Euro

 

L'euro a quasiment pris le pouvoir
AFP- Mis en ligne le 12/01/2002

Moins de deux semaines après son lancement, le 1er janvier, l'euro est sur le point de prendre complètement le pouvoir dans les douze pays de sa zone, et de faire disparaître les monnaies nationales quelques semaines avant l'heure prévue.

Les consommateurs européens semblent avoir fait le choix de la simplicité. Après avoir écoulé les dernières grosses coupures en monnaies nationales, sorties pour certaines des bas de laine, ils ont préféré une utilisation quasi-exclusive de l'euro à une coexistence compliquée de deux monnaies dans les poches et les porte-monnaie.

Pour le commissaire européen chargé de la monnaie unique, l'Espagnol Pedro Solbes, le passage à l'euro aura virtuellement été achevé dans les tout prochains jours. "Nous espérons que l'opération sera terminée à la fin de la semaine prochaine", a-t-il dit vendredi à Madrid.

"Le basculement à l'euro entre maintenant dans la dernière ligne droite", a affirmé la Commission européenne, ajoutant que 85% en moyenne des paiements en liquide étaient effectués en euro, selon des données recueillies jeudi soir.

Le seuil de 90% devait être franchi durant le week-end. "Ces résultats sont spectaculaires", a triomphé son président, l'Italien Romano Prodi.

Ces estimations dépassent largement la feuille de route, fort prudente, des autorités européennes, qui ne s'attendaient qu'à un taux d'utilisation de 50% de l'euro pour les achats en liquide, au bout de deux semaines.

Les devises nationales devraient ainsi disparaître, être "asséchées", bien avant la fin de la période de double circulation, celle qui permet une utilisation simultanée des deux monnaies, l'euro et la devise nationale. Les différents pays de la zone euro n'auront apparemment guère de difficulté à respecter le calendrier qu'ils se sont fixé.

La plupart des pays avaient choisi de laisser courir cette période jusqu'au 28 février, à l'exception des Pays-Bas (27 janvier), de l'Irlande (9 février) et de la France (17 février).

L'Allemagne, la seule, avait choisi le "big-bang", c'est à dire de priver le deutschemark de son cours légal dès le 1er janvier. Mais le mouvement est très théorique, puisque beaucoup de commerçants continuent d'accepter les paiements en mark jusqu'au 28 février.

Les deux pays qui se sont obligés aux calendriers les plus serrés sont aussi ceux où le passage à l'euro est le plus avancé. En Irlande et aux Pays-Bas, "tout se fait à présent en euro", annonçait dès mercredi la Commission européenne.

Plusieurs pays ont pronostiqué que la monnaie nationale aurait complètement cédé la place à l'euro, bien avant la date butoir de la fin de la double-circulation. Ainsi en Grèce, la totalité des drachmes aura été retirée au début du mois de février, soit près d'un mois avant la limite fixée, selon la banque centrale.

A la Commission européenne comme à la Banque centrale européenne (BCE), personne ne parle cependant d'une disparition totale des devises nationales avant les dates fixées par les Etats membres.

"Il y aura évidemment des transactions résiduelles en monnaies nationales jusqu'à la fin de la période de double-circulation", et le taux de 90% des transactions sera assez difficile à dépasser, a déclaré le porte-parole du commissaire Solbes.

"A partir de la semaine prochaine, nous vivrons dans une Europe européanisée", a néanmoins lancé le ministre espagnol de l'Economie Rodrigo Rato, président en exercice du conseil des ministres des Finances et de l'eurogroupe, l'instance informelle qui réunit les ministres de la zone euro.

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Une tendance à la hausse des prix
PdL - Mis en ligne le 08/01/2002

Les arrondis à la hausse semblent se multiplier un peu partout en Europe

Johanna de Tessières

Indéniablement, on le constate quotidiennement, l'arrivée de l'euro a provoqué un certain nombre de hausses de prix ces derniers temps. Elles sont généralement imputables à des arrondis.

Ainsi, nombreux sont les débits de boissons qui facturaient le café, par exemple, à 50 BEF, soit 1,24 ¤, jusqu'il y a peu, et qui l'ont fait passer à 1,30 ¤ (52,44 BEF) voire même 1,50 ¤ (60,51 BEF). Souvent la hausse paraît anodine, mais quand on additionne tous les centimes (d'euro) supplémentaires à débourser, on peut arriver à des montants qui à la fin de l'année ne sont pas négligeables.

Depuis le début, les autorités belges et européennes, le répètent pourtant dans toutes les langues: `L'euro doit être une opération neutre pour les consommateurs.´ Et depuis le lancement des pièces et billets le 1er janvier dernier, tant du côté de la Commission européenne que du ministère des Affaires économiques, on se veut rassurant: `Il n'y a pour l'instant pas de hausse généralisée des prix et de poussée inflationniste, qui peut être associée à l'arrivée de l'euro.´

Une sentence qui n'est pas partagée par les associations européennes de consommateurs qui font état de hausses - parfois importantes - de certains prix.

Ainsi en Belgique, Test-Achats a décelé une `tendance moyenne à la hausse des prix de 7 pc´ entre juin 2001 et décembre 2001, en se basant sur le relevé du prix de 1 500 produits et services dans les cinq principales villes du pays. Pour l'association, les plus mauvais élèves se trouvent par exemple dans le secteur des loisirs (cinémas, piscines) mais également dans les bars et cafés, où des hausses moyennes de prix `tangibles´ autour de 4 pc ont été constatées.

Du côté de l'Inspection économique (ministère des Affaires économiques), le constat est nettement mois alarmant. Dans sa dernière enquête, elle relevait par exemple que seuls deux secteurs (cafés et boulangeries) avaient connu des hausses de prix supérieures à 2 pc. Il faut dire que l'échantillon de l'Inspection est nettement plus large - il porte sur plus de 40 000 produits -, et que vraisemblablement il est plus représentatif de ce que dépense un Belge moyen alors que celui de Test-Achats est plus axé sur les loisirs et services. Il n'empêche, les services de l'Inspection économique vont se pencher sur l'étude de l'association de défense des consommateurs et prendre les mesures qui s'imposent éventuellement.


Euro : une semaine déjà
Comment les personnes que nous avions rencontrées quelques jours avant le passage à la monnaie unique ont-elles vécu ce moment historique ? Impressions...

_ Pas assez d'euros chez les commerçants

_ L'attitude des clients a changé

_ Perplexité pour la période des soldes

Jacques Olivier, gérant du primeur « Les jardins de Pomone « se faisait du souci pour les personnes âgées mais pas pour lui. Sept jours après l'avènement de l'euro, c'est un commerçant rassuré que nous avons rencontré, « tout se passe gentiment, tranquillement. Les clients font entièrement confiance ». L'impression est la même à la poissonnerie Develay « tout se passe bien pour les clients Il n'y a pas eu d'appréhension particulière ».

Chacun des commerçants a sa technique pour gérer la double circulation des francs et des euros. Chez le primeur, tout est rendu en euro.

Lorsqu'un client veut payer en franc, le détaillant convertit la somme en euro et rend la monnaie dans la même unité.

Double caisse
Chez Jean Develay, on a adopté la technique de la double caisse. « Quand un client paye en franc, on rend la monnaie en franc et quand il paye en euro, on rend en euro. le problème c'est que nous n'avons pas assez d'euro ».

Ce problème est relevé chez beaucoup de commerces, ainsi ce boucher qui explique qu' « un client est venu avec un billet de 200 euros. C'est impossible pour moi de lui rendre la monnaie alors je rends en francs. C'est un peu le monde à l'envers ».

C'est un peu du n'importe quoi » ajoute-t-on chez Develay, confronté à la même difficulté.

Carte bleue et chéquier
Concernant les modes de paiement, les commerçants ont noté une utilisation beaucoup plus fréquente de la carte bleue et du chéquier. Jacques Olivier a décidé de s'équiper d'un lecteur carte bancaire, ce qu'il avait refusé jusqu'à présent.

L'attitude des clients a quand même changé. « On a l'impression que les gens discutent plus entre eux Ils comparent, ils s'informent. Ils ne râlent pas. Pourvu que cela continue... » espère Cécile, l'employée de boulangerie, « les gens plaisantent, devant les nouvelles pièces, ils ont l'impression de retomber en enfance et de jouer à la dinette ou au commerçant ». Jacques Olivier a relevé lui aussi un changement, « les gens donnent plus facilement, ne sachant pas forcément comment cela va se passer ».

Des seniors satisfaits et tout à fait à l'aise
Et chez nos seniors que nous avions laissés un peu inquiets et perplexes ?

C'est Julienne, la plus anxieuse de toutes, qui résume parfaitement la solution. « Tout va bien. j'écoule mes francs.

« Quand chez le commerçant, il n'y a presque personne, je sors mes euros et je m'entraine » déclare-t-elle.

Félix lui a changé sa stratégie « je n'ai pas changé tous mes francs en euros.

« Que voulez-vous, j'y suis encore un peu attaché à cette monnaie ».

André et Monique, comme d'habitude, pensent à l'avenir « jusqu'ici tout s'est très bien passé. Mais demain, les soldes commencent. Comment cela va se passer pour comparer les prix et tout et tout ? »

Jean-Michel POUPART

Samedi 12 Janvier 2002

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