«Avec son ossature noueuse pour une maigreur gigantesque, sa chevelure tous azimuts, son regard d'enfant saisi par la surprise adulte, on dirait une créature approximative et beaucoup trop bonne, sortie de la cervelle d'un Frankenstein sous acide pour être lancée sans défense dans un monde qui ne lui fera que des ennuis» p. 125
«Les organisateurs tentent de rythmer rires et bavardages à la cadence de slogans inaliénables. C'est bon enfant, c'est scoutocrate, c'est rituel. Ça ne monte pas de la Bastille au Père-Lachaise en passant par la République, mais des sanitaires d'en bas aux tapis persans d'en haut en passant sous le nez de Lehmann qui rêve d'extermination en masse, calfeutré dans sa verrière» p. 137
«Voilà ce que c'est. On se prépare à la jouissance du siècle, et, le moment venu, elle a un goût de Fernet Branca. Sur ce point comme sur quelques autres, Julia a raison: ne jamais investir dans la promesse du plaisir. Tout de suite ou pas du tout.» p. 257
«Les horaires de la vie devraient prévoir un moment, un moment précis de la journée, où l'on pourrait s'appitoyer sur son sort. Un moment spécifique. Un moment qui ne soit occupé ni par le boulot, ni par la bouffe, ni par la digestion, un moment parfaitement libre, une plage déserte où l'on pourrait mesurer l'étendue du désastre» p. 258
«Pourquoi la «réalité s'oppose-t-elle à tous mes projets? Pourquoi la vie me contrecarre-t-elle?» p. 260
«- J'ai découvert une chose importante, Ben (c'est Laurent qui philosophe avec l'aide autorisée d'un Mascara à 16°) c'est que la réalité est toujours plus supportable que le phantasme, même si elle est pire!» p. 261
«Les vigiles joueront les monuments aux Morts. (Le premier devoir d'un monument aux Morts c'est d'être vivant) p. 284
Extraits de PENNAC, Daniel.
Au
bonheur des ogres. Éditions Gallimard, Paris, 287 p.
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