Santé
N'oublions pas que fumer nuit gravement...
au respect d'autrui
"La voiture peut nuire à votre sécurité"
Johanna de Tessières
Quarante coups de bâton pour les fumeurs. Telle est la punition que voudrait voir infligée le rabbin Ovadia Yossef, chef spirituel du parti orthodoxe sépharade Shass, regrettant vivement qu'il n'y ait «pas de justice vraiment compétente en Israël» pour imposer ce châtiment. Persuadé que les responsables des grandes sociétés qui commercialisent le tabac, dont la consommation est interdite par la Torah, seront «punis par le ciel», le rabbin a qualifié les revendeurs de cigarettes de «suppôts de la mort». Est-ce la bonne façon de régler le problème? On peut se permettre d'en douter... Mais bon, à chacun, sans doute, sa façon de marquer le coup en ce jeudi 31 mai, Journée mondiale sans tabac, dont le thème choisi cette année est le tabagisme passif, soit l'exposition involontaire à la fumée du tabac.
LA CLOPE, C'EST PAS TOP!
Preuves scientifiques à l'appui des dangers de la fumée secondaire indirecte, on se mobilise de toutes parts pour que soient appliquées des mesures législatives et éducatives. A coup de slogan du type «la clope, c'est pas top», tel qu'imaginé par des lycéens français, d'affichettes soulignant que «fumer nuit gravement au respect d'autrui», comme c'est le cas chez nous, ou encore d'actions de tous types, comme cette campagne de sensibilisation menée en France par la ligue contre le cancer conjointement avec une mutuelle et intitulée «Aujourd'hui, j'arrête d'enfumer», les initiatives ne manquent pas, et certaines entreprises se montrent particulièrement actives en la matière. C'est que l'absentéisme dû au tabagisme, passif y compris, est une réalité. De même que les pathologies causées ou aggravées par cette forme de tabagisme. Ainsi, d'après le rapport d'un groupe d'experts présidé par le Pr Bertrand Dautzenberg, le risque de mort subite du nourrisson est multiplié par deux lorsque la mère fume, celui de bronchites augmente de 72 pc, le risque de crise d'asthme est majoré de 52 pc et d'otites récidivantes de 48 pc quand les deux parents fument. Le risque de développer une maladie cardiaque augmenterait de 25 pc et celui de développer un cancer du poumon de 26 pc chez l'adulte soumis au tabagisme passif, selon ces spécialistes.
Des chiffres qui ne peuvent qu'appuyer le souhait réitéré par la Coalition belge contre le tabac d'augmenter les accises sur les produits de tabac afin de constituer un fonds de prévention du tabagisme. C'est que les budgets aujourd'hui alloués à la prévention du tabac dans notre pays sont dérisoires: 7 millions de FB en 2000 contre 72 milliards 235 millions de recettes fiscales. Mais peut-être un changement s'annonce-t-il alors que la Commission européenne a dévoilé, mercredi, un nouveau projet de directive visant à interdire presque toutes les publicités pour les cigarettes dans l'Union, dès 2004.
© La Libre Belgique 2001
Le législateur belge s'inspire des mesures européennes dictées aux cigarettiers
Johanna de Tessières
Si "Fumer peut tuer" et d'autres messages plus énergiques les uns que les autres devraient bientôt figurer sur tous les paquets de cigarettes en Europe, ainsi qu'il en a été décidé hier à Strasbourg, il est question en Belgique d'adopter une attitude similaire en matière de sécurité routière.
Rendre obligatoires sur les publicités pour les voitures des messages de prévention dénonçant les effets de la vitesse, c'est ce que suggèrent trois députés CVP, auteurs d'une proposition de loi qui fut longuement évoquée mardi en commission Économie de la Chambre, en présence de responsables de l'Institut belge pour la sécurité routière et de représentants du secteur automobile.
Ainsi que l'explique Jos Ansoms, les arguments en faveur d'une telle législation sont de tous ordres. Tout d'abord, les routes sont deux fois plus meurtrières en Belgique que dans certains pays voisins. Par ailleurs, il est démontré que les campagnes de prévention influencent réellement le comportement mais n'ont qu'un effet provisoire si le message n'est pas rappelé en permanence. Enfin, l'abondance de moyens et d'espaces dont dispose l'industrie automobile pour se vendre pourrait avantageusement contrebalancer la rareté des budgets prévention des pouvoirs publics. Pour les députés CVP, il s'agirait d'un "win-win", les uns y gagnant en image de marque, les autres en efficacité.
Le secteur, par la voix de la Febiac, ne réagit pas trop mal à cette proposition tout en rappelant que, depuis janvier dernier déjà, à son initiative, plusieurs marques ont ajouté le message "Donnons la priorité à la sécurité" sur leurs supports.
Le Conseil consommation (organe consultatif rassemblant consommateurs et industriels) est appelé à rendre son avis sur cette proposition dans le courant du mois.