ENVIRONNEMENT

Le gouvernement face au casse-tête nucléaire
NICOLAS GHISLAIN-Mis en ligne le 19/02/2002

Comment faire coïncider la volonté de `sortir du nucléaire´ avec la sécurité de l'approvisionnement et Kyoto?

Comment assurer la `sortie du nucléaire´ sans mettre en péril l'approvisionnement en électricité du pays et ses engagements dans le cadre du respect des normes imposées par le protocole de Kyoto (réduction des émissions de Co2) ? La question - un véritable casse-tête, de l'avis de la plupart des spécialistes - sera ce mercredi matin au menu du Conseil des ministres restreint (`kern´). Il s'agira du lancement d'un processus qui s'annonce long et délicat tant les enjeux sont importants.

Dans sa `Déclaration gouvernementale´ de juillet 1999, le gouvernement Verhofstadt avait décrété une sortie progressive du nucléaire civil qui est largement présent dans la filière électrique belge. Les centrales nucléaires belges (de Doel et Tihange) assurent en effet aujourd'hui 57 pc de l'électricité produite et consommée dans notre pays.

Mais le gouvernement, sur pression du parti Ecolo, s'était prononcé pour que l'on ne construise plus de nouvelle centrale et que la durée de vie des centrales existantes soit limitée à 40 ans maximum. Cela veut dire que les 7 réacteurs doivent en principe être désactivés entre 2014 (pour Doel 1) et 2025 (pour Tihange 3).

Aujourd'hui, il convient de préciser cette volonté dans des textes juridiques, ce qui ne sera pas simple. Le patronat (via la FEB, notamment) estime qu'il n'existe pas d'alternative réellement crédible à la filière nucléaire - l'activité industrielle et économique représente 60 pc de l'électricité totale consommée en Belgique. Olivier Deleuze, de son côté, répond que la solution passe par une réduction de la consommation d'électricité et la promotion des énergies alternatives renouvelables - éolienne notamment. Mais la plupart des spécialistes, à commencer par ceux de la Commission Ampere (appelée à évaluer l'avenir énergétique du pays) estiment que le potentiel pour l'énergie verte est limité à 10 pc des besoins électriques du pays à un horizon de 20 ans. Et ils soulignent que l'objectif de baisse de la consommation est une illusion.

On risque donc bien de s'empoigner sur ce thème dans les prochains mois au gouvernement mais aussi au Parlement, les socialistes et les libéraux n'étant pas aussi dogmatiques que les Ecolos sur ce point éminemment sensible. Avec le risque d'adopter une législation qui sera annulée par le prochain gouvernement?

© La Libre Belgique 2002


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