Insécurité
Insécurité : Sarkozy mobilise ses troupes
La lutte contre l'insécurité
passe aussi par l'école
Le ministre de l'Intérieur a réuni hier au carrousel du Louvre quelque 2 000 cadres de la police, pour les enjoindre à obtenir des « résultats ».
Au cours d'un discours au ton martial, en présence de Jean-Pierre Raffarin, le « premier flic de France » a assuré les commissaires, commandants et chefs de circonscription de sécurité publique de son total soutien, en leur promettant des moyens supplémentaires - en hommes comme en matériel - mais aussi des « allégements » à la très contestée loi sur la présomption d'innocence.
Racheter des jours d'ARTT
Les cadres de la police nationale devront à l'avenir « fixer
chaque année des objectifs quantifiés d'amélioration
de (leur) efficacité » et « un rapport
sera fourni annuellement au Parlement ». En échange,
Nicolas Sarkozy s'est « engagé »
hier « à ce que les moyens nécessaires
vous soient donnés pour accomplir votre mission »,
via la loi de programmation sur la sécurité qui
doit être présentée dès juillet au
Parlement.
Le ministre de l'Intérieur a en particulier promis la création de « plusieurs milliers d'emplois », les chiffres précis devant être rendus publics « début juillet ». Il s'est également engagé à compenser « intégralement » les « effets mécaniques » de la réduction du temps de travail. Il a ainsi indiqué que le gouvernement envisageait de racheter des jours d'ARTT afin d'éviter que l'application de la semaine des 35 heures nuise aux capacités opérationnelles de la police.
Récompenser le mérite et l'engagement personnel
Il a également annoncé le déblocage de nouveaux
moyens « en tenues, en armes, en véhicules »
et affirme réfléchir « aux moyens de
récompenser, plus que ce n'est le cas aujourd'hui, le mérite,
l'engagement personnel et l'obtention des résultats »,
en précisant qu'il s'agirait de « récompenses
sonnantes et trébuchantes ».
Nicolas Sarkozy a également promis des « allégements » à la loi Guigou sur la présomption d'innocence (voir ci-contre). Dans les deux lois de programmation sur la justice et sur la sécurité « seront prévus un certain nombre d'allégements (de dispositions actuelles) qui ne sont pas utiles au respect des libertés et qui rendent au quotidien impossible le travail des forces de police », a-t-il déclaré.
Le ministre a enfin évoqué la politique d'immigration. « Nous devons pouvoir en parler et témoigner de la véritable explosion, que dans telle ville ou telle région, on ne peut plus maitriser », a-t-il souhaité.
Nicolas Sarkozy a précisé qu'il réunirait le 5 juillet les responsables territoriaux de la gendarmerie pour leur tenir le même discours.
Concernant l'absentéisme scolaire le texte de loi préparé par Nicolas Sarkozy ne fait que « rappeler des textes existants » a déclaré, hier, Xavier Darcos, ministre délégué à l'Enseignement scolaire. « Nous voulons rappeler à leur devoir tous ceux qui pourraient contribuer d'une manière ou d'une autre à encourager l'absentéisme : les parents, les gestionnaires de lieux (cafés, salles de jeux...) où les enfants mineurs sous statut scolaire (moins de seize ans) se retrouvent en pleine journée au lieu d'aller à l'école. Mais aussi les petites entreprises ou sociétés de services qui monnayent le travail des enfants et les détournent de leur obligation scolaire », a-t-il ajouté.
Sanction financière
En France, peu de statistiques précises existent sur le
rapport entre entre absentéisme, échec scolaire
et délinquance, même si intuitivement les acteurs
de terrain font le lien : « Il y a une relation
très claire entre absentéisme et violence »,
affirme Jean Ayrault, proviseur du lycée professionnel
l'Estaque, dans les quartiers nord de Marseille.
Selon l'article D.552-4 du Code de la Sécurité sociale, le manquement à l'obligation scolaire est passible d'une sanction financière, à partir d'une absence non justifiée de « quatre demi-journées dans le mois » (...) « au cours de trois mois ou plus, consécutifs ou non », ou « dix jours d'un même mois ».
L'absentéisme fait l'objet d'une surveillance accrue depuis quelques années même si les textes sont appliqués de façon inégale selon les endroits. Les établissements scolaires peuvent faire des signalements au procureur de la République ou aux organismes payeurs des prestations familiales qui « pistent » les fugueurs et peuvent suspendre le versement des allocations.
Jeudi 11 Juillet 2002
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