8 Févier 2002
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Déclaration d'Alain CONNAN
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OUI AU DEFI FRANCAIS A LORIENT
NON AU DEFI FRAMATOME-COGEMA "
Dans un monde où tout semble permis, on pourrait ne pas s’étonner de
voir soudain et d’une façon sournoise, le nucléaire s’immiscer
dans l’expression sportive, comme une sorte de dopage non encore sanctionné.
Il ne faut pas rejeter sans réflexion ce qui aurait pu être une belle
aventure lorientaise.
Cette ville détruite en 1943, j’y étais, se trouve à nouveau bien
malade de l’économie. Alors, quelle fierté d’être un des centres
d’une prestation sportive de prestige. Lorient pouvait reprendre
son apostrophe !
C’est pourquoi on a le droit de s’indigner lorsqu’un DEFI FRANÇAIS
accueilli avec enthousiasme se transforme, sans préavis,
en « défi AREVA » c’est à dire Framatome, CEA, COGEMA.
C’est une insulte faite aux Bretons qui depuis 30 ans refusent
farouchement le nucléaire. C’en est une pour la Nouvelle Zélande
qui a fait de son pays une Terre sans nucléaire.
C’est aussi, me semble-t-il mépriser les équipages de ce défi,
celui du bateau et celui de la logistique. Ils ne s’attendaient
sous doute pas à se trouver au centre d’une telle polémique.
C’est oublier un peu vite, ce qui s’est passé en 1985 à Auckland
avec le sabotage du Rainbow Warrior de Greenpeace et la mort de
mon premier ami au sein de cette organisation non-gouvernementale.
Les protagonistes actuels n’y sont pas vraiment étrangers et c’est
sans état d’âme qu’ils vont aller au même endroit défendre des couleurs
dont on ne connaît plus les teintes.
Alors on est confondu en colère et en indignation en se posant la
question de savoir si l’argent peut permettre l’arrogance et le mépris
au point d’oublier tout sens de l’éthique, du savoir-vivre, et
l’outrecuidance du n’importe quoi.
Mais on peut se demander aussi, si, tout simplement, on n’est pas
confronté à la même bêtise profonde qui fût à l’origine de l’acte
de piratage perpétré contre le Rainbow Warrior le 10 juillet 1985.
Ils semblent ne pas avoir réfléchi aux conséquences d’une si stupide
décision qui fatalement va voir une indignation grandir autour de
la planète.
Comme mes amis de Greenpeace, moi, marin professionnel français et seul
capitaine de cette nationalité sur les navires de Greenpeace je ne me
suis jamais remis de cet acte de brigands.
De maladresses en maladresses, ce n’est pas toujours facile d’affirmer
être français à l’étranger. Au cours de mes campagnes dans le Pacifique,
je n’ai cessé de dire que la France était aussi un pays dont j’aimais
la douceur, la politesse et la culture. C’est quand même plus valorisant
à exporter.
Avec mon ami des Mers dont Peter WILLCOX, actuel commandant du Rainbow
Warrior et qui était celui de précédent coulé à Auckland, je dis OUI,
BRAVO et BIENVENU au DEFI FRANÇAIS à LORIENT ma ville natale et en
NOUVELLE ZELANDE où je me suis souvent exprimé
Et je dis NON au défi framatome Cogema Cea dont les seuls noms me
donnent la chair de poule – NON au mépris.
P.S. : (Je tiens à affirmer que je suis le seul responsable de ces
propos qui ne me sont dictés par personne. Si je reste fidèle à
l’esprit de Greenpeace où j’ai passé les plus forts moments de ma vie,
je n’y suis plus du tout impliqué. C’est un point important que
je tenais à souligner).
Alain Louis CONNAN.