La Chaine Litteraire
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MARRAINE DE GUERRE

Correspondance d'un Matelot Corse à une Jeune Canadienne
pendant la Deuxième Guerre Mondiale.
 ISBN 0-9685368-0-8

(Troisième Partie. 1940,  pendant la guerre)

(Pour voir les notes, clicker sur le numéro.
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1940

BORD le 5 février 1939(33)

Ma chère Marraine,

En rentrant de mer ce matin, j'ai eu la joie, je ne dis pas la surprise de recevoir votre lettre tant attendue, car votre lettre a subi du retard ayant été ouverte par les autorités militaires.

Je suis heureux de vous avoir fait plaisir par le choix de ma carte de bonne année, je vous remercie une autre fois pour vos bons souhaits adressés à moi et ceux que vous avez bien voulu faire parvenir à mes parents, qui en ont été hors de joie.

Je vous avoue que j'ai eu du mal à vous donner la solution de mes meilleurs pensées, c'était très difficile, je vous l'assure, et je vous remercie d'avoir su si bien me comprendre.

Je suivrai votre ligne de conduite que vous me tracez et bien que vous ne vouliez pas commencer à me tutoyer je me vois dans l'obligation de le faire. En effet, tu as raison, en France la coutume veut que l'on se tutoie entre amis et que l'on ne se cache rien du tout, donc dorénavant j'attends toutes les confidences que tu pourras me faire, ou que tu jugeras utile de me faire et nous causerons tous les deux comme de vieux camarades.

Je te promets de t'envoyer au plus tôt tous les timbres que j'ai en ma possession et qui sont rares, malheureusement il te faudra prendre patience, car il faudra que j'aille en congé chez mes parents et je ne puis me les faire envoyer, donc comme je ne tarderai pas à aller en congé peut-être partirais-je dans huit ou dix jours tu n'auras pas longtemps à attendre.

Ne te tracasse pas au sujet de tes lettres expédiées en novembre dernier, je les ai toutes reçues, et à propos d'anglais mon petit neveu m'a fait la surprise de m'écrire en cette langue, il n'a que treize années mais il n'écrit pas mal du tout, d'ailleurs il est le premier en classe, presque de partout et je n'en suis pas peu fier.

La nuit de Noël nous l'avons passée "quelque part dans un port", à minuit nous avons été, quelques camarades et moi, à la messe puis nous sommes rentrés réveillonner à bord car tout était prêt, puis nous avons commencé à chanter et lorsque j'en poussais une, voilà la porte du poste qui s'ouvre, -- un poste est l'endroit sur un bâtiment où nous habitons -- le commandant apparait, avec un ballon de foot-ball qu'il avait acheté à notre intention et qu'il me remis car c'est moi qui commande l'équipe de bord, puis nous avons continué à chahuter et le vingt-cinq décembre à dix heures du matin on partait mais de toutes façons nous n'avons pas en à nous plaindre de cette nuit de Noël. Quant à la nuit du Nouvel An nous étions en pleine mer entre Afrique et Amérique par un temps affreux, nous roulions bord sur bord et nous arrivames au port le premier janvier de l'année quarante à seize heures, j'ai pensé, "Joli commencement d'année", peut-être penses-tu comme moi, le fait et que cela n'était guère réjouissant de se souhaiter bonne année avec le temps qu'il faisait.

Enfin, tout passe, même le mauvais temps et on oublie les mauvais moments lorsque arrivé au mouillage on reçoit des bonnes nouvelles d'êtres qui nous sont chers.

Quant à dire (oui) lorsqu'on m'a demandé si tu étais ma fiancée c'est une toute autre histoire, et mon amie mon ex-amie plutôt, en aurait été fière, car quoique tu en penses je n'ai plus d'amie, je vais t'expliquer pourquoi. Lorsque j'ai décidé de quitter les bancs du Lycée, dont j'en avais assez et que je sois parti, comme elle était étudiante comme moi, je lui ai demandé de vouloir bien attendre, elle m'a dit oui évidemment, mais ensuite dans ses lettres je sentais la contrainte. Elle m'écrivait deux fois par semaine puis une fois, puis deux fois par mois alors j'ai compris et froidement je l'ai laissée tomber et ensuite étant en congé je l'ai revue, elle a voulu me demander des explications mais je lui ai tout simplement répondu, "Nous ne somme pas fait l'un pour l'autre" et bien que cette phrase fut connue d'elle, n'y a t'il pas un disque de Tino Rossi qui commence comme cela? Elle a compris et n'a pas insisté.

Comme tu peux le constater je te dis des choses que je n'ai jamais confié à personne sauf à mon meilleur ami sinon même pas à mes parents qui sachant ma liaison et me demandant pourquoi j'avais rompu m'en ont demandé les raisons que je n'ai jamais voulu dévoiler sauf à mon meilleur copain.

Oh! que la fin de vot.., ta lettre (voilà que je me trompe je voulais encore te vouvoyer) ne me plaît pas, du moins la première partie. Que signifie ce (saluer respectueusement), je n'aime vraiment pas cela surtout entre amis. Par contre la deuxième partie me plaît, (Votre marraine affectionnée) va beaucoup mieux, cherche donc une autre formule finale à ta prochaine, si tu peux trouver mieux.

Je sais que un de ces jours peut-être ce soir je recevrai une autre lettre de toi, à laquelle je ferai réponse aussitôt quant à celle-ci je vais la terminer mieux que toi, car j'ai assez blagué. En t'embrassant affectueusement. Ton filleul qui voudrait te connaître un peu mieux. Carmen.


BORD le 6 février 1939(34)

Ma chère Marraine,

Chose promise, chose due, je te disais bien dans ma lettre que dès réception de la prochaine missive je te ferai réponse, les deux lettres te parviendront sans doute en même temps et j'espère que cela te fera plaisir.

Tu peux continuer à m'écrire le plus souvent possible car je te répondrai lorsque je pourrai évidemment.

Je ne sais trop ce que je vais te raconter aujourd'hui, mais enfin je chercherai et comme toujours je trouverai.

Tu ne me fais pas mention d'une lettre que j'avais expédiée en décembre dernier et je faisais la description d'une partie de la ville où nous sommes, ce n'est pas trop joli comme description mais c'est pittoresque.

Tu as raison lorsque tu dis qu'une missive fait bien plaisir, surtout à moi qui ne manque de rien car j'ai défendu à mes parents de m'envoyer des colis avec friandises et vêtements, alors ils m'envoient de l'argent dont je n'en ai que faire car je suis très bien payé et cela me suffit, mais ils ne veulent rien entendre, cela me sert quand même pour les cigarettes car j'ai une mauvaise habitude, je suis un fumeur enragé, et je suis certain que tu comprendrais cela, parce qu'un marin en mer, à la veille, pendant quatre ou cinq heures, le temps ne passe pas vite, surtout la nuit alors je calcule: "Je mets dix minutes pour fumer une cigarette, pendant vingt minutes je ne fume pas, cela me fait dix cigarettes en cinq heures. Je monte à la passerelle avec dix cigarettes et le temps me parait passer plus vite, et puis la cigarette fait réfléchir, rêver et empêche de s'endormir. Je vais te poser une question qui te semblera peut-être indiscrète, mais nous sommes entre amis. Fumes-tu? J'attends ta réponse.(35)

J'avais tout de suite remarqué dès réception de ta lettre, datée du sept janvier, qu'il y avait deux timbres dessus, et j'en ai eu l'explication à la fin. Non ce n'est pas la peine que tu mettes deux timbres, un seul suffit et je ne paie aucun supplément, et puis de toute façon même si j'en payais, je le donnerai volontiers pour une de tes lettres. Et en retour, est-ce que mes lettres sont assez affranchies comme cela? A dire vrai je n'en sais rien, car moi je donne la lettre au vaguemestre qui se charge de l'affranchir et l'expédier, je crois que c'est deux francs cinquante par missive.

La semaine dernière nous sommes descendus plus au sud que le tropique du Capricorne et cela été l'occasion pour nous de recevoir le baptême des tropiques, je ne sais si tu as connaissance de cela, mais toute personne passant les tropiques doit être baptisée au passage de la ligne. Il y avait déguisé: le Roi, la Reine, le premier garçon d'honneur, la demoiselle d'honneur, les naturels du pays déguisés en nègres et enfin le barbier et son aide, le tout était des hommes de notre équipage, on nous appelait par notre nom, alors on s'asseyait sur la sellette qui surplombait un grand bassin d'eau, le barbier faisait son office avec de la pâte à raser, mélange de farine, de lait et de plâtre puis avec un immense rasoir il faisait mine de nous couper la barbe, puis brusquement son aide nous donnait une poussée, on tombait dans le bassin, on était empoigné par les nègres qui nous baptisaient, tout cela était tordant.

Tu vois bien que même dans des moments critiques on s'amuse. Tiens, le jour que nous avons coulé le sous-marin, nous étions précisément en train de marier un de nos copains qui ne pouvait aller chez lui, était forcé de le faire par procuration, c'est-à-dire par écrit, alors pour nous distraire nous avons fait la parodie du mariage, je représentais le maire et c'est justement lorsque je faisais mon discours qu'on donne l'alerte contre sous-marin et je te prie de croire que deux minutes après je ne pensais plus à la cérémonie du mariage.

Je vais terminer ma lettre, comme je te l'avais promis j'ai cherché et j'ai trouvé à remplir ces quatre feuillets peut-être ai-je mis trop de bêtises, mais cela te montre quelle vie nous menons et c'est rare, lorsqu'on est triste à quoi bon se faire du souci. Vive la joie. Je t'embrasse affectueusement. Carmen.

P.S. Ci-joint une photo de mes deux embarcations qui je l'espère te fera plaisir. Me Vois-tu?(36)


Le 25 février 1940(37)

Dear god-mother,

I wrote you of Gibraltar. I hope how you have, at presente hour receive all my lettres we ar always in timed and we have much work.

I am in very good health and I desire as much for you. On my address it is necessary to suppress name of my ship, your letters attain me where self. I embrace you very strong. Carmen.


BORD le 7 mars 1940

Chère Marraine,

Je fais réponse à ta lettre datée du quatorze janvier et que je viens de recevoir à l'instant. Inutile de te dire le plaisir que j'ai éprouvé en te lisant. Je t'ai écrit tout dernièrement le vingt sept février je crois, de Gibraltar une petite carte en mauvais anglais, je te disais de ne plus mettre sur mon adresse le nom de mon bâtiment mais simplement ceci: Mr Pischella C. Matelot Timonier. Poste Navale (France) Que veux-tu, la guerre a de ces exigences. Je voulais te dire aussi qu'un de mes amis m'avait demandé de t'écrire pour lui chercher une correspondante, mais je n'avais pas assez de place sur la carte, aussi j'attendais avec impatience de tes nouvelles pour pouvoir y répondre et te demander cela, comme tu as ta cousine qui veut bien correspondre, tout est pour le mieux. Je ne sais comment est Mlle Zilda(38), mais je vais te faire un bref portrait de Georges que tu pourras lui transmettre, il est à peu près de ma taille un peu plus petit, très gentil, chic type, mais un peu espiègle et gamin malgré son âge, trois mois de moins que moi, ce qui ne lui nuit pas d'ailleurs, en définitive je crois que ta cousine sera contente de lui.

Il s'appelle Padovani Georges et a la même adresse que moi, il a demandé l'autorisation de correspondre à l'étranger mais il n'a pas eu de réponse encore. Voici ce que je propose pour faciliter et activer leur connaissance par correspondance: tu feras écrire ta cousine à mon adresse en mettant de Mlle Y. Dionne, comme si c'était toi qui m'écrivait et comme en-tête Mr. Padovani Georges, de cette façon je transmettrai les messages, tu en feras autant jusqu'à ce que l'autorisation arrive.

Je me suis arrêté dix minutes pour descendre déjeuner et je continue ma lettre mais je crois que j'ai assez parlé des autres et à présent nous allons causer de nous deux. Je te mentirai en te disant que tu ne m'es pas sympathique, mais soyons réfléchis un peu, crois-tu que si tu ne me l'étais pas, j'aurais continué à correspondre. Je te dirai non car plutôt qu'avoir une amitié déguisée et fourbe il vaut mieux n'en avoir pas du tout. Tu me dis, "J'espère que nous correspondrons longtemps encore." Quant à moi j'espère et je souhaite que nous continuerons toujours sans jamais cesser, car malgré que nous soyons loin l'un de l'autre, cela n'empêche pas certains sentiments tendres mais purs, de se faire jour et de se préciser à chaque essai de connaissance.

Et veux-tu que je te dises ce qui me fortifie dans cette idée, c'est au sujet, revenons-y de ta cousine, n'est-ce pas extraordinaire que peut-être le même jour à la même heure ta cousine aie demandé un correspondant français, et mon ami une correspondante canadienne. Je sais que tu n'es pas superstitieuse, car tout comme moi, la religion nous le défend, mais je trouve bien étrange cette "transmission de pensées" et je ne vois là-dedans que quelque chose de bien surnaturel.

Je vois que tu m'as mal compris en disant, que je pense que Dieu me délaisse. Non il est trop bon pour cela, et je te remercie beaucoup beaucoup, de prier et de faire prier tes élèves pour moi, car une prière sincère est toujours exaucée. A présent je vais changer de sujet et te parler de ma famille. J'ai encore, Dieu merci, mon père et ma mère, mon père est armateur à Ajaccio ma mère ne s'est toujours occupé que de bien nous élever comme toute mère de famille qui se respecte. J'ai un frère qui, mon père étant déjà vieux, soixante douze ans, s'occupe de faire marcher le travail et bien qu'il ait vingt-neuf ans ne parle pas de se marier car d'après lui il est trop bien comme cela, enfin chacun ses goûts et il n'est pas à plaindre. Une soeur, que tu connais d'ailleurs, "Mme Bartoli qui est mariée et a un joli garçon de douze ans, elle est sous-directrice à la Banque de France d'Ajaccio, enfin mon autre soeur qui s'occupe de la maison et de nous tous qui lui donnons bien du souci. Voici grosso-modo le portrait de ma famille, ma mère est ce qu'on appelle, comme disait le pauvre Mermoz, "Une femme de tête", elle a toujours raison. Mon père est calme et ne se fait pas beaucoup de soucis, d'ailleurs il a raison, mes deux soeurs et mon frère ont exactement le même caractère que lui, et enfin moi que tu connais déjà, je suis l'enfant gâté et terrible de la maison.

Vois-tu je ne suis pas encore en congé donc dans l'impossibilité de te faire parvenir les timbres promis, mais chose promise, chose due.

Je constate que tu ne me tutois pas encore, tu n'as certainement pas reçu la lettre où je commençais et j'ai la crainte que cela ne t'offusque, pourtant c'est toi qui me l'a demandé, aussi j'attends avec impatience la première lettre où tu me tutoieras.

Je dois, n'ayant plus rien d'intéressant à te dire, terminer ma lettre et l'expédier, et en attendant impatiemment de tes lointaines mais bonnes nouvelles. Je t'embrasse affectueusement. Ton filleul qui pense tout le temps à toi. Carmen.


BORD le 9 mars 1940

Chère Marraine,

Je viens de recevoir à l'instant ta lettre datée du deux février, lettre que je n'attendais pas tout en espérant, car de tes nouvelles malgré moi, j'en attends toujours.

Je suis content que tu aies reçu toutes mes cartes, lettres, et photos et c'est bien dommage que je ne puisse t'envoyer, la censure l'interdisant, des vues des nombreux et jolis pays que je traverse et que je voudrais revoir une autre fois mais plus tout seul.

Mais ce que je regarde surtout, sur tes lettres, c'est si tu ne commences pas à me tutoyer et cela me donne du souci bien que nous commencions à être de vieux correspondants. Voilà comment cela se passe, je commence la lecture de ma lettre, "J'ai reçu votre lettre" aussitôt je pense, "Yolande ne me tutoie pas encore" puis je continue à lire et j'en ai l'explication bien simple en constatant que la lettre à laquelle tu fais réponse est d'un date antérieure à celle où tu m'as demandé et j'ai commencé à te tutoyer.

Je crois que tu pourrais peut-être m'envoyer la carte de la Gaspésie, dont tu me parles, mais pour qu'elle m'arrive plus certainement, tu l'enverrais chez mes parents à l'adresse suivante: "Pischella Vincent, 5 rue Saint Charles 5, Ajaccio, Corse France. Puis alors de chez mes parents on me la retransmettra, car je serai vraiment heureux de voir où tu habites, et qui sait, le hasard est si grand....

Quant à moi, comme tu peux le comprendre je ne puis t'expédier une carte de la Corse, d'ailleurs je n'ai aucun souci à ce sujet car je suis sûr que tu sais où elle se trouve et quelle est sa conformité, car je me suis laissé dire, et j'ai cru que des cartes de mon pays on en trouvait partout. Est-ce que je me trompe?

Je crois que ton papa à raison en citant cette maxime. Je vois aussi que vous formez une jolie famille, tu ne me l'avais jamais dit auparavant, quant à moi je t'ai fait dans ma dernière, le canevas et le portrait de la mienne, j'espère que tu en seras satisfaite.

Que tu sois la moins âgée de la famille je l'avais deviné depuis longtemps. Quant à te froisser lorsqu'on t'appelle bébé tu as tort, et pour te faire rager j'ai presque envie de te donner cette appellation, n'est-ce pas bébé? Il est évident et je suis d'accord avec toi qu'à dix-neuf ans on n'est plus un bébé, mais lorsqu'on est benjamin dans la famille, on comprend pourquoi on t'appelle comme cela.

Je suis moi aussi le benjamin de la famille mais on ne m'a jamais appelé bébé parce que j'ai toujours été un enfant terrible, je te dirai qu'à l'âge de onze ans lorsque j'ai pris mon certificat d'étude, mon oncle, qui est capitaine au long cours me donna le goût de la mer. Il avait un copain Mr. Zuccoli qui commandait un trois mats, barque faisant les voyages de Naples, comme je le suppliais toujours de m'emmener avec lui, il faisait les voyages de Chine, ne pouvant pas m'emmener si loin, il demande à son ami de me prendre à son bord comme mousse et je te prie de croire que j'en ai vu de vertes et de pas mûres durant les trois voyages que je fis pendant la période des grandes vacances, d'Ajaccio à Naples je m'appuyais de toutes les corvées, avec le barillet de cinquante litres j'allais chercher de l'eau, le fardeau pour mon âge était bien lourd mais j'étais trop fier et ne m'en plaignais jamais. Ensuite lorsque j'avais congé mes parents ne voulant pas me laisser aller de bon gré à la pêche je m'embarquais en cachette sur les embarcations et me faisait toujours grondé lorsque j'en revenais. Comme tu peux le constater, à part lorsque j'étais tout jeune je n'ai pas été un bébé, mais je dois te dire qu'à présent malgré mon âge, mon frère et mes soeurs m'appellent toujours, Mon petit que je ne pouvais supporter moi aussi mais dont j'ai pris l'habitude et je t'avoue franchement que lorsqu'on m'appelle Mon petit je ne me fâche pas, bien au contraire, je suis content, donc inutile de m'appeler Mon petit tu ne me ferais pas rager. Je suis heureux que tu m'écrives si souvent et si longuement, chaque lettre que je reçois de toi apporte de la joie en moi et m'aide à passer les durs moments que je traverse ainsi que mes camarades loin de mes parents.

Comme le disait le soldat canadien à la radio, Ce ne sont pas les cadeaux et friandises que peut nous faire une marraine qui nous font le plus plaisir . Car je vais te dire que des marraines il y en a qui en ont trois ou quatre, je trouve cela vil et mesquin, aussi bien que je t'appelle marraine et il n'y a que toi que j'appelle comme cela puisque je n'ai que toi, je te considère plutôt comme une amie lointaine que je connais depuis toujours et qui comme tu le disais dans une de tes précédentes lettres saura me consoler lorsque j'ai de la peine.

A présent je vais terminer, je ne dirai pas bébé, mais ma chère marraine en t'embrassant affectueusement.

Ton filleul Carmen.

P.S. Je vais ajouter deux mots à Georges, le futur correspondant de ta cousine, qui sera contente de lier connaissance.

A mademoiselle Bérubé. En attendant de correspondre librement veuillez mademoiselle recevoir mes meilleures amitiés. J'espère que dans un prochain avenir vous m'écrirai par l'intermédiaire de votre cousine et de Carmen. Amicalement à vous. Georges.(39)


(Suite sur la quatrième partie)


NOTES

33. Plutôt 1940. Car Carmen ne l'appelait pas marraine encore en 1939. Il commençait tout juste à lui écrire et voulait sa permission. Il a fait la correction plus tard.

34. Plutôt 1940. Dans la lettre il fait mention d'une lettre écrite en décembre dernier.

35. Maman n'a jamais fumé, elle détestait la senteur de la fumée.

36.  Voir photo: Ses embarcations.

37.  Voir photo: Gibraltar.

38. Le nom de la cousine de Yolande était Azilda Bérubé et elles étaient du même âge.

39. Carmen note dans le coin au début de la lettre qu'il avait fait la commission en disant, "Voilà qui est fait je pense que ta cousine sera satisfaite".


Copyright © 1997, 1999 Claudette Pelletier Deschênes
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