TEXTE SOUMIS DANS LE CADRE DE L'ENQUÊTE SONDAGEM
Un gouvernement à contrat
La démocratie représentative n'inspire plus confiance et
ne répond plus à nos besoins. Il faut désormais que
ceux qui gouvernent aient une bonne connaissance des dossiers pour décider
des moyens à utiliser. Or, les élus n'ont pas cette connaissance,
puisque leur spécialité, à eux, c'est d'être
politiciens: se faire élire est un job à plein temps. Les
élus définissent donc les buts qui semblent politiquement
rentables et laissent aux hauts-fonctionnaires le choix des moyens.
Mais le haut-fonctionnaire ne connait pas, lui non plus, les dossiers de
l'éducation, de la santé ou des finances. Celui qui connaît
les dossiers, c'est le "professionnel", qui se situe plusieurs
niveaux plus bas dans la hiérarchie et qu'on ne consulte pas pour
prendre des décisions, seulement pour qu'il les exécute. La
tâche quotidienne du haut-fonctionnaire, c'est de gérer des
centaines ou des milliers d'employés et un budget de millions ou
de milliards de dollars: le haut-fonctionnaire doit être un administrateur
et c'est la &laqno;logique administrative» qui prime quand il décide.
Le choix des buts et celui des moyens étant liés, les buts
définis par les représentants du peuple mais qui ne satisfont
pas à la logique administrative sont donc "reformulés"
pour coller aux besoins du système. En fait, ils sont mis au rancart.
La démocratie représentative ne fonctionne plus, parce que
nous ne sommes plus gouvernés, mais sur-administrés.
Ceux qui savent ne peuvent pas, ceux qui peuvent ne savent pas... et les
politiciens, impuissants, sont congédiés par les électeurs
pour des décisions qu'ils n'ont pas vraiment prises... alors que
les vrais décideurs, les mandarins qui ne veulent surtout pas le
changement mais seulement la pérennité du système et
son fonctionnement sans heurts, ne portent jamais la responsabilité
de leur indécision.
Il faut qu'on soumette au peuple des buts et des objectifs à atteindre.
Il faut que le mandat d'atteindre ces objectifs soit confié à
"ceux qui savent", à des experts qui aient la responsabilité
de décider des moyens. Il faut aussi, cependant, que ceux-ci soient
responsables de leur décisions devant l'électorat.
Que ceux qui prétendent savoir se forment en Partis. Que chaque
Parti présente un plan d'action qui précise les buts et les
objectifs visés, les programmes qui seront mis en oeuvre, les budgets
par ministères et par programmes, les taxes et impôts qui seront
prélevés pour atteindre ces objectifs et les autres détails
pertinents à sa réalisation. La population votera à
l'échelle nationale pour le Parti auquel elle veut confier le gouvernement,
lui donnant le mandat impératif d'appliquer son plan. L'élection
doit être un contrat entre ce Parti et la population.
En même temps, la population choisira, dans chaque circonscription
électorale, un député qui ne sera lié à
aucun Parti et n'aura d'allégeance qu'envers la population qui l'a
élu. La tâche de ces députés constituant l'Assemblée
nationale sera de voter les lois que proposera le gouvernement et de s'assurer
que ce dernier suit son plan et respecte toutes ses promesses. S'il ne le
fait pas, que l'Assemblée nationale, représentant le peuple,
ait le pouvoir de destituer le gouvernement et de convoquer une nouvelle
élection. C'est ça, la démocratie contractuelle.