Boudedieu entra au bureau un peu en retard, ce matin-là, c'est-à-dire la veille d'aujourd'hui ou de la journée où Martine et Bozo avait passé la journée à la campagne. Il avait préparé quelques effets en prévision du voyage à Pointe-Au-Pic.Lanchard qu'il avait appelé lui avait dit que le donommé Henry Rozengarthner, le chef du personnel du Château,un type dont le père était d'origine allemande, débarqué des sous-marins hithlériens à Romouski, vers 1944, ne pouvait être rejoint avant l'heure du dîner.
- C'est tout un travail que tu m'as confié là, vieux ! dit Lanchard. Appelle ici... Appelle là... Sais-tu que j,ai dû m,adresser à une des grandes compagnies de fiducie pour obtenir le numéro et l'adresse du bonhomme?
- Bah ! ce n'est rien ça, répartit Boudedieu. Moi, j,ai dû appeler à Paris pour avoir une adresse de par-ici.
- Ouais... Si tu te noies, toi, Boudedieu, durant ton voyage, ce sont les pieds qui vont remonter d'abord à la surface...
- Toi, Lanchard, je sûr et certain, même, que ce sera ta tête!À propos, as tu des nouvelles fraîches de Bozo ?
- C'est un gars qui travaille bien. Il m'a appelé pour me dire que le contact avec Martine avait été établi. Il pourra m'en dire plus un peu plus tard.
|
- C'est parfait ainsi.
À la rentrée d'une heure et trente, Boudedieu aperçut son assistant. Ce dernier vint vers lui.
- J'ai obtenu ton rendez-vous. Le monsieur te recevra dimanche, dans l'après-midi.
- Pas dimanche, tout de même, protesta Boudedieu.
- Si, mon bon ami, confirma Lanchard.. L'homme m'a ditqu'à cause de la neuvaine à Ste-Anne qui l'obligeait à voyager tous les jours de la semaine, le dimanche restait la seule date possible. Vois-tu, ça l'air que, la journée du samedi, à cause de la messe qui compte pour le dimanche, vaut pour deux jours de neuvaine.
Boudedieu prit la route vers 10h, le dimanche, par un temps maussade. Depuis la veille, en effet, des cumulus sombres voyageaient dans le ciel bas d'où s'échappaient une fine pluie. La circulation était presque absente duboulevard de la Capitale. Du coin de l'oeil, il apercevait la ville de québec et la silhouette de ses buildings de ciment.Plus loin, l'encombrement du boulevard Ste-Anne devint apparent à partir du village de l'Ange-Gardien. Des autobus, des automobiles, plusieurs portant des plaques minéralogiques étrangèeres, des motocyclettes, toutes ces voitures amenaiet les pèlerins vers la basilique.
Aiux abords du village de Ste-Anne-De-Beaupré, Boudedieu dut réduire considérablement la vitesse de son véhicule. Les gens traversaient le boulevard, à pied, pour se rendre au sanctuaire. Ils se prétégeaient sous de grands parapluies que le vent malmenaient.Il traversa finalement la zone dangereuse et accéda à la côte St-Joachim. Le calme réapparut. Et Boudedieu se remit à penser:" La veuve de Biel avait souligné le faitque son mari avait sa propre automobile. Il avait négligé de l'interroger à ce sujet. Quelqu'un l'avait certainement réclamée... À moins que Juliette l'ait elle-même amené, vu l'état d'ébriété de Biel, la chose devenait plausible... Il avait crû comprendre que Biel n,avait pas d'argent pour payer le souper pris au Manoir. Il ne pouvait décidément aller loin le soir des noces, soit à partir de l,instant où il s'était retiré de la salle de danse après l'altercation avec Gaston...
|