Bonjour l'Euro

 
Comment l'euro est entré dans Paris

et dans le Sud

et selon le Figaro


Depuis minuit, la monnaie unique est devenue réalité pour 60 millions de Français. Distributeurs de billets, poste de la rue du Louvre, restaurants : voilà comment s'est passée la première heure de l'euro dans la capitale.

0 H 2 HIER SOIR. Dans un Paris frigorifié, les premiers billets en euros sortent des distributeurs rue du Louvre ! Dans les tabacs parisiens, les noctambules paient leurs premières cigarettes de l'année avec des pièces en euros, avec souvent quelques difficultés. Dans le sillage de la Réunion qui a basculé dès 21 heures, la « révolution euro » a démarré cette nuit pour 300 millions d'Européens. Sept nouveaux billets et huit nouvelles pièces, qui remplaceront dans deux mois nos douze monnaies nationales. A la poste du Louvre, dans une joyeuse pagaille digne des grands jours, les curieux et les caméras se bousculent dès minuit pour retirer leurs premiers euros... à commencer par le président de la Poste, Martin Vial. A quelques rues de là, Jean-Claude Trichet, gouverneur de la Banque de France, teste en personne les distributeurs de la Banque centrale. Partout ailleurs, une partie des distributeurs de billets auraient réussi leur passage à l'euro peu après minuit, selon la cellule de veille installée au ministère des Finances à Bercy. Même si, sur le terrain, la réalité est plus contrastée.


Aujourd'hui, le vrai test Le véritable test aura lieu aujourd'hui dans toutes les autres villes de France et d'Europe. Dès ce matin, si tout se passe comme prévu, nous allons plonger dans les joies du rendu de monnaie et des conversions pour acheter du pain, un journal ou un café. Un changement sans précédent salué hier soir par le président de la République lors de ses voeux aux Français. Jacques Chirac a décrit le passage à l'euro comme une « victoire » pour l'Europe. Ce sera l'un des rares discours solennels prononcés en France pour l'arrivée de la monnaie unique. Peu de célébrations particulières hier soir à Paris, contrairement à Berlin, Athènes ou Francfort, si ce n'est l'illumination du Pont-Neuf aux couleurs de l'Europe (bleu et or), et un compte à rebours en musique à la poste du Louvre. C'est pourtant l'aboutissement de plusieurs années de préparation intensive, aussi bien en France que dans les onze autres pays. « Tout est prêt pour le lancement », se félicitait hier le Monsieur Euro de la Commission européenne, Pedro Solbes. Tout en pointant les quelques points noirs qui risquent de mettre un peu de pagaille dans les premiers jours de l'euro : l'arrivée inévitable de fausses coupures, et surtout l'insuffisance de la préalimentation des commerçants. Seuls 60 % d'entre eux (au niveau européen) étaient hier correctement fournis en euros. En France, la grève annoncée demain dans les banques et les postes risque de faire désordre. En attendant, les buralistes, une partie des boulangeries et des marchands de journaux, les cafés et les restaurants ouverts aujourd'hui devraient commencer à travailler en euros. Les débuts d'un changement qui va influencer tous les secteurs de notre vie quotidienne dans les semaines à venir.

Thierry Dague - Le Parisien , mardi 01 janvier 2002


« Quasiment un sans faute » selon M. Fabius
C'est un Laurent Fabius tout sourire qui a arpenté hier matin, premier jour ouvrable de l'année, rayons des supermarchés et petits commerces parisiens pour s'assurer lui-même de « l'extraordinaire succès » de la monnaie unique.

« Pour le moment - je touche du bois -, tout se passe extrêmement bien », s'est félicité un ministre de l'Economie et des Finances très détendu.

Laurent Fabius a balayé d'un revers de la main la grogne de certains commerçants, agacés de devoir jouer le rôle des banques en rendant des euros contre des francs. « Les gens liquident leurs francs, mais très vite ils vont payer en euros, raisonner en euros », a-t-il assuré. Et de remercier au passage « les commerçants, les artisans aussi, qui font un très très gros travail » et qui « nous ont extraordinairement bien aidés ».

Vigilance sur les prix
Laurent Fabius s'est rendu successivement dans un supermarché Carrefour, à Auchan et à Leclerc pour s'adresser aux caissières ou interroger des clients un peu surpris. « Vous voulez que je vous montre mes euros ? », lui a lancé une dame visiblement très fière de ses nouveaux billets.

Le ministre s'est également voulu rassurant face aux clients inquiets d'une éventuelle hausse des prix. Simplement, « il va falloir être très très vigilants », a-t-il déclaré. « Evidemment, les consommateurs ont un rôle à jouer, l'administration a son rôle à jouer, mais c'est d'abord le commerce qui doit montrer l'exemple », a-t-il souligné en présence de Michel-Edouard Leclerc.

Jeudi 03 Janvier 2002
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