Tolérance



Je n'aime pas la tolérance... celle où on survit à la présence de l'autre, on la tolère. Pour moi, c'est une insulte plus qu'une marque de respect. Vous êtes tolérant, vous supportez tout. Mais vous ne respectez pas nécessairement quoi que ce soit...

La tolérance est souvent présentée comme « bien ». Je parle ici de tolérance religieuse, comme tant de groupes s'efforcent de la faire reconnaître. C'est sûr, c'est mieux que de finir sur un bûché ou lapidé dans la rue. Mais je ne crois pas qu'il y ait de quoi se vanter. Le respect... on le confond souvent avec tolérance. Respecter une croyance, c'est pas dire « c'est la tienne, tu peux la garder ». Ça c'est tolérer. Respecter implique de comprendre que la croyance de l'autre a un sens, de l'approuver même si ce n'est pas la nôtre, voire de guider quelqu'un qui cherche quelque chose de semblable mais ne le trouve pas vers celle-ci; respecter implique d'accepter. Pas nécessairement d'y croire, mais d'accepter.

Tolérer, accepter, respecter. Aucun de ces trois mots ne veut dire de ne pas critiquer, réfléchir, discuter et contester. Critiquer, c'est exercer son esprit critique, poser des question, relever les non-sens, pousser l'autre au bout de ses croyances et exercer son jugement, pour voir si elles ont un sens, une raison d'être. Contester, c'est chercher ce qui ne marche pas dans une croyance, ce qui fait qu'elle n'a peut-être pas de but. Discuter, c'est expliquer ses croyances et poser des questions sur celles de l'autre, en justifiant les réponses avec des arguments. Ce n'est pas dire « moi je crois que ... » et ne rien argumenter. Il n'y aura pas de gagnant. Il n'y en a jamais, quand on parle d'ésotérisme ou de religion. On va finir par arriver aux bases, aux expériences personnelles qui ont permi le choix d'une religion. Mais c'est à travers ça que l'on découvre les croyances de l'autre, et seulement après on peut les accepter. Les débats seront plus souvent qu'autrement chauds voire féroces, le monde de l'ésotérisme et des religions est un monde de passions. Et les bonnes amitiés naissent après le combat, avec une compréhension accrue de l'autre et de ce qu'il croît, et une compréhension accrue de nous-même et de ce à quoi nous croyons. Le débat grandi les deux.

Une réaction fréquente quand on est critiqué est de croire à l'attaque, personnelle ou envers sa croyance ou ses divinités. Et là, face à des arguments sortent des insultes. Cela peut aussi arriver quand une personne n'est pas sûre de ce qu'elle croît mais ne veut pas le laisser voir, ou quand elle sait, quelque part, qu'elle a tort. L'insulte coupe court à tout. Celui qui insulte ne fait preuve d'aucune force – c'est plutôt l'inverse. C'est lui qui rejette les croyances de l'autre, c'est lui qui ne veut pas les accepter. Peut-être les tolérera-t-il, à la limite... Mais il ne veut pas remettre en question les siennes. Pourtant, ce remettre en question est ce qui permet d'avancer, de ne pas perdre la tête et de ne pas s'enfoncer dans des illusions. L'égo est souvent dans le chemin, personne n'aime se faire prouver qu'il a tort. Beaucoup de gens vont préférer dire simplement « ce sont tes croyances » et ne pas élaborer.

Mais on ne peut pas avoir une croyance, ne pas la dire, ne pas répondre aux questions, et prétendre qu'elle a de la valeur. Si vous voulez garder votre croyance pour vous et seulement pour vous, si vous ne voulez pas avoir à la défendre, ne la dites même pas à personne. Si vous prétendez quelque chose, un jour ou l'autre il faudra affronter le monde extérieur, prouver ce que vous prétendez. Un mathématicien qui prétendrait avoir trouvé comment diviser par zéro devra le prouver, sans quoi il sera risible. C'est la même chose ici. Si vous ne voulez pas justifier vos croyances, gardez-les pour vous. N'allez pas dire aux autres ce que la Wicca (ou n'importe quoi d'autre) est si vous ne pouvez pas argumenter. La vantardise, c'est aussi un histoire de faiblesse.

C'est tout à fait possible d'être intolérant envers les croyances des autres mais de les respecter... quand elles ont un sens. Comment respecter la croyance de quelqu'un qui ne sait pas pourquoi il croit? Ce n'est pas possible. On peut juste tolérer ça. Mais on peut aussi ne pas le tolérer. Et tout de même accepter les croyances qui sont songées.

Les insultes seront parfois en lien avec les arguments, parfois même pas. Ça peut même être sur quelque chose d'aussi ridicule que l'apparence physique, les préférences sexuelles, l'origine, les mots utilisés ou la tournure des phrases. On peut se tromper sur le sens d'une phrase ou sur celui d'un mot, on peut ne pas avoir la même définition, mais ça n'est pas pareil. Le bon français (ou anglais!) est indispensable à la communication, de même que l'explication de nos définitions personnelles lorsqu'on nous pose la question. Mais insulter quelqu'un sous prétexte que le style d'écriture ne nous plaît pas est ridicule... et ça m'est arrivé il y a pas longtemps du tout.

(expérience sur une autre page)

Selon mon Larousse: Tolérer: « Admettre à contrecoeur la présence de quelqu'un, supporter avec plus ou moins de patience quelque chose de désagréable, endurer » Respect: « Sentiment qui porte à traiter quelqu'un ou quelque chose avec de grands égards ». La tolérance est nécessaire pour vivre en société, sans s'entretuer, mais elle n'est pas « belle ».

Tam



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