Sida
Vingt ans après
la découverte du VIH, les risques ne diminuent pas. Et
le bassin cannois n'est pas le meilleur exemple de lieu où
la population prend le danger au sérieux
Les préservatifs
en pharmacie : une vente en baisse vertigineuse, et un acte
d'achat pas moins facile en 2001 qu'avant. La liberté
sexuelle, la sollicitation permanente des sens, la multiplicité
des images "publicito-érotiques" n'ont rien changé
aux complexes ou à la timidité.
_ Le préservatif moins cher... et moins utilisé
_ Les subventions en diminution
_ Les comportements à risque augmentent
« Les associations parisiennes manipulent des sommes faramineuses, dont on ne sait pas très bien ce qu'elles deviennent » : dans son bureau du boulevard Carnot, Martine Bitton, qui dirige la distribution des préservatifs Soft, ne mâche pas ses mots. Elle met l'accent sur un des nouveaux problèmes du Sida et de sa prévention. Ce n'est pas le seul, mais il est ressenti de façon particulièrement cruelle par les associations qui luttent contre la propagation et les effets des VIH.
La désaffection pour la lutte, aussi bien sur le plan individuel que sur le plan institutionnel, est mal vécue dans les provinces. Et notamment dans le bassin cannois, qui par la nature de sa fréquentation - tourisme, congrès - héberge une population plus sujette que d'autres aux rencontres, donc davantage soumise au risque.
Ventes de préservatifs :
30 % de baisse !
Moins de subvention, cela veut dire aussi moins de distribution
gratuite de préservatifs, qui restent le seul moyen d'avoir
un rapport sur (sauf accident rare, mais possible notamment en
cas de mauvais usage).
Soft, comme d'autres distributeurs, annonce une baisse d'un peu plus de 30 % des ventes, d'une année sur l'autre ! Ce taux fut même plus proche de 40 % il y a deux ans, point critique d'un relâchement préventif né en partie de l'optimisme, pas entièrement justifié, apparu avec l'émergence de la trithérapie.
De façon très concrète, « les prix ont pourtant baissé », relève une pharmacienne, qui donne l'exemple d'une boite de quatre condoms pour dix francs, soit 2,50 francs la pièce. Soft a pour sa part eu du succès avec l'opération des préservatifs à un franc, et se réjouit de la remontée (très relative) des ventes en grande surface, où l'anonymat décomplexe l'acheteur. Une autre marque de référence, Prophyltex, profite du film "Le Placard", tourné dans ses locaux, pour organiser un jeu. Manix, avec le Manix Jean, tente également de séduire une clientèle de jeunes qui a toujours du mal à effectuer l'acte d'achat - quasiment rédhibitoire dans le cadre non-anonyme d'une pharmacie.
Le prix demeure néanmoins un obstacle. Les observateurs les plus raisonnés, peut-être irréalistes sur le plan économique à court terme, mais peut-être pas à long terme et en tout cas pas du tout en terme de santé publique, estiment qu'il faudrait généraliser la gratuité.
Le dangereux gout du risque...
Le préservatif à zéro franc serait un grand
atout. Mais il resterait à vaincre les réticences
incroyables, et de plus en plus vives, aux rapports protégés.
« Beaucoup prennent le risque simplement par jeu, un peu comme quand on commet un excès de vitesse », explique le docteur Olcina de l'Espace Santé Jeunes du bassin cannois (où il n'est pas rare, à un autre niveau de négligence, de constater jusqu'à huit ou dix caries sur une personne venue consulter).
Ce jeu dangereux n'est évidemment pas exposé aux seuls VIH, mais également à la grossesse : au centre de Protection maternelle et Infantile, dix-neuf cas de grossesses non désirées ont été enregistrés en deux mois.
Mardi 06 Mars 2001
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