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Le mouvement communiste
Première Partie : Définition Du Capital 13.

 

VALEUR ET DÉVELOPPEMENT
Le capital est valorisation : pour ce faire, il lui faut accumuler de la valeur, réaliser de la valeur sur le marché. Ce processus s'opère par la confrontation des marchandises et des capitaux sur le marché  [125]. Tout capital est un capital individuel et vit au milieu d'autres capitaux individuels, se définissant et se développant par rapport à eux, contre eux. Cela ne veut pas dire que le capital se détermine par rapport à une personne, à un individu. Le problème n'est pas qu'un individu x ou y le possède ou même le contrôle, mais que lui-même soit une personnalité X ou Y distincte des autres. Ce n'est pas l'individu qui dirige le capital : c'est le capital qui s'érige en individu  [126]. Tandis qu'il dépouille toujours davantage l'homme de sa personnalité, uniformise tout et va jusqu'à salarier les capitalistes, le capital se forge une personnalité propre dont les hommes, y compris ceux qui le «  gèrent », assurent le développement. Les formes de sa personnalité varient selon les cas, selon toutes les variantes possibles de l'entreprise, véritable maître de notre temps : de la petite entreprise familiale au trust d'Etat (voir dans la Deuxième partie le début du paragraphe « Le communisme »). Mais le rapport est toujours le même entre ces unités. Le capital est nécessairement divisé en capitaux opposés  [127]. Bien que dépendantes les unes des autres dans une proportion croissante, ces unités luttent chacune pour elle-même contre les autres, afin de réaliser sa plus-value et de se valoriser du mieux possible en évitant la surproduction. Le capital tente de rejeter la surproduction sur les autres capitaux. Par là, la valeur est destructrice. Elle est contrainte de sous-développer, de ruiner, de maintenir d'autres entreprises, d'autres régions, d'autres pays dans l'arriération et le sous-développement relatif  [128]. C'est une tendance immanente au capital, c'est-à-dire qu'elle existe en permanence à l'intérieur de lui, dès ses origines et jusqu'au communisme. Elle se manifeste de différentes façons selon les époques et les lieux. Aucun développement harmonieux et pacifique n'est possible avec le capital, qui organise le déséquilibre et développe les inégalités.
Non seulement le capital se développe sur le déséquilibre, niais il suppose un déséquilibre dès le début. Il ne peut naître qu'à partir d'une base socio-politique donnée qui lui assure une position de relatif monopole. En effet, le capital ne peut exister que sous la forme d'une masse de valeurs à valoriser. il a donc besoin au départ d'une concentration préalable de valeurs qu'il va utiliser, d'Etats nationaux relativement solides, et disposant d'une supériorité militaire sur le reste du monde. Toutes ces conditions sont réunies par l'Europe -- ou plutôt une partie de l'Europe -- au XVIe siècle : elles sont autant d'ordre géopolitique (Etat) qu'économique et proprement technique.
Ainsi quelques pays ont réussi à atteindre un certain niveau de rapport entre le travail mort et le travail vivant, qui lui permet de commencer à faire de la force de travail une marchandise. L'échange d'une gamme jusque-là limitée de produits industriels et artisanaux (armes, vêtements par exemple) avec d'autres parties du monde a servi à accumuler des masses de valeur, mais aussi à développer le travail mort au point où sa valorisation par le travail vivant va commencer à devenir possible et profitable.
Cette inégalité de départ est alors une condition indispensable à l'industrialisation, mais elle se situe en quelque sorte à l'extérieur de la production. Au contraire, le capital industriel engendre une inégalité de productivité entre la production des pays avancés et celle du reste du monde. Le capital se constitue alors dans quelques pays un monopole industriel inattaquable. L'Angleterre ruine la petite industrie indienne et se la soumet  [129]. Ce n'est qu'avec la crise de 1929 et les difficultés des pays avancés que le monde sous-développé commence à s'industrialiser. Le capital produit et reproduit des inégalités de développement qui lui sont propres. C'est sur la base de l'inégalité des capitaux, de la force de travail qualifiée, de la technique et de la puissance militaire, que se développe le capital, et il suppose nécessairement un tel décalage. Ce qui était autrefois dans une large mesure le produit de conditions « naturelles », géographiques, climatiques, est maintenant avant tout le fait de la loi de la valeur.
La loi de la valeur se manifeste en effet par un même mouvement dans les rapports entre entreprises, entre régions d'un même Etat national, et entre pays distincts  [130]. Mais si la dynamique est au fond la même, son action revêt différentes formes. Car selon les trois plans que l'on vient de citer, la concurrence entre les capitaux individuels joue différemment. Elle y est modifiée par des facteurs « institutionnels », nationaux par exemple  [131]. L'existence d'Etats nationaux est liée à celle du capital (voir Troisième partie : «  Capital et Etat »). Mais le capital ne peut les manipuler à sa guise ; ce ne sont pas pour lui de simples instruments, ou des phénomènes tellement secondaires qu'ils obéissent dès que l'économie le leur ordonne. Ils sont d'ailleurs eux-mêmes des agents économiques, bien qu'ils appartiennent à ce qu'on appelle les « superstructures ». Aussi ces facteurs transforment, non pas la réalité profonde, mais l'action de la concurrence, en modifiant par exemple la mobilité nationale et internationale des éléments constitutifs du capital : capital constant, capital variable aussi  [132].
Si deux entreprises, dans un même pays, fabriquent le même produit, celle dont la composition organique du capital est la plus élevée dispose d'une productivité supérieure : elle utilise plus de capital constant, moins de capital variable que l'autre, et incorpore moins de valeur dans son produit, puisqu'elle emploie moins de force de travail. Les produits de ces deux entreprises tendent à se vendre autour d'un même prix de production (cf. « Le cycle de la valeur »), mais qui s'accompagne d'un transfert de valeur de l'entreprise moins productive à la plus productive. A terme, un tel mouvement conduit à la centralisation du capital, qui fait disparaître les entreprises moins productives au profit des plus modernes. La concurrence crée le monopole, forme modifiée de la concurrence, qui n'en continue pas moins d'exister.
A l'intérieur d'un même pays, il s'opère aussi une concentration du capital dans une région -- ou des régions -- animée d'une dynamique autonome (relativement) par rapport à celles des autres régions. Là encore, c'est le mécanisme de valorisation qui est à la base du phénomène, et tous les efforts des Etats pour modifier une telle situation sont sinon voués à l'échec, du moins accompagnés de peu de résultats. Cependant, le capital se fonde au départ sur un déséquilibre géographique et historique, dû à des facteurs nationaux, ethniques, politiques, etc. Par exemple, l'unification de l'Italie a été effectuée sous la direction du Nord, nettement plus évolué que le reste du pays. Mais après l'achèvement de l'unité italienne, l'écart a subsisté et s'est même creusé entre un Nord moderne et développé et un Sud pauvre, peu productif dans son agriculture, et faiblement industrialisé. L'opposition est bien connue entre une partie du pays développée, et l'autre servant de réservoir de main-d'oeuvre  [133]. Le capital va -- ou reste -- là où sa valorisation est la plus facile, et l'état de fait qui en résulte est irréversible, ou en tout cas difficilement modifiable. Il n'y a pas en effet de structure « dualiste » où l'on aurait d'un côté le développement, de l'autre un non-développement : l'un et l'autre secteur jouent leur rôle par rapport aux exigences de la valeur. Tous deux sont indispensables au capital. Ils ne peuvent se passer l'un de l'autre, dans les conditions sociales actuelles. De même qu'on ne prête qu'aux riches, de même on n'investit que là où les bases (financières, techniques) de la meilleure valorisation possible sont réunies. Le but n'est pas la satisfaction de besoins, mais l'accumulation de la valeur  [134]. C'est pourquoi l'inégalité entre les régions se retrouve dans tous les pays avancés, parfois sous une forme extrême si l'on songe à la puissance économique du pays (cf. le cas des Etats-Unis).
De telles situations n'ont d'ailleurs rien d'inéluctable : mais précisément elles ne connaissent de changements décisifs que si le capital l'exige. Tout dépend des types de production que le capital a intérêt à développer pour se valoriser, et de leur localisation.
Si deux pays produisent le même bien, celui dont la productivité est la plus forte exploite l'autre (selon le schéma du rapport entre entreprises) et éventuellement, si l'écart est suffisamment important, détruit son industrie. De cette façon l'économie européenne a bloqué au XIXe siécle les débuts de l'industrialisation de la Chine, de l'Inde, de l'Egypte, et de bien d'autres pays  [135]. Tombés sous la domination européenne et nord-américaine, la plupart de ces pays sont alors entrés dans un type de relation où ils échangeaient des produits de base contre les produits manufacturés des métropoles. Sans même considérer la contrainte extra-économique et le pillage pur et simple, un tel rapport maintenait les pays dominés dans leur spécialisation et concentrait toujours plus la valeur et l'industrie dans quelques pays. De nos jours, le statut et le lien colonial typique de la période précédant 1929 ont fait place à une situation où les anciens pays coloniaux livrent des matières premières, fabriquent en quantité importante des produits d'industrie légère, et reçoivent des biens d'équipement, principalement depuis les années 50  [136]. On trouve d'un côté un travail plus intensif, plus productif, de l'autre un travail moins intensif, moins productif. Les pays avancés vendent aux pays en voie de développement des produits d'une technologie plus poussée, incorporant relativement moins de valeur. A quantités (monétaires) d'échange égales, les pays développés réalisent un transfert de valeur pour eux-mêmes.
Les pressions politiques existent toujours (cf. les politiques respectives des Etats-Unis et de l'U.R.S.S. dans leur sphère d'influence), mais le plus intéressant est l'exploitation et l'inégalité venant de la nature même de l'échange.
Les échanges entre pays développés sont plus importants que ceux entre pays développés et pays sous-développés. Mais cette ponction de plus-value est extrêmement grave pour ces derniers : si elle ne représente qu'une faible part du revenu national des pays développés, elle constitue en revanche une part très importante de celui des pays sous-développés. Elle n'est donc pas une source importante d'enrichissement des pays développés, mais une source importante d'entrave aux développements des pays sous-développés. Elle renforce surtout indirectement les pays riches, puisqu'elle aide à maintenir les autres dans leur pauvreté et leur arriération.
Pour sortir de cette situation, rigoureusement déterminée par le mécanisme de la valeur, les pays sous-développés n'ont d'autre ressource que de se donner un Etat national et de tenter par son intermédiaire d'opérer diverses pressions sur les pays avancés, ce qui de toute manière ne modifie pas le rapport (strictement lié à la nature même de l'échange capitaliste, donc à la production capitaliste), ou de se développer dans une relative autarcie, ce qui n'est d'ailleurs possible qu'à certains pays, et présente également des limites.
En effet, tout Etat national nouveau suppose un capital national, c'est-à-dire non pas seulement des usines, des matières premières, etc., mais d'abord la capacité de constituer un ensemble cohérent capable de s'opposer aux autres sur le marché mondial. Pour certains produits de base (pétrole), ce n'est pas tant la pression qui est efficace : au contraire, la pression n'est possible que parce que la situation a changé, en faveur du pays peu développé et fournisseur (conditions de monopole, et d'offre/demande). Tout dépend du capitalisme mondial : c'est lui qui accorde des phases où un capital national peut lutter. Mais cela ne change pas le rapport entre le capital -- en tant qu'être mondial impersonnel, et non en le considérant comme une poignée de « magnats » de la finance ou de monopoleurs -- et le prolétariat. De toute manière, la situation actuelle est susceptible de changements possibles dans la répartition des forces à moyen et à long termes. Mais l'une des conditions d'une telle transformation réside dans un changement, peut-être même un bouleversement, de la situation respective des grands pays développés. Cela pourrait se produire par exemple à l'issue d'une grande crise de surproduction où le communisme serait incapable d'intervenir, et qui engendrerait un nouveau rapport de forces à l'échelle mondiale.
Ces mécanismes  [137] expliquent en majeure partie la nature des conflits qui se déroulent entre Etats depuis un siècle, de. puis que le mouvement de formation des Etats nationaux est achevé pour l'Europe occidental (voir Troisième partie : « Capital et Etat  [138] »). En effet, la force du capital et de la valeur s'accompagne toujours de celle de l'Etat lorsque c'est possible  [139]. La violence est elle-même un agent économique. Entre 1871 et 1914, les conflits opposent les pays avancés au monde arriéré, où ils s'imposent directement ou indirectement, constituant de grands empires sur les continents jusque-là restés à l'écart. Les guerres dans les Balkans, qui précèdent la guerre mondiale et lui fournirent un prétexte, marquent l'effondrement des deux vieux empires (ottoman et d'Auriche-Hongrie) incapables de s'adapter, et la montée de jeunes Etats nationaux qui voudraient pouvoir développer leur propre capitalisme (Serbie)  [140]. Les deux guerres mondiales se déroulent principalement en Europe et aboutissent à un repartage du monde, au profit de puissances extérieures à l'Europe de l'Ouest. C'est alors la fin définitive des « empires » à l'ancienne mode, marquée par la perte des colonies et semi-colonies françaises et britanniques après 1945. Le capital constitue des empires mieux adaptés à sa nature, qui tendent non à détruire les limites nationales, mais à les dépasser sans cesse (ce qui montre bien qu'elles existent toujours), avec le phénomène des firmes multinationales, forme beaucoup plus pure de l'impérialisme capitaliste. Depuis 1945 la paix a régné en Europe parce qu'elle a trouvé un équilibre économique relatif et évité jusqu'à présent la surproduction. Contrairement à ce qui avait précédé 1914 et 1939, les Etats européens de l'Ouest ne se sont pas refermés sur eux-mêmes, mais au contraire ouverts les uns aux autres. Les conflits ont donc opposé les Etats nationaux en formation dans le tiers monde aux pays industriels avancés, mais d'une certaine façon ils se sont déroulés aussi entre les grandes puissances capitalistes, luttant pour conserver leur sphère d'influence  [141]. La dynamique de ce mouvement montre la force de la contre-révolution et les efforts du capital pour ne pas donner naissance au communisme. Les deux guerres mondiales étaient le signe que le cercle de l'expansion capitaliste se refermait sur les pays avancés. Après avoir apporté la mort et détruit des sociétés sur tous les autres continents, l'Occident à son tour s'autodétruisait pour subsister en tant que capitalisme. Après 1945, il a réussi à desserrer ce cercle pour plusieurs décennies. Economiquement, il s'est transporté dans les aires arriérées en tant que capital productif et aide à y développer l'industrie (voir plus haut). Militairement, il a évité tout conflit en son sein, et n'a besoin de lutter que contre des pays sous-développés. Mais les difficultés de surproduction se posent à nouveau, et seront d'autant plus délicates à résoudre que le tiers monde se dote d'Etats et de capitalismes nationaux. Après avoir repoussé le cercle, le capital le voit à nouveau se refermer sur lui (sur le mouvement de l'expansion du capital, voir aussi la Troisième partie, du paragraphe « Prolétariat et capital dans la situation actuelle {Remarques} ».
Le capital est destructeur  [142]. Il est toujours à la recherche de ce que Marx appelle un surprofit   [143] , et pour ce faire constitue des monopoles, accroît les inégalités régionales, conduit ou maintient des pays dans la misère. Ce qu'on désigne souvent par le terme d'impérialisme  [144] , recouvrant la période et le processus de domination et d'exploitation des pays arriérés par les pays avancés, n'est qu'une partie d'un mouvement plus ample, inhérent au capital  [145]. La valeur et le capital ne peuvent exister sans exercer leur domination et leur destruction sur ce qui les entoure (y compris d'autres valeurs-capitaux  [146]  ). Ainsi, dans les conditions sociales du monde actuel, un capital national qui se développe dans un pays auparavant colonial ou semi-colonial est contraint de soumettre ses ouvriers et ses paysans à une surexploitation, afin de dégager les ressources lui permettant de résister à la pression du système capitaliste mondial, dont il reste une des composantes. Le capital tend à tout se soumettre, en détruisant ce qu'il faut détruire pour qu'il se valorise au mieux : aussi bien lors. qu'il se tourne vers l'espace non capitaliste (intérieur ou extérieur aux pays avancés), que contre un autre capital (individuel : voir plus haut  [147]  ). On pourrait dresser une double carte illustrant l'organisation du sous-développement par le capital, superposant les oppositions et les inégalités entre pays, à celles entre régions et branches d'activité. Un même mouvement relie les deux phénomènes, bien que les mécanismes ne soient pas totalement identiques : le monde n'est pas un grand pays, il reste divisé en Etats. Et chaque Etat n'est pas lui-même assimilable à un trust d'Etat unique. Mais le capital ne se développe qu'en suscitant des pôles de développement et de sous-développement. Il s'organise comme économie dominante, c'est-à-dire concentrant les richesses et les rythmes élevés de croissance en certains points  [148]. Jusqu'à présent, depuis une cinquantaine d'années, c'est surtout le phénomène de l' « impérialisme » qui a d'abord retenu l'attention, et non les autres manifestations de ce mouvement; ou bien elles étaient analysées et perçues sans rapport avec la dynamique de la valeur. Depuis quelques années, on parle beaucoup des rapports entre pays riches et pauvres, ce qui provient d'un fait éminemment pratique : la montée de nouveaux capitalismes nationaux, et l'internationalisation accrue de l'économie  [149].
L'écart entre les uns et les autres se creuse : les premiers cherchent à réaliser (au sens capitaliste : produire et vendre avec profit) leur richesse par tous les moyens, y compris le gaspillage, les autres en sont encore à la créer.
Avec le développement de la reprise révolutionnaire, ce phénomène peut être replacé dans son cadre plus général, et prendre sa dimension réelle. Il apparaît alors que d'autres manifestations du double mouvement de développement et de sous-développement sont tout aussi importantes, en pratique, donc également en théorie. Par exemple, la centralisation du capital dans les pays industrialisés, et la constitution de monopoles, a permis et a naturellement entraîné un réformisme ouvrier (salaires relativement élevés, entre autres) et par là une division de la classe ouvrière  [150] qui a servi de puissant moyen contre-révolutionnaire, dans les années 20 et depuis. C'est sans doute l'un des facteurs les plus importants de la force des partis et syndicats « ouvriers » (y compris en France).
Le capital est fondamentalement diviseur, mais la constitution de chacun de ses éléments -- y compris la force de travail -- en monopole accentue cette tendance. La concurrence ne se contente plus d'opposer simplement chaque ouvrier à tous les autres, mais regroupe et organise un ensemble d'ouvriers contre les autres (cf. Troisième partie : « Prolétariat et capital dans la situation actuelle {remarques} »). Le réformisme ouvrier devient précisément contre-révolutionnaire lorsque sa fonction essentielle est d'assurer cette division, au profit du capital, à l'intérieur même de la classe ouvrière (tandis qu'autrefois le capital agissait surtout de l'extérieur, opposant le prolétariat à la paysannerie ou à la petite-bourgeoisie : cf. les journées de juin 1848). La reprise révolutionnaire (voir Troisième partie) et les mouvements sociaux dans les pays avancés obligent à voir l'ensemble du mouvement de la valeur et de ses effets destructeurs, dont l'exploitation des pays et aires arriérés n'est qu'un aspect, important certes, mais certainement pas unique.
[125] Sur le rôle de la concurrence, cf. Marx, Fondements de la critique de l'économie politique (Ebauche de 1857-1858), En annexe : travaux des années 1850-1859, Trad. par R. Dangeville, t. I, Anthropos, 1967., p. 279.
[126] Lettre de Marx à Engels, 1851, Correspondance Marx-Engels, Publiée par A. Bebel et E. Bernstein, Trad. par J. Molitor, t. II, A. Costes, 1947., p. 247.
[127] « Le capital n'existe, et ne peut exister, qu'en étant divisé en d'innombrables capitaux... » (Marx, Fondements de la critique de l'économie politique (Ebauche de 1857-1858), En annexe : travaux des années 1850-1859, Trad. par R. Dangeville, t. I, Anthropos, 1967., p. 371). « Il est donc absurde de concevoir la possibilité d'un capital universel... » (id., p. 379, note).
[128] Sur l'action dissolvante du commerce, cf. Livre III, Marx, Oeuvres/Economie, II, édition établie par M. Rubel, Gallimard, 1968., pp. 1098 suiv. et 1103, note (a).
[129] Voir les textes sur l'Inde contenus dans Marx, Engels, Textes sur le colonialisme, Ed. en Langues Etrangères, Moscou, s.d., en particulier pp. 35-43, 48-59. 92-99 et 356.
[130] Discours sur le libre-échange, Marx, Oeuvres/Economie, I, édition établie par M. Rubel, Gallimard, 1963., p. 155. Livre III, Marx, Oeuvres/Economie, II, édition établie par M. Rubel, Gallimard, 1968., pp. 1004-1005 et 1021-1022.
[131] Sur la loi de la valeur à l'échelle internationale, cf. Livre I, Marx, Oeuvres/Economie, I, édition établie par M. Rubel, Gallimard, 1963., pp. 1059-1060; Marx, Fondements de la critique de l'économie politique (Ebauche de 1857-1858), En annexe : travaux des années 1850-1859, Trad. par R. Dangeville, t. II, Anthropos, 1968., p. 426; Boukharine, L'économie mondiale et l'impérialisme, Anthropos, 1967, chapitre v; Préobrajenski, La nouvelle économique, E.D.I., 1966, pp. 142-145.
[132] Voir le cas de l'Irlande dans la lettre de Marx à Engels, 30 novembre 1867, Correspondance Marx-Engels, Publiée par A. Bebel et E. Bernstein, Trad. par J. Molitor, t. IX, A. Costes, 1934., p. 261 suiv.
[133] Une autre contradiction très importante est celle que développe le capital entre l'industrie et l'agriculture, accroissant l'une au détriment de l'autre. On n'exposera pas ici la question agraire, analysée dans les nos. 2, 6 et 7 du Fil du temps.
[134] Marx, Fondements de la critique de l'économie politique (Ebauche de 1857-1858), En annexe : travaux des années 1850-1859, Trad. par R. Dangeville, t. I, Anthropos, 1967., p. 217.
[135] Sur la Chine, cf. Marx, Engels, Textes sur le colonialisme, Ed. en Langues Etrangères, Moscou, s.d., pp. 233-250.
[136] Dans un autre contexte, Marx étudie le rapport entre « suprématie commerciale » et « suprématie industrielle » dans le Livre I, Marx, Oeuvres/Economie, I, édition établie par M. Rubel, Gallimard, 1963., pp. 1215-1216.
[137] Invariance, no. 6, pp. 89-129.
[138] La question irlandaise est justement importante de ce point de vue : cf. J.-P. Carasso, La rumeur irlandaise, Champ libre, 1970, qui contient en particulier de nombreux textes de Marx et Engels, dont certains inédits.
[139] Marx, Engels, L'idéologie allemande, Présentée et annotée par G. Badia, Ed. Sociales, 1968., p. 86 suiv.
[140] Luxembourg, La crise de la social-démocratie (1915), La Taupe. Bruxelles, 1970, pp. 124 suiv.
[141] En même temps, ce mouvement impose le développement du capital dans ces pays mêmes (Marx, Fondements de la critique de l'économie politique (Ebauche de 1857-1858), En annexe : travaux des années 1850-1859, Trad. par R. Dangeville, t. II, Anthropos, 1968., p. 251). On peut se demander si Marx ne surestimait pas le rythme de ce développement, freiné et contrôlé par les pays les plus avancés : mais, sur une longue période, le progrès économique des pays dominés, ou en tout cas leur tentative de constitution d'un capital national, peut lui donner raison (cf. Troisième partie : «  La régénération du capital » et «  Caractère révolutionnaire du développement du capital depuis 1945 »).
[142] « La richesse est fondée sur la pauvreté » (Marx, Fondements de la critique de l'économie politique (Ebauche de 1857-1858), En annexe : travaux des années 1850-1859, Trad. par R. Dangeville, t. II, Anthropos, 1968., p. 226).
[143] Livre III, Marx, Oeuvres/Economie, II, édition établie par M. Rubel, Gallimard, 1968., p. 990.
[144] On trouvera des informations utiles dans Palloix, L'économie mondiale capitaliste, Maspéro, 1972, 2 vol.
[145] « L'élément impérialiste est un trait fondamental dans le capital, qui est essentiellement production excédentaire, création de plus-value, et donc force irrésistible de propagation de son mode de production. Ainsi, le capital ressent toute limite comme une entrave intolérable. » (Dangeville, préface à Marx, Engels, La guerre civile aux Etats-Unis (1861-1865), Trad. et présentation de R. Dangeville, U.G.E., 1970., pp. 14-15.)
[146] Cf. le fragment sur « La demande » (1847), Marx, Oeuvres/Economie, II, édition établie par M. Rubel, Gallimard, 1968., pp. 1526-1528.
[147] Luxembourg, L'accumulation du capital, Maspéro, 1967, t. II, chapitres 25 à 29.
[148] Marx, Fondements de la critique de l'économie politique (Ebauche de 1857-1858), En annexe : travaux des années 1850-1859, Trad. par R. Dangeville, t. I, Anthropos, 1967., pp. 364-365.
[149] Invariance, no. 6, pp. 122 suiv. Sur ces problèmes, on peut lire parallèlement les ouvrages de Boukharine et Luxembourg cités plus haut.
[150] Cf. l'analyse de l'Angleterre par Marx, dans sa lettre à Kugelmann, 28 mars 1870, Lettres à Kugelmann, Anthropos, 1968, pp. 138 suiv. voir aussi les passages sur les années 20 dans la Troisième partie : « Révolutions » et « Contre-révolutions ».

 

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