
Meuse.
Il y a là
bas une rivière
qui
coule des mots, même des prières.
Elle
fait tourbillons leur maison,
elle ne
veut pas les perdre en mer.
Ce sont
des mots laissés hier
sur les
rives de son univers.
Ils sont
pensées, ils sont des vers,
ils sont
même sans frontières.
Parfois
quand le temps gros mousse ses flots,
elle
place sur le quai ses précieux mots.
Quand le
soleil a séché tous les sanglots,
elle écoute
leurs propos.
Puis
elle les lange de nouveau,
les
emportant dans leur berceau.
Les
tourbillons font carillons
heureux
de revoir leurs poupons.
***
Parfois
rivière parle aux oiseaux
qui
viennent boire un peu ses eaux.
Elle
leur chantonne quelques mots
de ceux
qui dorment sous ses ponceaux.
On ne
sait pas pourquoi ces mots,
quand
ils babillent comme des ruisseaux,
aux
solitaires tout à leurs chagrins,
donnent
le désir des demains.
Parfois
quand le temps gros mousse ses flots,
elle
place sur le quai ses précieux mots.
Quand le
soleil a séché tous les sanglots,
elle écoute
leurs propos.
Jamais
rivière ne brisera sceau
sur le
langage de ses mots.
Qu'on
sache seulement que leurs propos
furent
écrits par deux coeurs jouvenceaux.
Éloix
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