École Nationale d'Administration

13, Rue de l'Université, 75007, Paris. Tél.: (1) 49.26.45.45.


Direction des études

 

RAPPORT
du projet individuel:

"Développement de la coopération
des nouvelles administrations locales russes
avec des partenaires français
(sur l'exemple du
District administratif de Zélénograd
de la ville de Moscou)"

 

Chargé de mission:
Monsieur Sergueï JIRNOV (Russie)
élève du cycle international long
rattaché à la Promotion GAMBETTA (1991/1993)


Paris, décembre 1992


SOMMAIRE 

0.  Introduction.

1. Présentation du District Administratif de Zélénograd de la ville de Moscou et un aperçu historique des relations de son administration avec la France.

       
  1.1. La "silicone vallée" russe.
1.2. La zone de l'économie libre.
1.3. Quelques éléments importants sur l'histoire de la coopération de Zélénograd avec la France.
       
      1.3.1. Première visite de la délégation de Zélénograd en Rhône-Alpes: évènement déterminant pour la coopération de l'administration locale avec la France.
1.3.2. Stratégie de développement des relations durables - complémentarité, continuité et réalisation de projets pilotes.
1.3.3. Concours télévisé économique franco-russe.
1.3.4. "100 défis pour ma planète" à Zélénograd.
       
2. Projet du convoi humanitaire: prototype d'un projet pilote de la coopération entre les nouvelles institutions locales russes et leurs partenaires français.
       
  2.1. Conception et philosophie du projet.
       
      2.1.1. Choix de la destination du convoi.
2.1.2. Quelques traits particuliers et principes fondamentaux du projets.
       
  2.2. Principaux partenaires français: leurs objectifs et rôles.
       
      2.2.1. Association France-Russie de la Savoie.
2.2.2.
Organismes publiques et privés travaillant avec des jeunes en difficultés.
2.2.3. Collectivités territoriales.
2.2.4. Association CAP-Emploi.
       
  2.3. Principaux partenaires et bénéficiaires dans les pays de l'Europe de l'Est
       
      2.3.1. District Administratif de Zélénograd de la ville de Moscou
2.3.2. La ville et le département d'Oudomlya de la région de TVER
2.3.3. Évêché de Bialystok en Pologne
2.3.4. Ambassade de France à Minsk
       
3. Réalisation du projet du convoi humanitaire.
       
  3.1. Phase de lancement du projet.
       
      3.1.1. Contacts de la partie russe pour le recensement des bénéficiaires et des besoins.
3.1.2. Évaluation des besoins et prise de contacts avec des partenaires pour le montage du projet.
3.1.3. Montage financier du projet.
3.1.4. Composition du groupe et l'esprit d'équipe.
       
  3.2. Voyage de reconnaissance - vision des pays de l'Est.
       
      3.2.1. Étape d'ex-Allemagne de l'Est: armée française assure le relais.
3.2.2. Pologne: église omniprésente et puissante.
3.2.3. CEI: Biélorusse et Russie - étape casse-tête de l'opération.
3.2.4. Accueil du convoi en CEI - épreuve décisive pour l'administration locale de Zélénograd.
       
  3.3. Phase finale de préparation de l'opération
       
      3.3.1. Composition définitive du convoi et de l'équipe.
3.3.2. Calendrier définitif de l'opération.
3.3.3. Collecte des chargements.
3.3.4. Démarches administratives.
3.3.5. Préparation de l'accueil sur place.
3.3.6. Médiatisation de l'événement.
       
  3.4. Acheminement du convoi.
       
      3.4.1. Organisation des départs.
3.4.2. Accueil sur place et répartition des dons.
3.4.3. Retour - installation des aires de jeux en bois.
3.4.4. Phase de réflexion et d'analyse des résultats.
       
 

 ANNEXES

       
      1. Les principaux articles de presse.
2. Les principaux courriers du convoi.

3. Liste des personnalités rencontrées.
4. Liste des partenaires.
5. Listes des participants au convoi.
6. Listes des véhicules du convoi.

Introduction


Grâce à la politique de perestroïka de Mikhaïl GORBATCHOV, qui a été commencée en 1985, d'importants changements se sont opérés dans la société soviétique. Progressivement on a assisté au passage du pouvoir vers les structures étatiques ou administratives qui auparavant en était dépourvu en réalité, puisque l'appareil du PCUS s'en était emparé à l'aube du pouvoir bolchevique au détriment de toutes les autres composantes de l'État.

C'est comme cela qu'on a pu voir pour la première fois dans l'histoire de l'URSS les vraies élections des Soviets de tous les niveaux, des Soviets (Conseils Municipaux) des villes et villages au Soviet Suprême (Parlement) de la Fédération de Russie, les élections libres et directes au suffrage universel du Président de la Russie Boris ELTSINE, des Maires des "deux capitales" de la Russie - Moscou et , à l'époque, Leningrad - respectivement Gavriïl POPOV et Anatoly SOBTCHAK.

Sentant que pour réaliser les réformes de fond il était nécessaire avoir les structures adaptées, ses nouveaux dirigeants ont essayé, chacun à sa place et à sa manière, de réformer d'abord leurs "outils" de travail: structures administratives du pouvoir exécutif, ne serait-ce qu'en leur forme. Souvent ses "essais" s'opéraient à tâtons et dans la plus complète illégalité par rapport au pouvoir législatif et aux lois existants, mais ils étaient en quelque sorte légitimées par la logique des changements.

En effet, le Maire de Moscou, dont le poste ne figurait ni dans la Constitution de l'URSS ni dans celle de la République de Russie, en juillet 1991 par sa seule et unique décision, ignorant les dispositions et mentions spéciales des deux Constitutions, a complètement changé le découpage administratif de la capital de l'URSS, en créant et mettant sous sa propre autorité 10 Districts Administratifs à la place des 32 Comités exécutifs, dépouillant par la même occasion les autres élus du peuple - les députés, trop conservateurs paraît-t-il, du Soviet de Moscou et des Soviets d'arrondissements de Moscou de leur autorité légitime.

De même, la "guerre des lois" entre les Parlements de l'URSS et des Républiques, la manière quelque peu expéditive et autoritaire avec laquelle Boris ELTSINE a écourté l'investiture du Président Mikhaïl GORBATCHOV, créé la Communauté des États Indépendants (de qui et de quoi?) et liquidé l'URSS, n'étaient pas vraiment compatibles avec l'esprit de État de droit, proclamé comme un des objectifs principaux des réformes en URSS.

Mais saurait-t-on reprocher aux démocrates POPOV et ELTSINE, consacrés par le vote au suffrage universel et les barricades du poutch, de bafouer la loi de État dans lequel le vrai droit n'a jamais existé? Pourrait-t-on faire une différence entre la dissolution par les bolcheviks en 1918 de l'Assemblée Constituante de la Russie, élue au même suffrage universel, mais dans laquelle ils n'avaient pas obtenu la majorité, et les méthodes expéditives des nouveaux révolutionnaires démocrates? Pourraient-t-ils combattre seulement par la voie parlementaire, voire très longue et épineuse, les conservatismes des élus du peuples et du peuple lui même? Ce même peuple, leurs en saura-t-il gré?

La démission fracassante de Gavriïl POPOV et l'arrivée à sa place de l'apparatchik pragmatique et modéré Youri LOUJKOV, la remise en cause par le Congrès des députés du peuple de la Russie de la politique du Président russe et de Boris ELTSINE lui-même, ne sont-t-elles pas les reflets de la réaction du peuple russe qui a peu être du mal à suivre le rythme imposé des réformes et à croire que la pagaille générale et les pires phénomènes tiers-mondistes dans un des plus grands et riches pays du monde sont le prix indispensable de la réussite de ses réformes.

Nous n'en savons rien et surtout ne jugeons personne. Comme beaucoup d'autres nous nous interrogeons tout simplement, puisque c'est le propre de l'intelligentsia russe que de poser les mêmes questions éternelles de Tchernychevski, Tchékhov et Dostoïevski: Que faire?, Qui a tort?, Par où commencer?

D'autre part, à la différence de cette même intelligentsia russe, nous sommes persuadés qu'ils faut avancer et faire des petites choses pratiques en attendant les réponses aux grandes questions. C'est pourquoi, nous avons depuis 2 ans activement concouru à la prise de contacts par les nouvelles administrations de la ville de Moscou et de la Préfecture du District Administratif de Zélénograd avec:

Ces contacts se sont révélés pleins d'intérêt réciproque, très prometteurs quant à l'efficacité de réalisation pratique, et débouchent déjà sur des projets concrets de coopération.

Au lieu de réaliser une étude purement académique dans le cadre de la deuxième session des séminaires de la scolarité à l'E.N.A., nous avons préféré d'apporter notre énergie à la réalisation d'un de ces projets concrets et pratiques, qui prévoyait l'organisation d'un convoi humanitaire à la fin de l'année 1992 en direction de Zélénograd et de Tver-sur-Volga avec la participation des jeunes délinquants français, suivis par les DDPJJ 26 et 73 et préalablement formés par ses organismes aux métiers de route pendant 4 mois (septembre-décembre 1992).

Ce projet devrait aussi un retour au début de l'année 1993 avec l'installation par des jeunes, du convoi ou autres, des aires de jeux en bois pour les enfants des villes françaises concernées.

En fait, le projet s'inscrivait dans une logique des relations qui se sont déjà développées depuis quelques temps et pouvait servir de point de départ d'autres projets de coopération à long terme et d'une "carte de visite" pour d'autres initiatives (formation des personnels des administrations locales russes, échanges d'éducateurs et de jeunes, projets de coopération économique, etc.).

Les nouvelles autorités russes sont très demandeurs d'une telle coopération, qui devrait leur permettre de faciliter le passage du pays à une autre forme d'organisation de la société, de le faire plus rapidement et en tenant compte des acquis d'autres pays et du savoir-faire mondial.

Il y a beaucoup de gens de bonne volonté en France, venant de tous bords, qui se sentent personnellement concernés par des problèmes actuels, espérons passagères, en Russie, compte tenu des affinités culturelles et historiques entre nos deux pays.

De l'autre côté, à notre avis de tels projets seraient capables d'apporter une vision différente des problèmes internes français (tensions sociales, chômage, crise économique, etc.), de les relativiser, ce qui les rend de plus en plus intéressants pour un nombre croissant de partenaires en France.

Sommaire


1. Présentation du District Administratif de Zélénograd de la ville de Moscou et un aperçu historique des relations de son administration avec la France.


Un des principaux acquis des réformes en Russie, de la décentralisation et de la démocratisation est la réelle possibilité pour les nouvelles administrations de développer des programmes de coopération internationale: un domaine qui était auparavant réservé uniquement à des organismes spécialisés. Même les organes État étaient en réalité soumis à la nécessité de demander les autorisations pour une telle coopération au Parti communiste.

La coopération dans le domaine international nous semble tout à fait importante et indispensable à ces nouvelles administrations, parce que les contacts avec des collègues à l'étranger pourraient apporter aux responsables russes une opportunité d'avoir une autre vision des choses, y compris sur leur propre pays, un savoir-faire dans les domaines de l'organisation du service publique et de sa gestion, leur apprendre comment un secteur publique fort et développé peut coexister avec le privé, etc.

Nous avons choisi l'exemple du District Administratif de Zélénograd de la ville de Moscou, car il est très spectaculaire et démontre bien la réelle portée des changements qui se sont produits en Russie depuis le début de la perestroïka.

1.1. La "silicone vallée" russe.

En effet, cet ex-32-ème arrondissement de la capitale soviétique est un cas tout à fait particulier.

Au milieu des années 50, en pleine guerre froide et course aux armements entre le communisme et l'impérialisme, le pouvoir central de l'URSS de Nikita KHROUTCHOV a pris la décision de construire à côté de Moscou une ville-spoutnik, dans laquelle serait concentré l'industrie électronique de l'URSS. En 1958 ont commencé les premiers travaux à 40 kilomètres du centre de Moscou sur la route de Leningrad.

La ville fantôme de 160 mille habitants, interdite aux étrangers et n'existant sur aucune carte, se trouvait en pleine forêt, ce qui lui a valu son nom: Zélénograd ("Ville verte" en traduction du russe). Ici ont trouvé leur emplacement une douzaine d'Instituts de recherches avec, auprès de chaque Institut, une usine d'essais et de production à des séries limitées. Toutes ces usines et instituts étaient des "boîtes postales". Le même anonymat régnait en ville: pas de nom de rues, uniquement des numéros pour des maisons, dont le premier chiffre désignait le quartier; pour la ville aussi un nom de code - "Moscou, 103482 ou 103498".

Zélénograd était conçue pour vivre en totale autarcie - tout y était prévu: habitations, magasins, services, cinéma, palais de culture et de pionniers, écoles, et même une université spécialisée: École supérieure d'ingénierie électronique. Les habitants bénéficiaient de la "propiska" de Moscou (autorisation officielle de vivre et travailler à Moscou sous la forme d'un visa dans le passeport), et la ville était un arrondissement de la capitale russe, ce qui signifiait bon achalandage des magasins.

Jamais cette ville ne devait avoir de contacts directs avec l'étranger ni de visiteurs venant d'ailleurs, exception faite à de rares leaders des pays et partis frères (Todor Jivkov, Erich Honneker, Fidel Castro) et à quelques grands personnages du monde capitaliste de l'époque de détente (paraît-t-il, Pompidou et Nixon). Toutes les entrées étaient bien gardées et contrôlées: seule la ligne n°400 d'autobus express et quelques trains de banlieue reliaient Zélénograd au reste de Moscou. Malheur à un exceptionnel touriste étranger de crever un pneu sur la route de Leningrad face à Zélénograd: classement immédiat dans la catégorie "espion" et rapatriement en 24 heures.

Les spécialistes de Zélénograd, dont beaucoup de scientifiques, avaient besoin de mener des recherches à l'étranger ou de participer à des congrès et colloques avec leurs collègues d'autres pays. Pour résoudre ce problème, un nombre très limité de personnes était choisi pour être "viyézdnoï" (pouvant partir en mission à l'étranger ou avoir des contacts avec des étrangers en URSS). Mais en tout cas, aucun n'avait le droit de donner leurs adresses de domiciles ou de travail, ni recevoir chez eux. Ils se présentaient sous d'autres casquettes: Instituts de l'Académie des Sciences, généralement.

Les gens (très rares) qui ne respectaient pas ces consignes, en cas d'absence de préméditation et de composante pénale, étaient chassés de Moscou en perdant tous les avantages, sinon tombaient entre les mains de KGB et de la "justice".

Même à la fin de l'époque brejnévienne, avec l'adoucissement du régime et la création de quelques usines mixtes avec des finlandais et allemands, les ouvriers étrangers étaient toujours logés ailleurs et arrivaient chaque jour en bus avec des fenêtres fermées et cachées après des détours de quelques kilomètres.

Bien évidemment, dans cette situation le pouvoir local (Soviet et son Comité Exécutif) n'avait aucune autonomie déjà par rapport à la politique municipale interne - leur rôle était désigné par le Comité Central du Parti et le Ministère de l'Industrie Électronique: construire et maintenir l'infrastructure en créant le maximum de conditions pour que les usines remplissent les plans quinquennaux. La vie internationale de l'administration locale était limitée à quelques voyages pour une élite et uniquement dans les pays socialistes.

Cet exemple peut paraître extrême, ce qui est relativement vrai par rapport au reste de Moscou. Mais en réalité Zélénograd en cette extrémité était plutôt représentative de la majorité des villes et territoires soviétiques: se trouvant tout près de la civilisation moderne (avec des postes de radio ou de télévision pratiquement dans chaque maison), ils en étaient coupés par un rideau invisible, mais extrêmement épais. C'est au contraire la villes de Moscou ou de Leningrad et quelques autres centres touristiques qui étaient exception de la règle générale soviétique.

Pour Zélénograd cette situation a commencé à changer seulement vers la fin des années 80 avec le nouveau dada économique de certains dirigeants: les zones d'économies libres.

1.2. La zone d'économie libre.

Ces fameuses zones, dites d'économie libre, étaient pour les uns un remède miracle pour attirer les investisseurs étrangers et relancer une économie qui s'effondrait, pour d'autres un compromis qui permettait de profiter au maximum des avantages de la coopération internationale en limitant la pénétration du "capitalisme" à des îlots bien définis.

Un certain nombre de cas pouvait effectivement être intéressants, mais pour la grande majorité des cas c'étaient des illusions des amateurs parmi les dirigeants locaux et quelques chefs d'entreprises qui ont reçu la liberté d'action avec la décentralisation, mais n'étaient pas formés à l'action dans les conditions d'un vrai marché. Ces illusions se basaient sur un a priori selon lequel les entreprises et les pays occidentaux ne rêvaient que d'investir dans l'économie russe et que suffisait de proclamer ses zones pour que les capitaux étranger se ruent là-dessus.

En décembre 1990 Zélénograd a été proclamée une telle zone par un décret de l'URSS et de la Fédération de Russie cosigné par les Présidents Gorbatchov et Eltsine, et leurs Premiers Ministres Ryjkov et Silayev. Les deux Parlements devaient ratifier cette décision au vue d'un concept de développement de cette zone qui n'a jamais pu être suffisamment élaboré. Après la disparition de l'URSS et la dissolution de son Parlement, le Soviet Suprême de Russie a tout simplement refusé de ratifier l'acte de création d'une zone d'économie libre à Zélénograd.

Néanmoins, la décision initiale a joué un rôle très important, parce que du coup elle a permis d'ôter de Zélénograd le secret de son existence, qui bien entendu était un secret de Polichinelle. La ville s'est ouverte à l'extérieur et en une seule année 1991 a reçu près de 200 délégations étrangères. Quelques actions ont été réalisées entre Zélénograd et la France.

Sommaire

1.3. Quelques éléments importants sur l'histoire de la coopération de Zélénograd avec la France.

Comme beaucoup d'autres villes russes Zélénograd ne rêvaient que de recevoir des américains et des japonais, des maîtres réputés de l'électronique mondiale. Les japonais, très préoccupés par l'histoire des Îles Kouriles, pour une fois se faisaient attendre en mettant des conditions politiques à leur expansion économique. Les américains venaient rarement, se trouvant trop loin, et quand ils s'en allaient, rien ne se passait.

La France n'était pas dans les premières priorités de Zélénograd, mais la Société INTERGRAD, qui se spécialisait en marché français, avait le mérite de proposer des projets qui étaient étudiés et préparés, qui correspondaient à la spécificité de la "silicone vallée" russe, de prendre beaucoup de choses en charge et de ne demander pratiquement rien. Le tout nouveau département international du Soviet local (Conseil municipal) n'avait pas de vrais spécialistes en la matière et ne pouvait proposer rien de comparable, ce qui a décidé le Comité exécutif du Soviet de Zélénograd de renoncer à la méfiance et donner le feu vert à une coopération avec une entreprise privée.

Tout d'abord, la première visite de M. Michel LEGRAS, Conseiller scientifique et technique près l'Ambassade de France à Moscou a été organisée en avril 1991 ce qui a permis à Zélénograd de commencer à se faire connaître réellement et d'envisager la prospection directement en France.

1.3.1. Première délégation de Zélénograd en Rhône-Alpes - événement déterminant pour la coopératioon de l'administration locale avec la France.

En juin 1991 la première délégation de la ville Zélénograd s'est rendue en France. Elle était appelée être représentative et se composait du Maire, Alexis ISTCHOUK, du Recteur de École supérieure d'ingénierie électronique, M. Vitaly VERNER, du Directeur de l'Institut de recherches nucléaires et du futur synchrotron de Zélénograd M. Nicolas SAMSONOV, du pope de l'Église Saint Nicolas de Zélénograd père VLADIMIR, et de professeur de lycée Madame Olga VILTCHEK.

Cette délégation a visité les villes de Chambéry, Saint-Martin d'Hères (Grenoble) et Valence, où elle a été accueillie par des élus locaux, qui se faisaient l'honneur de recevoir parmi les premiers une délégation de l'ancienne ville secrète et surtout de faire comprendre les réalités françaises à des russes qui, en faisant des réformes, pourraient en avoir bien besoin de connaître les expériences d'autres pays.

La région Rhône-Alpes était choisie pour plusieurs raisons: d'abord, par opposition à la stratégie générale d'approche de la France (tout le monde en URSS venaient uniquement à Paris, qui est devenu un champ de prospection "surpeuplé"), pour son potentiel (deuxième région économique après l'Île-de-France, plusieurs sociétés de renommée internationale ont choisi également cette région pour y installer leurs quartiers généraux européens - IBM, Digital, etc.), pour son importance dans le domaine des recherches (plusieurs universités, grandes écoles et laboratoires, dont le profil correspondait à celui de Zélénograd), pour son potentiel touristique et culturel, pour facilités d'accès (il a une ligne directe régulière Aéroflot Moscou Genève) et parce que il y avait déjà quelques amitiés et attaches qui facilitaient la réalisation des projets.

La partie purement professionnelle du séjour était chargée: rencontres au Centre des recherches nucléaires de Grenoble, à l'Institut national polytechnique de Grenoble (INPG), à École Nationale Supérieure Électronique de Grenoble (ENSERG), à l'Université de la Savoie, à École Supérieure de commerce (ESC) de Chambéry, à la Chambre de Commerce et d'Industrie de la Drôme, à l'IUT de Valence, dans des entreprises électroniques, visites des quartiers et nombreuses réceptions dans les municipalités, réunions de travail et discussions avec des élus, etc.

Et avec cela jamais d'hôtel anodins et anonymes: deux semaines de séjour dans les familles françaises, organisés par les Comités locaux de l'Association France-URSS de Chambéry et Valence, avec des discussions à bâtons rompus souvent jusqu'à très tard dans la nuit. Il faudrait y rajouter des messes de père Vladimir dans les paroisses orthodoxes à Ugine en Savoie et à Saint-Jean-en-Royans dans le Vercors drômois.

C'est comme cela qu'ont commencé à se créer de vrais liens d'amitié entre le Maire de Zélénograd et Madame Georgette PORTALIER, Présidente de France-URSS de Chambéry, et M. Jean BAUD, Adjoint au Maire de Chambéry, chargé des questions économiques.

Encore quelques détails: des jeunes délinquants du quartier "chaud" de Fontbarlette à Valence, suivis par la Protection Judiciaire de la Jeunesse(PJJ) de la Drôme, ont bénévolement servi de chauffeurs à la délégation sur un minibus de l'entreprise intermédiaire d'insertion sociale des jeunes en difficultés par l'économie "SDAVA-Transports" (Société Drômoise d'Adaptation à la Vie Active). Et cela, parce que M. Gérard LUCON, éducateur PJJ, mis à disposition de la SDAVA par le Ministère français de la justice, qui a accueilli chez lui le Maire de Zélénograd pendant 4 jours, a voulu montrer des exemples concrets du travail de son administration, et illustrer le récit de M. Michel DOBELLI, Conseiller municipal de Valence, délégué à la prévention de la délinquance.

Nous avons consacré beaucoup de place à la description de cette première visite d'une délégation de Zélénograd, parce qu'elle a été déterminante pour le développement des relations entre la ville de Zélénograd et la région Rhône-Alpes de France. L'accueil était tellement bon que ça a "accroché", les liens, qui se sont créés, se sont révélés durables et prometteurs.

Mais rien n'était joué avec une seule visite, ce n'était que le commencement d'une histoire à longue halène.

1.3.2. Stratégie de développement des relations durables - complémentarité, continuité et réalisatiion de projets pilotes.

L'administration locale de Zélénograd croyait que n'importe quel contact avec l'étranger devait toute de suite donner des résultats immédiats, visibles et palpables; elle en avait surtout besoin pour se justifier devant les électeurs locaux.

Le Comité exécutif du Soviet, devenu en juillet 1991 Préfecture dépendant directement du Maire de Moscou, a changé de nom, mais pas réellement d'habitudes. Ayant gardée la mentalité de l'économie centralisée, planifiée, militarisée et exécutant des ordres politiques, les responsables des nouvelles administrations, pour beaucoup les anciens apparatchiks, étaient impatients et irrités contre ces entreprises capitalistes qui ne se pressaient pas, comme cela était programmé, à investir dans l'économie russe, qui parlaient tout le temps de l'instabilité politique, voire économique du pays, des risques trop grands d'un retour en arrière, et qui posaient des questions incompréhensibles pour leurs interlocuteurs russes sur "le retour sur investissement", "le profit à tirer", etc.

Il a fallu donc convaincre la Préfecture de renoncer aux attentes illusoires et de commencer plutôt un travail méticuleux en créant des liens de continuité avec des partenaires potentiels français autour des projets pilotes, en essayant de les réaliser dans les domaines culturels, éducatifs, sportifs et sociaux en attendant l'amélioration du climat politique et une stabilisation de la situation économique.

Les projets pilotes, au début assez simples et relativement faciles à monter, étaient appelés de trouver des motivations de coopération qui durent dans le temps, qui permettent de se côtoyer, de se connaître, d'instaurer des échanges avec 2-3 allers-retours, de créer des traditions d'amitié et des liens humains.

Pour cela il fallait avoir un outil approprié. C'est comme ça qu'en juillet 1991 a été crée l'Association d'amitié Russie-France de Zélénograd. Le pouvoir local a été représenté dans son Conseil d'administration par le Préfet ISTCHOUK et ses deux adjoint: M. Sergueï FASTOV, chargé de l'économie, et Madame Tatiana ZABELINA, chargé su secteur social, de l'éducation, de la culture et de travail avec des jeunes.

Pour l'année académique 1991/92 deux premiers projets pilotes ont été retenus: concours télévisé économique et concours écologique des lycéens.

1.3.3. Concours télévisé économique franco-russe.

Avec l'aide de la Chambre régionale de Commerce et d'Industrie (CRCI) Rhône-Alpes, du poste d'expansion économique française en URSS et de la Télévision éducative de l'URSS, la Société INTERGRAD et l'Association d'amitié Russie-France de Zélénograd ont produit un cycle de 3 émissions d'une demi-heure chacune, en français et en russe, qui étaient consacrées à la présentation des principes d'organisation et de fonctionnement des entreprises dans l'économie de marché sur l'exemple des 5 entreprises rhône-alpines les plus performantes. Le cycle s'ouvrait avec des interviews avec M. Pierre BEREGOVOI, avec M. Olivier LOUIS, Ministre Conseiller pour les affaires économiques et commerciales près l'Ambassade de France à Moscou, et M. FASTOV, Premier Adjoint au Préfet de Zélénograd.

Ce cycle a été diffusé pendant 3 mois sur tout le territoire de l'URSS et suivi, encore pendant 4 mois d'un concours télévisé, auquel ont participé 5000 candidats. La finale du concours s'est déroulée en janvier 1992 en direct du Palais de culture de Zélénograd en présence du Président et du Secrétaire Général de la CRCI Rhône-Alpes aux côtés du Préfet de Zélénograd et du Conseiller commercial près l'Ambassade de France à Moscou M. Philippe DELELIS.

Parmi les supporters dans la salle il y avait un groupe de 40 élèves du Lycée VAUGELAS de Chambéry, qui ont été conduits pour la première fois à Zélénograd par Madame Hellène CHAULAIC, Professeur de russe, et Madame Georgette PORTALIER, Présidente de France-Russie de la Savoie.

Deux lauréates ont été désignées comme gagnantes du Grand Prix du concours: un voyage d'études d'une semaine en France, organisé et offert par INTERGRAD et la CRCI Rhône-Alpes. M. Sergueï FASTOV de Zélénograd, ainsi que M. AGANBEGUIAN, l'académicien, ex-Conseiller économique de Gorbatchov, Recteur de l'Académie de l'Économie Nationale auprès du Premier Ministre de la Russie, étaient en juin 1992 de ce voyage pendant lequel ils ont visité Lyon, Saint-Étienne, Annonay, Valence, Romans, Grenoble, Chambéry et Paris.

Lors des rencontres de travail dans les CCI de ces villes, des besoins en formation des cadres économiques russes ont été recensés et des programmes spécifiques pour Zélénograd ont été envisagés dans les Écoles Supérieures de Commerce de Chambéry et de Grenoble.

Ce projet a donné d'autres résultats parmi lesquels quelques visites des entreprises françaises à Zélénograd, y compris organisées à l'initiative du poste d'expansion économique française à Moscou.

1.3.4. "1OO défis pour ma planète" à Zélénograd.

En juin 1991, lorsque la première délégation de Zélénograd est venue en France, Madame Olga VILTCHEK, professeur d'anglais de l'École secondaire n°618 de MOSCOU, a fait connaissance de sa collègue du Lycée technique MONGE de Chambéry Madame Annie CARRIER.

Au cours de nombreuses discussions a été soulevé, entre autres, le projet des "100 défis pour ma planète" organisé par le Conseil Général de la Savoie, patronné par la CEE, le Ministère de l'éducation nationale, Ministère de l'Environnement, Ministère de la jeunesse et des sports, Ministère de l'agriculture et de la forêt et la Fondation USHUAIA. La partie française a proposé, sans trop y croire, aux soviétiques de s'associer à cette action internationale écologique des jeunes. Cela ne pouvait tomber mieux, car comme nous l'avons indiqué, Zélénograd en russe veut dire "ville verte" et ensuite parce que les jeunes russes commençaient à se sentir de plus en plus concernés par les problèmes écologiques. Enfin, il y a de la matière pour le combat contre la pollution à Zélénograd.

En effet, le mot combat n'est pas déplacé dans le contexte local, puisque les écologistes là-bas ont toujours en face d'eux le puissant complexe militaro-industriel d'ex-URSS, qui tout affecté par les réformes actuelles a, quand même, gardé un pouvoir important, mais surtout la mentalité et les pratiques d'avant. Soucieuses uniquement des plans de la production, pour une grande partie militaire, ces entreprises électroniques, sous prétexte de servir les intérêts prioritaires d'État, continuent à salir l'environnement. Les premières victimes sont le plus souvent les enfants.

La proposition française les a beaucoup motivés, et dès la rentrée scolaire 1991 ils étaient nombreux à prendre part au concours écologique qui a été lancé par l'Association d'amitié Russie-France de Zélénograd auprès des 22 écoles de ce 10-ème District administratif de Moscou.

Les formes étaient diverses et variées, mais il est surtout important de mentionner le projet qui a remporté le concours. Il était très ambitieux: recenser toutes les sources de pollution industrielle à Zélénograd, les décharges non-autorisées et établir une carte écologique de la ville. Il fallait être un enfant insouciant pour lancer un tel défi.

Pour bien mesurer la portée de cette action, il faudrait s'en souvenir du statut très particulier de la ville et des mesures de contrôle qui l'entouraient. Mettre des décharges d'entreprises travaillant pour le complexe militaire sur une carte, prendre des mesures d'air, d'eau ou de sol était qualifié d'actes d'espionnage et d'atteinte à la sécurité d'État. Lutter contre pollution d'une entreprise militaire c'était affecter la défense du pays face à la "menace de l'impérialisme mondial". Sachant que toutes ces activités "anticommunistes", réprimées par la police et le KGB, étaient passibles des peines de prison, d'interdictions de séjour dans les grandes villes, de discriminations diverses, on n'aura pas à s'étonner que même maintenant il y a un manque d'information dans le domaine de la pollution industrielle à Zélénograd et que des adultes ne se pressent pas à le combler.

Ils étaient une vingtaine de jeunes, de 11 à 17 ans, accompagné de Mme Viltchek et, parfois, de M. Pierre COCHET, Vice-président de France-Russie de la Savoie, à relever ce défi, à parcourir la ville, le papier et le crayon dans une main, l'appareil photo dans l'autre (tout le matériel a été fourni gratuitement par KODAK, qui après a choisi les meilleurs photos pour ces collections), à attendre les fonctionnaires dans les couloirs de la Préfecture, à fixer des rendez-vous avec des chefs d'entreprises et des élus locaux. Il leur fallait quant même de temps en temps recourir à l'aide de Madame Tatiana ZABELINA, Adjointe au Préfet de Zélénograd et Présidente du Jury du concours, pour ouvrir les portes les plus résistantes.

Ils passaient des heures et des heures à systématiser les résultats de leurs recherches. Quant ils ont appris le choix définitif du Jury, ils ont consacré encore plusieurs jours à mettre en scène un petit spectacle en anglais, chanté et dansé, pour la fête finale du Congrès International des "100 Défis".

Jusqu'au dernier moment certains d'entre eux ne savaient pas s'ils pourraient partir en Savoie pour participer à cet événement, car sans l'aide financière des sponsors grâce aux interventions de M. Michel BARNIER, Député et Président du Conseil Général de la Savoie, et de M. Vincent DERKENNE, coordinateur de l'opération et actuel Directeur du Comité National français pour l'Environnement, ce voyage était pour une partie compromis. C'est alors qu'ils ont créé leur ARBRE D'AMITIÉ - le seul arbre au monde qui ne demandait pas mieux que de "perdre" plus de deux milliers de feuilles: chacune contenait une adresse d'un correspondant russe et pouvait lui rapporter des amis en France ou ailleurs.

L'accueil du groupe russe a été organisé avec une aide de l'Association "France-Russie" de la Savoie et de la Mairie de Chambéry. Une équipe de télévision russe a accompagné les jeunes de Zélénograd tout le long de ce voyage pour faire une émission spéciale.

Madame Zabélina était à la tête de cette délégation pour assurer la continuité des relations de la Préfecture de Zélénograd avec des partenaires dans la région Rhône-Alpes. Elle en a profité pour rencontré des responsables du Ministère français de l'éducation nationale, ce qui a donné ensuite une proposition de coopération adressée par Madame Lioubov KEZINA, Ministre de l'éducation du Gouvernement de Moscou, à M. Jack LANG, Ministre d'État, Ministre de l'éducation Nationale et de la culture

Mais la principale tâche, qui a amenée Mme Zabélina en France en juin-juillet 1992, c'était la nécessité de mettre en œuvre un autre projet pilote qui a commencé à prendre forme entre temps: le projet d'un convoi humanitaire en direction de Zélénograd avec la participation des jeunes français en difficultés.

En décembre 1991, M. Gérard LUÇON, avec ses collègues de la PJJ de la Drôme, dont le Directeur Adjoint départemental M. Floréal SOLER, et des jeunes en difficultés de Valence, a organisé un convoi pour le Sénégal. Le Président de l'Association d'amitié Russie-France de Zélénograd et de la Société INTERGRAD a suivi de près les préparatif de ce convoi, puisqu'il a habité pendant 3 mois chez M. Luçon, se trouvant en sa qualité de l'élève du cycle international de l'ENA en stage à la Préfecture de la Drôme. C'est à ce moment-là que l'idée de reconduire une telle opération en direction de la Russie en 1992 a été abordée.

Sommaire


2.1. Conception et philosophie du projet.


Les services de la PJJ de la Drôme ont déjà monté, organisé et réalisé pendant plusieurs années des convois humanitaires en direction des communautés, organismes ou institutions en grande difficultés.

Ces actions s'inscrivaient dans la philosophie générale qui préside à toutes les opérations humanitaires en France: apporter une aide concrète et désintéressée à des groupes, des populations et des institutions en difficultés, préalablement repérées, et qui n'ont pas d'autre moyen d'accéder à des biens et des équipements de première nécessité, indispensable à leur survie, ou à l'amélioration de leurs conditions d'existence ou de fonctionnement: médicaments, matériels hospitalier, vêtement pour enfants, produits alimentaires ou agricoles, éléments de machines outils, véhicules, mais aussi, matériaux de construction et mise à disposition de main d'œuvre, échanges en matière pédagogique et de formation.

Parmi les opérations, que la DDPJJ de la Drôme avait réalisées avec beaucoup de succès, il faudrait noter celles en direction de l'Afrique, notamment du Sénégal et de son service national de la protection judiciaire des jeunes, ainsi qu'en direction de la Roumanie et de la Pologne.

Nous démontrerons les raisons pour lesquelles la PJJ tenait absolument à reconduire ces opérations plus loin; ici nous nous satisferons de dire que pour ce service déconcentré d'État considérait déjà comme un acquis positif et nécessaire cet "outil de travail", donc pour Monsieur Floréal SOLER la question se posait tout simplement: le convoi cette année - en quelle direction?

2.1.1. Choix de la destination du convoi.

Le choix n'était pas évident à faire, parce que les derniers temps ce n'est pas les destinations qui manquaient pour les actions humanitaires. Rien qu'en Europe: toutes les républiques de l'ex-Yougoslavie, Arménie, Roumanie et Moldavie.

Donc, ce choix était fait à partir du constat des difficultés de la situation actuelle en Russie, liées au démantèlement du système de l'économie planifiée et assistée par l'État tout puissant dans un pays et marché isolé et protégé par les barrières artificielles, et à la nécessité de passage de ce pays vers d'autres modèles d'organisation politique, économique et sociale avec tous les risques possibles.

La ville de Zélénograd était de ce point de vue vraiment très typique, car elle appartenait en grande partie au complexe militaire avec ses usines et instituts de recherches qui travaillaient sur les commandes militaires de l'État. Le pressentiment d'une catastrophe imminente et des troubles sociaux était très fort les derniers temps dans cette ville de mono industrie, où 80% de la population active sont employés dans des entreprises électroniques qui ont perdu en deux année plus de moitié de la production faute de commandes de la machine militaire russe qui commençait à se réduire grâce aux réformes de la perestroïka.

D'autre part, en général à l'époque des grands changements, c'est toujours les plus démunis qui risquent le plus et qui se retrouvent encore plus démunis qu'avant. Les différents gouvernements et réformateurs en ex-URSS, pensait pas suffisamment à protéger ses couches de populations, qui malheureusement ne peuvent pas se défendre seuls, car il s'agit d'enfants et de malades, d'handicapés ou de personnes âgées.

Ces êtres très fragiles et faibles individuellement peuvent, même si cela paraît assez absurde, être une grande force. Comme ces couches représentent plusieurs millions d'individus, ils peuvent dans le pire des cas, lors d'un vote ou tout simplement en laissant aller, faire bouger le balançoire politique du pays vers des mauvais choix: effectivement, ces millions de personnes peuvent constituer une base social assez large et puissante pour les forces politiques partisanes d'un retour en arrière vers le grand rêve, oh, combien sécurisant, du totalitarisme.

Ce danger est déjà assez réel, pour ne pas dire inévitable - suffit d'analyser avec le minimum de sérrieux les signes qui se sont apparus depuis quelques mois. La grande leçon de la NEP - nouvelle politique économique de Lénine, qui a beaucoup plus réussi que toutes les réformes actuelles et qui a commencé à sortir le pays de la pauvreté de la guerre civile, ce qui n'a pas empêché l'instauration de la dictature de Staline à la fin des années 20, - devrait nous apprendre de ne jamais garantir l'impossibilité d'un tel retour.

Mais bien évidemment, ce n'est pas uniquement ces réflexions philosophiques qui ont guidé le choix de la Russie comme destination du convoi. Le grand rôle avait joué aussi le facteur sentimental et personnel. Il y a en France des gens de bonnes volonté qui se sentent concernés par le sort de la Grande Russie, qui veulent l'aider à s'en sortir des difficultés, espérons, passagères.

D'autre part, nous avons consacré assez de place dans les chapitres précédents de ce rapport aux liens humains qui se sont créés entre Zélénograd et la région Rhône-Alpes en 1991/92, pour que cela explique le côté personnel de la prise de décision définitive.

Par contre, les initiateurs ont voulu sortir des pathétismes exagérés des actions humanitaires, ce qui a influencé le projet en lui référant d'autres traits un peu exceptionnels.

2.1.2. Quelques traits particuliers et principes fondamentaux du projet.

Ces traits et principes en gros pouvaient être résumés comme suit:

- Aider soi même en aidant les autres.

  • Pour ses organisateurs, qui pour la plupart s'occupent des publics en grandes difficultés déjà en France, une opération pareille a indéniablement un effet rétroactif. C'était, d'ailleurs pour eux un des buts poursuivis, peut être un peu calculé et intéressé, mais chaque partie devait y trouver son intérêt et ses motivations, de l'ordre moral et social pour la plus majorité.
  • - Pas d'assistanat - un projet d'échanges.

  • Adaptation de ce principe pour le projet a beaucoup soulagé toutes les partenaires qui y participaient: cela permettait de faire le travail tout simplement et sereinement, sans tomber dans les pires mélodramatismes d'un côté, et de recevoir cette aide, nécessaire et urgente, sans perdre la dignité, de l'autre.
  • - Projet Gigogne ("matriochka"): autant de mini-projets que de partenaires.

  • Le projet, qui était lancé par la 2-3 personnes, a été prévu pour être très souple et facilement extensible; il était ouvert à tous les partenaires possibles et imaginables. Il s'agissait de la Russie, et on ne pouvait pas se priver d'un hommage symbolique à la fameuse matriochka russe: poupée gigogne folklorique qui peut contenir plusieurs.

    Au fait, chaque partenaire, en s'associant au projet, apportait une composante différente, en quelque sorte, son projet individuel qui ne faisait que renforcer le tout, puisque cette liberté d'association était "géré" avec la même méthode et la même approche. Ce principe a parfaitement marché, ce que nous verrons dans la partie qui est consacrée aux partenariats.

  • - Projet assurant une continuité des relations et actions antérieures.

  • Ce projet devait s'inscrire dans une logique existante du développement des relations et des actions qui ont été menées antérieurement. C'est peut être le principe qui était le plus facile à appliquer, puisque un projet pareil n'était pas réalisable en espace de 6 mois sans avoir des antécédents solides. Au fait, il était déjà lui même le premier fruit d'une stratégie à long terme.
  • - Projet international et cosmopolite face aux nationalismes et xénophobies.

  • Des français de différentes origines (y compris italiennes, espagnols, polonaises, juives, allemandes, vietnamiennes, etc.), des maghrébins et un yougoslave qui travaillent côtes à côtes pour apporter ensemble une aide aux enfants polonais, biélorusses et russes: quoi de plus international et même cosmopolite pour contrer, ne serait-ce que très peu, la montée des intolérances, nationalismes et xénophobies myopes, barbares, insupportables et dangereuses?
  • - Action de coopération qui prouve la possibilité de travail commun pour des partenaires venant de tous bords, qui ont trop souvent tendance à s'opposer.

  • Des représentants des services d'État, des collectivités territoriales, du secteurs associatif ou privé, des villes, régions et même pays différents, ont fait preuve de leur parfaite capacité de coopérer pour une seule cause, en apportant chacun son expérience et savoir-faire.
  • - Projet - carte de visite: un projet peut en cacher un autre, ou le générer.

  • Le projet de convoi devait servir d'un exemple, d'une action prototype, d'une référence, mais surtout pas une action ponctuelle. De même qu'il ne commençait pas d'un zéro à la date de lancement officiel, il ne devrait pas finir avec la livraison la veille du jour de l'An de quelques cadeaux pour les enfants russes et médicaments pour les hôpitaux. Par contre, il était appelé à marquer les gens et les régions qui y participaient, les soutenir dans leurs efforts et les réconforter face à quelques déceptions, les motiver à développer encore plus ardemment la coopération et les échanges, à trouver d'autres projet pilotes à réaliser, à attirer d'autres personnes de participer à des échanges avec la Russie ou avec d'autres pays.
  • Sommaire


    2.2. Principaux partenaires français: leurs objectifs et rôles.


    Comme nous venons d'indiquer, ce projet gigogne, lancé par la DDPJJ de la Drôme, a fini par réunir autour de lui nombreux partenaires, chacun trouvant son intérêt d'y participer. Dans l'annexe n°4 à ce rapport figure leur liste, qui n'est pas exhaustive. Ici nous pourrions nous arrêter uniquement sur les principaux partenaires, que nous avons classés par catégories.

    2.2.1. Association France-Russie de la Savoie.

    Nous avons placé cette Association à la tête de la liste des partenaires, étant donné que c'est grâce à elle que des liens d'amitiés ont pu se créer et se renforcer entre la Préfecture de Zélénograd et la Région Rhône-Alpes. C'est elle qui était à l'origine de la venue de la première délégation de cette ville russe en France.

    France-Russie de Chambéry a réussi d'être un relais important et un promoteur efficace de la cause russe, de la culture et civilisation de se pays en Savoie. Depuis le mois d'août 1992 elle est jumelé avec l'Association Russie-France de Zélénograd, ce qui normalement devrait renforcer encore plus des liens et intensifier des échanges. Pour le projet de convoi, cette Association a su s'effacer, en laissant les rôles les plus actifs à ceux qui en étaient les initiateurs et les principaux intéressés, et en même temps restant à l'écoute des besoins et en assurant une ambiance bienveillante autour du projet.

    D'autre part, elle organise de nouveau un voyage d'études à Zélénograd des jeunes élèves apprenant le russe au Lycée Vaugelas de Chambéry, qui participerons à Noël à l'accueil sur place du convoi et qui serons témoins privilégiés et même acteurs de la répartition des dons apportés et des Ambassadeurs itinérants de ce projet. La participation de ces jeunes "normaux" à un acte social positif, réalisé par des jeunes français en difficultés pour d'autres jeunes en difficultés matérielles à l'étranger, peut être une leçon pratique de l'éducation civique qui a disparu des programmes d'enseignement en France.

    Peut être cette leçon servira de repère à certains pour ne pas glisser dans la délinquance et à d'autres permettra de découvrir un monde différent et un plaisir de commettre un acte gratifiant.

    2.2.2. Organismes publiques et privés travaillant avec des jeunes en difficultés.

    Cette grande catégorie de partenaires du projet regroupe les services de la PJJ, dépendant du Ministère de la Justice (Directions de la PJJ de la région Rhône-Alpes, des départements de la Drôme et de la Savoie, des Centres spécialisés d'orientation et d'éducation, etc.), des Associations privées, habilitées par l'État de prendre en charge des jeunes en difficultés (voir annexe n° pour les schémas du système de la PJJ en France).

    Toutes ses institutions, jouant chacune un rôle spécifique dans le système d'insertion, poursuivent un seul objectif particulier dans le montage des opérations humanitaires qui est la participation active des jeunes qui leurs sont confiés, à des projets aux fins d'insertion, de socialisation, de formation et de réalisation personnelle sur des actes positif, gratifiant et socialement reconnus.

    Ces opérations s'adressent plus particulièrement aux jeunes les plus marginalisés et qui n'ont pu s'inscrire dans des dispositifs de droit commun de formation et d'insertion mis en place par les différents organismes et institutions.

    Souvent les jeunes qui sont des "clients" de l'Éducation surveillée (ancienne dénomination de la PJJ) sont français d'origines étrangères, se trouvant dans des situations de rejet social et d'échec scolaire, provoquées ou aggravées par des difficultés de leur milieu familiale dans des quartiers défavorisés. Il se trouve que les voyages avec des convois humanitaires à l'étranger et la vision des gens qui se trouvent dans situations incomparablement plus difficiles (guerres, famine, épidémies de maladies, manques des produits de première nécessité, etc.) leur permet de relativiser leur propre situation en France et de remettre à l'heure le compteur des valeurs humaines.

    L'évaluation de ces actions démontre que les objectifs généraux en terme d'aide humanitaire ont toujours été atteins et que des résultats en terme de "bénéfice social" pour les jeunes engagés dans ces aventures sont particulièrement encourageants: élaboration d'un projet individuel, reprise ou démarrage d'une formation, résolution des problèmes sociaux (logement, nourriture, revenus, etc.), resocialisation, mise au travail ou reprise d'un emploi.

    - Direction départementale de la Protection judiciaire de la jeunesse de la Drôme

    Ce service déconcentré du Ministère de la Justice, parmi 100 de la PJJ, dont 22 dotés d'une autonomie de gestion administrative et financière, était, comme nous l'avons déjà noté, le principal instigateur du projet. En le réalisant la DDPJJ de la Drôme voulait mobiliser un groupe de jeunes drômois en grandes difficultés d'insertion socioprofessionnelle, intégrés au dispositif de formation professionnelle aux métiers de la route de l'Institution Spéciale de l'Éducation Surveillée de Valence, une parmi 831 autres ISES de la PJJ au niveau national, autour de l'apprentissage de la conduite, de la préparation des véhicules, de la collecte, du chargement et du convoyage de matériel humanitaire à Moscou.
    Pour ce groupe spécifique des jeunes le choix de la Russie comme destination du convoi avait une importance toute particulière, parce que cela leurs permettait de recevoir tout de suite après une formation spécialisé à la conduite des poids lourds une expérience exceptionnelle dans des conditions rudes de l'hiver russe. Cette expérience pratique pouvait représenter pour eux un certain avantage vis-à-vis de leur premiers employeurs.
    Les même jeunes de la Drôme et beaucoup d'autres, en particulier ceux qui vivent dans un foyer spécialisé de la PJJ pouvaient participer également au montage des aires de jeux en bois fabriquées à Zélénograd et offertes par la partie russe à des municipalités qui ont soutenu le projet.
    La DDPJJ de la Drôme voudrait par ce projet pilote lancer des bases d'une coopération à plus long terme avec leurs homologues de Zélénograd et de Moscou, qui pourrait prendre des formes différentes: échanges de jeunes, chantiers en Russie, accueil d'éducateurs et d'administrateurs russes pour formation, mis à leur disposition des collègues français pour l'échange de savoir-faire, etc.
    On ne pourrait que trop regretter le désistement en cours du projet, à cause des histoires complètement stupide des rivalités et jalousies personnelles, de l'Association "SDAVA-Transports", dont les camions d'un fort tonnage vont rester sans bouger pendant 3 semaines de fêtes sur le parking au lieu de faire la route pour apporter une aide aux enfants qui en ont besoin.

    - Direction départementale de la Protection judiciaire de la jeunesse de la Savoie.

    Les collègues savoyards de M. Soler ont été très intéressés d'apprendre qu'il y avait un projet qui se montait en direction de la Russie, et ont voulu de s'y associer activement. Ils avaient les mêmes motivations et buts que les éducateurs de la Drôme. Au niveau des partenaires, ils réalisent leur partie du projet en synergie avec la Association Savoisienne d'Adaptation à la Vie Active (ASAVA), le Centre d'Orientation et d'Action Éducative (C.O.A.E. - il y a 136 en France), le Service Éducatif Auprès du Tribunal (S.E.A.T. - 135 répartis sur tout le territoire de la France).

    - Association "Belle étoile" d'Albertville.

    Cette Association privée, parmi 439 Associations agrées par le Ministère de la Justice, travaille dans le même secteur d'insertion des jeunes en grandes difficultés, de leurs éducation et formation. C'est les jeunes qui sont pris en charge par un foyer spécialisé à Hauteville, un des 1012 établissements et services du secteur associatifs du système français de la PJJ, avec leurs éducateurs qui réalisent une partie du projet.

    - Direction régionale de la PJJ Rhône-Alpes.

    Cette autorité hiérarchique (on compte 11 directions régionales dans le système de la PJJ) a parfaitement compris l'importance du projet, l'a soutenu à son niveau et lui a apporté une aide quant à la représentation centralisée des intérêts des deux Directions départementales de la PJJ de la Drôme et de la Savoie auprès de l'Administration centrale à Paris et auprès de différents organismes régionaux.

    - Direction de la PJJ du Ministère de la Justice.

    La "Centrale" de la PJJ, qui au sein du Ministère de la justice est une administration assez jeune et toute petite, car elle est née seulement en 1945 au sein de l'administration pénitentiaire et ne compte aujourd'hui que quelques 5850 fonctionnaires d'État, réparties entre la Direction centrale à Paris et services déconcentrés sur le territoire, était très intéressée par le projet du convoi humanitaire en direction de la Russie, puisque les éducateurs de la PJJ ont déjà organisé avec beaucoup de succès dans d'autres pays des actions similaires.
    Depuis quelques temps, la Chancellerie en général a été sollicitée à plusieurs reprises par les collègues des pays de l'Est, qui s'intéressaient de près au système français de la justice dans leurs recherches de modifications et de la réformes dans leurs propres pays. Le garde des sceaux a lui même effectué des contacts sur place et a reçu en France des visites, de plus en plus fréquentes, de ces homologues Est-européens, entre autres du nouveau Ministre de la justice de la Fédération de Russie M. Fedorov.
    Ce besoin d'échanges de savoir-faire et de formation s'est concrétisé par la création au sein du Ministère de la justice d'un service international, par la mise à disposition de la Mission Interministérielle pour l'Europe Centrale et Orientale (MICECO) d'un magistrat, par réalisation de plusieurs missions dans les pays baltes, en ex-URSS et dans d'autres pays de l'Est, la mise en route de quelques programmes de formation de cadres administratifs et de magistrats en France.
    La PJJ a commencé à s'intéresser de près à la possibilité d'échanges et de la coopération internationale avec les différents pays du monde ex-socialiste seulement les derniers temps. En effet, même si quelques opérations à portée internationale ont été réalisées par des institutions de la PJJ, cette administration était historiquement plutôt tournée vers l'intérieur de la France.
    Néanmoins, il faudrait noter existence des contacts des éducateurs et des administrateurs avec leurs collègues à l'étrangers, leurs renforcement leurs des opérations humanitaires précédentes en Roumanie ou en Afrique. Pendant les dernières années la PJJ a accueilli quelques stagiaires polonais et roumains dans son Centre National de formation et d'étude à Vaucresson, dans certains des 11 Centres régionaux et dans les services déconcentrés.
    En mars 1992 le Préfet de Zélénograd a adressé une lettre à M. Henri NALLET, Ministre de la justice de l'époque, avec une demande de mise à disposition de la Préfecture de Zélénograd à partir de septembre 1992 pour 1-2 ans d'un éducateur français, spécialisé dans le travail avec des jeunes en difficultés et leur insertion sociale par économie. Cette demande a été assez favorablement accueillie par le Garde des sceaux et par la PJJ, mais pour des raisons techniques administratives pour le moment n'a pas abouti (la demande était nominative, concernait M. Gérard LUÇON, qui devait prendre absolument cette année avant le mois d'octobre le poste d'un directeur, ayant passé un concours. Nommé en septembre 1992 à Marseille, il ne pouvait pas tout de suite partir en Russie).
    L'Adjoint au Préfet de Zélénograd, Madame Zabélina a rencontré à Paris des responsables de la PJJ, qui lui ont proposé de poursuivre des efforts dans le buts d'organisation de stages de formations des personnels sociaux en France et des échanges de jeunes et d'éducateurs.
    D'autre part, la DPJJ a soutenu moralement, mais aussi administrativement, matériellement et financièrement le projet du convoi en direction de la Russie, le considérant comme une première opération qui pourrait donner le signal de départ d'une coopération à long terme.

    2.2.3. Collectivités territoriales.

    Ce grand groupe de partenaires devait initialement réunir les municipalités dans lesquels travaillaient les principaux acteurs de l'opération, mais aussi les Conseils Généraux des deux départements concernés et le Conseil régional Rhône-Alpes. Et si les communes ont finalement pris une part active dans la réalisation du convoi, les départements et la région ont complètement refusé de s'intéresser à l'opération et de la soutenir.

    Les organisateurs, bien évidemment, ont fait des demandes de subventions aux deux départements et à la région, qui se chiffraient au niveau de 15 mille francs (pour un budget total de 250 mille francs). Ce n'est pas la peine de leur reprocher de ne pas pouvoir donner un coup de pouce et de faciliter la tâche de montage du convoi. Il va sans dire que l'opération se fera sans cette aide qui était plus symbolique qu'une nécessité absolue: au lieu d'avoir un repas chaud, un soir les convoyeurs margeront des sandwichs et ce n'est pas grave. Il n'est pas possible, non plus, de reprocher à des élus ou administrateurs de ses organismes de ne pas vouloir s'associer à une opération qui sauvera peut être quelques vies très loin de la leur circonscription.

    Par contre, il est tout à fait légitime de dire à ces élus, que si pendant 6 mois près de 20 jeunes français parmi les plus "désespérés", "pommés" et dures de leur région et de leurs départements, étaient occupés et motivés par un projet valorisant et socialement reconnu, et ont fait un peu moins de bêtises ou d'actes délinquants, il n'y a aucun mérite des Commissions spéciales de ces Assemblés qui ont passé les même 6 mois à parler des programmes d'insertion des jeunes en grandes difficultés. Ce qui est grave aussi, c'est que l'on peut facilement gaspiller des millions de francs à des opérations sans retour social et refuser 10-15 mille francs pour aider un projet tout petit, mais très concret.

    Mais c'est la philosophie de la vie avec toutes les questions et probabilités éternelles: est-t-il mieux à un moment donné accorder 1 franc symbolique qui reportera peut être l'éventualité d'une agression dans le métro, ou se payer une bouteille de champagne de luxe à 400 francs qui provoquera une crise de foi?

    Les Conseils municipaux des villes de Valence, Romans, Pierrelatte et Chambéry, en vertu de la proximité peut être, ont mieux ressenti l'importance de cette action qui a occupé les 20 jeunes de leurs quartiers "chauds". Et quant leur petits budgets ne pouvaient pas répondre entièrement à une demande survenue trop tard, ils ont trouvé la manière de l'aider le projet.

    C'est comme cela que la petite ville de Romans a prêté gratuitement une camionnette municipale pour le convoi en plus des mêmes 15 mille francs que l'Assemblé de la deuxième région économique de France n'a pas pu trouver.

    La ville de Chambéry a rajouté à l'argent encore sa bonne volonté en proposant aux organisateurs d'autres partenaires, et notamment une Association des demandeurs d'emploi.

    2.2.4. Association CAP-Emploi.

    C'est effectivement M. Jean BAUD, Adjoint au Maire de Chambéry, chargé de l'économie, de retour de Zélénograd, ou il a conduit un groupe de 25 personnes en août 1992, qui a branché l'Association "CAP-Emploi" de Chambéry sur le projet.

    C'était déjà en septembre dernier, en pleine préparation du convoi, que ce partenaire a surgi. Il s'est révélé comme partenaire assez efficace et qui a parfaitement compris l'esprit et la philosophie du projet, en appliquant les principes cités ci-dessus.

    Pour CAP-Emploi la participation à l'opération donnait la possibilité d'entretenir et de développer les capacités des demandeurs d'emploi à gérer un projet par une action concrète auprès des entreprises locales, par le développement des relations avec différents partenaires, par une escapade internationale des impasses psychologique de la recherche d'emploi dans la même espace et d'une monotonie quotidienne des échecs répétés, par une action d'information économique avec des industriels et commerciaux russes de Zélénograd.

    Très rapidement ils ont engagé une démarche de prospection auprès des entreprises régionales et obtenu le plus choquant succès: un prêt gratuit d'un camion semi-remorque TIR de 38 tonnes avec chauffeur pour le convoi par une entreprise internationale de transport.

    C'est eux également qui ont convaincu une télévision régionale de couvrir cet événement et de leurs prêter une équipe avec tout le matériel nécessaire pour filmer pendant toute la durée de l'opération.

    CAP-Emploi a parfaitement compris qu'une opération humanitaire pourrait créer des liens qui après déboucher sur des projets purement économiques, donc sur la création d'emploi.

    Ici nous serons obligés d'arrêter notre présentation des partenaires français pour passer à l'autre partie.

    Sommaire


    2.3. Principaux partenaires et bénéficiaires dans les pays de l'Europe de l'Est


    Comme pour la partie française, les partenaires sont nombreux du côté des pays de l'Europe de l'Est. Le projet initial prévoyait uniquement la ville de Zélénograd comme bénéficiaire de cette opération; mais avec le temps, les nouveaux partenaires français cette idée a subi d'importants changements. Entre autre, le projet a été élargie à la ville d'Oudomlya de la région russe de TVER-SUR-VOLGA, à la Pologne et à la République de Biélorusse. La liste des principaux partenaires et bénéficiaires de l'opération dans les pays de l'Est, qui n'est non plus exhaustive, se trouve en annexe n°5. Ici nous aimerions présenter quelques-uns de ces partenaires.

    2.3.1. District Administratif de Zélénograd de la ville de Moscou

    Le 10-ième District administratif de la ville de Moscou est toujours la principale destination du convoi, car la majeure partie du chargement est destinée à ces établissements médicaux et pour enfants. Cette ville a été choisi aussi avec un certain égoïsme, puisque c'est là que des initiateur de l'opération ont trouvé leurs attaches humaines et professionnelles.

    - Société Intergrad.

    Intergrad est une des 3500 PME privées qui se sont crées à Zélénograd les 2 dernières années avec l'apparition des lois facilitant la création rapide des sociétés de formes différentes.
    Cette Société à responsabilité limitée (S.A.R.L.), créée par 3 associés en avril 1992, a comme activités le conseils en relations internationales, études des marchés locaux et étrangers, aide à la prospection des entreprises russes à l'étranger et des entreprises étrangères en Russie et dans d'autres pays de la CEI, formation, échanges linguistiques, communication, tourisme international et toutes sortes d'interfaces entre des partenaires russes et étrangers.
    Récemment la S.A.R.L. Intergrad a été réorganisée en Groupe Intergrad qui a réuni deux Entreprises privées unipersonnelles à responsabilité limitée (E.U.R.L.): Intergrad-Lingva et Intergrad-Consulting.
    Principal client - la Préfecture de Zélénograd. Principal marché - la région Rhône-Alpes en France.
    Bilan essentiel des activités - développement de tous les projets du District dans la direction de la France depuis 2 ans, pratiquement elle est devenu le département international de l'Administration locale (en illustration, voir l'annexe n°1).
    Intergrad est le principal promoteur et sponsor du projet du côté russe, car cette Société privée a effectué la plus grande partie de la promotion et de la réalisation du projet gratuitement et à la place de la Préfecture de Zélénograd, et elle a offert une partie des aires de jeux en bois aux municipalités françaises qui ont soutenu l'opération.
    Ayant fait la plus grande partie du travail d'organisation à la place de l'administration locale, Intergrad a tenu être le coordinateur et le destinataire officiel du convoi, avec l'Association Russie-France.

    - Association d'Amitié Russie-France de Zélénograd.

    Créée en juillet 1991 et officiellement agrée par le Ministère de la justice de la Russie en juillet 1992 (n° 1470 dans le Registre des Associations de la Fédération de Russie), cette Association à but non lucratif, a comme objectif la promotion et le développement des relations d'amitié et la coopération entre la Russie et la France dans les domaines culturels, éducatifs, sportifs, mais aussi économiques.
    Parmi les créateurs et membres de son Conseil d'Administration: les représentants de la Société Intergrad, de la Préfecture de Zélénograd, des écoles secondaires du District où est enseignée la langue française, des principaux établissements culturels de la ville, des principales entreprises, etc.
    Actuellement compte déjà près de 1000 adhérents à Zélénograd.
    A organisé plusieurs échanges et visites des délégations de Zélénograd en France, ainsi que l'accueil de plusieurs délégations françaises à Zélénograd. En août 1992 s'est jumelée avec l'Association d'amitié France-Russie de la Savoie et de Chambéry.
    Participe activement à l'accueil du convoi en Russie, en organisant un voyage des jeunes chambériens pour Noël, et le programme culturel du séjour des convoyeurs à Zélénograd.

    - Préfecture de Zélénograd.

    Nouvelle administration locale, mise en place comme une structure exécutive provisoire, correspondant au nouveau découpage administratif de Moscou en 1O Districts par la décision du Maire de la capitale russe et soviétique à l'époque en juillet 1991, en remplacement des Comité exécutifs des Soviets des 33 Arrondissements de la ville n°1 du pays, en les dépouillant de toute influence sur cet outil d'application des réformes, qui a été mis sous l'autorité directe du Maire de la capitale de Russie. Une procédure un peu douteuse, qui a été confirmée assez tardivement par le Président de la Fédération de Russie Boris ELTSINE (seulement à la fin de l'année 1991),
    Est dirigée par un Préfet, faisant automatiquement partie du Gouvernement (Mairie) de Moscou et nommé directement par le Maire, qui nomme également les Adjoint au Préfet sur la présentation des candidatures par celui-ci. Le territoire de la Préfecture est divisé en cantons (5-7) qui sont dirigé par les Sous-préfets, nommés par le Préfet.
    Cette création représente un mélange étrange et assez troublant du droit continental, anglo-saxon et bolchevique, puisqu'elle coexiste plus ou moins pacifiquement avec des Collectivités locales élues sous la forme des Soviets, qui ne sont pas déchus, restent toujours officiellement comme pouvoir législatif, mais sont dépouillés de tout pouvoir réel, ce qui rajoute beaucoup à la coquetterie de la situation.
    L'appareil de la Préfecture est composé pratiquement à l'ancien modèle et par les mêmes personnes à quelques exceptions près, mais qui pour la plupart essaient sincèrement et consciemment faire leur travail.
    Le Préfet de Zélénograd, Monsieur Alexis ISTCHOUK, ingénieur de formation, ancien apparatchik du Parti communiste, ancien Vice-Recteur de l'École supérieure d'Ingénierie Électronique de Zélénograd, et ancien Président du Comité Exécutif du Soviet local, est un administrateur civil de travail pratique et homme de terrain. Possède une forte personnalité avec une tendance à écraser ses collaborateurs, a beaucoup du bon sens, mais conserve en même temps beaucoup de préjugés et ne sait pas déléguer, c'est pourquoi fait trop de choses lui-même et est très occupé. Un fort caractère et une santé sibérienne jusqu'à maintenant lui permettaient faire face aux stresses et surmenages.
    Le Premier Adjoint au Préfet, chargé de l'économie, M. Sergueï FASTOV, jeune ingénieur et chercheur du secteur électronique, ancien élu du Soviet de Zélénograd et élu de celui de Moscou, est un assez compétent administrateur, mais se perdant dans l'hombre du Préfet qui a trop d'influence sur lui.
    Madame Tatiana ZABELINA, ancienne enseignante d'anglais, ex-proviseur d'un lycée, ex-responsable de l'éducation du Comité du Parti et du Comité exécutif de Soviet, est l'Adjoint au Préfet, chargée de questions sanitaires et sociales, d'éducation, de la culture et du travail avec des jeunes en difficulté; préside également la circonscription académique locale et en cette qualité rempli les fonctions d'un Adjoint du Responsable de l'Éducation du Gouvernement (Mairie) de Moscou. Très compétente en administration locale, avec beaucoup de personnalité, et pouvant s'imposer même au Préfet.
    La Préfecture est assez intéressée par l'accueil du convoi (surtout par la possibilité de la récupération politique vis-à-vis de la population de plus en plus fatiguée et irritée par les manques et difficultés), mais jusqu'à la dernière minute ne faisait pratiquement rien de concret pour le faciliter, se déchargeant complètement sur la société Intergrad et l'Association Russie-France. Après la visite d'une mission en voyage de reconnaissance et une récente mise au point assez orageuse et ultimative, s'est enfin réunie pour délibérer sur la question. Cet réunion s'est soldée par la formation, dans la pire tradition soviétique, d'une Commission pour l'organisation d'accueil du convoi, présidée par le Premier Adjoint au Préfet, qui s'est défoncé pour assumer cette responsabilité et faire un bon travail.
    La Préfecture de Zélénograd semble être assez intéressée de développer des programmes d'échanges avec la France et de formation de sas cadres. Pour cela elle partie prenante de toute continuation du projet.

    - Hôpital central n°3.

    L'hôpital central de Zélénograd, construit entre 1966 et 1973, est le seul et unique (malgré son énigmatique n°3) établissement médical général de Zélénograd avec la capacité de 1120 lits avec les plusieurs (41 au total) services thérapeutiques et chirurgicaux avec des spécialités variées, avec un service pour les enfants, une maternité, et un service d'ambulances fonctionnant 24 heures sur 24. Il compte 186 médecins spécialistes et généralistes, 560 infirmières, 400 aides-soignantes et personnels administratifs et techniques.

    Toutes les interventions médicales pour les habitants de Zélénograd et des localités avoisinantes, exceptées les opérations sur les bébés, sont pratiquées dans cet établissement sur place. Les patients sont admis soit directement à l'accueil de l'hôpital et de son service d'urgences, soit sur l'envoi des polycliniques (3 pour les adultes et 3 pour les enfants), qui se trouvent dans des quartiers de Zélénograd. D'autre part, pratiquement toutes les grandes entreprises d'État et les instituts des recherches ont leur propre système médical léger sur les lieux de travail, qui peuvent aussi envoyer les malades à l'hôpital n°3 de Zélénograd. Près de 25 mille personnes y sont soignées chaque année.

    Il a sa propre pharmacie qui prépare et gère son stock de médicaments. Et même si cet hôpital se trouve dans la capitale de la Russie, il manque néanmoins de choses parfois élémentaires: les chirurgiens opèrent sans gants de caoutchouc, sans sparadrap; l'hôpital de Zélénograd ressent physiquement la chute brutale des investissements d'État dans l'industrie pharmaceutique de l'ex-URSS et le dérèglements des liens économiques, qui ont comme résultat absence des médicaments les plus courants.

    Cet hôpital administrativement dépend du Ministère central de la santé et du Département sanitaire et social de la Préfecture de Zélénograd, dirigé par Mme Zabélina.

    L'hôpital n°3 de Zélénograd (surtout, sa maternité et son service pour enfants) est le principal bénéficiaire de l'opération "Noël à Moscou".

    - Internat spécialisé n°7 pour des enfants handicapés de Zélénograd.

    Cette institution éducative spécialisée, où se trouvent plus de 200 internes à l'âge de 7-15 ans souffrant des dérèglements psychiques moyens et légers, existe depuis 1984, a comme spécialité l'enseignement adapté aux enfants handicapés avec des retards graves du développement intellectuel. Certains d'entre eux sont abandonnés par leurs parents ou orphelins.

    Auprès de l'internat existe un établissement médical spécialisé en soins psycho-neurologiques de jour (sans hospitalisation) pour des enfants de 3 à 15 ans. Cette polyclinique est en charge du suivi médical spécialisé des enfants de l'Internat n°7, mais aussi de tous les enfants de la ville de Zélénograd. 2 médecins psychiatres, un psychologue et un orthophoniste reçoivent 60 patients journellement.

    Ces deux institutions sont bénéficiaires de l'action non seulement au niveau des médicaments, mais également pour recevoir des jouets, des vêtements pour enfants et de légères installations sportives.

    2.3.2. La ville et le département d'Oudomlya de la région de TVER

    Une petite ville cachée au fond des superbes forêts de province russe, se trouvant à 350 km au nord-ouest de Moscou dans la région de TVER (ex-Kalinine sur Volga). Ses 20 mille habitants, déduction faite des 10 mille enfants, travaillent principalement à la Centrale Nucléaire de Kalinine, dont les 2 réacteurs du type VVER, heureusement plus sûres que ceux de Tchernobyl, fournissent énergie pour une dizaine de régions. Ce n'est pas pour autant que cette ville roule sur de l'or.

    Le site d'Oudomlya a été comme celui de Zélénograd fermé aux visiteurs étrangers. Depuis la catastrophe de Tchernobyl, les centrales nucléaires d'ex-URSS se sont ouvertes, puisqu'elles faisaient l'objet des programmes internationaux de réaménagements afin de minimiser les risques d'autres catastrophes.

    C'est au cours d'une des premières visites organisée par Intergrad en juin dernier de la ville d'Oudomlya et de sa Centrale nucléaire par une entreprise française d'ingénierie, implantée dans le site nucléaire du Tricastin, que les représentants de l'administration locale ont émis le désir d'établir des liens directs avec la commune de Pierrelatte dans le Sud de la Drôme.

    Donc, le convoi va relier le Sud de la Drôme, et notamment Pierrelatte, à cette province russe entre lesquelles peut être vont naître de futures coopérations, dont les bases sont déjà jetées dans le domaine du nucléaire par des entreprises françaises.

    - Administration locale.

    Suite à la réforme administrative de Boris ELTSINE, le département et la commune d'Oudomlya sont dirigé par une administration locale - une structure temporaire exécutive, représentant le Président de la Russie et assurant l'application de sa politique sur place dans les provinces et nommée directement par celui-ci. Cette administration a remplacée les Comités exécutifs des Soviets régionaux, départementaux et locaux, les mettant sous l'autorité directe du Président de Russie.
    Selon les règles modifiées récemment, le Président dorénavant nommera uniquement ses représentants dans des régions et c'est ceux-ci qui auront le droit à leur choix d'investir de pouvoir les chefs des administrations locales.
    En pratique, la plupart des dirigeants de ces nouvelles structures administratives sont restés les mêmes, qui est le cas de M. Vladimir PLECHAKOV, ancien Président du Comité exécutif du Soviet local.
    Comme pour le cas de Zélénograd, l'administration locale d'Oudomlya aimerait développer

    - Hôpital Central de la ville et du département d'Oudomlya.

    L'hôpital central de cette ville départementale russe, qui se trouve à mi-chemin entre les deux grandes capitales de Russie - Moscou et Saint-Pétersbourg, manque des choses les plus élémentaires. Il sera un des bénéficiaires de l'opération du convoi humanitaire.

    - Polyclinique de la Centrale Nucléaire de Kalinine.

    Cet établissement médical spécialisé assure le suivi quotidien des employés de la Centrale, mais surtout des 400 malades, dont 100 enfants, victimes de la catastrophe du Tchernobyl. Les Pharmaciens sans frontières se sont engagés de leur fournir des médicaments spécifiques pour traitements des maladies, causées par des irradiations.

    2.3.3. Évêché de Bialystok en Pologne.

    C'est en cherchant des relais et des points de chutes sur le parcours du convoi, que les partenaires savoyards ont fait connaissance de l'Abbaye de Fréjus, qui avec des scoutes de France avait déjà organisé plusieurs convoi un peu partout dans le monde, et notamment en Pologne. Il s'est engagé d'organiser un hébergement gratuit pour le convoi au séminaire catholique de Bialystok non loin de la frontière biélorusse, et a demandé de transporter là-bas quelques chargements pour des enfants des paroisses de l'évêché. Une camionnette spéciale sera donc destinée pour ses bénéficiaires. Et malgré le nom symbolique de l'opération "Noël à Moscou", en réalité le convoi va passer cette fête en Pologne.

    2.3.4. Ambassade de France à Minsk.

    De même, en passant par la Biélorussie le convoi va déposer à la demande des Pharmaciens sans frontières quelques mètres cubes de charge à Minsk, où l'Ambassade de France nouvellement créée va assurer leur distribution aux bénéficiaires locaux.

    Sommaire


    3.1. Phase de lancement du projet.


    Le 7 mai 1992 a été rédigée la première lettre officielle, adressée par M. Floréal SOLER au Préfet de Zélénograd en lui proposant effectivement de réaliser une opération en direction de son District administratif. Cette lettre marque le début de la préparation du convoi.

    3.1.1. Contacts de la partie russe pour le recensement des bénéficiaires et des besoins.

    Les lettres mettant encore aujourd'hui 2-3 mois avant d'arriver, les photocopies ayant du mal à passer suite à la qualité précaire des lignes, les liaisons téléphoniques quasiment impossibles à obtenir à cause du nombre très réduit de ces lignes internationales, il a fallu que le Président d'Intergrad fasse un voyage éclaire en Russie pour rencontrer le Préfet de Zélénograd et ses Adjoints concernés par le projet, et leurs a remettre en main propre cette proposition française. Et tout compte fait, en termes de temps, les 3 heures de vol entre Paris et Moscou valent le trajet en TGV entre Paris et Valence ou Chambéry.

    La proposition de la DDPJJ 26, une fois expliquée et comprise, a été accueillie avec beaucoup de joie par les autorités de Zélénograd. Il faut bien le noter que ce projet ne leur demandait pratiquement rien comme travail et risquait d'apporter une aide précieuse pour alléger les problèmes d'approvisionnement. Le Préfet a quand même émis quelques doutes quant à la faisabilité du projet en temps limité, mais toute fois a bien donné son accord officiel.

    Il a demandé à son Adjoint Mme Zabélina de contacter rapidement des établissements concernés et d'obtenir des listes officiels des besoins chiffrés en médicaments et en matériel. Ce travail a été fait avec la rapidité exemplaire et à l'occidentale - en 2 jours.

    Lors d'un deuxième voyage éclaire en Russie dans les jours qui ont suivis, la liste des bénéficiaires a été élargie aux établissements médicaux de la ville et du département d'Oudomlya, dont les administrations un peu plus motivées que les autorités de Zélénograd, puisque moins gâtées en province, ont réagi avec la même rapidité et précision pour établir le bilan des besoins urgents.

    Ces réponses ont permis déjà au début du mois de juin d'évaluer en gros des besoins de la partie russe et d'envisager des contacts et démarches à faire auprès des partenaires français.

    3.1.2. Évaluation des besoins et prise de contacts avec des partenaires pour le montage du projet.

    Puisqu'il s'agissait principalement des médicaments, le partenaire automatique et de taille s'annonçait par la logique des choses - Pharmaciens sans frontières (PSF), dont un des responsables M. Minonzio, habitant et travaillant à Romans, avait déjà entretenu des relations privilégiées avec la DDPJJ 26 pour les opérations antérieures.

    La DDPJJ 26 mettant à la disposition du convoi un camion de 19 tonnes, une camionnette de 3,5 tonnes et des véhicules légers de liaisons, et les PSF s'engageant de les remplir, le minimum de l'opération était déjà assuré en principe.

    La DDPJJ 73 étant mis au courant du projet, a aussi manifesté son désir d'y participer et mis assez rapidement une cellule pilote pour sa préparation.

    M. Fastov et Mme Zabélina se sont déplacés en France fin juin - début juillet pour des visites et des rencontres, organisées par Intergrad, dont une partie concernait le projet du convoi.

    Ils ont été reçus dans la Drôme par le Préfet, le Vice-président du Conseil Général, le Maire de Romans, d'autres élus de Valence et de Romans, le Directeur de la DPJJ 26 et son adjoint, le représentant des PSF, etc. Les modalités pratiques de réalisation de l'opération ont été discutées. Certaines discussions ont abouti sur des propositions concrètes de la mise en œuvre des programmes de formation des personnels sociaux de Zélénograd en France (notamment avec le Conseil Général de la Drôme, la Mairie de Valence et la PJJ).

    Dans le Savoie les responsables d'administration locale de Zélénograd ont eu des rencontres à la Mairie de Chambéry, à la DDPJJ 73 et à son COAE, au Conseil Général de la Savoie.

    Mme Zabélina s'est déplacée à Paris pour rencontrer des responsables nationaux de la PJJ au Ministère de la justice, qui lui ont assuré leur soutien pour le projet et fait des propositions quant à la possibilité des stages et de la formation dans le Centre de Vaucresson, et dans d'autres services déconcentrés.

    Le Ministère de la justice apportant une contribution principale au montage financier du convoi, sa faisabilité ne faisant plus de doute. Cela a permis de mener sereinement le travail de recherche d'autre partenaires et des subventions pour améliorer les prestations et les conditions matérielles de la réalisations du projet.

    La presse locale a largement suivi ses visites des responsables locaux russes, ce qui a permis de faire la première présentation publique du projet.

    3.1.3. Montage financier du convoi.

    Le budget prévisionnel de l'opération s'élevant à 250 mille francs pour les deux départements, le Ministère de la justice ne pouvait pas le prendre en charge dans sa totalité. Il faillait donc chercher d'autres sources de financement. La stratégie employée était de divisée ce budget en plusieurs petites parties et de demander la participation aux frais à de nombreux partenaires qui était directement concernés ou indirectement intéressés par le projet.

    Finalement cette stratégie a donné de résultats satisfaisants, excepté le problème du désistement complet des deux Conseils Généraux et du Conseil régional Rhône-Alpes.

    3.1.4. Composition du groupe et esprit d'équipe.

    Avec les Associations "Belle étoile" d'Albertville et "CAP-Emploi" de Chambéry la liste des participants actifs à l'opération est devenue complète. Des réunions régulières ont permis de se connaître mutuellement, et de se faire connaître en invitant les représentants de la presse locale à des rencontres les plus importantes.

    Bien évidemment, quelques coéquipiers ont quitté l'ensemble du groupe en cour de route, principalement certains jeunes à Valence et chômeurs à Chambéry, qui n'ont pas pu respecter le minimum des règles imposées. La philosophie du projet l'avait prévu: l'opération donnait la chance à toute personne désorientée de se mobiliser pour une action collective et pour une aventure individuelle, mais n'était en aucun cas imposée ou obligatoire. Contenant un certain attrait et intérêt, étant parfaitement ouverte à toute bonne volonté, elle se réservait quand même le droit de priver de la récompense d'y participer des personnes qui faisaient pas d'efforts pour respecter les autres et se respecter soi-même.

    Sommaire


    3.2. Voyage de reconnaissance - vision des pays de l'Est.


    Le voyage de reconnaissance était une étape très importante du projet, car il devait donner des éléments de réponse à des questions pratiques de faisabilité de l'opération en fonction de l'état des routes, de la sécurité du parcours, des repérages des points d'hébergement et de ravitaillement en carburant, des formalités administratives, douanières et policières.

    Il s'est déroulé entre le 20 octobre et 1 novembre 1992 et a été réalisé par une équipe de 3 coordinateurs du projet en deux véhicules légers en étapes suivantes:

    La partie du voyage à travers la France et les anciens Länder de l'Allemagne Fédérale ne représente aucun intérêt particulier, puisque ces les pays bien ravitaillés, parfaitement desservis par des réseaux autoroutiers et hôteliers, tout à fait prévisibles à partir d'un bureau avec une bonne carte.

    Par contre, la traversée des pays ex-socialistes était intéressante non seulement du point de vue purement pragmatique de préparation du convoi, mais aussi comme un moyen d'observer des changements qui s'y opèrent depuis quelques années.

    3.2.1. Étape d'ex-Allemagne de l'Est: l'armée française assure le relais.

    Le point qu'on remarque tout de suite actuellement en traversant l'ex-Allemagne de l'Est c'est des travaux routiers pour élargir tout le réseau des autoroutes, améliorer leur qualité. L'importance de l'effort économique et des investissements dans la reconstruction des nouveaux Lander se fait ressentir presque physiquement.

    Du point de vue pratiques, ces multiples travaux vont certainement représenter une difficulté pour le convoi, car souvent la circulation est canalisée sur une seule voie de 2 mètres de large et la vitesse limitée à 50 kilomètres à l'heure. Prévoyant un ralentissement du rythme du convoi, on a décidé de prévoir le deuxième "point de chute" au niveau de Berlin.

    Le réseau hôtelier étant relativement restreint dans cette partie du pays et le budget du convoi ne pouvant pas supporter des frais des grands hôtels touristiques, nous avons opté pour un moyen de substitution ingénieux: les collègues de la DDPJJ 73 ont trouvé la possibilité de contacter l'Armée française en Allemagne et d'obtenir l'autorisation de passer une nuit dans des casernes à côté de Berlin. Le Ministère de la Défense s'est révélé un partenaire coopératif et efficace.

    3.2.2. Pologne: église omniprésente et puissante.

    Le premier point ce lequel on risque de buter vraiment: le passage de la frontière entre l'Allemagne et la Pologne. Nous avons constaté nous même, et avons reçu des confirmation d'une patrouille de la gendarmerie militaire russe, des filles d'attentes des camions pouvant aller jusqu'à deux jours, avec une régulation spontanée des routards et avec un arrière-goût mafieux, allant jusqu'à l'arnaque et des taxes sauvages à payer pour se frayer le passage.

    Il y aura certainement la nécessité de contacter les Ministères des affaires étrangères français, allemand et polonais pour trouver une solution à ce problème.

    L'état de routes en Pologne sur le parcours du convoi est tout à fait satisfaisant; pas d'autoroute, mais une nationale à deux fois 1,5 voie et l'extrême courtoisie des conducteurs qui partout se rabattent sur cette demie voie quand il faut laisser passer.

    Le nombre impressionnant des stations services et motels en construction tout le long des principales routes. On voie l'effort du pays de se rendre plus facilement accessible et accueillant pour des touristes étrangers - un des moyens de relance de l'économie nationale.

    Aussi impressionnant le nombre de nouvelles églises construites dans la grande majorité des localités, la richesse frappante desquelles contraste avec la pauvreté relative des villages et des gens. Ce même sentiment encore plus renforcé par l'accueil dans le séminaire de Bialystok de son évêque. L'aisance matérielle est très visible. L'influence aussi, car un prêtre annule spontanément un cours de soir d'anglais pour 20 personnes, quand nous lui demandons l'adresse exacte du séminaire et nous accompagne lui même deux quartiers plus loin.

    Un relais d'étape impeccable pour le convoi: des dortoirs confortables et bien chauffés avec tout le confort, des chambres individuelles pour des responsables.

    Encore une surprise: monseigneur est enchanté quand il apprend qu'on peut parler russe, passe sans hésiter à cette langue pour continuer la discussion et pour se venter d'avoir 4 séminaristes qui viennent de Moscou et Minsk. Sa gentillesse va jusqu'à nous préparer des lettres de recommandation pour le prêtre de la paroisse, qui nous faciliterait le passage de la frontière à Kouchnitsa, et a son homologue de l'évêché de Grodno.

    3.2.3. CEI: Biélorusse et Russie - étape casse-tête de l'opération.

    L'étape casse-tête c'est le moins qu'on puisse dire, 1200 kilomètres à faire dans des conditions suivantes:

    Partout sur la routes des gamins avec des jerricanes proposent en dollars de l'essence: si en Pologne on construit une station-service privée, ici on préfère voler l'essence ou l'acheter à des prix peu élevés d'État pour la revendre un kilomètre plus loin 10-100 plus cher;

    C'est sur cette route-là qu'on réalise le niveau des contradictions et du désarroi des pays en recherche d'une autre identité et d'une autre voie. Vacance de pouvoir et la loi de la jungle, vie au ralenti, montée des nationalismes et de la criminalité, morosité générale et le capitalisme sauvage en pleine effervescence. Et en même temps des gens accueillants et généreux, des biélorusses qui à la base ne font toujours aucune différence entre peur république et la Russie.

    3.2.4. Accueil du convoi en CEI - épreuve décisive pour l'administration locale de Zélénograd.

    C'est bien une épreuve décisive pour l'Administration locale, parce que c'est son tour de faire des preuves de motivations et d'organisation. Car c'est principalement elle qui doit résoudre le casse-tête de l'étape de la CEI. D'abord, parce que ouvrir la porte et faire rentrer quand -t-on vous apporte des cadeaux, c'est la moindre des choses. Et d'autre part, l'administration locale sur parole ne voulait absolument se sentir humiliée par l'assistanat, et cette belle étape lui donnera toutes les possibilités de perdre des complexes et de faire son propre apport à la réalisation de l'opération.

    Nous ne voudrions pas cacher que le Préfet de Zélénograd n'était pas réellement près à ce que la question se pose en ses termes. N'y croyant pas trop à la possibilité pratique de la réalisation de ce défi, il était pris au dépourvu, se voyant confronté à une étape assez difficile et compliquée.

    Il s'est quand même assez vite ressaisis, et a méticuleusement noté toutes les questions d'organisation que les coordinateurs du projet ont posées devant la Préfecture de Zélénograd:

    La mission de reconnaissance a promis de lui concrétiser ces demandes dans la semaine qui suivrait, et le Préfet s'est engagé de répondre aussitôt. D'autre part, il a demandé à la société Intergrad de lui donner quelqu'un en aide.

    L'Association CAP-Emploi a, de son côté, demandé au Préfet de Zélénograd l'autorisation de profiter de l'arrivée du convoi pour organiser une exposition des entreprises régionales d'une cinquantaine de mètres carrés de superficie, ce qui devrait permettre de se faire connaître en Russie à quelques PME/PMI qui ne pourraient jamais seules réaliser une opération de prospection à l'étranger, et à CAP-Emploi - de couvrir les frais de participation au convoi. Une convention tripartite (jointe en annexe n°2) a été signée pour donner au CAP-Emploi la possibilité de commencer sa prospection dès la rentrée en France en ayant des garanties officielles de la partie russe.

    Sommaire


    3.3. Phase finale de préparation de l'opération


    La mission de reconnaissance sur place a permis de mesurer le travail qui reste à faire, de mieux comprendre le rôle de chacun dans cette phase finale de l'opération, de réaliser les difficultés pour mieux s'y préparer et pour pouvoir les surmonter.

    3.3.1. Composition définitive du convoi et de l'équipe.

    Avec un léger retard sur le rétro planning prévisionnel les responsables devaient d'abord décider de la composition définitive du convoi et de l'équipe: il fallait demander des autorisations de départ de l'hexagone pour des véhicules administratifs et des jeunes suivis par la PJJ, faire des demandes de visas, des démarches de facilitation des passages de frontières, etc.

    Il a été décidé que le convoi va se composer de 10 véhicules et 36 accompagnateurs, dont 17 jeunes en grandes difficultés (des listes sont jointes en annexes n°5 et n°6).

    3.3.2. Calendrier définitif de l'opération.

    Pour pouvoir travailler sur les détails pratiques d'accueil du convoi, le calendrier définitif prévisionnel a été arrêté:

    3.3.3. Collecte des chargements.

    Puisque la liste des véhicules a été arrêtée, cela a permis de définir les poids et les volumes des chargements et des destinations définitives pour chaque chargement. Des PSF avec leurs 4 antennes nationales ont commencé à rassembler physiquement les stock et en ont fourni la première liste, jointe en annexe n°2.

    Les Associations CAP-Emploi, Espace rive droite, et France-Russie ont commencé des collectes des jouets et des vêtements.

    3.3.4. Démarches administratives.

    La société Intergrad a préparé et déposé les demandes de visas pour les participants aux convoi en ayant reçu l'assurance du Consulat de Russie à Paris de traiter ces demandes avec toute la bienveillance possible et de délivrer les visas dans les meilleurs délais. Normalement, le 10 décembre ils seront prêts.

    Tous les papiers des personnes et des véhicules ont été traduits en russe et envoyés par télécopie en Russie pour permettre la préparation d'accueil du convoi sur place.

    3.3.5. Préparation de l'accueil sur place.

    Après un mutisme et une inactivité assez étonnants, vu l'importance du projet, les refus répétés du Préfet ISTCHOUK de recevoir des représentants d'Intergrad pour discuter des modalités techniques d'organisation d'accueil du convoi en CEI, ce qui a causé une nécessité de relances insistantes et même d'un ultimatum, la Préfecture de Zélénograd a commencé à réaliser un certain nombre de mesure pratiques.

    Le Premier Adjoint au Préfet de Zélénograd s'est déplacé à Minsk les 2, 3 et 4 décembre 1992 pour résoudre avec des autorités locales des problèmes matériels. D'autres questions ont été réglées sur place à Zélénograd, notamment l'envoi d'un camion-citerne pour le ravitaillement des véhicules en gasoil.

    3.3.6. Médiatisation de l'événement.

    L'avant-dernière conférence de presse a été organisée à Chambéry le 01.12.92. pour faire le compte-rendu de la préparation du convoi.

    Sommaire


    3.4. Acheminement du convoi.


    3.4.1. Organisation des départs.

    Nous ne nous sommes pas trompés en écrivant "des départs". Puisqu'il y en aura plusieurs.

    Pour permettre aux télévisions de bien couvrir l'opération, on va organiser des départs fictifs qui seront filmés en différé, mais montrés à la télévision 8 Mont-blanc le matin même du vrai départ comme s'il s'agissait d'une émission en direct. Ces "faux" départs nous permettront de rassembler tous ceux qui nous ont aidés dans le montage et lé réalisation de ce projet, leurs rendre hommage et fêter le coup d'envoi avec eux.

    Ensuite il y en aura même plusieurs vrais départs, au moins deux: les deux composantes du convoi partirons simultanément de Valence et de Chambéry, pour se rencontrer à Lyon et continuer la route ensemble jusqu'à Moscou.

    3.4.2. Accueil sur place et répartition des dons.

    Ils vont être accueillis à Zélénograd, si tout va bien et on n'a pas de problèmes ou de complications, le 27 décembre au soir.

    Bien évidemment cela veut dire que le Noël catholique le convoi va passer sur la route, normalement dans le séminaire à Bialystok.

    Le 28 ou 29 décembre on va organiser le pèlerinage des convoyeurs sur la Place rouge et au Kremlin, et après il y aura la cérémonie officielle de l'accueil du convoi à la Préfecture de Zélénograd et dans les principaux établissements bénéficiaires. Un groupe de jeunes avec un camion ira également à Oudomlya.

    Après, en attendant le dédouanement, les convoyeurs passerons quelques jours, y compris la plus grande fête russe - le Jour de l'An, à Zélénograd et à Moscou, en se reposant et en découvrant quelques sites historiques et culturels grâce au programme culturel monté par l'Association Russie-France et des jeunes écoliers de Zélénograd.

    3.4.3. Retour - installation des aires de jeux en bois.

    Le 2 janvier 1993 les jeunes russes et français vont charger les camions avec quelques objets en bois sculpté qu'ils vont ramener en France pour monter dans les squares et jardins publiques, et dans des écoles maternelles des municipalités des villes de Valence, Romans, Pierrelatte et Chambéry.

    Cette opération leur permettra de rester encore branchés sur le projet pendant quelques temps, de travailler ensemble et surtout monter dans leurs villes et leurs quartiers des preuves tangibles de leur projet commun, des souvenirs qui tous les jours leur rappèleront cette aventure.

    3.4.4. Phase de réflexion et d'analyse des résultats.

    En janvier-février les partenaires du projet vont écrire leurs impressions, analyseront l'expérience de chacun, et organiseront des rencontres pour échanger des points de vues, analyser l'opération et peut être concevoir un autre projet pilote.

    Une réflexion pareille va être organisée également en Russie, et notamment à Zélénograd. Ce sera une bonne occasion de faire un bilan d'actions entreprises par la commune, l'Association Russie-France, la Société Intergrad et d'autres partenaires en direction de la France et de la région Rhône-Alpes, analyser des acquis, des réussites, mais également des difficultés et des échecs, en tirer des conséquences, redéployer des forces et concevoir d'autres opérations.


    Paris - Chambéry - Valance - Pozna'n - Bialystok - Moscou.
    Mai - Décembre 1992.

    Sommaire


    ANNEXES


    Annexe n°1 Copies des principaux articles de presse


    1. "Un valentinois à la milice", Les Nouvelles de Moscou, 12.01.91.
    2. "Premiers visiteurs russes", Le Dauphiné libéré Drôme-Ardêche, 17.06.91.
    3. "Des russes sur l'axe Chambéry-Valence", Le Dauphiné libéré Savoie, 10.06.91.
    4. "Une délégation russe à Lyon", Le Progrès, 27.06.92.
    5. "Accueil des russes", Le Dauphiné libéré Drôme-Ardêche, 04.07.92.
    6. "Mise en route", Le Dauphiné libéré Drôme-Ardêche, 30.06.92.
    7. "Une délégation russe en visite", Le Dauphiné libéré Drôme-Ardêche, 05.07.92.
    8. "Des russes à Romans", L'Impartial, Valence, 04.07.92.
    9. "Entre Drôme et Russie", Le Dauphiné libéré Drôme-Ardêche, 01.07.92.
    10."Les prix France-Russie", Le Dauphiné libéré Savoie, 11.07.92.
    11."Des chambériens à la découverte de Zélénograd", L'Essor Savoyard, 02.10.92.
    12."Bilan et perspective de France-Russie", L'Essor Savoyard, 15.10.92.
    13."Des Savoyards passeront Noël à Moscou", L'Essor Savoyard, 30.10.92.

    Sommaire


    Annexe n°2 Copies des principaux courriers du convoi


    1. Lettre de propositions de M. SOLER, DDPJJ 26, au Préfet de Zélénograd, 07.05.92.
    2. Lettre du Préfet de Zélénograd M. ISTCHOUK à M. Soler, 20.05.92.
    3. Traduction de la lettre.
    4. Lettre d'Adjoint au Préfet Mme Zabélina à M. Soler, 20.05.92.
    5. Traduction de la lettre.
    6. Chiffres des besoins de l'Internat n°7, 19.05.92.
    7. Chiffres des besoins de l'Hôpital n°3 de Zélénograd, 19.05.92.
    8. Lettre du Président d'Intergrad M. Jirnov à M.Soler, 22.05.92.
    9. Télécopie du Président d'Intergrad à M. Minonzio, PSF, 13.06.92.
    10. Lettre du Chef d'Administration d'Oudomlya M. Plechakov à M. Soler, 04.06.92.
    11. Traduction de la lettre.
    12. Chiffres des besoins de l'hôpital central d'Oudomlya, 04.06.92.
    13. Besoins de la Polyclinique de la Centrale nucléaire de Kalinine, 03.06.92.
    14. Traduction de la lettre.
    15. Télécopie du Président d'Intergrad à M. Soler, 10.06.92.
    16. Convention tripartite sur l'exposition économique, 30.10.92.
    17. Première liste des médicaments pour des hôpitaux russes, PSF, 17.11.92.
    18. Télécopie de relance du Président d'Intergrad au Préfet Istchouk, 12.11.92.
    19. Télécopie de réponse du Préfet de Zélénograd, 01.12.92.

    Sommaire


    Annexe n°3 Liste des personnalités rencontrées


    Institutions internationales:

    Monsieur LEFEVRE, UNESCO

    Administrations centrales françaises:

  • Miceco
  • Madame Claudine FINKOFF, Chargé de mission

  • Ministère de l'éducation nationale et de la culture
  • Madame LEROI , Directeur des relations internationales

  • Ministère de la justice:
  • Monsieur CHARVET, Directeur de la PJJ
    Madame RENOUX-FAGE, Directeur Adjoint de la PJJ
    Madame Sylvie PERDRIOLLE, Sous-directeur, DPJJ
    Monsieur Michel ALLAIX, Chef du bureau, DPJJ
    Monsieur Denis GUIGNARD, Chef du bureau, DPJJ
    Monsieur LE PENNEC, chargé de mission, DPJJ

    La région Rhône-Alpes (France):

  • Conseil régional:
  • Monsieur Alain MERIUX, Premier Vice-président
    Madame Anne-Marie COMPARINI, Présidente de la commission des relations internationales

  • France-3 Lyon:
  • Monsieur Jean-Pierre BENNECHET, Rédacteur en chef
    Madame Marie Martine CHAMBARD, présentatrice du journal

  • La société "Cité de création"
  • Monsieur Gilbert COUDENE, Gérant

  • Département de la Savoie:
  • Monsieur Maurice PILLET, Directeur départemental de la jeunesse et des sports
    Monsieur Jean BAUD, Adjoint au maire de la ville de Chambéry
    Monsieur Michel ROUX, Adjoint au Maire de la ville de Chambéry
    Monsieur François PEILLEX, Président de la commission n°2 (Affaires sociales) du Conseil Général
    Monsieur Jean FRESSOZ, Membre de la commission n°2 du Conseil Général, Président de l'Association "Savoie Solidarité"
    Monsieur CHOMIENNE, Directeur du Foyer Départemental de l'enfance
    Monsieur GUIGUES, Directeur Départemental de la PJJ
    Monsieur Alain ROCHET, Directeur Adjoint de la PJJ
    Monsieur Fabrice DELECROIX, Responsable de la Société d'Adaptation à la vie active de la Savoie ("SAVA")
    Monsieur Guy MARMET, Directeur de l'École supérieure de commerce de Chambéry
    Monsieur Maurice TISSEUR, Président de l'Association CAP-Emploi
    Madame Véronique PLASSIARD, Stagiaire de l'IRA de Bastia, XIIème promotion
    Le révérend père FREYJOSSE, Association Scouts de France
    Monsieur Lionel TRANCHANT, Association "Belle Étoile"
    Madame Georgette PORTALIER, Présidente de l'Association "France-Russie" de la Savoie
    Monsieur Alain GACHET, Directeur d'agence de la "Banque de la Savoie", Président de l'Association des commerçants "Espace rive droite"

  • Département de la Drôme:
  • Monsieur François LÉPINE, Préfet de la Drôme
    Monsieur Jean-Jacques AIZAC, Vice-président du Conseil Général, chargé des affaires sanitaires et sociales
    Madame VALENTINI, Conseiller du Vice-président du Conseil Général
    Madame Dominique ROBIN, Attaché de communication, Conseil Général
    Madame Annie MAZURAY, Maire Adjoint de la ville de Valence
    Monsieur VOLAND, Premier Adjoint au Maire de la ville de Pierrelatte
    Monsieur Henri BERTHOLET, Maire de la ville de Romans
    Monsieur Pierre PIENIEK, Adjoint au Maire de la ville de Romans
    Monsieur Robert STIVAL, Directeur départemental de la PJJ
    Monsieur Floréal SOLER, Directeur Adjoint de la PJJ
    Monsieur Gérard LUÇON, Directeur de l'Institution spéciale d'Éducation des Chutes la Vie à Marseille, DDPJJ Bouches du Rhône
    Monsieur Pierre MINONZIO, Pharmaciens Sans Frontières

    Pologne:

    Monseigneur OZOROWSKI, l'évêque de Bialystok
    Monsieur Piotre STEPNIAK, Chercheur, professeur à l'Université de Pozna'n
    Major KOVALSKI, Directeur du poste douanier KOUCHNITSA

    Russie:

    Madame Lioubov KEZINA, Responsable de l'éducation au Gouvernement de Moscou
    Monsieur Alexis ISTCHOUK, Préfet de Zélénograd
    Monsieur Sergueï FASTOV, Premier Adjoint au Préfet de Zélénograd
    Madame Tatiana ZABELINA, Adjoint au Préfet de Zélénograd
    Monsieur Vladimir PLECHAKOV, Chef d'Administration locale d'Oudomlya
    Monsieur CHOUPIELYA, Directeur de l'Hôpital de Zélénograd
    Madame KALININA, Directeur Adjoint, Médecin en chef de la Maternité
    Madame Galina PANKRATOVA, chef de la pharmacie de l'hôpital n°3
    Madame PEREVERTOVA, Directrice de la Polyclinique auprès de l'Internat n°7 pour les enfants handicapés
    Monsieur TSCHAPOV, Directeur de la Centrale nucléaire de Kalinine
    Monsieur PITEV, Directeur de la Polyclinique spécialisée d'Oudomlya

    Sommaire


    Annexe n° 4 Liste des partenaires


  • 1. Partenaires français qui participent activement:
  • -École Nationale d'Administration
    -Ministère des affaires étrangères
    -Ministère de la coopération
    -Ministère de la défense
    -Ministère de la justice (DPJJ)
    -DRPJJ Rhône-Alpes
    -DDPJJ Drôme
    -C.O.A.E. de Valence
    -DDPJJ Savoie
    -C.O.A.E. de Chambéry
    -Association intermédiaire S.A.V.A.
    -Association "PHARMACIENS SANS FRONTIIÈRES"
    -Association "France-Russie" Savvoie et de Chambéry
    -Association "Belle Étoile" d'Allbertville
    -Association CAP-Emploi de Chambéry
    -Association des scouts de France
    -Préfecture de la Drôme
    -La ville de Valence
    -la ville de Romans
    -la ville de Pierrelatte
    -Préfecture de la Savoie
    -Direction départementale de l'équipement de la Savoie
    -la ville de Chambéry
    -Association "Espace rive droite"t; de Chambéry
    -télévision "8 MONT-BLANC"
    -lycée VAUGELAS de Chambéry
    -Entreprise de transport BOURGEY MONTREUILL
    -Télévision "France 3 Lyon"
    -Entreprise "La mode de montagne"t;

  • 2. Partenaires en CEI et en Pologne:
  • -Association d'amitié Russie-France de Zélénograd (Moscou)
    -Société INTERGRAD et ses filiales (Moscouu)
    -Télévision éducative de la Fédération de Russie
    -Gouvernement de Moscou, Préfecture du District Administratif de Zélénograd
    -Hôpital central n°3 de Moscou (Zélénogradd)
    -Internat spécialisé n°7 de Moscou pour lees enfants handicapés mentaux (Zélénograd)
    -Administration locale de la ville et du département d'Oudomlya (la région de TVER)
    -Hôpital central de la ville et du départeement d'Oudomlya de la région de TVER
    -Hôpital spécialisé de la centrale nucléaire de Kalinine (Oudomlya)
    -Ambassade de France à Minsk
    -Évêché de BIALYSTOK
    -Soviet Suprême de Biélorusse

    Sommaire


    Annexe n°5 Liste des participants au convoi humanitaire


  • DDPJJ 26:
  • 1. M. Floréal SOLER, Directeur Adjoint
    2. M. Patrick PANISSET, éducateur PJJ
    3. M. André DUMAS, éducateur PJJ
    4. M. Jérôme AUBERT, éducateur PJJ
    5. M. Laurent LAFAYE, sans profession, foyer PJJ
    6. M. Laurent DOMINICI, sans profession, en formation PJJ
    7. Mlle Laetitia VINAS, sans profession, foyer PJJ
    8. M. Alexandre DUBOIS, sans profession, en formation PJJ
    9. M. Karime ZARHI, sans profession, en formation PJJ
    10. M. Jamel BOUZINE, sans profession, de nationalité marocaine, PJJ
    11. M. Ahmed LAMSAADI, sans profession, de nationalité marocaine, PJJ
    12. M. Abdeslam EL MOUSSAOUI, sans profession, de nationalité marocaine, PJJ

  • DDPJJ 73:
  • 1. M. Alain ROCHET, Directeur Adjoint, Directeur du COAE de Chambéry
    2. M. Fabien DUPONT, éducateur PJJ
    3. M. Fabrice DELECROIX, éducateur PJJ, Association ASAVA
    4. Mme Isabelle BENOÎT, infirmière
    5. M. Frédéric CHABIRAND, sans profession, en formation PJJ
    6. M. Frédéric LOUISY, sans profession, en formation PJJ
    7. M. Robert VEYRON-CHURLET, sans profession, en formation PJJ
    8. M. Sylvain HANS, sans profession, en formation PJJ
    9. M. Laurent DELEDICQ, sans profession, en formation PJJ
    10.M. Samuel CHASSAING, sans profession, en formation PJJ

  • Association "Belle étoile" d'Albertville, habilitée PJJ:
  • 1. M. Lionel TRANCHAND, éducateur du foyer de Hauteville
    2. M. Denis CLERS, éducateur
    3. M. Jean-Pierre COINTY, éducateur
    4. M. Michel NICOLAS, sans profession, foyer de Hauteville
    5. M. Damir CASARIN, sans profession, foyer de Hauteville
    6. M. Eric SANCHEZ, sans profession, foyer de Hauteville

  • Association "CAP-Emploi" de Chambéry:
  • 1. M. Jean-Claude CHARAVIL, technicien PJJ, sans emploi
    2. M. Roland ZANARDI, journaliste pigiste, sans emploi
    3. M. Patrick PLAISANCE, journaliste pigiste, sans emploi
    4. Mme Muriel CARLON-SERRES, ancienne lectrice à l'Université de Tbilissi, sans emploi
    5. M. Ljubisa TRIFUNOVIC, de nationalité yougoslave, sans emploi
    6. M. Hervé CHEVALIER, chauffeur poids lourds, entreprise Bourgey Montreuil.

    Sommaire


    Annexe n°6 Liste des véhicules du convoi humanitaire


    1. Camion UNIC, 19 tonnes, PJJ 26
    2. Camionnette FORD, 3,5 tonnes, ville de Romans
    3. Trafic RENAULT, 3,5 tonnes, PJJ 26
    4. RENAULT Master, 3,5 tonnes, DDE 73
    5. RENAULT Master, 3,5 tonnes , PJJ 73
    6. RENAULT Master, 3,5 tonnes, Belle étoile
    7. Camionnette PEUGEOT, 3,5 tonnes, PJJ 73
    8. Camion MERSEDES, semi-remorque, 38 tonnes, Bourgey Montreuil
    9. RENAULT Espace, Belle étoile.
    10. JEEP, CAP-Emploi, véhicule de liaison

    Sommaire