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Vulgairement vôtre

Amour maternel




[Couture prend le colis à deux mains...Ce dernier ne pesait pratiquement rien...contrairement à Couture qui souffrait d'un surplus de poids depuis sa naissance. C'est d'ailleurs sa mère qui en avait pâti le plus lors de la délivrance de ce boulet de 22 livres.]

- Bon, je dois aller en direction de la ruelle derrière le IGA-BS... Tiens, je vais en profiter pour acheter les oeufs à Gisèle en passant.

*Bruit de pet*

[Couture, en passant dans le hall, remarque que Ginou s'est remise dans sa position habituelle...sous le bureau. Il l'entend jurer de rage.]

-Merde! Mon nerf optique s'est coincé dans ma chatte.

[Couture croit bon ne rien dire et sort de là au plus vite.]

- Bonjour Ginou, je m'en vais, maintenant.

- Monsieur Couture ?!! C'est vous, je ne vois rien... merde ! cette saloperie est bien coincée. Où est-ce que j'ai mis mon huile à moteur ?!

[Couture se félicite de n'avoir rien dit et sort de l'immeuble, avec son précieux colis sous ses aisselles...là où il y avait des années qu'aucun savon ni déodorisant n'avait rendu visite.]

-Bon, le supermarché doit être par là...

[Couture pointe vers l'ouest pour montrer à la caméra invisible qui le suit depuis des années, et dont il est le seul à connaître l’existence, dans quelle direction il allait se diriger. Du même coup, il échappe le colis au sol...]

--->GROS ÉPAIS...FAIS DONC ATTENTION...<---

[Devant l'édifice à bureaux où il avait passé plus de vingt ans de sa vie à se demander s'il n'aurait pas dù étudier dans le domaine en pleine expansion de la neurochirurgie anale, se trouvait maintenant un énorme camion-citerne, qui, de toute évidence, avait été appelé d'urgence afin de contenir le bol de toilette qui débordait sans arrêt depuis vingt minutes.]


- Eh ! vous !

[Un homme complètement vêtu d'un habit jaune en plastique avec un énorme masque à gaz s'approche de Gilles.]

- M... Moi ?

- Oui, toi ! Pour l'amour du ciel, aurais-tu une idée de qui est à l'origine de cette catastrophe naturelle ? Je peux à peine imaginer que ce soit un humain. Je n'ai jamais rien vu de tel... encore moins senti quelque chose d'aussi putride. J'ai un troupeau complet de chevreuil qui se s'est suicidé tout à l'heure... un vrai carnage ! Sans compter le trou gigantesque dans la couche d'ozone qui vient de se créer.

- Euh... c'est épouvantable ! eheh... euh... Je ne sais vraiment pas de qui ça peut venir. Peut-être de la vielle dame, là-bas !

- Tu veux dire la vielle folle qui essaye de traverser la rue depuis trois heures au coin, là-bas ?

- Oui... j'en suis presque certain...

- Bon, alors son compte est bon. Elle va subir le châtiment par l'odeur... Putain !!! Noonnn... mon masque est en train de fondre... À L'AIIIIIDE !!!!

[Pendant que l'homme se contorsionne sur le sol, épris d'une crise s'apparentant à l'épilepsie, Gilles prend ses jambes à son cou et s'enfuit en direction de la ruelle où il avait rendez-vous avec une mystérieuse personne.]

- Allo ?... Y a quelqu'un ??

- Psssst... Par ici...

- Pardon ? Où ça, je vois rien ? c'est trop sombre...

- Ici... à gauche...

- N... non je vois vraiment rien... C'est trop sombre...

- Crétin, ouvrez vos yeux et vous allez me voir !

- Ah... euh... oui... eheh... COMMENT ?!?!?! VOUS ?!?!?! Je ne peux pas y croire !!!

- Et oui, c'est bien moi. Il y a longtemps qu'on ne s'était pas vu, n'est-ce pas ?

- Je comprends donc. Au moins quarante cinq minutes, monsieur McCalister ?

- Ne m'appelez pas comme ça, voulez-vous !

- Euh...Comment devrais-je vous appeler dans ce cas...

- Vous le saurez en ouvrant ce colis, Couture.

[Au même moment, le téléphone cellulaire de Couture retentit de la poche intérieure de son affreux veston vert olive qu'il avait osé porter le jour de ses noces au grand dam de sa belle-famille. Couture prend l'appareil et d'un geste habile, répond.]

- Mais quoi encore ?!

- Salut chéri, c'est moi.

[La voix de Gisèle semblait empreinte d'une émotion que Couture interpréta aussitôt comme du chagrin. Quelque chose qui devait avoir rapport avec les sandwiches aux oeufs, pensa-t-il.]

- Qu'est-ce qui se passe chérie, pourquoi est-tu dans un état de crise pareil... Calmes-toi, veux-tu ?!

- J'ai appelé à ton bureau pour te dire de ne pas oublier d'acheter un nouveau siphon en fibre de carbone. Mais comme tu n'étais pas là, je suis tombée sur ta secrétaire. Elle m'a appris la mauvaise nouvelle.

[Couture aurait aimé que sa femme ne sache pas qu'il avait perdu son boulot. Comme ça, il aurait pu lui faire accroire qu'il préférait rester à la maison à ne rien foutre et être au près d'elle plutôt que de gagner honnêtement sa vie.]

- Je ne veux pas que tu t'en fasses ma chérie. Je vais me trouver un nouveau job en le temps de le dire grâce aux petites annonces de la revue du Clap. Ou au pire, du journal L'Actuel. On va s'en sortir, bébé.

- Pardon, de quoi tu parles ? Je m'en fous de ton job, espèce de bon à rien. Je te parlais de Nancy.

- Nancy ?! C'est qui celle-là ?

- Nancy c'est l'ex-siamoise, lesbienne et cul-de-jatte qui avait été mal séparée de sa soeur, Linda, lors de l'opération. Linda avait gardé sa bouche et une main... Aujourd'hui, Linda, frustrée du manque d'attention des hommes pour elle, a étranglé sa soeur à l'aide de sa seule main et de sa langue... Elle lui a ensuite mangé le cerveau ! Snif... C'EST HORRIBLE !!! Snif...snif... bouhououooo....

- Ne me dis pas que tu écoutes Varginie, toi aussi ?

- Non. C'est Ginou qui m'a raconté ça. Je n'ai jamais écouté cette émission de ma vie.

[Couture éloigne l'appareil de sa bouche puante un instant et regarde son ancien patron avec un air découragé.]

- Ah les femmes ! On ne peut pas vivre avec elles...mais on ne peut pas vivre sans elles...

- Pourquoi est-ce que vous me dites ça, Couture. Vous devez savoir que je ne m'intéresse qu'aux garçons de messe et aux lézards ?!

[Couture reprend l'appareil dans lequel la voix criarde de sa femme résonne comme une trompette désaccordée jouant l'air d'une chanson de Nana Mouskouri.]

- Je n’ai vraiment pas le temps de parler là, ma chérie. Je suis en pleine conversation avec mon ex.... avec mon patron, Monsieur McCalister.

- Je vous ai bien spécifié de ne pas m'appeler comme ça, Couture.

[Couture fait un signe comme quoi il est désolé. Ensuite, il se gratte l'entrejambes pour faire rigoler les millions de chinois qui regardent le film de sa vie grâce aux images retransmises par la caméra invisible qui le traque sans relâche depuis le jour ou il avait éjaculé par mégarde dans la boîte de serviettes sanitaires de sa soeur aînée. Il avait 22 ans à l'époque.]

- Oui mais chérie, je suis tellement sous le choc d'avoir appris ce qui est arrivé à Nancy et Linda. Il fallait que je t'en parle.

- Je suis occupé. Je te rappelle tout à l'heure. D'accord ?

[Mais au lieu des protestations attendues de son épouse, c'est ce qui était de toute évidence un coup de feu qu'il entendit résonner dans son appareil. Un coup de feu suivi du bruit d'un corps qui s'écroule au sol.]

- Allo....Gisèle...

[Exaspéré par le temps de réponse prolongé de son épouse, Couture raccroche sans s'embêter davantage avec ça. Il venait de prendre une décision très importante : il allait demander le divorce. Il n'en pouvait tout simplement plus de manger des sandwiches aux oeufs du matin au soir.]

- Bon... Est-ce que vous allez ouvrir ce colis de merde, oui ou non ?

- Oui, monsieur McCa.....Oui, je le fais à l'instant.

[Gilles s'active alors à ouvrir le fameux colis, mais au même moment l'homme vêtu de jaune, accompagné de plusieurs de ces collègues de la voirie, l'interpelle.]

- Cette fois ton compte est bon Couture ! Et toi aussi McGuliver... Nous tenons la veille folle en otage, si vous ne collaborez pas, nous l'exécutons.

- McGuliver... c'est vous ça, patron ?

- Que penses-tu imbécile ! Je vous ai pourtant bien dit de ne plus m'appeler
McCalister...

- Vous connaissez cette vielle folle qui tentait de traverser la rue ?

- Je ne pensais pas te l'avouer ainsi, mais... puisque la situation l'oblige... Autrefois... Elle fut ta mère. Ta mère Couture !

[Avant même que Gilles ne puisse réagir, l'un des hommes en jaune saisi un énorme boyau servant à drainer les égouts ( que Gilles avait si habilement sabotés ), s'apprêtant à arroser, d'une pluie de merde, Gilles et son ex-patron. Pendant ce temps, un autre homme en jaune frappait à coup de genou et à coup de coude sur la pauvre vielle dame qui tentait de retenir les vieux mouchoirs usés qui tombaient de ses manches.]

- Allez Couture ! Suivez-moi ! Il faut fuir ! Ne vous laissez pas attendrir par la situation de votre mère...

- Ma... ma mère ? Ma... maman... MAMAAAAAAN !!!

[Dans une scène d'horreur totale, l'homme en jaune expulse ce qui constituait une bonne partie du souper de la veille et du petit déjeuner matinal de Gilles sous une forme qui en disait long sur l'état de ses intestins. McGuliver empoigne Gilles, qui gueulait la bouche grande ouverte, sans prendre garde au flux intestinal qui s'abattait sur eux... McGuliver ouvre une porte dissimulée menant à l'intérieur du Supermarché.]

- Aaaahhh... nooooon.... snif... bououhou.... vous avez vu ce qu'ils ont fait à ma mère.... mwahouhou.... je ne leur pardonnerai jamais !!! J'aimais tellement cette femme.... snif... bouhououou...

[McGuliver gifle Gilles à plusieurs reprises sans se gêner sur la puissance.]

- Mais ressaisissez vous Couture ! Vous nous donnez en spectacle !

- Mais c'est ma MÈÈÈÈÈÈÈRE !!!! BOUHOUOUOUOUOU !!!!

- Mais vous ne la connaissez que depuis deux minutes, Couture ! Et puis, sachez qu’elle vous a abandonné à l’orphelinat à l’âge de dix-neuf ans, prétextant que vos intestins étaient tout simplement insupportables, et ce depuis votre plus jeune âge.

- ...snif... Vous... Vous avez raison ! Je... snif... je suis désolé... Mais qui sont ces hommes en jaune ??? Comment ce fait-il qu'ils nous connaissent ? Pourquoi nous poursuivent-ils ? D'où venaient les coups de feu dans ma maison qui semblaient être destinés à ma femme ? Et... qu'y a-t-il dans ce colis de merde qui a foutu ma journée en l'air !!! Ne me dites pas que tout ça a un lien avec les quelques dizaines de voitures que j'ai égratignées ce mois-ci... Ou pire encore, avec les infâmes sandwiches aux oeufs de ma femme ?

- Je crois que je vous dois quelques explications, Couture... Vous êtes impliqué dans un histoire bien plus grande et dangereuse que vous ne pouvez l'imaginer... Bien plus terrible...

- Mais de quoi s'agit-il, monsieur McGuliver ?

- Maintenant que vous connaissez mon véritable nom, vous pouvez m'appeler par mon prénom, qui est Albert.

- D'accord, monsieur McGuliver.

- Albert... c'est Albert, idiot.

- Si vous le voulez, je préfère tout de même vous appelez monsieur McGuliver. Vous êtes mon ex-patron après tout. Je me sens plus à l'aise ainsi. Les fruits de mon éducation probablement.

- Comme vous le voulez, Couture.

- Merci de ta compréhension, Albert.

[Gilles, tout en essayant de dissimuler sa supériorité intellectuelle, cherchait du coin de l'oeil s'il n'y avait pas des toilettes dans ce supermarché. Il sentait que ses intestins allaient bientôt entrer dans une nouvelle phase d'activité, telle une plaque tectonique en Californie.]

- Suivez-moi, Couture. Je vais vous montrer un secret qui va vous intéresser au plus haut point, j'en suis sûr.

- Comme tu veux, Alb.

 


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