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29 Juillet 2002 Kabylie

Kabylie : chronique d’un été sans plage !

La route côtière qui va de Bgayet à Tigzirt est vide ce mardi 16 juillet. Pourtant le paysage est splendide: les crêtes de grès rouge tombent dans la mer irisée. Pas grand monde non plus sur les plages! Après un été sans noces, un été sans plage ! Le cœur n’y est pas. La Kabylie est encore en deuil de ses enfants assassinés lors du printemps noir et ce mois de juillet c’est le sort des délégués détenus depuis la répression du 25 mars dernier qui taraudent les esprits.
Les nouvelles que nous rapportons de la prison de Bgayet sont éprouvantes: l’incarcération est pénible et des détenus pour attirer l’attention sur leur détention arbitraire ont décidé une nouvelle grève de la faim, preuve de leur courage mais aussi d’ une nouvelle menace sur leur vie. La même action est reprise par des détenus de Tizi qui réaffirment dans leur communiqué leur détermination à lutter jusqu’au bout. Ce jour–là, leur avocat leur lit avec humour un poème de Nazim Hikmet, détenu politique dans les geôles turques pendant 13 ans ! « Nous on n’est là que depuis 4 mois! remarque l’un d’eux pour se remonter le moral.

Mais 4 mois c’est beaucoup trop, pour eux, pour leurs familles. Pas de liberté provisoire ! pas de jugement..., ils sont otages politiques d’un pouvoir cynique. C’en est trop.
C’est leur sort qui motive une nouvelle marche de la coordination à Tizi le 25 juillet pendant que les détenus font in sit-in dans la prison. Mais la ville des genêts est bouclée, interdite à ses citoyens. Rue Lamali, des flics encagoulés se déchaînent avec fureur sur les marcheurs, alors que toute la semaine les autorités ont accroché à travers la ville le slogan ubuesque « la police au service du citoyen » . Autour de moi, c’est l’écoeurement: « pourquoi ne sont-ils pas en train de ratisser les maquis du GIA ? » ( en effet les attentats se sont curieusement multipliés aux portes de la Kabylie au mois de juillet); « ils nous prennent pour Ben Laden ! »

Après les échecs répétés de ces marches, la coordination, sous la pression des détenus qui demandent une action d’envergure, a décidé une action plus radicale : s’attaquer directement aux représentants du pouvoir, les chefs de daïras, en les chassant. C’est une décision grave, comme la décision de rejeter les élections municipales d’octobre prochain signifiant définitivement le rejet de la présence du pouvoir. Les conséquences sont de taille et suscitent des interrogations: comment la Kabylie va-t-elle alors se gérer ? Cette question est, entre autre, abordée lors du débat organisé par le MAK ( Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie) à Tifilkout le 18 juillet devant une assemblée nombreuse et passionnée. Pour les jeunes, aucun doute: la solution est l’autonomie et à l’appui ils me racontent le soir comment leur village a depuis longtemps appris à se passer d’un pouvoir inefficace, absent. Il s’est pris en charge par exemple pour amener l’eau de la montagne et la distribuer. D ’ailleurs le comité de villages est réuni pour discuter de cette question.

Alors ce soir là, face à l’austère et splendide Djurdjura, au milieu de la chaleur hospitalière des familles de Tifilkout, je suis encore plus convaincue des potentialités multiples de cette Kabylie rebelle, fière et inventive: il suffit qu’on lui laisse mener à son terme sa « révolution des genêts » pour qu’elle vive pleinement, librement, ses étés de noces, ses étés de plages.
Pour qu’elle puisse vivre épanouie tout simplement.


A Tizi – Ouzou le 29 juillet.
Nicole Logeais.


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