E nvironnement
Des rivières
vivantes pour l'Europe
Le magazine Panda n°80 au format PDF
sur le site de WWF France
La mission eau douce
Sur le site de WWF France
Pour la Belgique, six rivières et fleuves (l'Escaut, la Demer, la Kleine Nete, la Meuse, la Vesdre, et la Semois), sept lacs (Schulensbroek, Blankaart, Boerenkreek, Oude Maas van Stokkem, Eau d'Heure, Virelles et Bambois), et sept zones humides (A-Beek & Stamprooierbroek, Turnhoutse Vennengebied, Walenbos, les étangs du centre du Limbourg, Hautes-Fagnes, Haute Semois, Harchies-Hensies-Pommeroeul) ont été analysés par le WWF. «L'état des rivières et zones humides en Belgique est loin d'être optimal. Alors que la Belgique obtient un bon score quant à la surveillance de la qualité de l'eau, elle ne gère pas efficacement sa politique en matière d'eau.» Le WWF pointe des «problèmes tels qu'une trop grande pression sur l'état des réserves d'eau, un état écologique médiocre des cours d'eau, des lacs et des zones humides ainsi qu'une importante pollution chimique des réserves d'eaux souterraines». Dans les cours d'eau sélectionnés, seule la Semois satisfait aux critères de la directive européenne en matière d'eau.
Sur 69 tronçons de cours d'eau européens étudiés par le WWF, seuls 7 répondent aux critères de la directive de l'UE
Jean-Luc Flémal
Selon la directive-cadre sur l'eau de l'Union européenne, les Etats membres doivent non seulement prévenir toute nouvelle détérioration de leurs eaux mais également les protéger et les restaurer de manière à ce qu'ils atteignent un état écologique jugé «bon» ou «très bon» d'ici 2015. Et si l'on en croit le rapport du WWF sur l'état des eaux douces et des zones humides dans 16 pays d'Europe (1) 10 pays de l'Union, 5 pays candidats à l'adhésion et la Suisse , il y a encore du travail.
L'indice des eaux douces et zones humides mis au point par le WWF évalue, dans un premier temps, l'état écologique et la fragmentation des cours d'eau, les principales pressions qui pèsent sur les écosystèmes d'eau douce, la situation des espèces d'eau douce menacées, les différents aspects de la gestion durable des ressources en eau et la qualité des programmes de surveillance.
Lors d'une seconde phase qui débutera en 2002, l'indice se concentrera sur la réponse apportée par les autorités nationales en matière de gestion des écosystèmes d'eau douce.
Les constats de ce premier rapport ne sont pas réjouissants. En effet, sur 69 tronçons de rivière étudiés, 50 se trouvent dans un «piteux» état écologique. Les raisons en sont diverses: endiguement des berges, barrages et écluses, assèchement des plaines inondables, captages excessifs, décharge industrielle, traitement insuffisant des eaux usées,
SEPT RIVIÈRES
En fait, seules sept rivières répondent aux exigences de la directive européenne sur l'eau: la Wye et l'Usk (Pays de Galles), la Tana (Finlande), la Coe (Ecosse), la Derwent (Angleterre), la Morava (Autriche) et la Semois (Belgique). Et seules les cinq premières citées sont considérées comme quasiment intactes en termes de caractéristiques chimiques, biologiques et hydro-morphologiques.
Pour ce qui est de la surveillance des écosystèmes, 11 Etats sur 16 ne disposent pas des informations suffisantes pour évaluer les effets à moyens termes des activités de l'homme sur la biodiversité des espèces d'eau douce. Les listes nationales des espèces menacées sont même considérées comme inadaptées voire inexistantes en Grèce, Espagne, Hongrie, Slovaquie, Bulgarie et Turquie. En matière de biodiversité des espèces d'eau douce (pour les espèces menacées), des évolutions négatives ont été observées en Suède, en Autriche et en Belgique (Flandre).
Observation piquante du rapport: nombre de cours d'eau situés dans les pays candidats à l'adhésion à l'Union européenne sont dans un meilleur état que les cours d'eau d'étendue comparable des pays de l'UE. Ce qui signifie que des pays comme l'Estonie, la Hongrie ou la Slovaquie devraient avoir moins de difficultés à répondre aux nouvelles normes del'Union.
Si elles veulent améliorer leur situation, «de nombreuses régions d'Europe vont devoir restaurer les plaines inondables et permettre aux rivières de suivre leur cours naturel»
Note le rapport. Le WWF estime encore que des changements en profondeur seront nécessaires en termes de consommation d'eau, d'agriculture et de techniques d'irrigation, si l'on veut maintenir le débit actuel des cours d'eau, principalement dans le sud de l'Europe.
(1) Allemagne, Angleterre et Pays de Galles, Autriche, Belgique (Flandre et Wallonie), Bulgarie, Danemark, Ecosse, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande du Nord, Slovaquie, Suède, Suisse et Turquie. Le rapport est disponible sur Web.
© La Libre Belgique 2001