- Ah! C'est toi Max! Je suis
chez moi ? Sert moi donc un truc à boire, j'ai vraiment
la gorge qui rappe! -
T'es pas bien loin de chez toi, dit en souriant Maxime.
Tu es à l'hôpital de la pitié, à dix minutes de chez
toi. Ca fait au moins cinq minutes que je te parle et tu
reste là à me fixer comme un imbécile. Il rit de
nouveau. Alors, qu'est-ce qui s'est passé ?
- Melch ibn Zraht accepte le
vin . Notre contrat l'honore et il est ravi. Mais j'ai
choppé une indigestion et je me suis retrouvé dans un
endroit bizarre. Tout avait l'ai vrai, mais j'étais sur
une autre planète. Et puis je me retrouve ici à Paris.
Pourtant, en quittant Mood 6, j'aurais dû arriver sur la
lune. Comment suis-je arrivé ici ?
- Anton, il faut que je
t'avoue une chose. Voilà, les copains et moi, on voulait
te faire une farce. La mayonnaise a bien prit au début,
et nous étions tous pliés. Mais tu a craqué...
- Mais bon Derk, veux tu me
dire ce qui se passe? Qu'est-ce que vous m'avez fait?
Anton explosa malgré son traitement chimio. Maxime,
nerveux, reprit:
- Tu as prit un paquet de
dope, Anton. Melch ibn Zraht était dans le coup lui
aussi. Il a mis tout simplement trois doses d'acide
centaurien dans ton assiette de manrouste. On digère
toujours assez mal l'acide centaurien, mais qu'est-ce que
l'on plane après!
Anton bouillait
intérieurement. Tous des salauds! Tous contre lui! Ces
fumiers s'étaient payés sa tête. Il se redressa
lentement sur son oreiller et dit calmement:
-Maxime, je te prie de bien
vouloir accepter ma démission. J'en ai plus que marre de
toi et de ces cons de collègues, j'en ai marre de ce
boulot de con, j'en ai marre de ce ministère de chiotte,
j'en ai marre de la France et j'en ai marre de tout ce
monde de cons finis qui me polluent la vie!
Plus Anton parlait et plus sa
voix s'élevait. Il remarqua d'ailleurs, éberlué, que
l'aspect de Maxime changeais avec le son de sa voix.
C'était comme s'il se simplifiait, les contours de son
visage s'estompant petit à petit et ses parties se
métamorphosant en boudins informes entassés en une
nature morte obscène. Maxime ne disait plus rien et se
trémoussait d'avant en arrière, les mains dans les
poches, un odieux sourire sur sa face grotesque.
Anton se leva de son lit
prudemment, ne quittant pas une seconde le regard de
Maxime. Il ouvrit la porte de sa chambre après s'être
rhabillé en hâte et sortit de la chambre. Maxime
n'avait pas bougé.
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