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© Archives Gossain,   Jens Robins     

   
   

Nouvel Angakok

   
         
   

Les gens attendaient depuis un bon moment lorsque le rideau de la tente fut enfin tiré. Ajijak sortit; apportant une peau épilée de phoque du Groenland. il étala la peau à un endroit couvert d’herbes, se leva et resta étonnant de dignité, fixant les yeux des nombreuses personnes présentes. Sans prononcer un mot; il tourna le dos à cette foule et marcha lentement vers sa tente.

   
   

Dans le silence pesant; il y eut un peu de bruit provenant du rideau de bandes d’intestin servant de fermeture à la tente et Ajijak sortit; portant sa femme toute nue dans ses bras. Avec précaution il la posa sur le dos, la tête tournée vers le lever du soleil. La femme ainsi allongée sur la peau était très affaiblie et semblait dans un état désespéré. Ensuite, lentement; Ajijak rentra à nouveau dans la tente.

   
    A peine eut-il disparu que quelqu‘un chuchota.’    
      - Que veut-il maintenant?    
    Une voix courroucée s’entendit dans la foule:    
     

- Vous blâmez Ajijak, attendez pour voir! Et Ajijak ressortit avec une peau supplémentaire et un grand couteau dans la main. l’extrême tension des nombreux spectateurs pesait sur eux comme un silence absorbant tout.

   
   

La peau fut étalée à côté de la femme, assez éloignée d’elle tout de même, pour qu’elle ne puisse l’atteindre si elle l’avait voulu.

   
   

Le grand couteau fut placé dans le milieu, entre les peaux. Alors mobilisant toutes ses forces, la femme demanda:

   
      - Ajijak, que veux-tu me faire?    
   

Ajijak ne répondit pas mais respira lourdement. Puis il retira tous ses vêtements et restant entièrement nu au milieu de la peau dépliée en dernier, il regarda fixement la foule et alors que la tension arrivait à son paroxysme, il dit enfin:

   
     

- J’ai vécu dans la crainte et dans le doute, et j’ai cherché et pourtant des gens ont répandu les bruits les plus infâmes, sur moi, derrière mon dos. Je ne vous effrayerai pas. Ne vous contentez pas d’écouter, mais regardez-moi bien.

   
   

Sur ces paroles il se coucha sur le dos, sans rien pour le couvrir, lui aussi la tête tournée vers le levant. Là, le grand angakok resta totalement silencieux, découvert tout nu sous les regards de la foule.

   
   

Les rayons du soleil, en biais, tombaient sur lui et il commença alors â frotter ses poings fermés l’un contre l’autre au-dessus de sa poitrine. Soudain Ajijak redressa les doigts et frotta les paumes de ses mains à te! point que ça chuintait. De temps à autre il sifflait entre ses dents, criant “ ayaya ! Les esprits étaient en train de le posséder.

   
   

Comme par vagues, la peau de son visage se resserra. Pendant la sixième possession d’esprit, son souffle le quitta. On entendait comme des bourdonnements, qui à la fin disparurent dans des profondeurs.

   
   

Au moment où le souffle quitta Ajijak, le corps se décontracta et la chair commença à se réduire. C’était horrible à voir quand à la fin il était étendu comme un squelette. La seule chose qui vivait était la peau vibrante autour des os.

   
    Le silence était pesant mais soudainement il y eut quelqu’un qui gémit.    
      - Elle est en train de s’évanouir    
   

Alors, au milieu de tout cela, on s’empressa de réveiller la personne évanouie en lui tirant et arrachant les cheveux. Puis on entendit un nouveau bourdonnement qui surgissait des profondeurs, en dessous d’ Ajijak et qui disparut en dessous de sa dépouille. Alors la chair se mit à lui repousser à nouveau et peu de temps après, Ajijak était redevenu normal.

   
    C’était un des esprits serviteurs qui s’était logé dans son corps.    
    Ajijak, possédé par le Grand Esprit; sursauta et prit le grand couteau. L’esprit serviteur, par la bouche d’Ajijak, parla alors à la foule:    
     

- Eh vous, méchants êtres humains, qui accusez mon maître d’être un simple menteur ! Eh vous qui fuyez toujours devant les bêtes de malheur et semez mensonges et mépris autour de vous !

   
   

Sur ces paroles, le possédé se jeta sur la malade et lui planta la lame du couteau au-dessous du sein gauche et la tua. Ensuite avec la plus grande assurance, il lui coupa les bras aux articulations et tout le corps fut après découpé dans la perfection.

   
   

Le nombre des personnes s’évanouissant fut très important et on entendait gémir « maintenant il va mourir » pour ceux qui restaient inconscients. Le soleil brillait de tous ses feux sur ce drame épouvantable. Rien n ‘était caché à la foule.

   
   

Lors que Ajijak eut terminé, il remit le grand couteau entre les peaux et s’allongea sur le dos sur sa peau. Un nouveau bourdonnement se fit entendre, lorsque son souffle le quitta, la chair disparut et la peau autour des os vibra terriblement.

   
         
         
   

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