Euro
Les pièces de moins en moins utilisées
Le nombre de pièces en euro en circulation est en forte baisse. Les besoins avaient été surestimés
Faut-il supprimer les petites pièces en euros? Le débat lancinant depuis l'introduction des 8 pièces en euros le 1er janvier dernier a été relancé depuis que la Banque centrale européenne a publié des statistiques sur les pièces en circulation.
Plusieurs journaux se sont fait l'écho d'une baisse de 13 pc du nombre de pièces de 1 centime en circulation. D'où la conclusion tirée par certains: `Puisque ces pièces sont peu utilisées, autant les retirer de la circulation?´
Mais voilà, une analyse dans le détail des chiffres de la BCE montre que c'est l'ensemble des pièces qui connaît un net recul. On constate ainsi que le nombre total de pièces en circulation dans la zone euro a reculé de 7,4 pc (-8,6 pc en valeur). Si le nombre de pièces de 1 centime en circulation enregistre une baisse de 13 pc, les 2 centimes - tout autant décriées - ne baissent que de 2 pc et celles de 2 ¤ qui ne font l'objet d'aucuns griefs reculent de 11 pc.
Comment expliquer ces chiffres? Difficile à l'heure actuelle de tirer des conclusions précises et définitives.
La première explication fournie par les banquiers centraux est l'excès de pièces qui ont été mises sur le marché lors de l'introduction de l'euro. Afin d'éviter toute pénurie, les autorités européennes ont préféré mettre trop de pièces en circulation que trop peu.
L'engouement pour l'euro était tel dans les mois qui ont précédé le jour J que nombre d'opérateurs - depuis les commerçants, en passant par les banques et les transporteurs de fonds, jusqu'aux différentes banques centrales-ont manifestement surévalué leurs besoins en pièces. ` Nous voulions absolument livrer toutes les pièces qui nous avaient été commandées par tous les intervenants ´ précise-t-on du côté de la Banque nationale de Belgique.
PAS DE PRÉCIPITATION
Ce n'est donc que dans quelques mois, une fois que `l'effet préalimentation´ aura été gommé, que l'on pourra se faire une idée précise de l'utilisation réelle des 8 différentes dénominations de pièces. Et prendre une décision éventuelle sur le retrait des 1 et/ou 2 centimes.
C'est d'ailleurs l'attitude des responsables politiques belges qui estiment qu'il ne faut prendre aucune décision à la hâte à ce propos. Notamment parce que retirer les deux plus petites pièces entraînerait inévitablement des arrondis à 5 ou 10 centimes avec les risques inflationnistes que cela comporte s'ils se font vers le haut. Ce qui pourrait bien arriver. De plus toute décision en ce sens devrait être prise au niveau européen.
L'Union des classes moyennes ne plaide pas non plus pour un retrait trop rapide même si elle constate que de nombreux commerçants ont déjà tendance à arrondir leurs prix afin d'éviter de voir leurs tiroirs-caisses déborder de mitraille.
Du côté de la grande distribution, on plaide même pour le maintien des plus petites dénominations qui permettent d'ajuster les prix au plus juste et donc d'accroître la concurrence sur les tarifs entre les différentes enseignes.
Outre, une préalimentation qui a été surestimée, la forte croissance des moyens de paiement électroniques peuvent aussi expliquer les importants retours de pièces vers les banques centrales.
En Belgique, le porte monnaie électronique Proton a vu son utilisation doubler au cours du premier trimestre de l'année. ` Depuis janvier, nous enregistrons environ 10 millions de transactions par mois, contre plus ou moins 5 millions il y a un an ´ précise Marna De Moerlooze de chez Banksys qui gère les réseaux Bancontact/ Mister Cash et Proton.
© La Libre Belgique 2002