Ecologie
Les Verts n'ont plus le monopole des préoccupations écologiques. Avec force, Jacques Chirac a repris à son compte, hier, les thématiques environnementales, lors d'un discours qui se veut fondateur, prononcé à Orléans.
Adoptant un ton volontairement dramatique, le chef de l'Etat a souligné que, en ce qui concerne en particulier le réchauffement climatique, « il y a péril en la demeure ».
« En matière d'environnement, exigence rime désormais avec urgence », a-t-il lancé, évoquant pêle-mêle, d'un ton grave, l'enjeu de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi les récentes marées noires, la diffusion « incontrôlée » des Organismes génétiquement modifiés (OGM) ou la crise de la vache folle.
Dès lors, c'est à une « prise de conscience collective » et à l'ouverture d'un « grand débat national » qu'il a appelé les Français, devant 500 élus locaux, étudiants et représentants d'associations écologistes réunis au centre de conférence d'Orléans.
Des cours d'environnement à
l'école primaire
Le chef de l'Etat a ainsi développé longuement -
pendant trois quarts d'heure - sa vision d'une « écologie
humaniste ». Jacques Chirac a en particulier souhaité
voir inscrites ces préoccupations « au cur de
notre pacte républicain », avec l'adoption par
le Parlement d'une « Charte de l'environnement ».
Celle-ci serait « adossée à la Constitution »
et s'imposerait ainsi « à toutes les juridictions,
y compris le Conseil constitutionnel ».
Les organismes génétiquement modifiés (OGM) quant à eux appellent l'application du « principe de précaution » et doivent donc être, selon Jacques Chirac, « soumis à des études d'impact environnemental et sanitaire inspirées de celles qui sont prévues pour les médicaments ».
« Parce que l'écologie est au coeur de la citoyenneté », le chef de l'Etat a également souhaité qu'elle fasse désormais « partie des programmes d'enseignement dès l'école primaire ».
Mais Jacques Chirac a surtout jugé « primordiale » une « évolution de la politique de l'énergie ». Une « évolution » qui passe par des économies d'énergie et le développement des énergies renouvelables, notamment des biocarburants.
Le chef de l'Etat est même allé jusqu'à réclamer l'ouverture d'un débat sur le nucléaire, question taboue qui doit « être abordée sereinement, sans crainte, sans dogmatisme ».
Convaincu que les enjeux écologiques dépassent les frontières, le président français souhaite également agir au plan international : il a réclamé la création d'une « véritable Organisation mondiale de l'environnement », sur le modèle de l'Organisation mondiale de la Santé.
Lutter contre l'émission
de gaz à effet de serre
Au passage, il a égratigné le président américain
George W. Bush, qui a refusé récemment de ratifier
le protocole de Kyoto sur la réduction des émissions
de gaz à effet de serre. « Il faut que les Etats-Unis
concourent à cet effort. Ils prendraient une très
lourde responsabilité s'ils ne le faisaient pas »,
a-t-il souligné.
Le chef de l'Etat a pris grand soin de se démarquer de la vision de l'écologie défendue en France par les Verts depuis les années 1980. Car l'« écologie humaniste », a-t-il expliqué, ne vise pas « simplement à conserver un ordre naturel immuable » et ne veut pas « céder à la tentation de l'obscurantisme ». Elle se veut « créative, pragmatique, imaginative » et souhaite « conjuguer le développement et le respect de l'environnement ». De même, si Jacques Chirac est favorable à une meilleure intégration de l'écologie dans la fiscalité, « il ne s'agit pas de créer plus d'impôts », a-t-il souligné. Des déclarations qui interviennent en pleine polémique gouvernementale sur l'écotaxe.
Le président français s'est donc résolument positionné, hier, comme le premier défenseur de l'écologie en France, à un moment où les Français n'ont jamais été aussi sensibles à ces enjeux.
Vendredi 04 Mai 2001
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