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Infinit.com Novembre 2001
Rencontre avec Vincent Cassel, à l'occasion de la sortie du Pacte des loups Par Michel Defoy
Révélé au grand public par La Haine, au milieu des années 90, le comédien français Vincent Cassel mène depuis une carrière marquée du sceau de la polyvalence. Film costumé (Elizabeth), oeuvre intimiste (L'Appartement), divertissement percutant (Dobermann), sa feuille de route est variée. On y ajoutera une mention 'superproductions made in France', pour inclure Les Rivieres pourpres et Le Pacte des loups, sa plus récente prestation. A l'occasion du lancement québecois de ce dernier long métrage, Vincent Cassel s'est entretenu avec nous.
InfiniT.com: Qu'est-ce qui vous a intéressé dans Le Pacte des loups?
Vincent Cassel: Avant tout, la présence du réalisateur Christophe Gans à la barre. Même si j'ai commencé par refuser le scénario, pour la raison que le rôle qu'on me proposait n'était pas encore complété. C'était une espèce de méchant, mais très dans les archétypes. J'ai re-eu le script dans les pattes, grâce à ma femme (Monica Belluci, qui est aussi du Pacte des loups), qui m'a dit qu'ils avaient changé des trucs. Là, j'ai vraiment trouvé qu'il y avait une épaisseur et j'ai récupéré le projet, in extremis.
I: Il s'agit d'une superproduction, tout comme Les Rivières pourpres, qui fait preuve d'ambition dans les moyens. Est-ce que ça marque une tendance, parce qu'il y a aussi Bob Morane qui s'en vient...
VC: Il y a Bob Morane, encore avec Christophe Gans, mais il y a d'autres trucs encore. J'ai un projet avec Jan Kounen, qui avait réalisé Dobermann. Alors oui, il y a une espèce de vent de liberté à ce niveau-là.
I: Qu'est-ce que ça représente, pour vous, d'avoir été retenu pour camper Bob Morane, héros d'une certaine jeunesse? Est-ce que la chose revet une quelconque signification nostalgique?
VC: Non, pas du tout. Ça va avoir un sens pour les gens un peu plus agés que moi, qui ai 34 ans. Je pense à la génération de Christophe (Gans), qui a tout juste 40 ans. Le challenge, à mon avis, consiste à poser une nouvelle figure au personnage. On va le recréer, Bob. Il a un petit côté Tintin, un peu clean, qui ne colle plus du tout à notre époque. Je pense qu'en me choisissant, Christophe me demande de travailler avec lui pour lui tordre un peu le cou.
I: Si vous participez à davantage de 'grands' films, vous ne négligerez pas pour autant des projets de films plus intimistes?
VC: Il y en a, ils sont là depuis toujours et il y en aura toujours assez...
I: Et qu'est-ce qui vous stimule le plus? Participer à une superproduction ou vous prêter à un projet plus modeste, qui offre peut-être un défi plus intéressant, ne serait-ce que du côté du jeu...
VC: Je ne sais pas... Par exemple, dans ce film-là (Le Pacte...), je me suis vraiment beaucoup amusé au niveau du jeu. Je trouvais qu'il y avait quelque chose à apporter, des challenges pour donner au personnage une humanité.
I: Il y a finalement peut-être autant de mérite à racheter un rôle qui, sur papier, peut sembler difficile...
VC: Ça dépend. Je crois qu'il ne faut pas imaginer qu'on va donner des qualités a un rôle qui n'a pas été écrit comme ça. Il faut qu'il y ait un truc stimulant dedans. Je me suis déjà fait avoir en me disant: 'je suis là ça va être bien'. Et pourtant, pas du tout...
I: Comment a été la chimie avec Christophe Gans?
VC: C'est pas quelqu'un qui parle beaucoup aux acteurs, mais c'est quelqu'un qui, si vous vous investissez, offre un grand terrain de jeu. C'est passionnant (de travailler avec lui). Dès qu'on essaie de comprendre ce qu'il en train de faire, et qu'on creuse sa place à l'intérieur de ça, ça devient très intéressant.
I: Y a-t-il d'autres cinéastes avec lesquels vous aimeriez tourner, ou re-tourner?
VC: Il y en a un avec qui je voulais travailler depuis un moment et puis en fait, je travaillerai avec lui cette année, Gaspar Noé (Seul contre tous). On parlait tout à l'heure de films d'auteur, c'en sera un. Mais en meme temps, c'est la même excitation, car j'ai l'impression que c'est l'un des auteurs les plus intéressants de France.
I: Va pour vos activités françaises. Vous tournez assez souvent en anglais. Continuerez-vous d'explorer cette avenue?
VC: Oui. J'ai fait l'année dernière un film avec Matthieu Kassovitz et Nicole Kidman, qui s'appelle Birthday Girl, et qui sortira bientot chez vous. J'ai aussi prêté ma voix au long métrage d'animation Shrek.
I: Est-ce que cela pose un défi different?
VC: Oui, mais en fait, j'ai l'impression que de tourner en anglais, et de travailler aux Etats-Unis, c'est comme une forme de reconnaissance. Et cette notion m'embête. J'aimerais bien avoir cette reconnaissance internationale, mais en partant de France. Et avec ce qui est en train d'arriver avec Le Pacte des loups, grâce aussi à La Haine, à Dobermann, j'ai l'impression qu'il y a moyen de faire quelque chose de plus original que de passer par l'Amérique. Ce qui serait drôle, ce serait d'attaquer le marché americain, très fermé, par les cotés. Avec Les Rivières Pourpres, on a fait des scores qui nous ont placés en tête du box-office américain. Je dois dire que ce genre de détails me procure beaucoup de plaisir.
Le Pacte des loups, long métrage de Christophe Gans, retrace les 'exploits' de la bête mythique du Gevaudan, qui sévit en France au milieu du XVIIIe siècle. En moins de trois ans, la créature a fait une centaine de victimes. S'agissait-il d'un loup, d'un dragon, d'un lycanthrope? Le mystère demeure entier... Vous pouvez visiter le site de InfiniT.com ici. |
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