- Quand est-ce qu'a eu lieu la dernière réception dans cet hôtel ? demanda-t-il, en revenant vers la façade de l'édifice.
- C'était... c'était il y a une dizaine de jours...
- À l'occasion de ces noces, sans doute ?
- Oui, c'est bien ça...
- Je remarque equ'il n'y a pas d'espace prévu pour le stationnement...
- Ici, les gens stationnent dans la rue.
- Serait-ce possible qu'une des voitures ait été mise en touage dernièrement ?
- Je n'en ai pas entendu parler...
Le vestibule était immense, flanqué de deux foyers. Des fauteuils y étaient disposés, un peu comme au hasard, de manière à répondre aux besoins des visiteurs fatigués. Contrairement aux meubles qui paraissaient presque neufs, l'état des murs laissait à désirer. La peinture s'écaillait par endroits, certaines planches se disjoignaient, les planchers craquaient...
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Les salles contiguës indiquaient un état de délabrement avancé. Tout penchait: les cadres ornant les murs, les colonnes supportant les plafonds, les plafonds eux-mêmes.
" Un château hanté! " pensa Boudedieu.

Boudedieu imagina les invités de la noce d'Ernest Antoniche. Il vit les flammes dans les foyers, les invités dans les fauteuils, les enfants courant sous les yeux ahuris de la vielle dame...
La salle de danse était rectangulaire, sombre. Le parquet craquait ici plus que partout ailleurs. Les tables, rangées le long des murs, n'avaient pas été complètement nettoyées.
- Y-a-t-til une sortie vers l'arrière du Château ?
- Oui, nous sommes ici dans la partie qui donne sous la balustrade.
- Montrez-moi l'ascenseur.
- Il serait plus prudent d'emprunter l'escalier, Monsieur. On ne sait jamais, à deux...
Ils suivirent un corridor sombre avant de s'engager dans un escalier peu éclairé.
Le premier étage alignait des chambres des deux côtés d'un vaste corridor. Chaque appartement ayant vue sur le fleuve comprenait trois pièces dont l'une permettait l'accès au balcon par une porte-fenêtre.
Le balcon avait été partiellement rénové: des madriers avaient été remplacés... A travers certaines fentes, bouillonnaient, poussées par la marée montante, les eaux du fleuve.
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