Euthanasie

Sommaire

José Bové, condamné à dix mois de prison avec sursis

José Bové a retrouvé sa cellule


José Bové, condamné à dix mois de prison avec sursis
Mis en ligne le 15/03/2001
 
Le héraut de l'agriculture à taille humaine en France, José Bové, risque plusieurs mois de prison ferme pour sa lutte contre les excès de la mondialisation, au moment où l'épizootie de fièvre aphteuse illustre les dangers de l'agriculture productiviste

EPA

A peine rentré de Mexico, où il a participé à l'entrée de la marche zapatiste du chef de la guérilla du Chiapas (sud) (lire nos articles et Chiapas: bas les masques ), le sous-commandant Marcos, José Bové a connu jeudi la première des trois décisions que la justice française doit prononcer à son encontre en une semaine. Il a été condamné à dix mois de prison avec sursis pour la destruction le 5 juin 1999 de plants de riz transgénique expérimental dans le sud de la France.

Le 22 mars, M. Bové doit connaître l'arrêt de la cour d'appel de Montpellier (sud) pour le démontage d'un restaurant McDonald's en construction le 12 août 1999. L'avocat général a requis contre lui six mois de prison, dont trois ferme. Enfin, ce même jour, il saura si la cour d'appel a suivi l'avocat général qui a requis deux mois de prison ferme pour sa participation à la séquestration de trois fonctionnaires du ministère de l'Agriculture en 1999 à Rodez (sud).

S'il était condamné à de la prison ferme, la peine de huit mois de prison avec sursis prononcée contre lui en 1998 pour la destruction de semences transgéniques, également dans le sud de la France, pourrait aussi devenir de la prison ferme.

«On est jugé pour ce que l'on fait et non pour ce que l'on est», avait résumé l'avocat général devant la cour de Montpellier, faisant référence à la notoriété de José Bové.

Pour le militant anti-mondialisation, «le combat continue». «Ce ne sont pas les peines de prison ou les amendes (...) qui vont nous interdire de dire que les OGM sont dangereux», a-t-il déclaré jeudi après le verdict. «La prison ferme, ça ne m'inquiète pas, j'y suis déjà allé et je suis prêt à y retourner s'il le faut», avait-il affirmé à la barre.

Après le démontage du McDonald's en construction, il a effectué dix-neuf jours de détention provisoire, avant d'être libéré contre le versement d'une caution de 105.000 francs (16.000 euros).

Le risque de nouvelles condamnations intervient alors que l'apparition de la fièvre aphteuse mardi en France et en Argentine a donné l'alerte à travers le monde, entraînant une cascade d'embargos sur la viande et le bétail venus de ces deux pays.

Premier pays d'Europe continentale à être touché, mardi, par l'épizootie de fièvre aphteuse venue de Grande-Bretagne, la France a été aussitôt obligée de cesser toutes ses exportations de bétail vivant. Pour plusieurs experts britanniques, l'épizootie de fièvre aphteuse illustre les fragilités d'une agriculture intensive et ouverte au commerce international, toute entière orientée vers la production au moindre coût.

«Si un fou imaginait un système de production alimentaire destiné à semer le chaos chez les éleveurs et à exposer les consommateurs aux plus grands risques possibles, il ne pourrait pas trouver mieux que le système actuel», assure Colin Tudge, expert à la London School of Economics.

Pour José Bové, «la fièvre aphteuse, c'est une crise d'un système de production qui va nécessiter de la part de l'Europe certainement une réflexion approfondie sur le système d'agriculture qui a été mis en place en Grande-Bretagne, mais qui se généralise malheureusement partout en Europe». (AFP)


Retour

José Bové a retrouvé sa cellule
Ph. Law. - Mis en ligne le 19/06/2002

C'est en tracteur que le militant anti-mondialiste est arrivé mercredi à la prison.
Des voix s'élèvent déjà pour réclamer sa libération, notamment à Bruxelles.

C'est accompagné de ses compagnons de champs et juché sur un tracteur que José Bové est arrivé, mercredi, à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone, dans le sud de la France. Le chantre de la lutte antimondialisation doit y purger trois mois de prison pour avoir saccagé un restaurant de la chaîne McDonald's, le 12 août 1999 à Millau dans l'Aveyron.

Convoqué à 8h, l'Astérix du Larzac ne s'est présenté à la maison d'arrêt que peu avant 16h, escorté par près d'un millier de sympathisants. Ceux-ci arboraient des drapeaux aux couleurs de la Confédération paysanne (syndicat dont José Bové est la figure de proue) et de diverses organisations, notamment le mouvement antimondialisation Attac. On notait aussi la présence d'étendards de certains politiques, comme le parti communiste français (PCF) et les Verts.

José Bové a bien orchestré son retour en prison. Vêtu d'un costume de bagnard, il était enchaîné à ces neuf compagnons avec qui il avait réussi l'opération de démontage du McDo. Ceux-ci avaient écopé de peines plus souples: des condamnations avec sursis pour certains, de simples amendes pour d'autres et la relaxe pure et simple pour Gilbert Fenestraz.

56 jours

José Bové retourne en prison après y avoir passé 19 jours de détention préventive à l'automne 1999. `J'avais dit que j'irais en prison s'il le fallait. Ne vous en faites pas pour moi. Je suis victime d'une justice politique´, a-t-il déclaré à ses sympathisants qui brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: `Le monde n'est pas une marchandise´, `Chirac en prison, Bové à la maison´. Il était accompagné de ses avocats, Me François Roux et Me Marie-Christine Etelin. D'après leur calcul, leur client ne devrait passer que quelque 56 jours en prison, remise de peine comprise. Il a commencé son séjour derrière les barreaux par un jeûne qu'il entend poursuivre jusqu'au 14 juillet pour soutenir le mouvement social. `Je mène un combat juste et légitime pour l'ensemble des citoyens pour une meilleure alimentation et surtout pour l'ensemble du mouvement social, les exclus, les précaires et les sans-papiers´, a-t-il lancé à la foule, avant que les portes de la prison ne se referment.

La centrale syndicale CGT a exigé la libération immédiate de José Bové, estimant que `la criminalisation de l'action syndicale que traduit cette décision de justice est incompatible avec les exigences de démocratie sociale´. André Gerin, député-maire PCF de Vénissieux (Lyon), a apporté son soutien. Pour Olivier Besancenot, candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR, trotskiste) aux élections présidentielles, c'est tout le mouvement antimondialisation qui se retrouve symboliquement en prison. A Bruxelles, une trentaine de membres de la Coordination paysanne européenne (CPE) ont manifesté symboliquement leur désapprobation devant le bâtiment abritant la représentation permanente de la France auprès de l'Union européenne.

© La Libre Belgique 2002

Retour

Back to Frenchtexts