21 Septembre 2001
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Attentats de New York
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Pas de sécurité sans solidarité universelle
Le 11 septembre 2001, entre 6.000 et 7.000 êtres humains ont
payé de leur vie un monde inhumain, le nôtre, qui a pu secréter
des zombies fanatisés, des robots décervelés capables de
sacrifier leur existence avec celle de leurs victimes en jetant
des avions sur les symboles du capitalisme financier mondial et
de l’hégémonisme.
Sur les 6 milliards d’habitants de la planète, 2,8 milliards,
soit presque la moitié, ont moins de deux dollars par jour pour
vivre, et 1,2 milliards (un cinquième), dont 44% habitent en Asie
du Sud, moins d’un dollar par jour.
Dans les pays riches, moins d’un enfant sur 100 meurt avant l’âge
de cinq ans. Par contraste, dans les pays les plus pauvres,
jusqu’à un enfant sur cinq risque de ne pas atteindre son
cinquième anniversaire.
Tandis que dans les pays riches moins de 5% des enfants de moins
de cinq ans souffrent de malnutrition, ce problème peut toucher
jusqu’à 50% d’entre eux dans les pays pauvres (chiffres extraits
du « Rapport 2000-2001 sur le développement dans le monde »
publié par le Programme des Nations-Unies pour le Développement
ou PNUD).
Cette réalité-là fait rarement la une des journaux
télévisés ; elle n’arrête jamais le cours normal des programmes.
Pourtant, il ne faut pas chercher ailleurs le terreau sur lequel
le milliardaire saoudien Oussama Ben Laden et ses affidés, dont
on ne plaindra certes pas le sort quoi qu’il advienne, ont fait
pousser la fleur vénéneuse de la haine et du fanatisme.
L’islam aura servi de prétexte aux inspirateurs du crime pour le
plus grand malheur des musulmans modérés qui savent que la
charia doit bien plus aux coutumes ancestrales pré-islamiques
qu’aux prédications des premiers oulémas.
Car ce que préconisent les islamistes radicaux, ce n’est pas une
redécouverte des sources de l’islam mais une plongée sans espoir
de retour dans les temps immémoriaux d’avant la Connaissance.
Leur projet se résume en deux mots: tuer l’Humanité.
En commençant par sa moitié féminine.
Or la civilisation musulmane a su, en d’autres temps, atteindre
les sommets du raffinement artistique et nourrir le progrès
intellectuel et scientifique pour le bien-être matériel et
spirituel de tous les Hommes sans condition de race ou de
croyance. Avicenne, le grand philosophe et médecin iranien,
et Averroès, son disciple arabe, furent des passeurs d’humanité
entre la Grèce antique et l’Europe de la Renaissance.
Musulmans certes, mais avant tout Humains. Cordoue, la cité
arabo-berbéro-andalouse des Omeyyades, fut comme un havre de
tolérance et un joyau de spiritualité éclairant l’espace
euro-méditerranéen quand le monde chrétien cherchait encore
la voie de la Raison sous la menace terrifiante de
l’Excommunication, de l’Inquisition et de ses bûchers.
En Asie du Sud, le nombre de personnes extrêmement pauvres est
passé depuis 1987 de 495 millions à 522 millions. L’Afghanistan
mais aussi le Pakistan et l’Inde, grands pourvoyeurs de
« petites mains » pour les multinationales occidentales qui
délocalisent, y occupent, si l’on peut dire, une place de choix.
En Afrique subsaharienne, les personnes extrêmement pauvres sont
291 millions, soit 48 millions de plus qu’il y a treize ans,
quasiment la population de la France.
Alors les Etats-Unis et leurs alliés pourront pourchasser,
traquer et finalement éliminer autant de terroristes qu’ils
voudront. Tant qu’ils n’auront pas extirpé les racines de cette
haine dont profitent les Ben Laden et autres « Illuminés », ils
ne seront jamais à l’abri. Nous ne serons jamais à l’abri. Car, à
l’heure de la mondialisation, c’est bien le manque de solidarité
universelle qui a rendu notre monde si dangereux.
Les 22 Etats membres du Comité d’aide au développement de
l’Organisation de Coopération et de Développement Economique
(OCDE), autant dire le club des riches, s’étaient engagés
collectivement à ce que les flux d’aide publique au développement
soient portés à 0,7% de leur Produit intérieur brut (PIB).
De 0,30% en 1993, il est tombé à 0,24%… 66 pays, de toutes les
régions du monde, sont plus pauvres aujourd’hui qu’ils ne
l’étaient il y a dix ans. « C’est ainsi que les Hommes vivent… ».