Retour aux choix de
scripts rejetés de
Vulgairement vôtre

Chapitre 1 : Vie de prisonnier

partie 1: Une douche d'eau froide


Assis en indien au fond d'une cellule crasseuse où les coquerelles rivalisaient entre elles pour se nourrir d'excréments de rats, Robert Brochu se demandait comment il avait fait pour se ramasser en prison, lui qui détestait la musculation, les tatous et par dessus tout la sodomie. Il n'y était que depuis deux semaines mais cela avait suffit amplement pour se rendre compte que ce n'était pas un endroit pour lui et ce pour plus d'une raison.

Bob aimait la tranquillité d'une bonne info pub à 2 heures du matin - mais maintenant, il devait se lever à 2 heures du matin pour aller travailler à l'infirmerie, là ou il était d'office pour coller des pansements sur les plaies ouvertes des autres détenus qui s'amusaient à se poignarder entre eux.

Il aimait les petits restos et la bouffe santé - mais maintenant, il n'y avait qu'un seul menu, jour après jour : du poulet brun et des patates pilées motonneuses qui, il le savait, avait été préparées dans des cuisines scandaleusement malpropres par des détenus au torse nu qui ne se lavaient jamais les mains.

Il appréciait la musique douce et les encens parfumés - mais maintenant et pour le reste du temps qu'il avait à croupir derrière les bureaux, il n'y aurait que les cris bestiaux des détenus qui se baisaient dans les douches et l'odeur du désinfectant qu'ils se faisaient tous jeter à la figure en guise de savon pour contenter ses sens.

Bob avait beau se creuser la tête, il n'arrivait pas à saisir les raisons de son incarcération. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il était accusé - de quoi ? Il l'ignorait complètement.

Le procès aurait bientôt lieu et c'est seulement à ce moment, qu'il ne saurait enfin de quoi on l'accuse. Que pouvait-on lui reprocher ? Si ce n'était une légère tendance à faire des coups de téléphones obscènes et une propension à manger la bouche ouverte.

 Oh ! Il imaginait déjà toute sa famille et ses amis au banc des témoins. Il entendait déjà ce qu'ils auraient à dire à son propos. Par exemple, une vieille tante complètement sénile qui en bavant dans le micro déclarait à tout le monde : ce Bob, ce n'est pas de sa faute. À sa naissance, il est sortit par les pieds. C'est pour ça qu'il est si timide et qu'il a travaillé 10 ans dans la chaussure. Et il y aurait certainement un cousin qu'il n'avait pas vu depuis des années, marié à une superbe femme, avec une grosse job et un gros char, qui débarquerait au procès pour dire combien Bob avait raté sa vie et comment, quand ils étaient gamins, ce dernier avait été responsable de ses premières expériences sexuelles. Et si jamais ces parents revenaient de la Floride pour assister au procès. Quelle honte cela serait pour lui.]

Bob : N'y pense plus. Tu vas te rendre fou à a la longue.

[Il aurait donné n'importe quoi, y compris sa splendide vésicule biliaire, pour se retrouver à nouveau dans son deux et demi, écrasé devant sa télé noir et blanc, à écouter des info pubs en reprise au lieu d'être emprisonné et de se sentir comme les taons qu'il attrapait au vol lorsqu'il était enfant et qu'il enfermait ensuite dans des bocaux de cheese-whiz, aux trois-quarts pleins, avant de les remettre au frigidaire en attendant que les taons ne meurent de froid et que sa mère ne s'étouffe en mangeant une tartine au déjeuner, le lendemain.]

*Toc... Toc... *

Gardien de prison : Brochu, lèves-toi, c'est l'heure de la douche.

[C'était John, le gardien du soir. Il était méchant, brutal, adroit avec la matraque et il n'avait aucune pitié pour qui que ce soit. De tous les gardiens de la prison auxquels Bob avait eu à faire, John était de loin le plus correct.]

Bob : J'ai déjà eu une douche ce matin, John.

John : Ne joue pas avec moi Brochu, tu sais très bien qu'il y a deux douches par jour. Nous aimons que nos détenus sois bien propres à l'heure du coucher.

[John avait toujours un petit sourire en coin à l'heure de la douche. Personne ne savait si c'était le plaisir de voir les détenus souffrir sous le jet d'eau ou si c'était le plaisir de les voir nus.]

Bob : Ça va, ça va. J'arrive.

[Brochu se leva misérablement du coin de sa cellule en essuyant la crotte de rat qui était collée à son pantalon.]

John : Tu connais la nouvelle, Brochu ?

Bob : Non, laquelle ?

John : Je te le dis, mais c'est bien parce que tu es mon préféré. Tu vas avoir de la compagnie à partir de demain matin ! Un petit nouveau que l'on a repêché dans les rues du ghetto.

Bob : J'en ai rien à foutre.

John : J’ai entendu que ce maniaque aimait bien les grands maigres aux yeux bruns dans ton genre ! AHAHAHAH ! J'ai appris que ce n'était pas un ange.

Bob : En as-tu déjà vu ici en prison des anges ?

John : Non, mais celui-ci est particulièrement tordu. Il a...

[Au même moment un autre gardien interpella John.]

Gardien : John ! J'espère que tu ne parles pas de notre petite surprise à ce petit merdeux ?

John : ... N... Non ! Bien sur que non ! Eh ! Eh !

[John asséna un vilain coup de matraque à Brochu pour démontrer toute sa virilité de gardien.]

John : Avance, détenu !

[Brochu avança dans le corridor qui mène aux douches. John le suivait derrière. Ils arrivèrent aux douches en même temps qu’une dizaine d’autres prisonniers et autant de gardiens.]

John : Bon ! Allez ! À poil tout le monde !

[Brochu appréciait vraiment la gentillesse avec laquelle ils étaient traités comme des porcs. Bob se déshabilla en baissant le regard de honte et de gêne.]

Bob : La dernière fois où l'on m'a fait subir pareille humiliation c'est lorsque mes parents m'ont fait recollé les oreilles quand j'avais treize ans. Pendant deux mois, j'ai été obligé de porter un bandage de la taille d'un casque de cosmonaute autour de la tête quand j'allais à la polyvalente.

John : Tu la fermes, Brochu, et tu te fous à poil. Sinon c’est moi qui va me faire la joie de te foutre à poil et je n’aurai même pas à t'enlever le linge de sur le dos.

[Sans plus tarder, Bob enleva ses fringues, qu'il roula en boule et jeta dans un coin. Ensuite, il se ferma les yeux et attendit avec angoisse le jet puissant et glacé du boyau d'incendie.]

John : Ça c'est le moment que je préfère.

[John mit en marche le boyau et après l'avoir réglé au plus haut débit (celui que les gens de cirque utilisaient habituellement pour nettoyer les éléphants), il projeta la sauce en pleine poire de Bob, et des autres détenus à côté, qui allaient avoir à endurer ce calvaire bien plus longtemps qu'ils ne croyaient tous l'avoir mérité. Il n'y avait qu'un seul instant de répit pour les bagnards et c'était lorsqu'un autre gardien venait les asperger de désinfectant à l'eau de Javel de la tête au bout des doigts de pieds. Ensuite, ils se faisaient arroser à nouveau pendant de longues minutes de souffrances atroces.]

John : Bon ! La douche est terminée. Rhabillez-vous bande de lapins albinos. Vous avez une heure dans la salle de jeu et d'entraînement. Grrr ! Que les avocats du groupe de la défense des droits de l'homme rôtissent tous en Enfer.

[La plupart des détenus retrouvèrent un semblant de sourire à l'idée de passer du temps ensemble dans la salle communautaire mais pour Bob, cette perspective ne l'enchantait guère plus qu'une soirée de mah-jung chez sa vieille tante Marthe et ses amies totalement séniles.]

Bob : Psst ! John ?! Est-ce que je peux retourner à ma cellule à la place.

John : Pourquoi ça ?

Bob : J’en ai marre de lever des poids graisseux ou de participer à une bagarre générale de dards avec les autres. J’ai failli perdre mon œil gauche il y a deux jours 

John : Je croyais que tu aimais les dards, Brochu ?

Bob : Je préfère le golf. C’est moins violent.

John : Je ne peux pas te laisser réintégrer ta cellule tout de suite, Brochu.

Bob : Mais pourquoi pas ?

John : Ne sais-tu pas que l'on profite du temps où vous êtes dans la salle communautaire pour aller inspecter vos cellules pour les cafards et les rats ?

Bob : Comment ? Vous vous occupés de nos cellules.

John : Oui, Brochu ! Nous veillons à ce qu'il y ait toujours un nombre minimum de coquerelles et de crottes de rats dans chaque cellule de la prison - ordre du directeur Lapierre.

Bob : Mais voyons donc !

[John asséna un coup de matraque à Bob pour qu'il ne mette plus jamais sa parole en doute. Bob se la ferma et n'eut d’autre choix que d'avancer en direction de la salle communautaire, tel un condamné à mort se promenant la queue entre les jambes en route pour la chaise électrique.]

John : Écoutez-moi tous, bande de criminels dégénérés. Nous avons fait nettoyer la table de billard cet après-midi et...

[L'annonce de cette nouvelle provoqua une salve d'applaudissements et de sifflements joyeux à travers la longue colonne de prisonniers qui marchaient, attachés par une corde rugueuse, en direction de la salle.]

John : ... et si jamais, j'en prends un autre maudit à chier sur le tapis ou à pisser dans les poches, je jure sur la tombe du chien de la cousine de ma belle-soeur que je vais lui rentrer une baguette si creux dans le cul, qu'elle va lui ressortir par la bouche. C'est compris, bande de retardés mentaux ?

[Tout le monde acquiesça de bon coeur. Pipo Sanchez, un immigrant Mexicain qui purgeait une peine de deux ans pour s'être fait pincer à cambrioler un comptoir de la Saint-Vincent-De-Paul avait toujours le coeur à rire. Il osa défier la colère du gardien.]

Pipo : Moi me demandé si monsieur les gardiens ont retrouvés la boule numéro 8. Moi pensé que détenu Couillard se l'a crissée dans le cul, l'autre jour.

[Tout le monde éclata de rire.]

Couillard : Ta gueule, sale Mexicano à la con ou je te mets mon poing dans face.

John : Fermez vos osties de gueules sales ou je vous renvoie aux douches immédiatement !!!

[Les détenus firent silence. John le gardien les regardait en astiquant sa matraque comme s'il les défiait de parler à nouveau afin qu'il puisse affûter celle-ci à l'aide de leur crâne. Mais aucun son ne se fit entendre avant qu'ils n'aient tous atteints la salle communautaire que les gardiens de prisons, entre eux, aimaient bien appelée l'arène.]

John : Bon. Vous avez une he... vouz avez quarante minutes, bande de crétins.

Couillard (suivi de quelques autres) : Wo! Ça toujours été une heure. C'est quoi cette histoire là, à soir ?

John : Tu vas avoir le temps que je vais bien vouloir te donner, Couillard, espèce d'égorgeur de grand-mère.

Couillard (sur un ton de défi) : Je m'en vas me plaindre à tu sais qui si tu ne nous donnes pas une heure, comme d'habitude.

[John savait très bien à qui le détenu faisait référence. C'était à un de ces petits avocats de misère qui était constamment en train de faire chier le directeur Lapierre (que les détenus appelaient 'coeur-de-pierre') avec leurs décrets du tribunal en faveur d'un traitement 'correct' des détenus et du respect de leurs droits les plus fondamentaux comme ceux de boire et de manger.]

John : Couillard, tu vas me la payer cher, celle-là. Tu en as ma parole. Très bien, vous avez une heure... grrr!!!

[Les détenus donnèrent des tapes de félicitation dans le dos en sueur de Couillard avant de s'animer un peu et de se mettre en activité. Plusieurs allèrent sur les vieilles machines d'entraînement, d'autres allèrent lever des haltères tout en admirant leurs tatous dans les miroirs en avant d'eux. Quelques uns jouèrent aux dards, d'autres aux billards et certains autres se firent une partie de 'miss'.

Deux minutes après le début des activités, plusieurs bagarres générales avaient éclaté un peu partout, pour des raisons aussi variées que futiles. Et comme à l'accoutumée, John et les autres gardiens ne firent absolument rien pour les arrêter. Ils se contentaient de regarder tout cela en pariant des sommes d'argent importantes sur les différents vainqueurs et candidats à l'infirmerie.]

Bob : Qu'est-ce que je fais ici, pour l'amour du Bon Dieu ?
 

 

partie 2: L'heure de la récréation
 

*Bruit d'un dard sifflant au dessus de la tête de Brochu*

[Bob évita de justesse le projectile lancé tout près de lui.]

Prisonnier : Tiens, on vient de se trouver un gardien pour nos parties de dards ?

Bob : Très drôle, pourri comme tu es, y a même pas besoin de gardien !

[Cette dernière remarque piqua au vif le prisonnier trapu et costaud qui se rua sur Bob. Personne n'en fit de cas puisqu'il y avait déjà en cours quatre autres combats beaucoup plus virils que celui-ci. Mike était plutôt petit mais tout de même très bien enveloppé. À en juger par son apparence, l’on pouvait facilement croire qu'il s'agissait d'une mauviette, mais si on avait le malheur de toucher l'une des ses nombreuses cordes sensibles (comme son manque de talent flagrant au jeu de dards), il s'avérait être une petite bombe en puissance. Bob lui tint tête un moment mais du vite dire "pardon mon oncle" après avoir été coincé dans une prise de soumission délicate qui consistait à vous insérer les orteils dans les oreilles.]

Prisonnier : Tu te bats bien, petite vermine. C'est quoi ton nom ?

Bob : Est-ce que ça a vraiment de l'importance de connaître le nom de la personne que l'on va défigurer ?

Prisonnier : Qui a dit que j'allais te défigurer ? J'aime les gens qui me tiennent tête un peu, ça fait changement de toutes ces larves qui se détournent à mon passage.

Bob : Bob...

[Le détenu relâcha la prise de soumission.]

Prisonnier : Moi c'est Mike Goulet, mais tout le monde m'appelle "le Boulet" ici.

Bob : Original.

Mike : Sûrement parce que je suis petit, gros et que je frappe fort...

Bob : Pourquoi tu es ici ?

Mike : Parce que j'ai donné du temps dans un centre de vieux pour aider ma communauté.

Bob : Pardon ?

Mike: Non, sérieusement je suis ici parce que j'ai égorgé le chat de ma voisine à main nue. Il n'arrêtait pas de miauler.

Bob: Un chat égorgé ? Tu en as pris pour combien de temps pour cette stupidité ?

Mike: 25 ans ferme.

Bob: Pour un simple chat ???

Mike: Évidemment que non idiot ! J'avais violé et dépecé la maîtresse du chat juste avant. Le chat je l'ai égorgé juste parce qu'il me dérangeait dans mon boulot.

Bob: Brrrr... C'est épouvantable.

Mike: Et toi, pourquoi es tu en tôle ?

Bob: C'est sans importance.

[La vérité était que Bob n'avait toujours pas trouvé la raison de sa présence dans cette horrible prison.]

Mike: Oh, je vois. Tu es du genre sécurité maximale toi. J'aime les vrais, ceux qui ne reculent devant rien. C'est pas comme cet abruti de chien mexicain de Pipo. Tu vas en tirer pour 15, 20, 25 ans ?

Bob: Je n'en sais rien encore. Mon procès est pour bientôt semble-t-il.

Mike: Et ils t’ont foutu dans ce trou à rat avant même ton procès ! Putain, voilà qui te vaux tout mon respect mon frère ! Qui sera le juge d’office pour ton procès, on te l'a dit ?

Bob: J'ai entendu un gardien rire un bon coup en disant que le juge Garon réglerait mon cas en moins de deux.

Mike: Oh putain, t'es vraiment dans la merde toi...

[[ Pendant ce temps, au palais de justice. ]]

Avocat: OBJECTION VOTRE HONNEUR !

Juge Garon: Objection rejetée ! Et si vous me gueulez encore une fois objection en pleine face, je vous fais incarcérer dans une prison très réputée pour ses détenus pervers.

Avocat: Très bien monsieur le juge... désolé...

Avocat de la couronne: Alors, comme je le disais, est-ce bien vrai que vous auriez pissé sur la clôture de votre voisine pendant que celle-ci se faisait bronzer tout près de la piscine ?

Accusé: Oui, mais seulement pour lui rendre service. La peinture de sa clôture avait un urgent besoin d'être rafraîchit.

Avocat de la couronne: Avez-vous dit, oui ou non, "Tiens grosse salope, la prochaine fois c'est dans ta bouche" ?

Accusé: Euh... il me semblait plus que c'était : "Tiens ma grosse pisse a fait la job, la prochaine fois c'est votre douche."

Juge Garon: Donc, la dame souffre d'un problème d'ouie, pourquoi on me dérange pendant mon déjeuner pour me faire part d’une cause aussi stupide, qu'on lui achète un appareil auditif et qu'on me crisse la paix !

[[ De retour à la prison Lapierre. ]]

Bob : Ce juge Garon est donc si terrible que tout le monde le dit ?

Mike : Ce qu'il y a c'est qu'il est surtout imprévisible. Il peut te refiler 25 ans de prison ferme pour avoir arrosé ta pelouse en pleine canicule juste parce qu'il a les hémorroïdes ce matin-là. Comme il peut remettre en liberté un meurtrier en série qui s'est fait pincer avec 12 cadavres dans son truck de char juste parce qu'il est de bonne humeur parce qu'il a pu les hémorroïdes. On peut pas savoir à quoi s'en tenir avec ce juge-là. Ça l'air que c'est un ancien criminel lui-même pis qu'y aurait passé son barreau derrière les barreaux. Mais ça, j'ai ben de la misère à croire à ça.

Bob : Avec ma chance habituelle, il va avoir les putains d'hémorroïdes le matin de ma comparution.

Mike : Si j'étais toi, j'essaierai de ne pas trop m'en faire avec ça. Si tu veux un bon conseil. Trouves-toi un bon avocat et plaide l'insanité. Peu importe ce que tu as fais, tu plaides l'insanité. Le pire qui peut arriver c'est qu'ils vont te lobotomiser les 3/4 du cerveau pis te couper les couilles, mais après tu devrais être correct pour vivre une longue et fructueuse vie. Pis tu vas être libre.

Bob : Ouin... Je vais y penser. Le problème c'est que j'ai pas d'argent. Je peux même pas me payer un avocat dans la section des fruits exotiques au magasin de fruits et légumes… encore moins un pour me défendre.

Mike : C'est quoi ? Ils t'ont désigné un avocat par défaut. Un petit jeune plein de boutons qui a même pas encore fini l'université pis qui reste encore chez ses parents. C'est ça ?

Bob : Je sais pas encore qui c'est. C'est une jeune... Une fille... Myriam je sais pu trop quoi. Elle est supposée venir me rencontrer ici demain pour qu'on discute de ma stratégie de défense.

Mike : Joue la trappe... ça gagne des coupes Stanley au hockey c'te défense-là.

[Mike éclata d'un gros rire gras. Bob se fit asperger de postillons brûlants. Il sourit bêtement même s'il n'avait pas le coeur à rire.]

Bob : C'est bon. Je vais penser à tout ça. Merci pour tes conseils, Mike.

Mike : De rien mon Bob. Ça fait toujours plaisir de pouvoir m'occuper un peu des petits nouveaux. Leur faire savoir qu'il n'y pas juste des psychopathes qui veulent vous enculer dans cette prison maudite, mais aussi des gars bien corrects et normaux... qui veulent vous enculer.

Bob : Hé. Ok. Euh...Bon...Je vais aller...euh....je vais aller lever des haltères....ça l'air super le fun.

Mike : OK. Vas-y. Je vais te regarder pendant que tu t'entraînes.

[Après plusieurs minutes d'efforts soutenus pour soulever des haltères dégoulinantes de sueur et de gras de main, Bob s'assura que l'attention n'était plus sur lui. En plus de Mike qui le dévisageait constamment, une foule s'était massée devant lui pour rigoler des deux poids de dix livres qu'il avait accroché à la barre et qu'il avait peine à soulever. Heureusement, un détenu était entré avec une revue pornographique et avait détourné l'attention.

Malheureusement pour ce détenu, un nouveau sans doute, cela excita les autres prisonniers au plus haut point et il se retrouva au milieu d'une séance du supplice de l'étoile. Ce supplice bien connu en milieu carcéral consiste à vous fixer les mains et les pieds bien écartelés et à vous enculer à tour de rôle. Il est toujours préférable de se retrouver du côté agresseur qu'agressé ; c'est généralement la première chose que l'on apprend en tôle, bien souvent de façon douloureuse. Les gardiens finit par intervenir non sans avoir attendu un peu afin que le jeune apprenne sa leçon.]


John: QUE TOUT LE MONDE REGAGNE SA CELLULE ET QUE ÇA SAUTE !

[Le gardien s’approcha du Mexicain.]

John : Pipo ! "Et que ça saute" c'était une image. Laisse ce pauvre détenu tranquille, il en a assez subi comme ça.

[Le jeune homme se releva et enfila ce qui restait de ses pantalons et de sa dignité. Bob regagna la foule en regardant s'il avait gagné un peu de volume musculaire. Déçu, il fie la moue.]

Jeune prisonnier: Merci...

Bob: C'est à moi que tu parles ?

Jeune prisonnier: Oui. Merci de ne pas t'être mis de la partie. Tu dois bien être le seul d'ailleurs. Les putains de gardiens auraient pu intervenir avant.

Bob: Deux choses. Premièrement les gardiens se régalent toujours d'un peu de pornographie en direct. Deuxièmement, si je ne suis pas intervenu c'est que j'étais trop occupé à soulevé des poids afin d'augmenter mes chances de garder ma virginité anale.

Jeune prisonnier: J'en prends bonne note.

[Les prisonniers firent la file docilement, comme à chaque fois qu'ils venaient de se vider les couilles collectivement.]

John: Brochu ! Toi tu viens par ici. Y a une jolie femme qui t'attend au crachoir.

Prisonniers : OUWOUOUOUOUOUOUO !

Couillard: Baises la bien la salope !

Prisonniers : Ah ! ah ! ah !

Bob: Ça va sûrement être plus plaisant que de baiser un jeune homme.

[Couillard, après cette remarque, fulmina de colère et voulu sauter sur Brochu, mais Mike le retint.]

Mike Goulet : Il n'a pas tort Couillard... laisse-le...

Couillard: Tu vas me le payer sale demeuré.

[Bob, conscient de sa chance ne répliqua pas et suivit John vers le crachoir, l'endroit où les accusés déterminaient leur défense en compagnie de leur avocat.]

Bob : Mais ou est-ce qu'on va comme ça ? Le crachoir c'est par là.

[Bob se rendit compte que John ne l'amenait pas du tout là où il aurait du. Il commença à s'inquiéter (ce qui n’était rien de nouveau puisqu'il était en état perpétuel d'inquiétude et de paranoïa depuis les deux dernières semaines).]

John : Ton rendez-vous avec ton avocate n'est que pour demain, Brochu.

Bob : Mais vous parliez d'une fille que je devais rencontrer.

[John et les autres gardiens qui rôdaient autour d'eux éclatèrent d'un rire sinistre qui glaça les couilles de Bob.]

John : Nous t'emmenons à ta cellule, Brochu. Là où le nouveau co-détenu dont je te parlais tout à l'heure t'attend.

Bob : L'espèce de maniaque ?!

[John acquiesça avec un large sourire.]

Bob : Mais pourquoi tu dis que c'est une fille ?

[À ce moment, Bob arriva dans sa cellule. Il n’eut qu’à jeter un bref coup d'oeil à l’intérieur pour comprendre tout ce que John avait voulu dire. Écrasé au fond de la cellule, les genoux repliés sur sa poitrine, se trouvait un gros Noir de 6 pieds 7 qui portait une robe et un bonnet paysan. Il avait les deux yeux dans le même trou et n'avait la barbe rasée que d'un seul côté.]

John : Brochu... voici ton nouveau co-détenu. Hugo Hugo.

[Le géant leva les yeux sur Bob et se mit immédiatement à se lécher ses énormes babines avec sa longue langue pleine de verrues.]

Bob : Mais qu'est-ce que c'est que...

[John poussa Bob à travers la porte de sa cellule et referma celle-ci en la barrant à triple tour.]

John : J'espère que vous allez bien vous entendre tous les deux. Vous avez vraiment l'air fait l'un pour l'autre.

[Le gardien éclata de rire alors que Bob se précipita vers les barreaux, qu'il agrippa de toutes ses forces.]

Bob : S'il vous plait, John. Ne me laisse pas tout seul avec ce monstre. J'ai rien fait pour me mériter cela. Rien.

John : Boucle-la, Brochu. De tous les détenus qui sont ici, tu es celui qui a commis le pire crime. Tu mérites tout ce qui t'arrives. Maintenant, je ne veux plus entendre un seul son ou un seul cri sortir de ta misérable bouche. Sinon, tu aura affaire à ma matraque et les bout de mes bottes à cap.

Bob : Je t'en supplie.

John : Et n'oublie pas que tu es de corvée à l'infirmerie cette nuit. Alors, ne t'endors pas trop profondément.

Bob : Mais je ne pourrais jamais fermer l'oeil avec cette chose qui est là dans le coin.

John : Bonne nuit, détenu.

[John fit demi-tour et partit, laissant Bob en proie à continuer de lancer des plaintes misérables qui ne trouvaient comme réponses que l'écho de sa propre voix qui résonnait à travers les lugubres couloirs de l'aile H de la prison.]

Bob : Quelle horreur! Quel cauchemar!

[Soudainement, Hugo Hugo s'adressa à lui d'une voix grave et lente, avec un lourd accent négroïde, mais de façon surprenante, suffisamment intelligible.]

Hugo Hugo : Est-ce que tu weux être le papa ou la maman ?

Bob : Hein ? Pardon ?!

[Le géant reposa sa question de la même voix basse. Bob n'avait aucune idée ou il voulait en venir mais à regarder l'allure étrange de ce Hugo avec sa robe et son bonnet, il pensa que celui-ci se prenait certainement pour la maman.]

Bob : S'il faut absolument que je choisisse, je préfère être le papa.

[L'autre le regarda longuement avec ses yeux dans le même trou, sans dire quoi que ce soit. Bob se disait qu'il avait peut-être choisi la bonne réponse pour calmer l'autre et ne pas s'attirer d'ennuis de sa part. L’homme de couleur finit par dire quelque chose.]

Hugo Hugo : Tu wes le papa ?

Bob : C'est cela. C’est moi le papa.

Hugo Hugo : Alors, viens sucer la gwosse queue à maman, tout de swuite !

[Bob faillit mourir en entendant cela.]

 

Chapitre 2 : Cauchemort

partie 1: L'aquarium


[Bob se réveilla en sursaut, la tête remplie des images d’un cauchemar qu’il venait de faire : un cauchemar sans queue ni tête à propos d’essaims de sauterelles géantes. En ouvrant les yeux, il fut surpris de voir le mur de briques brunes de la prison devant lui. Le temps d’un bref instant, il s’était cru chez lui à dormir dans sont lit capitaine qui tombait en morceaux. Mais la réalité était encore bien plus cruelle.  

Il réalisa tout à coup que ce qu'il l'avait réveillé n'était pas son habituelle envie de pisser matinale (il avait une vessie particulièrement petite, c’est du moins ce que lui avait toujours dit le docteur Faucher en la taponnant à travers ses culottes.). Il avait plutôt été extirpé du sommeil par une odeur de transpiration aussi forte que nauséabonde.  

La mémoire finit par lui revenir assez rapidement.  

Les événements passés se succédèrent dans sa tête et le coeur lui fit trois tours lorsque le souvenir de Hugo Hugo lui traversa l’esprit. Il resta pétrifié de peur et souhaita mourir plutôt que de devoir jouer son rôle de « père » encore une fois. Une autre odeur, encore plus forte celle-là, lui pénétra ensuite la narine gauche. Il avait du mal à la saisir : cela lui rappela vaguement le samedi matin de sa vie d'homme libre lorsqu'il faisait l'épicerie et qu'il passait par la section de la poissonnerie. Curieux, il se retourna discrètement.  

Ce qu'il vit l'horrifia.

 

Hugo Hugo était là, reposant sur le lit d'à côté, complètement défiguré, avec le corps ensanglanté. Une forte odeur de cadavre planait dans l'air. Que s'était-il passé ? Bob eut à peine le temps de se le demander quand la voix cinglante de John le gardien se fit entendre.] 

John : Allez les amoureux, debout ! 

Bob : ... 

John : PUTAIN DE MERDE ! MAIS QU'EST-CE QUE C'EST QUE CE MERDIER ? BROCHU RESTE OÙ TU ES ! NE BOUGE SURTOUT PAS ! ALERTE ! ALERTE ! 

[Arrivant de nul part, plusieurs gardes envahirent la cellule, enchaînèrent Brochu, le bourrèrent de coups de pieds et le projetèrent au sol pour le questionner.] 

John : Qu'est-ce que tu lui as fait, sale monstre ? 

[Bob resta muet de confusion.] 

John : Tu n'es qu'une bête ! Il n'avait rien fait pour se mériter une mort pareille. Sinon avoir découpé en morceaux trois employés de la ville qui donnent des tickets dans les stationnements. Ce qui n’est guère un crime tant qu’à moi. 

Bob : Mais... 

[Un inspecteur arriva sur les lieux rapidement. Il y en avait toujours un de garde car ce genre d'événements était fréquent, bien que rarement aussi violent que celui-ci. Il inspecta la victime avec soins pendant plusieurs minutes.] 

Inspecteur : C'est le travail d'un professionnel, aucun doute là-dessus. La personne qui a fait cela savait ce qu'elle faisait. Il a été défiguré avec... avec les dents. Quelqu'un lui a arraché la peau à l'aide de ses dents. C'est épouvantable ! On voit clairement les traces ici. 

[Tous se penchèrent pour regarder. Bob s'étira le cou pour mieux voir.] 

Les gardes : POUAW !!! 

Bob : Mais ça ne peut pas être moi ! Regardez les traces de dents. On voit clairement la dentition complète alors que moi je n'ai même pas de prémolaires. C'est à cause d'une mauvaise fonction de mon hypophyse ! C'est pour ça d'ailleurs que j'ai eu droit à ma passe pour les stationnements pour handicapés. Mais de toute façon, n’importe qui peut s’y garer de ce temps-ci, j’ai remarqué qu’y avait pu aucun agent qui checkait ça. 

Inspecteur : Fermes ta gueule sale assassin carnivore ! Mordre à pleines dents dans quelqu’un ! À moins d’être un piranha, c’est de la démence !  

John : En parlant de piranha, je crois que ce monstre de Brochu est mûr pour un tour dans l'aquarium. Qu’en dites-vous ? 

[Les autres gardes approuvèrent et traînèrent Bob de force en direction de ce qu'ils appelaient l'aquarium, soit une cellule particulière où l'on enfermait les plus dangereux d'entre tous. Une cellule dont le mur de devant était en thermoplastique avec seulement quelques trous d'aération.] 

Bob : JE SUIS INNOCENT ! QUELQU'UN M'EN VEUT ! JE VEUX VOIR MON AVOCATE ! 

[Quelqu'un le frappa solidement sur la nuque et il perdit conscience. Lorsqu'il se réveilla, il avait peine à respirer. Son nez était écrasé par quelque chose qu'on lui avait mis sur le visage. Un genre de masque. Il avait été également attaché solidement à un diable de déménagement.   

Bob regarda par les trous de son masque et aperçut qu’il était dans une cellule dont le mur de devant était transparent. Mais quand on y regardait bien, ce mur transparent avait l'air d'être constitué de pellicule moulante, comme si l’on avait manqué de budget pour le faire en véritable thermoplastique. Avant même qu'il ne puisse commencer à protester, un homme grand et maigre portant des lunettes et un complet vert pénétra à l’intérieur de la cellule, accompagné de gardes armés qui tenaient Brochu constamment en joue.] 

Homme: C'est donc lui le dangereux criminel qui rôde dans les corridors de ma prison. Brochu, hein ? J'avais entendu parlé de toi avant que tu n’arrives mais j'aurais dû me méfier un peu plus. Tu es beaucoup plus dangereux que ce qu'on l’on m’avait rapporté. Je suis Frank Lapierre mais tout le monde ici m'appelle monsieur. Je compte sur toi pour garder ce même niveau de respect envers moi sinon tu vas trouver le temps long. 

Bob: Je suis innocent du crime pour lequel on m'accuse, monsieur le directeur. 

Lapierre : Pourtant, les faits tendent à prouver le contraire. Mais je ne suis pas juge. Mon seul but c'est de te garder ici comme pensionnaire le plus longtemps possible. Tu es très rentable tu sais. 

Bob : Pourquoi est-ce que vous me faite porter ce masque ? J'ai de la misère à respirer ! J'ai la narine droite complètement bouchée depuis mon terrible accident de kin-ball. 

Lapierre : Parce que tu es dangereux, voilà pourquoi. Tu as défiguré et assassiné Hugo Hugo, celui que l'on croyait bien être en mesure de te calmer un peu. Un mastodonte de 350 livres de muscles. Tu es capable de tout. Maintenant nous ne prendrons plus aucune chance. Ce masque de gardien de but sera ton meilleur ami pour le reste du temps que tu as à faire ici, c’est-à-dire jusqu’à la fin de tes misérables jours. 

Bob: Mais qu’est-ce que j’ai fait ? Je n’ai rien fait. RIEN ! 

Lapierre : Dis ça à ton avocate, Brochu. Moi je me lave les mains de tout cela avec un gros savon jaune Sunlight. 

[Sur ces paroles, le directeur quitta les lieux. Les gardes détachèrent Bob, tout en le tenant en joue de leurs carabines à plomb. Quand ils eurent terminé, ils laissèrent Bob seul dans sa cellule avec pour seul compagnon une vieille bole de toilette malpropre sans aucun mur d'intimité autour. Brochu décida malgré tout de soulager sa petite vessie. À ce moment, une voix se fit entendre.] 

Voix féminine enrhumée: Excusez-boi... 

Bob: Aaaahhh.... Quel soulagement ! 

Voix féminine enrhumée: Pardon, vous êtes bien Bob Brochu ? 

[Bob sursauta et pissa un bon coup à côté de la bole. Il remonta son zipper si rapidement qu’il faillit s’y coincer une gosse (ce qui aurait pu mettre en péril son rêve d’avoir un jour des triplets). Il s'essuya les mains dégoulinantes sur ses culottes et regarda avec un grand sourire la jeune femme qui lui faisait face de l'autre côté du mur de pellicule moulante transparente. Elle était assise sur une petite chaise de parterre qui avait connue des jours meilleurs.] 

Bob : Bonjour. 

Femme : Bonjour, je suis Myriam Dupuis. Je suis désolée, je suis un peu grippée ce matin. Je suis votre avocate mandatée par la cour pour venir en aide à ceux qui ne peuvent pas se payer un vrai avocat de talent. 

Bob: J'ai entendu parler de vous. 

[Bob s'approcha de la vitre. La femme n’était pas si mal foutue. Elle avait quelque chose dans le regard qui attira Bob vers elle. Il s'approcha de la "vitre". Elle se moucha. Il la regarda tendrement. Elle lui sourit en enlevant la crotte de nez qui était restée collée sur sa narine. Les deux se firent face un moment n'ayant que pour barrière cette vitre de pellicule moulante transparente. La jeune femme était intimidée par ce monstre mais en même temps fascinée par ce qu'il dégageait comme personnalité et comme odeur. Elle prit la parole à nouveau.] 

Myriam : Je ne vous cacherai pas que vous êtes dans la merde jusqu'au cou. Mais sachez que je ferai mon possible pour vous en sortir. C'est pour ça qu'on me paye ! 

[Bob ne répondit pas. Il était fasciné par son regard. Il respirait de plus en plus fort de désir pour elle. Il faut dire qu'après deux semaines de prison, même un chameau lui aurait paru sexuellement attirant.] 

Myriam : Le combat sera long et ardu. J'espère que vous êtes prêt à vous battre. Mais... Que se passe-t-il ? Je ne vous vois plus ! Voulez-vous bien arrêter de respirer dans cette vitre… vous l'embuée et je vous perds de vue. 

[Bob recula d'un pas pour laisser la buée s'évaporer.] 

Myriam : Donc, ce que je disais, c'est que ça va prendre beaucoup de courage et de persévérance. Vous... Mais voulez-vous bien arrêter de faire des petits bonhommes dans la vitre avec la buée !!! C'est sérieux cette affaire ! 

[Bob lui fit un sourire niais à travers l'oeil d'un de ses petits bonhommes dessinés dans la buée. Après plusieurs secondes, celle-ci se dissipa enfin et ils reprirent la conversation.] 

Myriam: Êtes-vous prêt à vous battre monsieur Brochu ? Êtes vous prêt à... à.... à... ATCHOUM !!!! 

[Myriam éternua un bon coup et une grosse motte verte vint s'écraser contre la pellicule moulante. Elle coula très doucement vers le sol. Ils la regardèrent longuement, fascinés par sa taille et sa couleur.] 

Bob : Je suis prêt à me battre, maître Dupuis ! Ou dois-je plutôt dire maîtresse Dupuis ? 

Myriam : Allons-y pour maître Dupuis, pour l'instant. Si jamais on arrive à vous faire sortir d'ici, et que nous ayons des relations sexuelles vous et moi, vous pourrez m'appeler maîtresse. 

[Elle baissa les yeux, gênée par ce qu'elle venait de dire. Pendant ce temps, Bob continuait à fixer avec stupéfaction la consistance de la grosse motte qui coulait toujours dans la vitre, inconscient des avances qu'il venait de recevoir de la part de son avocate.] 

Bob : Il y'a quelque chose que je me demande depuis le début, maître Dupuis. 

Myriam : De quoi s'agit-il, Robert ? 

Bob : De quoi est-ce que je suis accusé, exactement ? On m'a jamais rien dit de vraiment précis. Tout ce que je sais, c'est qu'il y a deux semaines environ, je m'étais assoupi dans le fauteuil devant ma télé alors que je regardais paisiblement pour la douzième fois de la soirée la même info-pub d’un produit capillaire à base de pisse de mouton quand y a une meute de chiens-policiers qui a défoncé la porte de mon appartement, mangée tout le steak haché qui avait dans mon frigidaire, avant de me sauter dessus pis de me traîner à l'extérieur de mon bloc, où une douzaines de policiers, accompagnés d'un tank de l'armée, m'attendaient pour me conduire dans cette maudite prison, comme si j'étais le diable en personne. On m'a jamais dit ce dont j'étais accusé, on m'a jamais lu mes droits, on m'a jamais donné la chance d'appeler un avocat et le pire, c'est qu'on m'a jamais donné l'opportunité d'aller chercher quelques trucs personnels à la maison pour emmener avec moi comme ma crème anti-boutons rectaux dont j'ai absolument besoin. Je vais vous faire grâce de l'état de mon anus en ce moment sans cette damnée crème. 

[L'avocate tira de toutes ses forces sur un lourd tiroir à deux bouts par lequel il était possible de passer des trucs à travers la vitre de pellicule. Elle fouilla dans son vieux sac à main en cuir avec des franges et jeta dans le tiroir un tube bleu qu'elle en avait tiré. Elle poussa sur le tiroir.] 

Myriam : Voici un tube de ma réserve personnelle de crème anti-boutons dans le cul. Cela soulagera vos démangeaisons. 

Bob : Je vous remercie infiniment, maître Dupuis. 

[Bob s'empara du tube et se prouteprouta une grosse motte visqueuse de crème nauséabonde dans sa main droite - main qui disparut immédiatement dans la noirceur inquiétante de son arrière-train. Bob parut soulagé au point de l'extase.] 

Myriam : Pour en revenir à votre cas. Je comprends que vous vous interrogiez sur le pourquoi de votre incarcération. Après tout, la plupart des grands psychopathes de l’histoire n'ont jamais vraiment eu conscience de ce qu'ils faisaient. Ils ne croyaient pas avoir quoi que ce soit à se reprocher. C'est un classique. 

Bob : Mais moi je ne suis pas un psychopathe. Non ! Non ! Je suis doux… doux comme un agneau. 

Myriam : Silence avec ces agneaux. Ne prononcez pas leur nom. Surtout dans la situation dans laquelle vous êtes. Cela pourrait vous porter malheur. 

Bob : Désolé. 

[À ce moment, le directeur de la prison se ramena, accompagné d'un régiment de gardiens.] 

Lapierre : Cet entretien est terminé. Le détenu Brochu doit se préparer à aller au lit, maintenant. 

Myriam : Mais nous n'avons pas terminé nos affaires lui et moi. C'est un scandale ! 

Lapierre : Vous êtes chez moi, mademoiselle, et c'est moi qui décide de qui doit parler avec qui et pendant combien de temps. Cet entretien est terminé. Messieurs, veuillez reconduire cette femme à la sortie, ensuite, vous borderez Brochu pour la nuit. Et assurez-vous d'employer toute la force nécessaire afin de lui faire entendre raison. Nous ne voulons plus que des incidents regrettables comme le meurtre crapuleux du détenu Hugo Hugo ne se reproduisent. 

Myriam : Je vais revenir, Robert. Je vous le promets. 

Bob : Je vous aime, Myriam. Ne me quittez pas. 

[Les gardiens empoignèrent l'avocate et l'emmenèrent en direction de la sortie. Alors qu'elle passait devant le directeur Lapierre (qui la toisait d'un air supérieur), elle lui éternua (par accident) une grosse motte verte en pleine figure. Bob en rigola d’ailleurs un bon coup.  

Après avoir violemment souhaité bonne nuit à Brochu, les gardes et le directeur quittèrent les lieux.  

Bob se retrouva à nouveau seul avec pour unique compagnon une toilette puante qui ne flushait pas. La forte odeur fécale qui s'en échappait lui rappelait d’ailleurs les terribles problèmes intestinaux dont il était affligé, mais du même coup l'incroyable soulagement qu'il aurait à remplir cette horrible bole, jour après jour.  Bientôt, les lumières du couloir adjacent furent éteintes. 

Bob se mit à lécher ses plaies tendrement dans la pénombre jusqu'à ce qu'un sifflotement nonchalant n'éveille sa curiosité. Cela venait de l'extérieur de sa cellule. Il se leva pour aller voir à travers le mur de pellicule moulante qui pouvait bien être l'interprète de cette mauvaise version de "Frère Jacques" en sol mineur. Ce qu'il vit le figea sur place (comme la fois où il avait tenté de s'arracher les poils du nez qui dépassaient et qu'il en avait prit une trop grosse poignée.)] 

Bob: Hugo ? Est-ce bien toi ??? 

[À travers la noirceur du couloir, Bob vit un homme de très grande stature s'arrêter net. Il semblait fixer l'aquarium.] 

Bob: Est-ce vraiment toi Hugo ??? Tu... tu n'es pas mort ??? 

Homme: Je suis le conciewge. Je nettwoie les cowwidows. Je connais pas de Hugo Hugo, c'est juwé ! 

Bob: Mais... tu... Approches par ici ! Il faut que je sache ! 

[L'homme hésita un long moment mais finit par venir coller ses grosses babines dans la vitre.] 

Homme : Qu'est-ce que wous woulez ? J'ai du trawail à faire. 

[Dans le noir, cet homme de couleur était pratiquement invisible si bien que pour Bob, il ne semblait y avoir qu'un gros dentier qui flottait de l'autre côté de sa cellule en claquant des dents au rythme de ses paroles.] 

Bob : J'ai jamais dit Hugo Hugo. J'ai juste dit Hugo. Alors c'est sûrement toi. 

Homme : Meeerwde de meeerwde ! Moi et ma gwande gueule. 

Bob : Je te croyais mort. 

Homme : Je ne swuis pas Hugo Hugo. Je swuis son fwère jumeau. Mon nom est Yogi Yogi. 

Bob : Donc Hugo Hugo est bien mort ? N'est-ce pas ? 

Yogi Yogi : Woui. Il est mowrt. 

Bob : Mort et enterré ? 

Yogi Yogi : Pas entewré, monsieur. 

Bob : Ils ont pas enterré son cadavre. Qu'est-ce qu'ils ont fait avec d'abord ? 

Yogi Yogi : Euh... Je fewrais mieux de pas le dire, je pense. 

Bob : Come on man ! Tu peux me faire confiance. Je suis muet comme une carpe. 

Yogi Yogi : J'ai déjà été mowrdu par wune carpe quand j'étais petit. 

Bob : Ouch ! Ça sûrement du faire mal. 

Yogi Yogi : Woui. Tewrriblement. 

Bob : J'irai jamais raconter à personne que t'as été mordu par une carpe, Yogi. C'est juré. 

Yogi Yogi : Vous êtes gentil, monsieur. 

Bob : Pis pour le corps de Hugo Hugo ? Qu'est-ce qu'ils ont fait avec ? 

Yogi Yogi : Ok. Je vais wous le dire. Ils l'ont découpé en mworceaux et ils en ont fait du steak haché. Mais faut pas le dire à pwersonne, monsieur. 

Bob : Putain ! Ils sont vraiment dégueulasses dans cette prison. Merci de me l'avoir dit, Yogi. Je vais m'en tenir aux biscuits soda la prochaine fois qu’il va y avoir du steak haché au menu. 

Yogi Yogi : Il faut que je wetourne au twravail, monsieur. 

Bob : C'est toi le concierge ici, Yogi. C'est bien ça ? 

Yogi Yogi : C’est ça monsieur. 

Bob : Seulement le concierge ? 

Yogi Yogi : Je… Je n'ai plus le temps de pwarler avec vous. Je dois y aller maintenant. 

[Le géant se mit en mouvement (Bob le devina en voyant le dentier flottant changer de direction et s'éloigner). Il tenta de le convaincre de revenir (il le menaça de dévoiler son terrible secret sur la morsure de carpe) mais rien n'y changea : Yogi Yogi disparut et laissa Bob à nouveau seul. Il s'interrogeait sur la signification de la présence du frère jumeau de celui qu'il avait supposément tué bien qu'il n'en gardait aucun souvenir.  

En y pensant bien, Bob devait s'avouer à lui-même qu'il commençait à se plaire à l'idée que lui, un poids coq de 123 livres mouillées, qui n'avait jamais même lever quelque chose de plus lourd qu'une poche de patates dans sa vie, ait pu tuer un géant possédant une force herculéenne comme Hugo Hugo. Il se plaisait à l'idée d'être capable d'un geste aussi violent. Mais il garda ces sombres pensées pour lui et alla se rouler en boule dans le seul coin de sa cellule qui n'était pas souillé par trois pouces de pisses de rat. Il fit un rêve bien étrange cette nuit-là : 

Dans son rêve, Bob prenait place à une table bien garnie de nourriture d'une gastronomie réputée dans le monde du surgelé. Sa portion était aussi énorme que mal réchauffée. La bouffe était accompagnée d'une boisson rouge écarlate. Bob souleva péniblement la tête et regarda autour de lui. Il s'aperçut qu'il n'était pas seul à la table. À sa droite, se tenait Myriam, son avocate. Cette dernière était complètement nue et s'enduisait de ce qui ressemblait à une gelée de pétrole à l'aide d'un applicateur en plastique. Immédiatement à côté de Myriam se tenait le directeur de la prison, Frank Lapierre. Ce dernier tenait une grosse laisse de chien en or massif attachée au coup de Bob. Il donnait fréquemment des violents coups pour brasser la tête de Bob et à chaque fois il en sortait des pièces de 25 cents par les oreilles. L'autre chaise était occupée par une personne totalement défigurée. 

Bob reconnut péniblement les restes de Hugo Hugo. Le sang coulait abondement de sa tête et une serveuse qui portait un capot de poil et des bottes de cowboys le recueillait pour en remplir les verres des convives. Bob eut un haut le coeur en regardant son verre dans lequel il avait déjà bu la moitié de ce qu’il croyait être un excellent Bloody César. Hugo Hugo dégustait avec beaucoup de bruits de bouche son repas qui ressortait immédiatement par l'énorme trou de son abdomen pour retomber dans son assiette, action qu'il répétait à l'infini. Finalement, à sa gauche, se tenait une femme aux allures très classes, mais dont le visage était flou. Il se sentit immédiatement attiré vers cette personne qui semblait avoir beaucoup de compassion pour lui, même si elle lui pointait un revolver au visage pour le forcer à manger son repas partiellement congelé. À un certain moment, elle ouvrit son chemisier pour dévoiler sa poitrine minuscule : c'est à ce moment qu'il reconnut Suzie Tremblay, son ex petite amie - elle seule avait une poitrine aussi menue.  

«Suzie !» cria-t-il avec un écho caverneux. Au même moment, un essaim de sauterelles géantes s'écrasa dans son assiette et éclaboussa Myriam de sauce aux tomates. Une chorale de prisonniers déguisés en indiens traversa la pièce en chantant des comptines à l'envers. Tous se levèrent pour applaudir. Le directeur Lapierre en profita pour lécher la sauce sur le corps nue de Myriam. Devant autant de confusion, Bob tenta de fuir la table, mais Hugo Hugo qui gardait toujours un oeil sur lui (celui qui pendouillait hors de son crâne) lui saisit la tête et la planta dans son assiette. Bob suffoqua. Il entendait les voix des autres qui riaient de lui. Sauf Suzie qui répétait «Bob ! Pourquoi m'as-tu fait ça Bob ? Regarde où ça t'a mené aujourd'hui ! Bob... Bob réveille toi ! Tu vas mourir Bob !».] 

Voix de femme: Bob ! Réveille-toi ! Bob ! Tu vas te noyer ! 

[Bob se réveilla en sursaut et leva la tête qu'il avait inconsciemment plongée dans le bol de toilette. Il reprit péniblement son souffle. Il se retourna pour voir qui lui adressait la parole à travers le mur de pellicule plastique moulante.] 

Bob: Suzie !?!? Est-ce que c’est toi ? Il fait si sombre. 

[Bob se leva et s’approcha de la vitre.] 

Suzie : C'est bien moi. En chair et en os. 

[Bob jeta un regard de dédain en direction de son ex petite amie.] 

Bob : Quoi que surtout en os. Particulièrement au niveau de la poitrine. Mais… Mais comment as-tu pu arriver jusqu'ici ? 

Suzie : Ils m'ont laissée revenir pour une dernière fois avant mon départ définitif. Ils ont dit que je pouvais rendre une dernière visite à la personne de mon choix. 

Bob : Qui ça, "ils" ?! 

Suzie : Les anges de la mort. 

Bob : Les motards ? Les Hell's Angels ? 

Suzie : Non crétin. Les vrais anges de la mort. Ceux qui t'emmènent au Paradis ou en Enfer. Est-ce que tu comprends ce que ça veut dire ? 

Bob : Euh ? Que t'as pas beaucoup d'amis pour me choisir comme dernière visite avant d’aller en Enfer ?! 

Suzie : Petit con ! Ça veut dire que je suis morte et que c'est mon fantôme que tu as en avant de toi. 

Bob : Ooohh meerrde ! 

Suzie : Ça fait un choc, n'est-ce pas ? 

Bob : Non, c'est que je viens de me souvenir que j'ai oublié mon linge dans la laveuse communautaire de mon bloc à appartement. Tout le monde doit savoir que je porte des bobettes en laine à l'heure qu'il est. 

Suzie : Fi ! Tu as de bien plus gros problèmes que ça mon pauvre Bob. 

Bob : Qu'est-ce que tu veux dire par là ? 

Suzie : Je n'en ai plus que pour une minute ou deux alors écoutes-moi bien. Nous savons tous les deux trop bien avec quel mépris tu m’as traité durant tout le temps où nous sommes sortis ensemble. Nous savons également que c’est à cause de toi si je suis morte. Mais saches Bob qu’avant de mourir, j'ai eu une révélation. Oui ! J'ai su que tu allais avoir de très gros ennuis. Ta présence dans cette prison abominable et tout ce qui t'y attend est bien pire que la mort elle-même. Il faut que tu réagisses, Bob, sans quoi tu vas prier chaque soir pour que la mort te délivre car ta vie, elle, sera bien pire que n'importe quel enfer brûlant. 

Bob : Arrête. Tu commences à me foutre les jetons, Suzie. 

[La jeune femme jeta un regard inquiet à sa montre.] 

Suzie : Il va falloir que j'y aille, Bob. Mais saches qu'il se passe quelque chose de vraiment très louche dans cette prison. Le directeur Lapierre a beaucoup trop d'argent dans ses comptes à épargne stable et la bouffe que l'on vous sert à la cafétéria est beaucoup trop grasse, même comparées aux standards des prisons normales. Tout est relié, Bob. Et toi, tu seras leur bouc émissaire, tant que tu ne feras rien pour réagir. Tu.... 

[Avant que Suzie n’ait pu terminé sa dernière phrase, son image devint floue et fantomatique. La dernière chose que Bob vit avant qu'elle ne disparaisse complètement fut Suzie qui ouvrait sa chemise pour révéler une dernière fois ses minuscules seins poilus à Bob qui tenta d'en profiter pour se masturber jusqu'à la jouissance avant qu'il ne soit trop tard. Mais au moment où il éjacula quelques gouttes misérables sur ses genoux, l'apparition s'était évanouie.] 

Bob : Adieu Suzie. Puisses tu te faire faire une augmentation mammaire et une réduction pilleuse quel que soit l'endroit où tu t'en vas. 

[Bob alla se recoucher avec la ferme intention de suivre les conseils de son ex petite amie. Demain soir, au souper, il entendait bien faire un véritable scandale.]

 

partie 2: Le repas est servit


Jeune gardien : DEBOUT LÀ-DEDANS !!! Fini les roupillions, y a une grosse journée qui t'attend, détenu.

 

Bob : Quelle heure il est ?

 

Gardien : Sept heures du matin.

 

Bob : Mais j'avais demandé d'être réveillé à dix heures. Je suis un lève-tard moi.

 

[Le gardien frappa Bob derrière la tête.]

 

Bob: Ça va, j'ai compris. Dites donc vous êtes seul ou je rêve ?

 

Gardien: Oui, les coupures budgétaires. Que voulez-vous ?!

 

Bob: Les coupures, hein ? Le directeur coupe sur le nombre de gardiens pour me frapper maintenant ?

 

Gardien: Je... en fait oui. Je suis seul ce matin. À genoux maintenant, je veux en finir au plus vite. J'ai trois autres gars à faire après pis en plus y faut que je passe la mope dans la salle communautaire.

 

Bob: Mais, vous savez qui je suis, n'est-ce pas ?

 

Gardien: Sur la fiche c'est écrit Robert Brochu.

 

Bob: C’est ça, Bob Brochu, l'assassin de Hugo Hugo. On m'a mis dans l'aquarium parce que je suis fou à lier. Normalement, ils sont dix gars armés jusqu'aux dents pour s'occuper de moi. Et là ce matin vous êtes seul ici avec une simple matraque.

 

 

Gardien: L'aquarium ? C'est quoi exactement ?

 

Bob: Non mais c'est une blague ou quoi ? Vous êtes nouveau ici en plus ?

 

Gardien: Oui.

 

Bob: C'est une honte ! Lapierre ose m’envoyer un petit nouveau ! À moi ?! Il fait des économies de marché maintenant le vieux salaud ! L'aquarium, c'est la cellule pour les malades, les assassins et les monstres comme moi. C'est pour ça que les murs sont en pellicule moulante.

 

Gardien: Écoutez, n'en dites pas plus, j'ai déjà fait dans mon frock. Je... j'ai une femme et trois enfants en bas âge. Je ne peux pas mourir maintenant... je... je vous en supplie !

 

[Le gardien s'écroula sur ses genoux, en pleurs.]

 

Bob: Vous savez ce que je dois faire maintenant ? Vous savez bien que je n'ai pas le choix ?

 

Gardien: Je le sais, allez-y, mais faites rapidement.

 

[Bob s'approcha de l’homme en uniforme qui ferma les yeux en signe de soumission (ce qui rappela au gardien ses bonnes années au collège lorsque le frère Dubuc le gardait en retenu). Bob souleva le poing et donna un violent coup de pied sur le genou du gardien. Ce dernier s'écroula au sol en douleur. En fait, il faisait semblant d'avoir mal comme le coup avait raté la cible par un mètre, mais il ne voulait pas prendre de chance. Bob en profita donc pour se sauver de la cellule. Il était en cavale.]

 

Bob: Que faire…? Ils vont me repérer rapidement. Je dois agir vite.

 

[Bob se mit à courir comme un éperdu dans les corridors de la prison qui semblait étrangement déserte pour une heure pareille. Après quelques secondes de course, il dut prendre une pause largement méritée. Il avait le cardio d'un fumeur asthmatique en rémission d'un troisième cancer du poumon alors que pourtant il n'avait jamais fumé autre chose que des cigarettes Popaye.]

 

Bob (pour lui-même d’une voix essoufflée) : J'aurais du arrêter la cigarette Popaye comme je me l'étais juré au jour de l'an. Mais non ! Il a fallu que je tienne ma résolution d'arrêter la soupe aux pois à la place. La pire décision de toute ma vie...

 

[Bob continua sa course folle un bon cent mètres de plus. Il s'arrêta à nouveau.]

 

Bob: ...Mike le Boulet ! C'est ça ! C'est peut-être ma seule chance...

 

[La cellule de Mike se trouvait juste un peu plus loin. Il s'y rendit à la marche rapide. Ce faisant, il passa devant son ancienne cellule, celle qu'il avait bien aimée d'ailleurs car elle avait un petit cachet rustique qui lui rappelait le moyen âge, l'époque qu'il préférait. Il en avait vite fait un petit nid douillet, son petit coin d'amour comme il aimait l'appeler après une bonne séance de masturbation frénétique. Bob trouva sa cellule, vide et souillée de l’horrible sang de Hugo Hugo. Brochu pensa que le directeur Lapierre avait sûrement du couper également sur le ménage. La cellule de Mike se trouvait juste un peu plus loin.]

 

Bob: Mike ! Mike ! Réveilles-toi !

 

Mike: Hum...quoi... Putain c'est quoi ce vacarme aussi tôt ! Vous ne dormez jamais vous autres les gardiens ou quoi ?

 

Bob: C'est pas le gardien, c'est moi Bob !

 

[Mike se leva d'un bond.]

 

Mike: Bob ! Mais, que fais-tu là ? Tu es libre ?!

 

Bob: C'est une longue histoire, écoute j'ai quelque chose d'important à te confier, une mission...

 

Mike: Une mission, hein ?! Hum ! La seule mission qu'on ne m’a jamais confiée dans ma vie, je l'ai échouée pitoyablement. J'avais douze ans, ma mère voulait que j'aille poster une lettre. Je me suis perdu en route. Je crois que c’est à cause de cet incident traumatique que je suis devenu un meurtrier d’ailleurs. Mais ça c’est une autre histoire. Tu es certain de vouloir me confier cette mission, Bob ?

 

Bob: Tu es mon seul espoir de toute façon.

 

Mike: Ok ! Je serai à la hauteur tu peux me faire confiance, je réussis toujours ce que j'entreprends.

 

Bob : Mais tu viens juste de dire que… bon. En tout cas. Ce que j’attends de toi mon vieil ami c’est que ce soir, au souper, tu vérifies comment il prépare le repas, car vois-tu je ne sais pas si je serai encore libre pour le faire moi-même. Je sens qu'il y a quelque chose de louche avec ce qu'ils nous servent au repas.

 

Mike: Ah oui ? Moi j'ai rien remarqué d’anormal ! À part d’avoir bizarrement la pisse très chaude, le regard flou, des gaz nauséabonds, des douleurs à l'estomac et des poils qui me pousse sur le dessus du nez.

 

Bob: Peux-tu faire ça pour moi, c'est très important ? Peut-être que cela pourrait nous permettre de nous débarrasser de ce malade de Lapierre.

 

Mike: Tu sais, tu vas avoir de la difficulté, tout le monde l'aime bien Lapierre...

 

Bob: Mais c'est une sale ! Un violent, un escroc !

 

Mike: Peut-être, mais il nous donne régulièrement des langues de porc dans le vinaigre ainsi que des suçons. D'ailleurs tu devrais essayer les vert et brun, ils sont particulièrement savoureux. Un peu gras oui, mais savoureux.

 

Bob: Des suçons gras ??? Une autre affaire... Est-ce que tu vas faire ce que je t'ai demandé ?

 

Gardiens : IL EST LÀ !!! EMPAREZ-VOUS DE LUI !

 

[Une bonne dizaine de gardes arrivèrent au pas de course, l'air menaçant.]

 

Bob: Promets moi que tu vas le faire Mike ! Au nom de notre longue amitié !

 

Mike: Je te connais depuis deux jours...

 

[Les gardes s'emparèrent de Bob en simulant un effet de ralenti pour marquer l'effet dramatique de la scène. Il s'éloignèrent lentement avec Bob prit au piège. Bob se retourna vers Mike une dernière fois.]

 

Bob: PROMET LE MOIIIIIII !

 

[Mike répliqua.]

 

Mike: JE LE FERAI BOB !

 

[Puis pour lui-même...]

 

Mike: Je le ferai... je le promets.

 

[Après avoir généreusement matraqué la tête du pauvre Bob qui les suppliait de ne pas viser son omoplate gauche (il avait une faiblesse  à cet endroit  du à un manque de lait maternel de sa mère que ne produisait pas assez avec ses deux seins plats en forme de queue de castor), les gardes, par compassion sans doute, décidèrent donc de concentrer leur coup à cet endroit précis. Après plusieurs minutes de cette torture, ils finirent par le remettre dans l'aquarium.]

 

John: Ton compte est bon cette fois Brochu. Comment as-tu pu ???

 

Bob: Pu quoi ?

 

John: Ne fait pas l'idiot ! Deux autres crimes crapuleux à ta fiche ! Et tout ça en moins de trente minutes. Tu es vraiment un monstre. Comment as-tu pu tuer ce pauvre Gilbert ?

 

Bob : Gilbert ??? Qui est-ce ?

 

John: Notre recrue, le gardien de nuit qui vient de rentrer... C'est outrageux. Tu viens de te mettre tous les gardes à dos.

 

Bob: C'était pas déjà le cas ?

 

John: Non, on t'aimait bien. Mais là la lune de miel est finie.

 

Bob: Putain ! J'ai pas hâte de voir ce que ce sera. Déjà que l'amour était plutôt douloureux !

 

John: Un des tiens en plus... incroyable… tu es sans merci.

 

Bob: Mais bordel ! De quoi tu parles ??? J'ai juste couru dans les corridors... et j'ai pris une gorgée d'eau à l'abreuvoir, c’est tout !

 

John: Ce que tu as fait est horrible, arracher la langue à un détenu, un des tiens ! Puis l'égorger comme un chat de ruelle. Le coeur me lève.

 

Bob: J'imagine que ça ne sert à rien de dire que je suis innocent de tout ?

 

[John ne put répondre à cette dernière question. C'est plutôt le directeur Lapierre qui entra dans la cellule et qui répondit.]

 

Lapierre: Non, en effet. On a plusieurs témoins des deux crimes.

 

Bob: Mais il n'y avait personne, la prison était mystérieusement vide ce matin.

 

Lapierre: Pourtant les témoins sont nombreux, mon cher Bob. Très nombreux. Mais permet moi de t'offrir une langue de porc dans le vinaigre comme petit déjeuner, puisque que tu es un client particulier.

 

[Lapierre ouvrit un pot remplit de ce qui avait tout l'air de langues de porc. Une forte odeur de vinaigre remplit la pièce, ce qui donna un haut le coeur à Bob. Le directeur offrit une langue à Bob, qui refusa, puis à tous les gardes présents, qui eux ne se gênèrent pas. Ils avaient l'air de vautours autour d'un corps mort. L'un des gardes repassa même une quatrième fois en se lichant les babines de bonheur.]

 

John: Toujours aussi excellentes vos langues de porc, patron !

 

Lapierre: Je sais... je sais... Bon, je dois retourner à mon bureau maintenant. J'ai pas encore fini de calculer tous les profits de cette prison au cours du troisième trimestre. Veuillez garder l'oeil sur le détenu Brochu. Son procès est pour bientôt. Je salive déjà à l'idée de ce que le juge Garon va bien pouvoir lui donner comme sentence cruelle lorsque les détails méticuleux de ses crimes crapuleux auront été dévoilés au grand jour.

 

Bob : Comment ça des profits ? Depuis quand est-ce qu'une prison est supposée faire des profits ? C'est quoi cette histoire ?

 

[Au signal du directeur, John asséna un violent coup de ses bottes à cap directement dans le cul de Bob – qui en lâcha un gros pet de surprise et de douleur.]

 

Lapierre : Brochu ! Je me ferai moi-même le plaisir de tout vous dévoiler dans le creux de l'oreille le jour où vous serez assis sur la chaise électrique à quelques secondes de griller comme une tranche de pain aux raisins dans un four industriel. Ah ! Ah ! Ah !

 

[Le directeur s'en alla en continuant à rire aux éclats et en écrasant les rats qui tournaient autour de lui sous ses souliers. Juste avant de disparaître complètement, il s'arrêta devant la cellule de Pipo Sanchez.]

 

Lapierre : Tu vois ce pot, sale chien Mexicain. Regarde le comme il faut parce que bientôt ta langue bien pendue de demeuré risque fort d'y trouver son dernier repos. Ah ! Ah ! Ah !

 

Pipo : Moi penser que monsieur directeur a de bien jolis souliers.

 

Lapierre : Tu trouves ?! Regarde bien leur dessous. Ils sont vraiment exceptionnels.

 

[Le Mexicain se pencha pour mieux apprécier la qualité des semelles des souliers du directeur quand il reçut en plein visage un violent coup de pied de la part de ce dernier. Pipo se releva, avec deux dents en moins, et hurla à pleins poumons.]

 

Pipo : MOI PENSER QUE MONSIEUR DIRECTEUR EST MÉCHANT. MOI PENSER QUE MONSIEUR DIRECTEUR EST HOMOSEXUEL. MOI PENSER QUE MONSIEUR DIRECTEUR PREND DU VIAGRA. MOI PENSER...

 

[Pipo ne termina jamais sa dernière insulte. Tout ce que Bob entendit à ce moment fut le bruit d'un son sourd suivit de celui d'un corps s'écrasant au sol et que l'on traîne par la suite. Mais il ne put en voir davantage car les gardes, qui arboraient des airs apeurés, projetèrent Brochu au fond de sa cellule et l'enchaînèrent à un gros rat qui pataugeait dans le fond de sa toilette. Quelques heures plus tard, quand on vint le détacher pour l'emmener à la cafétéria pour le souper, Brochu remarqua que la cellule de Pipo était souillée de sang à la grandeur. Brochu avait un mauvais pressentiment concernant le souper en question. Mais il espérait fortement en apprendre plus sur le fonctionnement des cuisines de la prison via son bon ami Mike Goulet, sa taupe. Mais lorsqu'il arriva enfin dans l'immense cafétéria de la prison, les premiers détenus qu'il croisa sur son chemin le regardèrent avec un air terrifié. Ils le pointèrent en l'accusant.]

 

Détenus : C'est lui. Le monstre de la prison. C'est lui l'assassin de Pipo. C'est lui l'assassin de Mike Goulet.

 

[En apprenant que Goulet était mort, Brochu fut dévasté comme une toilette publique prise d'assaut par un gros tas de 350 livres ayant la diarrhée. Il était découragé au possible car il venait de perdre son contact dans les cuisines. Comment allait-il faire pour enquêter sur ce qui s'y tramait ? Il n'en avait aucune idée. On assit Bob à une table isolée des autres détenus qui le dévorait des yeux. Un des cuistots prit le haut-parleur pour annoncer le menu.]

 

Cuistot : CE SOIR MA GANG DE CHAROGNARDS, C'EST DU MEXICAIN. J'ESPÈRE QUE VOUS AVEZ LE COEUR SOLIDE !

 

Couillard : Hum, du mexicain ! Ça va nous changer du putain de steak haché !

 

Bob: Merde mais c'est pas vrai ?! Du Mexicain...? Pipo...!? Est-ce une coïncidence vraiment ??? C'est presque impossible !

 

[Bob regarda d'un air terrifié les autres détenus se faire servir et manger comme des cochons comme s'il n'y avait pas de lendemain. Il regarda son assiette et le coeur lui leva juste à penser à la provenance probable de ce menu typiquement mexicain.]

 

Bob : Euh, cuistot...

 

Cuistot: Kossé ?

 

Bob: Je suis désolé, mais je suis extrêmement allergique à la bouffe mexicaine. Ça me donne des nausées, mais surtout une forte propension à faire des énormes boutons dans le cul.

 

Cuistot: Bah, on a un menu de remplacement pour les allergiques justement, c'est pas tous les rats de la place qui digère ce qu'on fait...

 

[Le cuistot alla à la cuisine aussi rapidement que ses 323 livres de graisses le lui permettait. Il revint quelques instants plus tard, le tablier maculé de rouge, avec une assiette bien remplit. Il laissa l'assiette sur la table en face de Bob et prit un air moqueur.]

 

Cuistot: MONsieur est servit. Est-ce que MONsieur est satisfait ?

 

Bob: C'est quoi ce truc ? Ça l’air dégueulasse !

 

Cuistot: C'est du ragoût de boulet ! Tu t'attendais à quoi assassin, à du filet mignon peut-être ?

 

Bob: Hein ? Du ragoût de boulet ?

 

Cuistot : Euh ! Je veux dire du ragoût de boulettes. Boulettes pas boulet.

 

[Bob regardait le cuistot avec un air soupçonneux.]

 

Cuistot: Qu'est-ce que t'as à me dévisager comme ça ? Y a une boîte à suggestions à la sortie si t'es pas content.

 

Bob: La boite toute rouillée avec le cadenas là-bas ?

 

Cuistot: Oui.

 

Bob: Est-ce que quelqu'un lit ce qu'il y a là-dedans au moins ?

 

Cuistot: Le jour où on va retrouver la clé on va sûrement s'y mettre...

 

[Le cuistot partit en riant.]

 

Bob: Bon, faudrait bien que je reprenne des forces un peu, mangeons.

 

[Bob regarda son assiette et ce qu'il vit le figea net. Il se leva et se mit les mains devant la bouche car il sentait qu'il allait être véritablement malade. Les gardes s'approchèrent comme l'action n'était pas conforme.]

 

Garde: Brochu ! Assis et mange !

 

Bob: Je... je vais être malade ! Vite les toilettes !!!

 

[John qui était d'office ce midi s'approcha de la scène.]

 

John: Brochu, tu es bien pâle ! Que ce passe-t-il ? On dirait que tu as vu un revenant dans ton assiette...

 

[Sur ces paroles, Bob ne pu retenir la montée volcanique provenant de son estomac et régurgita un beau jet bien droit et puissant directement sur John. Fou de colère, celui-ci le matraqua généreusement. Bob s'évanouit sous les coups.]

 

 

[À suivre lors de la prochaine mise à jour...]


Retour aux choix de
scripts rejetés de
Vulgairement vôtre

 

© 2002, Tout droits réservés, Vulgairement Vôtre inc.