Le Tour Trans-Canada 1999
9 septembre

10 septembre

Alexandre Bernard a « montré » son maillot pendant 130 km !

Fred Rodriguez l'emporte au sprint ; Jean-Cyril Robin conserve le premier rang au classement

PAUL ROY

Le jeune espoir québécois Alexandre Bernard, de l'équipe ontarienne Jet Fuel Coffee, est parti au 27e kilomètre. Au bout d'un moment, il s'est retourné et il n'a vu personne. Alors il a continué. En fait, il a roulé seul, comme ça, toute la journée. La plupart du temps sous la pluie. Au passage, il a cueilli les trois sprints intermédiaires.

Mais toute bonne chose a une fin. Au 160e kilomètre, l'excellent coureur américain Levy Leiphelmer, de l'équipe Saturn, l'a doublé et a foncé vers la ligne d'arrivée, qui n'était plus qu'à 24 kilomètres. Trop juste. Leiphelmer, vainqueur du Grand Prix de Beauce, a été avalé par le peloton avec 2 kilomètres à faire. Et Fred Rodriguez, un Américain courant pour la Mapei-Quick Step (Italie), a remporté au sprint l'étape Kingston-Port Hope, longue de 184 kilomètres.

Rodriguez, qui pointe 8e à 4 minutes 26 secondes du leader au classement général, a franchi la distance en 4h.33.07, à la vitesse moyenne de 40,42 km/ h.

Une étape courue lentement, comparativement aux précédentes, et qui témoigne sans doute d'une certaine frustration au sein du peloton, après quatre jours consécutifs de pluie.

«Avec la pluie, on passe nos journées à ne rien voir devant », s'est plaint Christopher Horner, le coureur de La Française des Jeux qui pointe 4e au classement général. « Le pluie, c'est dur pour le derrière et pour le moral », a renchéri Gord Fraser, vainqueur de trois étapes jusqu'ici, et troisième hier à Port Hope.

Jean-Cyril Robin, vainqueur sur le Mont-Royal lundi, conserve toujours le maillot rouge de leader au classement général. Le coureur de La Française des Jeux possède une avance de 27 secondes sur Guido Trentin, de la Vini Caldirola, et d'une minute sur Vincent Cali, de l'équipe belge Home Market-Ville de Charleroi.

Une avance maigrichonne compte tenu que la course prend fin par un contre-la-montre de 24 kilomètres dimanche, et que Trentin est réputé meilleur contre-la-montreur que Robin.

- Êtes-vous inquiet ? avons- nous demandé à ce dernier.
- Je me sens bien parce que les deux prochaines journées seront plus valonnées. C'est plus facile pour moi.
- Si vous ne réussissez pas à décoller Trentin, avez-vous songé à envoyer votre coéquipier.Homer - ou un autre - à l'avant, quitte à lui céder votre maillot rouge ?
- On va adopter une stratégie offensive. Et oui, on a plusieurs cartes en main...

L'Ontarien Gord Fraser, de l'équipe Mercury, a bien tenté de ravir sa quatrième victoire d'étape hier. « Mes équipiers ont travaillé très fort pour revenir sur Leipheimer et, ce faisant, lis ont brûlé plusieurs cartouches. Vers la fin, lis n'avaient plus de ressort. »

Rodriguez, le vainqueur d'étape, a pour sa part expliqué qu'il a profité du travail des Mercury pour s'amener au sprint.

Alexandre Bernard, le jeune homme qui a ramé seul à l'avant toute la journée, creusant une avance sur le peloton qui a atteint jusqu'à 9 minutes 30 secondes, n'a pas cru un instant remporter cette étape. « Le peloton m'a laissé un bon de sortie et j'en ai profité », a expliqué le garçon de 21 ans de Sainte-Rosalie. Il eu tout de même reparti avec le titre de coureur le plus combatif de l'étape.

Avant l'étape, les coureurs de Jet Fuel Coffee avaient reçu la commande de leur directeur sportif de montrer leur maillot à la télévision - les commanditaires aiment beaucoup ça. Alexandre a bien répondu. il a montré le sien pendant plus de 130 kilomètres !

Au fait, Jet Fuel Coffee, c'est le nom d'une poignée de cafés torontois fréquentés, entre autres, par les courriers à vélo.

Petite étape aujourd'hui : Vaugham-Hamilton, 145,6 kilomètres.

BLOC NOTES

Deux coureurs, Ludovic Auger, de la Big Mat Auber, et Massimo Apollonio, de la Vini Caldirola, ont été mis à l'amende pour s'être bagarrés. Ils devront verser chacun 200 francs suisses. Pourquoi des francs suisses ? Parce que l'Union cycliste internationale, qui sanctionne cette course, a son siège social à Lausanne.

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Autre abandon hier : celui de Philippe Bordenave, de la Big Mat Auber. Problèmes de genoux. Partis 96 de Québec, vendredi dernier, les coureurs ne sont plus que 88.

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Dans la vraie vie, le Dr Anne Mills, médecin du tour est urgentologue. Lors de sa formation, aux États-Unis, elle a vu des blessés criblés de balles et autres réalités de la vie. « Mais je croyais avoir tout vu avant de soigner un cycliste (Dominique Perras) au travers de la vitre d'une auto à 60 km/h ! T'as pas peur de tomber mais t'as peur de le faire tomber. »

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Sur quel genre de vélos roulent les coureurs du tour ? Sur de beaux vélos. Des exemples ? Les équipiers de la Post Suiss Team ont des Vitus en alu 7005 avec fourches Time carbone, dérailleurs Mavic Mektronic, pneus Vittoria Pro Team Corsa CX... Les Vini Caldirola (Italie) ont des De Rosa en aluminium Dedacciai SC61.10A montés Campagnolo Record, avec pédales Record Titane, selle Fizik Pavé, roues Campagnolo Shamal Titanium, pneus Michelin Axial Pro... Les membres de l'équipe du Canada roulent sur leurs propres vélos. Alexandre Lavallée a un Ryffrank (fabriqué au Québec) en Colombus Foco monté Shimano Dura Ace, roues Mavic Cosmic à l'avant et Mavic Hélium à l'arrière... Dominique Perras a un Rocky Mountain Turbo monté Dura Ace... Il semble y avoir plus de pneus que de boyaux dans le peloton, et les pneus les plus populaires sont sans conteste les Axial Pro.

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Les cyclistes reçoivent un accueil plutôt chaleureux dans les villes où ils passent. C'était particulièrement le cas mardi, à Lachute, où usines et bureaux se sont vidés lors du passage de la caravane. Il faut dire que c'était l'heure du midi... En quelques endroits, au Québec mais aussi en Ontario, des directeurs d'écoles avaient eu la bonne idée de vider les classes pour que les élèves puissent applaudir les coureurs.

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Les coureurs canadiens et américains paraissent fort heureux de participer au tour. « Pour un Canadien, c'est un rêve de pouvoir participer à une course de ce calibre », affirme Gordon Fraser. «Cette coruse, c'est gigantesque, commente pour sa part Brian Walton, de l'équipe Saturn. C'est bon pour le cyclisme au Canada. » Et les Européens ne sont pas en reste : « Pour nous, c'est intéressant parce qu'il n'y a plus de courses par étapes comme celle-là en fin de saison, explique Thierry Gouvenou, de l'équipe française Big Mat Auber. Et puis, ça change de la routine, on change d'adversaires. Mais je suis tout de même étonné, le Canada, je pensais que c'était plus valonné.

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Question posée par un policier ontarien après le passage d'une échappée de quatre coureurs, mercredi, entre Ottawa et Kingston : « Is that it, just these four bikes ? » Un peu plus et il abandonnait son poste !


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une page mise en ligne le 10 septembre 1999 par