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© Archives Gossain, Jens Robins |
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Ours esprit |
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Les vieux
ont raconté que l’homme décharné était plus effroyable à voir que le
corps disséqué à côté de lui. Pour la deuxième fois Ajijak se retrouva
bien en chair et il se redressa en hurlant. Sous l’apparence d’un ours
il s’approcha à quatre pattes du corps découpé, renifla en cherchant
autour de lui et lécha de temps à autre du sang. Comme l’ours ne
trouvait rien, il recula et se coucha sur le dos, sur la peau. |
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Pour la
troisième fois le souffle le quitta et la chair disparut. Peu après on
entendit la voix d’ Ajijak surgir des profondeurs et réhabiliter son
corps. Son souffle revenant; la chair regonfla. Par friction des
paumes des mains, Ajijak surgit des profondeurs et alors il ne fut pas
possible, pour une raison inconnue, de le regarder très longtemps. Il
était à nouveau possédé par les esprits. |
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Ajijak se
redressa et se leva. Restant debout près des restes saignants de sa
femme, il dit: |
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- Eh, elle
se fait souffrir elle-même. |
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Ensuite il se pencha sur les morceaux tranchés et commença à envoyer le souffle d’esprit à travers la trachée. Il se passa ainsi un petit moment, puis les morceaux se mirent à trembler, et sans être touchés par une main, les morceaux se rapprochèrent en glissant. |
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Dès qu’ils
se touchaient, ils fusionnaient sans laisser la moindre cicatrice.
Bientôt la femme d’Ajijak fut entière mais elle demeurait inerte. |
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Ajijak se mit à souffler de l’esprit dans la région du cœur en même temps qu‘il avançait la main gauche vers sa tête. |
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Il continua ainsi pendant longtemps, jusqu‘à ce qu ‘un tremblement traverse le corps de la femme dont les muscles du ventre se contractèrent. Puis elle respira très faiblement mais Ajijak continua de souffler de l’esprit sur son côté jusqu‘à ce que la respiration devienne normale. |
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Alors la
femme pleura comme un nouveau-né. Ajijak se leva et la contempla. Au
moment où la femme reprit entièrement connaissance, les âmes lâchèrent
leur emprise sur Ajijak et il se retrouva lui-même normal. |
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Ajijak, toujours nu, reprit alors ses vêtements et demanda à son frère d’apporter des peaux à l’intérieur de la tente. Il prit ensuite, lui-même, le couteau entre ses dents et souleva sa femme dans ses bras. |
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Il demeura
ainsi un moment en regardant la foule. Puis il se tourna et entra dans
la tente pour ne plus apparaître de la journée. La foule se dispersa
dans un profond silence. Un jeune homme nommé Avko se sépara du groupe
et partit la tête baissée. Beaucoup de personnes étaient affaiblies
après les évanouissements et devaient être conduites par la main. |
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Au troisième
jour, la femme d’ Ajijak mourut; emportée par son propre Tupilec.
Ajijak l’enterra près de la tente. Les vieux qui ont rapporté ces
paroles pour les générations futures et qui ont eux-mêmes assisté à la
possession d’Ajijak en ce jour ensoleillé près d’Iterdeq disent : |
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- C’était terrible de voir un corps humain disséqué mais ce n’était rien comparé à la peau vibrante de l’homme décharne. |
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Très profondément dans le fjord d’Angmassalik, près de Qingeq, à proximité d’Iterdeq reste comme un témoin étrange le cercle des pierres de la tente d’ Ajijak et le tombeau de dalles de sa femme |
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