Back Forward Table of Contents This Author Return to Homepage

Bilan et contre-bilan (13)


« Les extrêmes se touchent »

Dans les années 30, ce qui a rapproché un Doriot ou un Déat des solutions fascistes à la crise, c'était la confiance en une société organisée par en haut : protectionnisme, classe ouvrière soumise en échange d'un emploi garanti, bourgeoisie disciplinée au profit des grands groupes industriels, cohésion sociale forcée et viable seulement parce qu'inscrite dans une perspective de guerre, économique d'abord, militaire ensuite. Ce capitalisme d'Etat était le programme commun au fascisme et au stalinisme, à cette grande différence près que le bureaucrate stalinien, privé d'autonomie et de la propriété personnelle dont jouit le bourgeois, ne tirait son pouvoir que de son appartenance au parti-Etat.

Si aujourd'hui quelques passerelles se tendent entre le FN et le PCF, c'est qu'existe comme autrefois une parenté paradoxale entre deux formations que tout semble opposer : la promotion sociale des cadres de ces deux partis passe par la conquête de l'Etat ( ce qui les distingue des classes supérieures composant l'appareil des grands partis concurrents ). Les dirigeants du FN et du PC ne peuvent donc qu'aspirer à un Etat national fort ( fort contre la société comme contre les Etats rivaux ), et par là à un autoritarisme idéologique.

S'il y a à dénoncer, ce n'est pas la compromission de responsables du PC avec des personnalités extrême-droitistes, mais les convergences structurelles et programmatiques qui la rendent possible. Sinon l'observation de tels contacts fonctionne comme rideau de fumée masquant les vrais points de rencontre, voire de passage, entre socialisme national et national-populisme, et plus véhémente se fait la stigmatisation, mieux elle dédouane le PC quant au fond.


Back Forward Table of Contents This Author Return to Homepage