Yves Tchapda (12-03-05)

L'Afrique est à présent le continent le moins dévéloppé du monde et où les plus grandes pauvretés se ressentent. Pendant que le reste du monde regarde l'Asie du Sud-Est avec admiration et respect pour son remarquable dévéloppement accompli au fil des 40 dernières années, l'Afrique est plutôt considerée avec dedain, pitié et mépris. Elle n'a aucune voix sur la scène internationale où les decisions qui la concernent sont prises. On ne parle de l'Afrique qu'en matière d'aide humanitaire, corruption, pauvreté, guerre civile, émigration, etc. Pourquoi l'Afrique qui etait si prometteuse au lendemain des indépendances, est aujourd'hui réduite à une sombre étendue de terre?

Le problème est tres simple. Il peut se resumer par un manque de volonté politique d'entreprendre de grandes stratégies de dévéloppement. Les hommes politiques Africains ne se sont jamais interessés à coeur et à âme au progrès palpable et durable de l'Afrique. Ceci peut se confirmer par le simple fait que les pays Africains sont parmi les plus corrompus dans le monde et où les abus de pouvoir sont les plus manifestes. Comment expliquer que les chefs d'état Africains soient parmi les hommes les plus riches de la planète et sont ceux qui mettent le plus longtemps au pouvoir, alors que leurs pays sont les plus dépourvus? L'exemple du Togo est tres frais et évident.

Au debut des années 1960, le produit national brut (Gross National Product or GNP) de la Corée du Sud était nettement inférieur à celui du Ghana, Cameroun, Nigeria, Côte d'Ivoire, Senegal, Republique Democratique du Congo (ex Zaire), etc. En plus, la Corée du Sud était l'un des pays les plus pauvres du monde, avec une population considerée à l'époque de retardée. Il en etait de meme des autres pays d'Asie tels que la Malaisie et l'Indonesie. L'Inde et le Pakistan ne se trouvaient non plus dans une situation privilegiée. Mais les annees 1960 ont vu une veritable transformation des pays de l'Asie. Elle a commencé en Corée du Sud avec l'accession au pouvoir du général Park Chung Hee, après le coup d'état de 1961. Sa solution etait tres simple et pratique: Engager la nation dans un grand projet de reconstruction en tissant un veritable partenariat entre l'état et l'industrie, et en sanctionnant farouchement la corruption et les abus. Pour y arriver, il a fait usage de l'expertise et de l'experience des scientifiques et ingénieurs Coréens residant à l'étranger, en les encourageant de rentrer au pays assister à cette grande épreuve. Cette motivation s'etait manifestée par la création des centres scientifiques et techniques, la vraie determination du gouvernement de voir cette science et technologie s'épanouir, l'importance accordée à la creativité et à l'ingénuite scientifique. La transformation ne s'était pas accomplie sans douleur ou d'énormes sacrifices, mais ces difficultés retombaient sur toute la nation. Il ne s'agissait pas d'enrichir une faible minorité au detriment de la grande majorité, comme c'est le cas dans beaucoup de pays Africains.

Aujourd'hui la Corée du Sud passe de l'un des pays les plus pauvres de la terre et se retrouve dans le cercle des douze pays les plus avancés du monde. La Corée a pu bondir d'importateur juste apres la guerre en grand exportateur. Il n'existe pratiquement aucun pays sur ce globe qui n'utilise pas un produit sud Coréen. Ils sont les plus grands producteurs de semiconducteurs de memoire, et on les retrouve dans nos ordinateurs, nos téléphones portables, nos décodeurs de satellite, les lecteurs DVD, les cameras numériques, etc. Cette Corée est devenue l'un des plus grands competiteurs des pays Occidentaux. Lorsqu'elle parle, le monde l'écoute.

En Afrique, c'est le veritable contraire. Le mouvement de l'Afrique s'est en realité effectué dans le sens inverse. A présent, l'Afrique est plutôt dan un état de faillite, apres des decennies de depouillement par une faible minorité. Les Africains remplissent aujourd'hui les grandes banques Suisses, sans aucun souci du patrimoine auquel cette faible minorite s'acharne inlassablement et sans merci. Chez nous, l'accession au pouvoir a toujours été consideré comme un feu vert pour l'enrechissement monstrueux, la gabégie, les abus, le culte de personnalité et de reverence, la supremacie de l'être. Regardons le Zimbabwe qui a herité d'immenses richesses apres son independance en 1980. Aujourd'hui, le Zimbabwe est absolument à genoux, à cause d'une politique suicidaire et aventuriste. Nous nous souvenons des outrances du couronnement de l'empereur Jean Bedel Bokassa en République Centrafricaine en 1977 et le gaspillage qui a caracterisé cette ceremonie. On pourrait remplir toute une encyclopedie des exemples du zèle et des exces des dirigeants Africains.

Il y a un grand nombres de scientifiques et ingenieurs Africains qui participent au dévéloppement de l'occident. On les retrouve dans des secteurs clés, tels que la microelectronique, la télécommunication, la medecine, la microbilogie, les sciences informatiques, etc. Il n' y a aucun doute qu'à partir d'une simple motivation, beaucoup d'entre eux seraient prêts à retourner au bercail, servir leurs nations respectives. Malheureusement, les structures en place sont plutôt decourageantes et deconcertantes. Les scientifiques et ingenieurs n'ont actuellement aucune valeur dans bons nombres de pays Africains. On accorde plus d'importance aux hommes en tenue, les membres du parti au pouvoir, les députés, etc. Aucune strategie n'est mise en place pour véritablement relancer le processus de dévéloppement. Chacun se satisfait de ce qu'il peut s'approprier de manière illicite, conscient de l'impact negatif de ces gestes. Dans beaucoup de pays Africains, l'opposition est pratiquement inexistante, ayant elle-meme regagné la clique de la mangeoire dans la plupart de cas. En Afrique, on assiste plutôt à une veritable hémorragie intellectuelle. Les rangs incessants devant les ambassades occidentales dans les capitales Africaines temoignent cette tragédie qui se joue au vu et au su de toute l'Afrique

Il faut neanmoins reconnaitre les efforts de l'Ouganda dans ce domaine. Leur president a affirmé sa determination de mettre en place des mesures favorables pour le retour des scientifiques et ingenieurs Ougandais, residant à l'étranger. L'une de ces mesures établirait un environement propice, où les scientifiques seraient bien encouragés. Une étape dans la bonne direction, mais qui malheureusement n'est pas suivie par d'autres gouvernements. Je me rappelle bien avoir exprimé le besoin de retourner dans mon pays en 1994 pour dispenser des cours dans la prestigieuse Ecole Nationale Superieure Polytechnique de Yaounde(Cameroun). J'avais bel et bien reçu une offre d'emploi, mais à ma surprise et ma grande déception, cette école n'avait aucune honte de m'offrir un salaire de 100 000FCFA (£100) par mois. Voilà leur manière de motiver le retour au pays natal!!!

L'Afrique a été benie de vastes sources d'énergie, mais qui à present demeurent largement sous exploitées. Le Japon ne jouit pas de ressources naturelles, mais son économie se retrouve en deuxieme position dans le monde. L'énergie est fondamentale dans le processus de dévéloppement. Malgre la presence de nombreuses sources d'énergie, les populations Africaines sont les plus demunies. En Afrique, moins de 10%du potentiel hydroelectrique est exploité. Beaucoup de villages continuent d'utiliser la biomasse comme source d'énergie, avec toutes les consequences que cela implique sur la détérioration de l'environement. Bien d'autres sources d'energie peuvent etre exploitées, mais ne le sont toujours pas. Au Cameroun, plus de 90% de l'énergie électrique ne vient que des stations hydroelectriques. Poutant en Afrique, nous jouissons d'une abondance du potentiel de l'énergie solaire. Tres peux de recherches sont accordées au dévéloppement des produits basés sur l'énergie solaire, qui seraient à la portée de la majorité des populations. Nous attendons que les Européens dévéloppent et nous consommons. Quelques rares pays Africains font usage de l'énergie géothermique et d'autres sources d'énergie renouvelable. Comment pouvons nous esperer un jour progresser si nous sommes incapables d'exploiter ce qui nous a été donné naturellement et en abondance?

L'Afrique va-t-elle toujours rester figée alors que le reste du monde avance? ou alors pourra-t-elle un jour ratrapper le train du dévéloppement? Je m'interroge.


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