centree autour du partage des richesses, en les invitant a aller voir chez Hydro, chez Bell, chez Chrysler, chez Bombardier...qui eux, a l'exception de chez Bombardier, ne connaissent pas notre croissance mais qui ont offerts plus (voir site des techs et articles de journaux 1999).
Je lui ai explique l'histoire de la SCEB et il n'etait pas au courant. J'ai explique que les rumeurs disent que le management chez Nortel et les dirigeants de l'UCTC auraient peut-etre cherchees a influencer l'evolution de ce dossier. L'echec que les techs ont subit dans leur quete pour l'otention de leur identite distincte marqua les evenements.
Pour plus d'information, je leur ai dit d'aller lire le site go.to/technicien.
Note personnelle :
Malheureusement il a raison selon moi que la facon dont les choses sont faites, la compagnie fait ce qu'elle a a faire et notre lutte devrait etre dirige vers nos representants que nous avons elus democratiquement. Car au niveau legal et je dis bien legal, nous les avons elus pour nous representer. Si nous n'etions pas satisfaits, l'opportunite s'etait presentee avant Noel d'aller chercher une autre association.
Le probleme qui est a la source de tous les problemes des techs est la structure syndicale. Minoritaires au sein de l'UCTC, le groupe des techs cherche a creer son identite distincte. C'est le meme probleme que les quebecois vivent face au Canada qui cherchent a creer leur societe distincte ou ils peuvent decider entre eux des sujets qui les concernent. C'est le meme combat. Etre le directeur general de l'usine, je ferais tout ce que je peux pour assister et promouvoir cette quete. Ca fait des annees que ce malaise existe et il est la source de presque tous les problemes existants. En management a l'universite, ils nous enseignent a regarder tous les petits problemes et d'en trouver la cause principale. En reglant la cause principale et non en courant constamment a regler les consequences, on peut evoluer et attaquer de nouveaux defis. Chez Nortel on brasse toujours la meme melasse depuis des annees. Ce serait peut-etre le temps de penser a l'avenir. Tout au long de l'histoire, il y en a qui ont chercher a garder le statut quo par peur du changement et des energies qui doivent y etre consacrees pour se reajuster. Mais l'histoire nous enseigne qu'on ne peut arreter l'evolution d'une societe ou d'un groupe parce que c'est dans la nature humaine et c'est une constante dans l'univers que de chercher a evoluer.
Lorsque j'avais essaye de contacter le bureau de Chahram, je leur avais dit qu'etant donne l'ampleur du probleme, je voulais offrir mes services dans le but d'assurer la paix industrielle. Mon seul objectif etait d'ouvrir la porte a la discussion entre les deux groupes puisque je ne voulais pas m'en meler. Mon objectif etait que les 2 parties s'assoient ensemble et discutent, par crainte qu'il y ait du dommage irreparable entre les deux partis, tant au bien collectif de tous les employes qu'aux administrateurs de Nortel. Je cherchais une solution diplomatique pour proteger les interets et l'image de Nortel et de promouvoir la paix industrielle. Le dialogue etait pour moi le seul espoir. Je voulais batir les ponts necessaires entre le groupe des techniciens qui se dit " ne pas etre correctement represente " et le management de Nortel Networks. Tout ceci pour qu'on ne dise jamais qu'on a jamais essaye d'en parler. Parce qu'en discutant on finit toujours par se comprendre. Dans mes messages a Mme Pitre, le OSM contact de Chahram, j'ai utilise un mot que j'exige qui soit rectifie immediatement. J'ai dit qu'on pourrait dire que je vais jouer le role d' " ambassadeur ". Le mot que je voulais dire etait " mediateur ". Je crois qu'a cause de mon erreur dans le choix de mes mots, le management de Nortel Networks est sous l'impression que je suis le representant des idees vehiculees par le groupe des techniciens et a la tete de tout le groupe. C'est faux. Comme je l'ai dis, et je le redis, je suis d'accord avec la cause des techniciens mais non avec les methodes et la demarche jusqu'a present utilisees et celles qui seront hypothetiquement utilisees. En regardant la problematique, la solution a laquelle je suis arrivee, etait que si le groupe des techs ne fait pas entendre parce qu'il se dit "ne pas etre representer correctement ", il faut donc qu'il rencontre directement le management et se fasse entendre. C'est seulement ainsi que nous pouvons rebatir. Une fois les discussions commencees, j'avais signale que j'allais me retirer puisque le role que je voulais jouer etait celui de " mediateur " pour initier le dialogue.
Je cherchais a prevenir plutot qu'a guerir.
Paul Pelletier.
P.S. SVP publier cette lettre de maniere integrale sur le site des techniciens.