Police et Sécurité
La manifestation du "ras-le-bol" des policiers a débuté samedi en début d'après-midi à Paris avec près de deux heures de retard sur l'horaire prévu.
Le cortège, qui rassemble quelques milliers de manifestants, tous en civil, est parti dans un concert de sirènes, de tambours et de sifflets, peu avant 13H00 de la place de la République, pour se diriger vers celle de la Nation, via la Bastille.
En tête du cortège était déployée une grande banderole sur laquelle est écrit: "Pour la sécurité de nos concitoyens, des moyens aux policiers républicains. A coeur +Vaillant+, rien d'impossible".
Des manifestants portaient des panneaux en forme de cibles sur lesquelles on pouvait notamment lire "Policiers abattus, sécurité et liberté foutues" ou "Nous ne sommes pas des chiens".
Juste avant que le cortège ne s'ébranle, des manifestants avaient bousculé puis évincé le candidat des Verts à la présidentielle, Noël Mamère, venu les soutenir, accusant l'élu écologiste de venir en "épicier à la cueillette aux voix".
"Je suis déjà habitué à me faire insulter par différentes corporations, dont celle des chasseurs. Ce ne sont pas trois cons qui me font peur, leur a répondu M. Mamère. Nous sommes place de la République. La République appartient à tout le monde".
Présent à la manifestation avec une délégation d'élus parisiens de son parti, le candidat des Verts a estimé que "ce mouvement est légitime". "Ce ne sont pas des gilets pare-balles qu'il faut donner aux policiers. Cela augmente le sentiment d'insécurité. Les policiers attendent une meilleure formation et des moyens. Les gouvernements qui se sont succédés n'ont pas rempli leur devoir vis-à-vis de ce que devrait être une police républicaine", avait-il déclaré plus tôt.
A l'origine, la manifestation devait partir à 11H00. Peu avant midi, près de 2.000 manifestants étaient rassemblés sur la place de la République, à l'appel de l'UNSA-police (majoritaire chez les gardiens de la paix).
Le secrétaire général de ce syndicat, Joaquim Masanet, qui attendait 10.000 personnes, a annoncé que "l'ensemble des syndicats policiers seront reçus lundi à 19H00 par le ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant".
"Nous pouvons espérer autre chose que ce qu'il a déjà annoncé", a-t-il commenté, en faisant allusion à l'annonce par le ministre d'un budget en augmentation de 4,5 %, d'une rallonge de 107 M EUR (700 millions de F) pour 2001 et de la dotation d'un gilet pare-balles pour chaque policier.
"Nous voulons du matériel et des moyens. Il y a un ras-le bol considérable des policiers. Nous en avons assez de nous faire flinguer pour 7.900 FF par mois", a ajouté M. Masanet, qui réclame un plan puriannuel de 0,91 md EUR (6 mds FF) et le recrutement 20.000 policiers dans le cadre de ce plan.
"Il faut qu'il y ait un geste fort du gouvernement", avait déclaré plus tôt le secrétaire général de l'UNSA. "Nous attendons toujours ce geste, nous en avons assez des paroles. Nous demandons de la considération et des actes", a dit Joaquim Masanet qui ne se satisfait pas des mesures annoncées cette semaine par le ministre de l'Intérieur.
Tentant de désamorcer la grogne policière, Daniel Vaillant avait annoncé lundi à l'Assemblée nationale, où il défendait son budget en augmentation de 4,5 %, une rallonge de 700 millions de F pour 2001, ainsi que la dotation d'un gilet pare-balles pour chaque policier.
Samedi dernier, entre 3 et 4.000 officiers de police ont défilé à Paris après le meurtre de deux policiers au Plessis-Trévise (Val-de-Marne) et une fusillade à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), le 7 novembre, où deux autres ont été blessés.
Ces agressions ont cristallisé la colère des
policiers qui y réagissent souvent de façon épidermique.