Muse
Pour sculpter ton être
je ferai venir un
rocher de Crète.
Un marbre opale et
rosé
pour velouter ta
peau et la satiner.
Je taillerai ton
visage
aux courbes du sable
quand le vent, en
caresse,
en fait des
arabesques.
Je brosserai tes
cheveux,
de ton cou à tes
hanches,
en ruisseau qui s'épanche,
aux laves de Vulcain.
Je polirai pierre de
lune,
y sertirai deux émeraudes
pour en faire tes
yeux
et le désir de tes
amoureux.
Je caresserai tes
joues
d'un baiser si doux
qu'il fera rougir ta
vertu
d'un frisson ingénu.
Je modèlerai tes lèvres
dans la chair d'un
pruneau
y laissant sécher
ses eaux
pour en effacer le
mièvre.
J'emprunterai de l'Éden
les fruits défendus
d'Adam
pour que ta poitrine
me gêne
comme pubère, frêle
amant.
Je galberai tes
hanches et ton séant
comme la nymphe des
Atlans.
Je te ferai des
pieds tout blanc.
Tu sera la plus
belle de tous les temps.
Enfin, je t'habillerai
de crêpe
tout soyeux, tout
transparent,
aux couleurs du
Levant.
Une Déesse viendra
de naître...
Muse... je ne peux
te sculpter...
Je ne peux te prêter
vie...
Tu me serais alors
ravie
et mes pensées,
avec toi envolées !
Éloix 09/99
