Rave
Clandestins et sauvages par nature, ces grands rassemblements festifs posent questions, a fortiori quand mort s'ensuit, comme ce week-end en Moselle
Du verbe to rave, délirer en anglais, lui-même dérivé du mot «rêve», les rave-parties agitent les villages de France; leurs habitants et les autorités qui frissonnent à l'idée de les voir débarquer tout autant que les participants à ces grandes fêtes techno, venus rompre avec les valeurs conventionnelles et affirmer leurs propres valeurs. Venus aussi pour consommer des produits auxquels ils accordent une fonction primordiale de désinhibition «leur permettant de décompresser et d'entrer dans une conscience de fête». Considérée comme le «minimum requis», selon leurs dires, la consommation de cannabis et de bière constitue ni plus ni moins que le moyen d' «accéder au bonheur, à la joie ou à l'extase» voire, tout simplement, «d'entrer en contact avec son prochain». Pour d'autres, la consommation de substances licites ou illicites, dont les drogues de synthèse constituent un pôle majeur, est l'occasion de profiter jusqu'à la dernière minute de l'espace festif qui leur est ouvert.
En profiter jusqu'à la dernière minute est bien ce qui est arrivé à ce jeune homme de 19 ans, décédé dimanche matin d'un arrêt cardiaque, alors qu'une rave-party avait réuni de 300 à 500 personnes à Saint-Jure en Moselle, dont certains venant probablement d'Allemagne, de Belgique et du Luxembourg. Arrivés sur place à 4 h 30 du matin, dans le hangar situé sur un terrain militaire désaffecté à quelques kilomètres du village, les pompiers et les forces de l'ordre n'ont pu que constater le décès, organisateurs, matériel de sono et majorité des participants ayant quitté les lieux.
Se pose alors la question de l'encadrement sanitaire pour ce type de rassemblements «sauvages» qui se veulent gratuits mais aussi et surtout par nature clandestins et organisés en dernière minute, les participants prenant connaissance des lieux via un système de messageries. Alors que l'idée d'une réglementation pourrait ressurgir suite aux décès dernièrement relatés, un dispositif d'assistance avait pourtant été mis en place avec l'aide de la Croix-Rouge et de l'association Médecins du monde (MDM).
MÉDECINS DU MONDE EN MISSION
Créée en 1997, la mission rave de MDM consiste en une action de terrain, sanitaire et préventive, ainsi qu'en des travaux de recherche en sciences humaines et en pharmacologie. Histoire de mieux connaître les populations fréquentant les raves ainsi que les produits consommés afin de mieux adapter les messages de prévention. Ce travail se fait en collaboration avec des associations d'autosupport issues du milieu techno. Tout en rappelant qu'ils n'ont pas vocation à remplacer les secouristes officiels, l'association Médecins du monde demande régulièrement aux pouvoirs publics d'installer des postes de secours en périphérie des rassemblements festifs. C'est donc près des accès extérieurs qu'opère MDM, installant un stand appelé chill out
qui servira d'aire de repos à ceux qui en éprouvent le besoin et un autre destiné à l'information et à l'action de réduction des risques. Alors que des médecins et infirmières délivrent des soins de base sur le terrain, des psychologues ou éducateurs accompagnent les personnes souffrant de troubles psychiatriques aigus sous l'effet des produits. Et si des accueillants permettent aux jeunes de s'informer, brochures à l'appui, et de parler librement de leur consommation, d'autres encore pratiquent le testing, ou contrôle rapide du produit consommé.
© La Libre Belgique 2001