J'étais grosse comme un trente sous que déjà tu t'émerveillais de me
voir grandir dans le bedon de maman.
Puis, à cinq ans je faisais parfois du bruit et tu étais en colère
sous prétexte d'avoir eu une grosse journée
Quand tu m'a prit la premiere fois dans tes bras tu m'a remplie de doux baiser.
Depuis cet instant, tes becs se font rares.
Tu étais en extase de percevoir mes premiers cris à l'accouchement.
Plus tard, cela te fatiguera beaucoup de m'entendre parler fort avec
mes amis réunis dans la salle de jeu.
Pour aider maman, la nuit, tu faisais les cents pas pour m'endormir.
Par la suite tu n'as jamais trouvé le temps de marcher jusqu'au parc avec moi.
Quand j'ai prononcé mes premiers mots, tu n'en finissais plus de converser avec moi. Aujourd'hui tu es muet.
Quand tu me promenais en carrosse, tu regardais les autres enfants avec admiration. Aujourd'hui à part le grand monde, il te semble que les rues sont toujours désertes.
Quand j'étais à la couche, tu te voyais chausser tes patins avec moi.
Aujourd'hui il fait toujours trop froid
À Noël, tu me donnais toujours une montagne de jouets,
mais tu te disais trop fatigué pour jouer avec moi.
Quand j'ai grandi, tu me voyais comme une championne.
Pendant tes vacances, il n'y avait jamais de place pour mon ami en voyage.
Tu me disais qu'avec nos bagages à trois, ta grosse Pontiac aurait été trop paquetée.
J'aurais bien voulu te montrer mes talents de chanteuse tu disais arrete pas temps. .
Le jour arrivé, tu m'avais complètement oublié ayant accepté une invitation chez des amis. Hier encore, ma leçon de français, je voulais te la réciter,
mais je savais que la lecture de ta " Presse " était trop importante.
Quelques instants plus tard, j'ai voulu te parler, mais ton bulletin de nouvelles arrivait. Je suis retourné te voir tu dormais.
Ce matin, tu m'as glissé une note sous mon assiette.
" Je travaille tard ce soir, n'oublie pas de pelleter l'entrée du garage et de mettre les poubelles à la rue. " |