Le stade

 

Dans un stade abandonné
les gradins poussiéreux s’effacent
et l’obscurité de la nuit
remplit les allées mystérieuses
on pourrait croire entendre
des anciens relents de corrida
avec trompettes et froufrous
la bête ici s’est écroulée
à la grande admiration de tous
la fierté ne s’est pas abaissée
l’animal fut vaincu
et l’homme réaffirmé
dans sa position de Dieu
Où sont passé les gladiateurs
les lions affamés
et les chrétiens avides de sang
combien de nuits solitaires
se sont écoulées
dans ce stade délabré
ses murs encore rouges
du sang des meurtres
des foules décimées
lourd d’un passé écrasant
le stade s’endort d’un sommeil agité

 

Taichung le 5 Mai 96