Claudette, je viens de visiter la page des Moustiques, la Saga des Marmottes, c'est formidable une mine de renseignements. Je ne savais pas qu'il y avait tant et tant à connaître sur la marmotte. Tu fais un travail incroyable, tu ne manques jamais l'occasion d'en ajouter. Tu es super comme disent les jeunes.

L'histoire de Moumou est un joli conte qui devient de plus en plus long et amusant grâce à Marcelle et les autres. Je les envie!

Moi je n'ai pas de conte mais des histoires vraies aussi j'ai pensé t'en dire une....histoire vraie....

Voilà, ma mère avait un frère Armand qui à l'âge de six sans la permission de sa mère parti voir la parade de la St-Jean. Malheureusement pour lui dans sa course il trébucha et tomba de tout son long les deux bras sur les rails de tramway (à l'époque il n'y avait pas d'autobus) n'ayant pu se relever à temps le tramway lui coupa les deux bras.

Je n'ai jamais su la suite et tout l'émoi qu'a pu causer un tel accident,mais on m'a dit que ma grand'mère avait blanchi du jour au lendemain. Ce que je veux surtout raconter c'est comment ce petit garçon a su se débrouiller dans la vie avec l'aide de sa mère qui lui disais "Armand t'es capable, fais le". Il alla à l'école avec ses amis, apprit à lire et écrire etc....Il avait la plus belle écriture! Pour écrire ou faire certaines activités il passait un genre de bracelet en étoffe autour de son petit bout de coude et passait la plume à l'intérieur et de son autre petit bout de coude tenait sa plume et écrivait de sa belle écriture. Il ne grandit pas beaucoup, il était plutôt délicat de stature mais il avait le diable au corps. Il jouait des tours à ses soeurs (il en avait 7)au désespoir de sa mère. Toujours il grandit en sagesse termina ses études et travailla toute sa vie dans une grande compagnie et avec les années devint directeur de la comptabilité.

Il ne portat jamais de protèses. Il jouait du piano par oreille avec son épouse en duo et je vous jure qu'il "swingait le piano". Pas une soirée de famille sans qu'Armand swing le piano ou chante. Il avait une jolie voix de ténor léger, à notre grand amusement nous les jeunes neveux car on trouvait ses chansons bien anciennes..."Le temps des cerises" et d'autres du genre. Il jouait aux cartes, allait chercher de la monnaie dans ses poches (sans mains, sans doigts essayez voir) Il ne pouvait boutonner son veston ou son paletot ni lacer ses souliers il a résolu le problème des lacets lorsque la mode des loafers est sortie, fini les lacets. Nous avions beaucoup d'admiration pour lui, jamais personne ne parlait d'infirmité, ce mot était tabou dans la famille et comme le mot handicappé n'était pas encore à la mode, ce fut comme s'il n'était pas différent de nous. Il était un passionné de l'histoire de France et de Napoléon et souvent les cousins, cousines jouions au questionnaire avec lui et essayions de le pendre en défaut, ça n'arrivait pas très souvent.(il est vrai que nous n'étions pas aussi connaissant de l'histoire que lui).

Je me souviens lorsque j'était petite fille il nous racontait son accident et comment il se déprenait dans la vie. Il avait le sens du drame et souvent mettait beaucoup d'emphase sur certains évènements. A l'époque nous buvions ces paroles et les croyions, mais j'ai su plus tard par ma mère qu'il exagèrait, comme on dit il en mettait épais..... pour captiver notre attention. Je te raconte: un jour qu'il voulait prendre la bicyclette de son ami mais n'en avait jamais fait l'essai, sa mère lui dit Armand t'es capable vas-y". Alors mon Armand enfourche la bicyclette, rentre les guidons dans ses courtes manches de chemises, comme il n'avait pas d'avant bras il se trouvait coucher sur le vélo.

Et partit, pédalant de son mieux et entreprit de descendre la côte près de chez lui, mal lui en pris lorsqu'il s'aperçut qu'au bout il y avait un cheval avec voiture qui montait, mais Armand sur son vélo descendait si vite et ne savait plus comment s'arrêter vit le cheval apeuré s'assoir sur son derrière et Armand lui rentra dans le poitrail!!!!! C'est comme ça qu'il s'est arrêté! Ha!ha! J'ai appris plus tard qu'il avait dramatisé l'incident pour nous les enfants. Oh! il est allé en vélo mais il n'y avait pas de cheval!!!!  Il en a beaucoup souffert, surtout d'être petit. Plus tard lorsque les les autobus sont sorties en circulation et qu'il partait travailler, son problème était de se tenir debout dans l'autobus. Il ne pouvait s'accrocher après rien, par bonheur il y avait toujours quelqu'un qui lui cédait son siège.

Ma mère et ses soeurs avaient beaucoup d'affection et d'admiration pour lui. Après la guerre, l'armée lui avait demandé d'aller donner des démonstrations pour les amputés de guerre, il n'a jamais voulu, par pudeur, par gêne...je sais qu'il avait rencontré à cette occasion un amputé dont les mains étaient des crochets et ça l'avait tellement impressioné, le cliquetis des crochets pour prendre un verre ou autre mouvement. Lui se penchait tout le haut du corps et avec ses deux coudes prenait son verre et buvait, je ne l'ai jamais vu échappé un verre.

Il jouait au badmington avec fougue et était très agile et bouffon avec ça! Mais devant les étrangers il était plutôt timide. Je me souviens un jour à la campagne avec ma grand'mère (j'avais 12 ans) un mendiant vint demander la charité et ma grand'mère de ton sévère: Vous êtes costaud pourquoi ne travaillez-vous pas" et lui de répondre en lui montrant son bras amputé, ma grand'mère "Ce n'est rien, mon fils a les deux bras coupés et travaille pour telle compagnie" je te dis que le pauvre homme s'est esquivé au plus vite.

Et ce fut toujours ainsi dans la famille, Armand pouvait tout faire et rien ne lui était impossible. Mais quand même il ne pouvait conduire une auto à son grand regret et une foule de petites choses quotiennes dont nous ne constatons pas l'effort que ça lui demandait lui sans mains et sans avant bras.

Et voilà un peu l'histoire de cet oncle extraordinaire qui a su susciter notre admiration et notre affection à tous dans notre grande famille.. (ils étaient 14, ma mère était la 3e plus jeune) il est décédé à l'âge de 87 ans et n'a pu terminer ses mémoires qu'il désirait tant léguer à ses petits-fils.  Myreille.

P,S. je constate que c'est un peu long, alors tu en fais ce que tu veux.

C'est très intimidant d'être dans ta galerie des "grands esprits".... d'être la doyenne en plus..... J'ai toujours rêvé d'être doyenne.... mais doyenne de faculté ou d'un collège PAS DOYENNE EN AGE!!!!!! enfin Que sera, sera!!!!

C'est impressionnant de voir tout ce beau groupe (excluant la personne qui parle en toute fausse modestie...)

La mystérieuse Loli ou Manuela se fait prier....c'est bien sans blâme que je le dis, je te comprends très bien, moi aussi j'ai hésité longtemps alors je ne veux rien bousculer.

Pour les p'tites nouvelles et le Bau nouveau, j'écris mon nom avec un "y" car à l'adolescence je fus prise d'une envie de me distinguer des autres et d'ailleurs à l'époque c'était la mode d'écrire son nom d'une façon originale. Par exemple même ma mère n'aimait pas la façon d'écrire son nom qui était Jeannette elle préférait Janette et éliminait ainsi (ce qu'elle croyait) la prononciation Jeanne tte....Haaaa! Elle était bien naive, mais exubérante et enthousiaste! Elle fut toujours ma meilleure amie.

Mais comme ma mère était très, très romanesque, lorsqu'il fut question de choisir un nom au nouveau bébé (moi). Si c'était une fille ce sera Mireille....pourquoi? parce qu'elle avait lu de Mistral, écrivain français provençal....l'ode à Mireille...elle en fut émue, enchantée et décida que je m'appellerai Mireille.   Comme à l'époque (encore une fois je viens d'une autre décennie) ce nom était peu connu, il a subi toutes les tortures de la prononciation: Mirielle, Marielle, Murielle et même mon grand-père parternel prononçait "mérègle"....quelle horreur, je lui en ai voulu longtemps.....non sans blague....je l'ai peu connu.  Il y avait même une chansonnette du titre Mireille, chanté par la p'tite Française Mireille très jolie d'ailleurs et j'avais un cavalier (lire un chum) ténor léger qui me sérénadait de cette mélodie populaire, c'était très flatteur et je l'aimais bien.....mais ce n'est pas lui que j'ai marié.....celui que j'ai choisi ne chante pas du tout!!!!

Étant la doyenne du groupe je suis doyenne aussi des années de mariage 46 ans!!! C'est tout un bail!!!!! pour lui, le pôvre! Quoiqu'il me dit souvent  "si c'était à refaire...je recommencerais"...c'est pas beau ça!!!!!

L'avantage d'être âgée c'est d'avoir été témoin de l'histoire, des drames, tragédies d'avoir connu les grands de cette époque. D'avoir entendu Bourassa (pas le dernier, le premier). D'avoir connu la grande noirceur (sous le règne de Duplessis). Mon grand-père disait: Y'a
deux bandits dans le pays Drew (au fédéral) et Duplessis (au provincial) évidemment il était libéral.

Je me souviens de cette phrase: Les Bleus (parti Duplessiste) au ciel et les rouges en enfer.......C'était sérieux la politique dans ces années.

J'ai plein d'anecdotes et de souvenirs à raconter à mes petits-enfants (l8, 15, 13 ans) qui sont quand même assez intelligents pour s'y intéresser.

Et me voilà, chère Bidou, installée dans ton magnifique décor des Moustiques. Bien que je me sens un peu timide (ce que je ne suis pas du tout) parmi ces têtes couronnées: la salière d'or....de l'humour car moi je me contente et me plais à rire de leur esprit vif et piquant
même si c'est silencieusement!!!!! Personne n'a de micro à ce que je sache!

Chère Bidou, merci de nous avoir créé un sîte aussi beau et intéressant avec des gens beaux et intéressants. Myreille.