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Un Monde Sans Argent : Le Communisme
IV. Au-Delà Du Travail



LA RÉMUNÉRATION

La disparition du salariat suffit à bouleverser les assises de la vieille société. L'obligation de travailler pour survivre disparaît. Le travail cesse d'être un moyen de magner sa vie. Il n'est plus un intermédiaire entre l'homme et ses besoins. Il est directement satisfaction d'un besoin. Par là il cesse d'être du travail. Ce qui pousse à agir cesse d'apparaître comme une nécessité extérieure à l'individu pour devenir une nécessité intérieure : désir de s'occuper, volonté d'être utile. La dissociation entre activité et rémunération, si l'on n'entend pas par rémunération le plaisir que peut procurer concrètement cette activité, doit aller de pair avec une transformation profonde de l'homme. Elle demande des individus responsables de ce qu'ils entreprennent. Elle exige que se développent l'initiative et l'intelligence et que disparaissent l'égoïsme et la mesquinerie.

Il est devenu habituel d'expliquer tous les maux de l'humanité par l'incorrigible nature humaine. C'est connu l'homme est un loup pour l'homme. Cela n'explique rien mais montre dans quel mépris les êtres humains arrivent à se tenir eux-mêmes. Il est le reflet du fatalisme que développe le capital qui réduit l'être humain au rôle de spectateur de son propre développement. '

Vouloir maintenir une quelconque rémunération pour une période transitoire, comme Marx le proposait, sous une forme de distribution de bons proportionnelle aux heures de travail effectuées n'est pas souhaitable. Si le développement des forces productives permet la révolution communiste, aujourd'hui il la permet, celle-ci ne peut différer la pleine application de ses principes. Un système de bons pour rémunérer et ainsi contraindre su travail serait en-deçà de la révolte spontanée des opprimés, de tous ceux qui s'insurgent sans attendre ni pouvoir ni argent ni récompense. Il aurait la sympathie des bureaucrates, des gestionnaires, de tous ceux qui préfèrent contrôler et font agir les autres. Un tel système ne ferait que brider les partisans de l'action et n'arriverait pas à entraîner ses adversaires. Si il faut obliger quelqu'un à faire quelque chose nous préférons la méthode du coup de pied au cul. Elle est plus franche et plus efficace.

Nous ne sommes pas des adversaires irréductibles de l'utilisation de bons. Il serait absurde de laisser des diamants en distribution libre ! Les bons seraient délivrés dans des cas pareils par les autorités habilitées. Lorsqu'il s'agira de biens relatifs à la production le bon sera délivré par un conseil d'usine. Lorsqu'il s'agira de médicaments rares ou dangereux il sera fourni par des hôpitaux ou des médecins... Ces bons ne serviront pas à rémunérer. Ils joueront le rôle que joue aujourd'hui une ordonnance médicale. Leur usage sera déterminé par la nature ou la rareté des biens contre lesquels on les "échangera".

Le plus grand nombre de biens possible, notamment la nourriture, doit être rendu libre et gratuit sous l'égide des comités et conseils révolutionnaires dans des zones passées entre les mains du parti de la révolution ou par des coups de force dans des zones non libérées. C'est la méthode la plus simple, la moins coûteuse, la plus agréable de distribution. Elle est la plus apte à populariser le communisme. Il vaut mieux appliquer cette règle générale quitte à sévir très sévèrement contre les abus que de s'enliser dans des contrôles tatillons et déplaisants lors de la distribution.



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