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- Que venait faire Biel ?

- Il est entré. La tête en l'air, l'allure d'un homme fier de lui. Il a dit:"Bojour belle-maman! Comment allez-vous beau-papa ?" Il a pris une chaise, s'est assis en la tournant pour s,appuyer la poitrine sur le dossier. C'était le portrait de l'homme au-dessus de ses affaires...

- Biel était en quelque sorte un dominateur, si je peux m'exprimer ainsi, remarqua Boudedieu.

- Il n'éprouvait d'embarras nulle part, si c'est ça que vous me demandez. " Le beau-père, a-t-il dit, si vous voulez régler à matin, je suis prêt..." - " C'était entendu pour après la noce, lui a répondu mon père. Je veux que tous les enfants y soient. Emma... sers un scotch à Biel, a-t-il ajouté. Tu vois, mon gendre qu'il n'y a rien de mal à respecter les délais..." Biel a raisonné l'affaire à sa façon... Il jurait qu'il accorderait à Martine la séparation, le divorce, à condition que l'acompte soit versé. Je suis intervenu dans la discussion. Biel en fut ennuyé. Il a dit: " Cézère, j'ai pas d'affaire à toé! Martine, beau-papa, belle-maman, c'est O.K... j'en veux pas d'autres de la famille..."- Cézère a affaire à ça ! rétorqua mon père en se levant..." Biel a rétorqué que ses affaires de ménage, ça ne regardait que lui et Martine... La discussion s'envenima. Mon père blêmissait à vue d'oeil... Biel rougissait... " - Alors, pourquoi t'es venu me demander de l'argent si c'est comme tu dis, objecta le vieux." - " J'ai resté vous autres durant trois ans. On a signé un contrat en bonne et due forme..." - " Tu as été logé, nourri, habillé ! ai-je fait remarquer à Biel. C'était pas dans le contrat, ça !" - " Toé, Cézère, pour la dernière fois, ferme ta boîte ! m'avertit Biel sur un ton très agressif. " Peu de temps passa avant que Biel ne se mette à piétiner le plancher..." Mon Dieu! mon Dieu! s'est écriée ma mère." - " Biel, assis toi, commandai-je." J'ai sauté de ma chaise juste à temps pour éviter le verre de scotch qu'il avait lancé en ma direction. Nous avons lutté ensemble. Il était traître... Il m'a pris les deux pouces, et il me les a renversés.. J'ai perdu connaissance.

- Je me suis réveillé avec ça. Monsieur, ajouta Cézère en montrant ses mains ou l'on distinguait un renflement au niveau de l'articulation des pouces.

- Une fracture ?

- Des ligaments déchirés... des articulations en bouillie... Vous savez maintenant, Monsieur, pourquoi mon fils dit que je ne joue plus de piano.

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