Elections
L'appel citoyen du président Chirac
La droite part grande favorite
Petits arrangements entre ennemis
Sacre dominical annoncé pour Chirac
Hier soir, sur France-3,
le chef de l'Etat a solennellement demandé aux Français
de se rendre aux urnes. Il a également réclamé
« une vraie majorité » afin de permettre
au gouvernement Raffarin de poursuivre la politique engagée.
A quatre jours du premier tour des législatives, Jacques Chirac a revêtu hier soir ses habits de président pour lancer aux Français un très consensuel appel au devoir civique, si possible pour lui donner une « vraie majorité » au Parlement.
Après avoir été accusé par la gauche de s'être montré « partisan » la semaine dernière à Châteauroux - il avait vigoureusement appelé les électeurs à le doter d'une « majorité claire » -, le président est apparu un ton en dessous.
Interrogé depuis les salons de l'Elysée dans le cadre du « 19-20 » sur France-3, c'est « en tant que chef de l'Etat » que Jacques Chirac s'est exprimé. Il a donc commencé par rappeler les Français, tentés par l'abstention, à leur devoir de citoyens. « Il faut voter et c'est cela que je voulais dire ce soir », a-t-il déclaré. « Il y a toujours trop d'abstention ».
Interrogé à l'Elysée par Elise Lucet,
le chef de l'Etat participait à la première interview
télévisée de son second mandat, un mois jour
pour jour après sa réélection le 5 mai.
« Gouverner et agir »
Et de souhaiter au passage que les Français lui donnent
une « vraie majorité » le 16 juin
prochain afin de pouvoir « gouverner et agir ».
« Il vaut mieux qu'un gouvernement d'action soit soutenu
par un Parlement qui lui permette de gouverner et d'agir »,
a-t-il argumenté. « Il est légitime que
je vous dise aujourd'hui que je souhaite, m'étant engagé
sur un projet, (...) que le gouvernement que j'ai nommé
puisse conduire ces engagements à leur terme »,
s'est-il expliqué. Quant à la cohabitation, « l'expérience
a prouvé que ce n'était pas l'idéal ».
Jacques Chirac a d'ailleurs fait part de sa « satisfaction »
devant l'action de son Premier ministre Jean-Pierre Raffarin,
qualifié d'« homme de la situation ».
Un chef du gouvernement auquel il entend laisser la plénitude
de ses pouvoirs, a-t-il assuré : « le Premier
ministre est un Premier ministre. Ce n'est pas le directeur de
cabinet du chef de l'Etat. Ce n'est pas ma conception ».
Il a également salué le « contrat de confiance » conclu dans la matinée entre les représentants de l'assurance maladie et des médecins généralistes pour instaurer la consultation à 20 Û à partir du 1er juillet, y voyant un exemple des vertus du « dialogue social ». Et « ce n'est pas un problème d'élection », a-t-il martelé.
Quant à ceux qui regrettent que cet accord ne comporte aucune obligation pour les médecins, il leur a rétorqué que « les grands responsables des organisations syndicales ou professionnelles sont des gens qui ont parfaitement le sens de la responsabilité ».
Les alliances avec le FN sanctionnées
Evoquant plus directement la campagne législative, Jacques
Chirac a promis que tout candidat de l'Union pour la majorité
présidentielle (UMP) qui s'allierait au Front national
serait « bien entendu » exclu de la formation
chiraquienne, mais aussi « de toute majorité
présidentielle ».
Jacques Chirac a semblé toutefois minimiser la menace de l'extrême droite. « Il y a eu après le premier tour (de la présidentielle, NDLR) une vraie inquiétude », mais « aujourd'hui, l'enjeu est différent ». « Il est beaucoup plus (...) local », a-t-il expliqué. De toute façon, « il y a de la part de tous les candidats républicains, qu'ils soient de droite ou de gauche, une volonté qui est la même de s'opposer à toutes les dérives ».
Le chef de l'Etat a en revanche refusé de dire s'il démissionnerait de son poste en cas de victoire de la gauche aux législatives, jugeant cette question « prématurée ». « Les électeurs, les électrices vont s'exprimer. Je ne vais pas préjuger de leur choix, encore moins faire quelque pression que ce soit », a-t-il déclaré.
Pas d'amnistie pour les « affaires »
Evoquant un sujet nettement plus sensible, Jacques Chirac a par
ailleurs assuré que sa promesse de mise en place d'un Commission
de révision du statut pénal du chef de l'Etat serait
bien tenue, et ce « dans les prochains jours »,
peut-être même avant le premier tour des législatives.
Elle devrait rendre son rapport « avant la fin de l'année
en toute hypothèse ». Pas question non plus
d'une éventuelle amnistie des « affaires »
politico-financières : « la loi d'amnistie
que prépare le gouvernement ne comporte aucune amnistie
politique ».
Tout en refusant de se prononcer sur un éventuel coup de pouce à la hausse légale du salaire minimum prévue le 1er juillet, il a affirmé qu'il fallait « trouver les moyens » de « revenir à un seul Smic ». Car l'existence de « cinq Smic » résultant de la loi sur les 35 heures est « profondément injuste ».
Jacques Chirac a conclu son intervention en assurant de sa « confiance » l'équipe de France de football, à la veille de son match décisif contre l'Uruguay dans le Mondial.
Jeudi 06 Juin 2002
CORRESPONDANT PERMANENT À PARIS
Si les législatives des 9 et 16 juin sont attendues avec autant d'effervescence par les analystes politiques et dans les états-majors partisans, c'est parce que, à maints égards, elle constitueront le troisième tour des présidentielles. Le 5 mai, en effet, le second tour des présidentielles avait présenté une physionomie tellement inédite que le rapport de forces droite-gauche n'avait évidemment pas pu être jaugé à l'aune de ses résultats.
Cette fois, en revanche, le rapport de forces pourra être clairement établi. Et la droite part largement favorite. Selon les différents sondages publiés ces dernières semaines, elle recueillerait au premier tour entre 36 pc et 41 pc des voix, contre 34,5 à 37 pc pour la gauche et 13 pc environ pour le Front national (auxquels il faut ajouter 1 ou 2 pc pour le mouvement mégretiste). Cette tendance est corroborée à la fois par la bonne cote du popularité du Premier ministre et du gouvernement Raffarin et par les résultats des enquêtes d'opinion sur la crédibilité des formations politiques. Alors qu'avant le premier tour de la présidentielle, Lionel Jospin était jugé autant, voire plus apte que Jacques Chirac pour gérer les grands dossiers du moment (insécurité, chômage, etc.), à présent, c'est la droite qui est jugée la plus crédible pour résoudre la majorité de ces problématiques.
L'écueil de l'abstention
Pour autant, les jeux sont-ils faits? La prudence est de mise. Près de quatre sondés sur dix affirment pouvoir encore changer d'avis. On sait aussi que le score de l'extrême droite est traditionnellement sous-estimé dans les enquêtes d'opinion. Or, tout comme le taux d'abstention (lui aussi inconnu), ce score modifiera grandement la donne du second tour en provoquant ou non de nombreuses triangulaires. L'éparpillement attendu des voix, favorisé par l'inflation du nombre de candidats, pourra également jouer des tours.
On sait, du reste, les sondeurs habitués à l'erreur. Ils n'avaient pas pronostiqué le choc du 21 avril ni anticipé la défaite de la droite aux législatives de 1997. Quant à leurs projections en sièges, elles sont peu fiables voire très acrobatiques, un point de pourcentage équivalant à une trentaine de sièges.
L'on s'attend néanmoins à une défaite de la gauche: non à une déroute comme en 1993 mais à un échec honorable comme en 1986. Une double logique, il est vrai, joue en faveur de la droite.
D'une part, depuis 1981, toutes les législatives organisées dans la foulée des présidentielles ont donné une majorité parlementaire - fût-elle relative, comme en 1988 - au Président nouvellement élu. L'élection d'un Président à l'Elysée crée donc une dynamique électorale en faveur de son camp. D'autre part, depuis 1978, aucune majorité sortante n'a jamais rempilé. Cette impitoyable mécanique de l'alternance a successivement été fatale à la droite en 1981 (Giscard perdit les présidentielles), à la gauche en 1986 (Mitterrand se vit infliger la première cohabitation), de nouveau à la droite en 1988 (Mitterrand fut réélu face à Chirac), puis encore à la gauche en 1993 (la cohabitation Balladur) puis en 1995 (l'élection de Chirac à l'Elysée), à la droite de nouveau en 1997 (le fiasco de la dissolution), à la gauche enfin en 2002 (l'élimination de Jospin.)
© La Libre Belgique 2002
L'Assemblée nationale est prête à accueillir dès ce lundi matin les candidats élus députés dès le premier tour des élections législatives de dimanche soir. Un service d'accueil, comme il est de tradition à chaque élection, a été mis en place au Palais-Bourbon, où la moitié des quelque 1 300 fonctionnaires sont mobilisés. Un parcours fléché mènera les nouveaux élus à la galerie des fêtes de l'hôtel de Lassay, la résidence du président de l'Assemblée, où les attendent deux rangées de huit bureaux, sur lesquels trônent des ordinateurs. Les députés devront décliner leur état-civil, préciser s'ils détiennent ou non d'autres mandats, remplir une déclaration de patrimoine. Ces données seront directement saisies. A côté, dans la galerie des tapisseries, une vingtaine d'autres bureaux sont installés. Des fonctionnaires - les `dialogueurs´, dans le jargon de l'Assemblée - expliqueront aux impétrants les subtilités du statut de parlementaire et son régime social.
lls répondront également aux diverses interrogations des nouveaux élus du peuple. Une fois ces formalités accomplies, les nouveaux élus devront subir une séance de photographies d'identité pour l'établissement de divers documents officiels, notamment leur carte d'identité parlementaire. Ils recevront ensuite une mallette de cuir contenant les attributs du parfait député - écharpe, cocarde et insigne - le `baromètre´ - tricolores, documents d'informations pratiques, règlement de l'Assemblée, vade-mecum du député, agendas de poche et de bureau, répertoire de l'administration française. Ces formalités devraient occuper chacun des nouveaux élus pendant une heure et demie environ. (D'après Reuters)
Un nouveau record politique a été battu dimanche en France : plus de 35% d'abstention... L'élan civique n'a pas eu lieu
Du jamais vu. Un nouveau record politique a été battu dimanche en France. En effet, le premier tour des élections législatives a été marqué par un taux d'abstention sans précédent dans l'histoire de la Ve République, évalué en milieu de soirée à quelque 37pc.
Le record de l'abstention pour les législatives qui était détenu jusqu'à présent par le scrutin de 1988 (34,3pc) a donc été battu haut la main. Contrairement à ce que pronostiquaient les sondages, le fameux sursaut civique auquel avait donné lieu le séisme du premier tour des présidentielles a donc fait long feu.
Une des principales victimes de cette démobilisation de l'électorat est l'extrême droite. Plombé par cette forte abstention mais aussi par une très nette tendance au vote utile, en dépit de l'abondance de candidats, le Front national de Jean-Marie Le Pen et sa dissidence mégretiste sont loin de récidiver leur score-fleuve des présidentielles, puisque les estimations ne le créditaient dimanche soir que de 13 pc des suffrages.
L'extrême droite, qui se voyait être présente voire arbitrer le second tour dans des centaines de circonscriptions, ne disputera finalement ce second tour que dans quelques dizaines de circonscriptions au maximum. Au final, elle est loin d'être assurée de décrocher le moindre siège de député.
Grand succès chiraquien La droite républicaine, en revanche, a tout lieu de pavoiser, qui bénéficie à la fois de l'effet d'entraînement des présidentielles, de la bonne popularité du gouvernement Raffarin et de l'hostilité d'une bonne partie de la population envers la cohabitation. À eux seuls les chiraquiens de l'Union pour la majorité présidentielle (UMP) étaient crédités dimanche soir de quelque 34 pc des suffrages. Au total, selon les estimations, la droite devrait décrocher de 375 à 450 sièges, soit largement la majorité absolue.
Dans le camp d'en face, les socialistes se maintiennent. Mais leurs partenaires de l'ex-majorité "plurielle" communistes, écologistes et chevènementistes s'écrasent.
Droite et gauche s'organisent
- non sans `couacs´ - pour contrer l'extrême droite.
En riposte, le FN appelle son électorat à se venger.
CORRESPONDANT PERMANENT À PARIS
Les partis fourbissent leurs armes en prévision du second tour des élections législatives, qui aura lieu dimanche. En jeu, la dizaine de circonscriptions sensibles où auront lieu des affrontements triangulaires gauche - droite - extrême droite. Ainsi, l'UMP chiraquienne a décidé de maintenir tous ses candidats participant à ces triangulaires, même s'ils sont arrivés en troisième et dernière position, derrière la gauche donc.
Le sujet est délicat. Récemment, un haut responsable du RPR avait fait sensation puis s'était fait taper sur les doigts par ses pairs en donnant l'impression de mettre sur le même pied l'élection à l'Assemblée de députés de gauche et de députés du FN. Il avait même présenté cette dernière hypothèse comme moins périlleuse que la confusion que ferait naître dans l'esprit de l'électeur la constitution d'un front républicain gauche - droite contre l'extrême droite. Ce raisonnement avait fait pousser des hauts cris à la gauche. Le Président Chirac et le Premier ministre Raffarin avaient alors précisé qu'en aucune façon la droite n'adopterait entre les deux tours une attitude pouvant, de près ou de loin, servir l'extrême droite.
Les responsables de l'UMP ont-ils bafoué cet engagement? Non, assurent-ils, dans la mesure où, dans ces cas de figure, il n'y a de toute manière `aucun danger´ d'élection d'un député frontiste, que le candidat de droite se retire ou non. La décision, toutefois, ne semble pas faire que des heureux à l'UMP.
De fâcheux précédents
Ainsi, sous couvert de l'anonymat, un membre de l'équipe Raffarin l'a trouvée `pas très lisible´. En outre, le choix de Jean-Claude Gaudin pour l'annoncer n'est pas précisément judicieux: au conseil de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, dans les années 80, le sénateur-maire de Marseille s'était lui-même compromis avec le FN. Enfin, les prévisions de la droite sont peut-être un peu optimistes: dans le Gard ou à Lyon (où se présente le n°2 du FN, Bruno Gollnisch), il n'est pas sûr à 100 pc que le FN ne parviendra pas à s'imposer.
A gauche, en tout cas, on n'entend pas courir un tel risque. Non sans avoir dénoncé l'attitude de la droite, `insulte aux millions d'électeurs républicains qui ont voté Jacques Chirac´ aux présidentielles, le PS a, lui, fait se retirer son candidat qui, dans le Vaucluse, était arrivé derrière le député RPR Thierry Mariani et le maire FN d'Orange Jacques Bompard. Cela permettra vraisemblablement d'éviter l'arrivée à l'Assemblée de M. Bompard, le candidat-député frontiste qui avait le plus de chances d'être élu député.
Le FN, évidemment, n'apprécie pas. Du coup, il s'en est pris mardi à des personnalités de gauche connues pour `la virulence de leur attaque contre le FN´ et ayant été mises en ballottage: les socialistes Aubry et Vauzelle et les Verts Voynet, Mamère et Cochet. Le FN invite ses électeurs à voter massivement dimanche en faveur de leurs adversaires.
Ce qu'ils auraient fait, de toute manière? Pas sûr. On sait en effet que l'électorat du FN confronté à un duel gauche-droite au second tour vote à concurrence de 25 pc en faveur de la gauche. Cet appel pourrait donc être fatal aux candidats confrontés à une élection serrée.
© La Libre Belgique 2002
Le second tour des législatives
devrait donner une majorité absolue aux partisans du chef
de l'Etat.
Le PS limitera la casse, le PC et l'UDF joueront leur survie.
Sauf surprise, l'extrême droite ne devrait pas être
représentée à l'Assemblée.
CORRESPONDANT PERMANENT À PARIS
Une vague ou un raz-de-marée? Finalement, l'ampleur exacte de la victoire du camp chiraquien apparaît comme le seul suspense entourant le second tour des élections législatives dimanche - législatives qui clôtureront une saison électorale entamée à la mi-février par les déclarations de candidatures aux présidentielles. Le premier tour, dimanche dernier, s'est conclu par une victoire tellement nette de la droite (43,5pc) sur la gauche (36 pc) qu'il faudrait une grosse surprise pour que ce rapport de forces soit inversé. Du reste, les derniers sondages n'annonçaient guère pareil bouleversement. Ils créditaient la seule droite chiraquienne de 350 à 420 sièges, sur les 577 que compte l'Assemblée.
A défaut d'incertitude sur l'issue du scrutin, plusieurs enjeux secondaires retiendront l'attention. Ainsi, la participation: le premier tour a donné lieu à une abstention-record (35,5 pc). La gauche comptait mobiliser les abstentionnistes en agitant l'épouvantail d'une hyper-concentration des pouvoirs dans les mains d'un seul parti. Il est probable, toutefois, qu'elle ne parviendra pas à ses fins. D'une part, le Premier ministre et le gouvernement Raffarin offrent un profil très lisse et sont assez populaires dans l'opinion. D'autre part, le sentiment que les jeux sont faits, la lassitude entraînée par la tenue de quatre scrutins en deux mois, et l'hostilité envers la cohabitation ne joueront pas en faveur de la participation - sans oublier un indéniable désintérêt voire rejet de la politique.
Des règlements de comptes
Moins certaine, en revanche, paraît la destinée des petits partis marginalisés par la bipolarisation en deux grands blocs (UMP chiraquienne d'une part, PS d'autre part) consécutive au vote utile survenu dimanche dernier. Centristes et communistes parviendront-ils à conserver un groupe parlementaire propre et, partant, une certaine autonomie, à défaut d'une réelle influence? Rien n'est moins sûr. L'extrême droite est également victime de cette bipolarisation. Du coup, elle ne devrait pas être représentée à l'Assemblée, sauf si le pari risqué fait par l'UMP de ne pas retirer ses candidats dans certaines triangulaires tourne au fiasco.
Le scrutin de dimanche donnera aussi une indication du climat politique post-électoral. Si la défaite se transforme en déroute pour le PS et si elle se double en Corrèze d'un échec personnel de son patron, François Hollande, les règlements de comptes seront impitoyables. Les mêmes affrontements seront de mise au PC si son leader, Robert Hue, n'est pas réélu en Val-d'Oise.
La gauche n'aura toutefois pas le monopole des querelles. Gérer un groupe parlementaire aussi vaste et hétérogène ne sera pas aisé pour Jacques Chirac. On en aura sans doute l'illustration dès les prochains jours, avec les bisbilles qui ne manqueront pas de survenir lors de l'élection du président de groupe et du président d'Assemblée, postes pour lesquels plusieurs candidats rivaux sont déjà en lice.
© La Libre Belgique 2002
Aubry, Chevènement,
Mitterrand, Moscovici, Voynet: de nombreux barons de la gauche
ont été battus.
Mais quelques défaites assez sèches sont également
recensées à droite.
Et une deuxième vague rose sur Paris.
CORRESPONDANT PERMANENT À PARIS
Vague, déferlante ou ouragan? Quel que soit le terme que l'Histoire retiendra de la victoire remportée par la droite à ces législatives millésime 2002, le phénomène a fait de nombreuses victimes parmi les personnalités de gauche qui, hier encore, occupaient le devant de la scène politique.
Certes, le premier secrétaire du PS, François Hollande, s'est bien tiré d'un ballottage très difficile dans son fief corrézien de Tulle. Également élus - c'était plus attendu - quelques notables du PS: les Fabius, Lang, Vaillant, Lebranchu, Glavany, Guigou, Bianco, etc.
Mais l'ancienne ministre Martine Aubry, elle, a échoué à Lille face à un jeune clerc de notaire de 32 ans complètement inconnu du grand public. Raymond Forni, le Président de l'Assemblée nationale sortante, a pareillement été défait à Belfort. Tout comme les anciens ministres Pierre Moscovici, Catherine Tasca et Marie-Noëlle Lienemann, le Président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur Michel Vauzelle, le porte-parole du parti Vincent Peillon, le député Gilbert Mitterrand et l'indéboulonnable Louis Mexandeau.
Dans les rangs des partenaires du PS, les dégâts ne sont pas moindres. Au PC, Marie-Georges Buffet a été réélue, mais Robert Hue a été battu de 216 voix dans le Val-d'Oise. Les Verts Dominique Voynet et Guy Hascoët ont également été battus. À l'instar du souverainiste Jean-Pierre Chevènement, qui a perdu le siège qu'il détenait depuis 1973.
Une vague... rose sur Paris
À droite, les dégâts sont évidemment de moindre ampleur. On y dénombre néanmoins quelques défaites spectaculaires.
Ainsi, malgré le soutien très médiatique que lui avait apporté l'épouse du chef de l'Etat, la secrétaire d'Etat chiraquienne Dominique Versini a été sèchement battue à Paris par l'ancien ministre écologiste Yves Cochet. À Paris toujours, l'ancien garde des Sceaux RPR Jacques Toubon a très nettement raté son pari de retrouver le siège qu'il avait perdu en 1997. Dans la capitale donc, la droite peine à se remettre de sa défaite historique qu'elle avait concédée aux municipales de mars 2001. Dimanche, Paris a même basculé une deuxième fois puisque la gauche, en progrès de trois sièges, y détient désormais 12 circonscriptions sur 21.
Autre défaite emblématique: après avoir perdu sa mairie d'Ajaccio l'an dernier, le libéral José Rossi - un des principaux soutiens du processus `de paix´ de Matignon au sein de la droite insulaire - a perdu son siège de député. Un même camouflet a été infligé à l'avocat Francis Szpiner, un proche de Jacques Chirac, qui a été étrillé en Saône-et-Loire par la bête noire de l'Elysée, le jeune socialiste Arnaud Montebourg. Dans l'Essonne, Serge Dassault, l'héritier de l'empire industriel du même nom, a été défait face à l'ancien porte-parole de Lionel Jospin, Manuel Valls.
En marge de la droite, cette fois, l'ancien ministre UDF Charles Millon, dont tous les partisans avaient déjà été battus au premier tour, n'est pas parvenu à détrôner l'ancien ministre socialiste Jean-Jack Queyranne de son fief de la banlieue lyonnaise.À l'extrême droite, enfin, Jacques Bompard à Orange, Bruno Gollnisch à Lyon et Marine Le Pen à Lens ont tous échoué. Mais contrairement à ses deux acolytes, la fille benjamine du leader du FN a réalisé un score en nette progression: 32 pc.
© La Libre Belgique 2002