DES TEXTES

 

Jean Barrot: POUR UNE CRITIQUE DE L'IDEOLOGIE ANTI-MILITARISME

La question est de savoir si l'on peut séparer la question militaire du reste : la question sociale. Les antimilitaristes qui se définissent d'abord comme tels ( comme les ouvriers qui se veulent à tout prix « ouvriers » et se replient sur l'usine ) rejettent une forme de domination, un aspect du capital, ce qui implique pratiquement, qu'ils en acceptent les autres. Se vouloir d'abord antimilitariste est aussi irréel qu'être « contre l'État » ou l'« autorité ».

 

Des anciens de La Banquise: LE FICHISME NE PASSERA PAS

Nous sommes coupables de penser : le nazisme, c'était un concentré de capitalisme, pour l"`éviter", il aurait fallu rien de moins qu'une révolution, et l'humanité ne s'épargnera de futures dictatures sanglantes qu'en dépassant la société capitaliste. Question de vocabulaire ? Bien sûr que non. Si, afin d'éviter l'emploi du mot capitalisme, nous disions : La société existante, le XXème siècle, le monde moderne...

Otto Rühle: LA LUTTE CONTRE LE FASCISME COMMENCE PAR LA LUTTE CONTRE LE BOLCHEVISME.
Nationalisme, autoritarisme, centralisme, direction du chef, politique du pouvoir, règne de la terreur, dynamiques mécanistes, incapacité à socialiser - tous ces traits fondamentaux du fascisme existaient et existent dans le bolchevisme. Le fascisme n'est qu'une simple copie du bolchevisme. Pour cette raison, la lutte contre le fascisme doit commencer par la lutte contre le bolchevisme.

Otto Rühle: LA REVOLUTION N'EST PAS UNE AFFAIRE DE PARTI.
La révolution n'est pas une affaire de parti. Les partis [...] ont la folie de considérer la révolution comme leur propre affaire de parti et de proclamer la victoire de la révolution comme leur but de parti. La révolution est l'affaire politique et économique de la totalité de la classe prolétarienne. Seul le prolétariat en tant que classe peut mener la révolution à la victoire. Tout le reste est superstition, démagogie, charlatanerie politique.

Anton Pannekoek:LE SYNDICALISME.
Le but du syndicalisme n'est pas de remplacer le système capitaliste par un autre mode de production, mais d'améliorer les conditions de vie à l'intérieur même du capitalisme. L'essence du syndicalisme n'est pas révolutionnaire mais conservatrice. Le syndicalisme ne peut représenter qu'une part, nécessaire mais infime, de la lutte des classes. En se développant il doit entrer en conflit avec la classe ouvrière, qui, elle veut aller plus loin. Il est temps de se préoccuper de la révolution .

Gilles Dauvé:QUAND MEURENT LES INSURRECTIONS
Quand tout un chacun participera à la production de son existence, les capacités de pression et d'oppression dont dispose aujourd'hui l'Etat deviendront inopérantes. C'est parce que la société salariale nous prive des moyens de vivre, de produire, de communiquer, allant jusqu'à envahir l'espace autrefois privé, à nous livrer elle-même nos émotions, que son Etat est tout-puissant. La meilleure garantie contre la réapparition d'une nouvelle structure de pouvoir au-dessus de nous, c'est l'appropriation la plus profonde des conditions d'existence, à tous les niveaux.

Karl Korsch:LA FIN DE L'ORTHODOXIE MARXISTE.
Mais, exactement comme Luxembourg et les social - démocrates allemands de gauche, le bolchevik social-démocrate Lénine utilisa, dans sa lutte contre le révisionnisme social-démocrate, une plate-forme totalement idéologique. En effet, pour lui, la garantie du caractère « révolutionnaire » du mouvement ouvrier ne se trouvait pas dans son contenu de classe économique et social réel, mais exclusivement dans la prise en mains de la lutte par une direction incarnée dans le Parti révolutionnaire, que guide la théorie marxiste correcte.

Karl Korsch:LA PERSPECTIVE DE LA CONCEPTION MATERIALISTE DE L'HISTOIRE
Tandis que la science et la philosophie bourgeoises pourchassent le fantôme décevant de " I'objectivité ", le marxisme renonce ainsi d'emblée, et dans toutes ses parties, à cette illusion. Il ne peut pas être une science " pure " ou une philosophie " pure ", mais bien critiquer "l'impureté" de toute science ou philosophie bourgeoise connue, en démasquant impitoyablement ses " présupposés " dissimulés.

Karl Korsch:L' IDÉOLOGIE MARXISTE EN RUSSIE.
La théorie marxiste apparut à l'époque du déclin de la révolution bourgeoise et s'affirmait comme expression d'une tendance réelle visant au dépassement des objectifs du mouvement révolutionnaire bourgeois—la tendance représentée par la classe prolétarienne -, au contraire, en Russie, le marxisme ne fut dès le début que l'écran idéologique derrière lequel se cachait dans la pratique la lutte pour le développement capitaliste dans un pays pré-capitaliste. A cette fin, toute l'intelligentsia progressiste adopta avidement le marxisme comme le dernier mot d'ordre de l'Europe.

Karl Korsch: CRISE DU MARXISME
La forme historique du marxisme qui est entrée de nos jours dans la phase critique de son développement nous vient de la seconde moitié du XIXème siècle: dans les pays d'Europe, où le capitalisme ne s'était pas encore pleinement développé, le mouvement ouvrier a conservé des éléments déterminés d'une théorie issue de tout autres conditions historiques.

Loren Goldner:LE COMMUNISME EST LA COMMUNAUTE HUMAINE MATERIELLE AMADEO BORDIGA ET NOTRE TEMPS
De l'absolutisme éclairé du XVIIe siècle aux PC du XXe, la problématique est celle de la phase extensive de l'accumulation: la transformation des paysans en ouvriers. On peut en conclure qu'une société n'est pleinement capitaliste que si une faible proportion de sa population active travaille dans l'agriculture, et si elle est passée de la phase extensive - formelle à la phase intensive - réelle. Il s'ensuit qu'en 1900, ni l'Europe ni les Etats-Unis n'étaient aussi capitalistes que l'imaginaient les socialistes, et que le mouvement ouvrier, du moins ses courants dominants, visait avant tout à engager le capitalisme vers sa phase intensive.

Paul Mattick:KARL KAUTSKY DE MARX A HITLER
Considérant que la démocratie est la forme naturelle du capitalisme, Kautsky n'a vu dans l'apparition et la propagation du fascisme qu'une maladie, un accès tout provisoire de démence, un phénomène sans lien aucun avec le capitalisme. Il croyait vraiment qu'une guerre pour le rétablissement de la démocratie permettrait au capitalisme de progresser de nouveau en direction de son terme logique, la communauté socialiste.

Paul Mattick:ORGANISATION ET SPONTANEITE.
Le fait de se réfugier ainsi dans l'idée de spontanéité dénote une inaptitude réelle ou imaginaire à constituer des organisations efficaces et un refus de s'opposer de manière " réaliste " aux organisations en place. Opter pour la " spontanéité ", c'est donc une façon négative d'aborder le problème de la transformation sociale; toutefois, mais seulement dans un sens idéologique, cette attitude a des aspects positifs, étant donné qu'elle implique un divorce mental d'avec le type d'activités qui tendent à renforcer l'ordre établi. Aiguisant la faculté de critique, elle mène à se désintéresser d'entreprises futiles et d'organisations dont on ne peut plus rien attendre.

Paul Mattick:STALINISME ET BOLCHEVISME
Trotsky ne pouvait pas se permettre de voir dans le bolchevisme un simple avatar de la tendance mondiale vers une économie fascisante. En 1940, il défendait toujours l'opinion que le bolchevisme avait, en 1917, évité la venue du fascisme en Russie. Il devrait pourtant, de nos jours, être tout à fait clair - et en fait cela aurait dû l'être depuis longtemps -que tout ce que Lénine et Trotsky ont réussi à empêcher, c'est d'utiliser une idéologie non marxiste pour masquer une reconstruction fasciste de la Russie. En ne servant que les buts du capitalisme d'Etat, l'idéologie marxiste du bolchevisme s'est tout autant discréditée. Pour tout point de vue qui veut dépasser le système capitaliste d'exploitation, trotskisme et stalinisme ne sont que des reliques du passé.

Pierre Nashua: PERSPECTIVES SUR LES CONSEILS,LA GESTION OUVRIERE, ET LA GAUCHE ALLEMANDE

Capital et prolétariat s'efforcent l'un et l'autre de résoudre les contradictions du salariat. Mais, aujourd'hui, la thèse de la gestion ouvrière ne fait que le jeu du capital. Elle est reprise sous mille variantes par ceux qui ont besoin de moderniser leur idéologie pour participer à la direction politique du capital. Puisque la crise de la société est visible à l'oeil nu, tous ceux qui recherchent un pouvoir quelconque sont et seront obligés de reprendre d'une façon ou d'une autre les positions autogestionnaires.

Helmut Wagner:L'ANARCHISME ET LA REVOLUTION ESPAGNOLE
Notre intention n'est pas de rendre les anarchistes responsables de l'évolution suivie par la lutte antifasciste et de son détournement vers une impasse bourgeoise. Ce que nous critiquons le plus sévèrement est le fait que les anarchistes aient cessé de travailler pour une révolution prolétarienne réelle, et qu'ils se soient identifiés au processus dans lequel ils étaient impliqués.

Organisation des Jeunes Travailleurs Révolutionnaires:LE MILITANTISME STADE SUPREME DE L' ALIENATION.
Ce que nous disons des militants est dur et sans appel. Nous ne sommes prêts à aucun compromis avec eux, ce ne sont pas des révolutionnaires qui se trompent ou des semi-révolutionnaires, mais des gens qui sont en deçà de la révolution.

H.CANNE-MEIER:HISTOIRE DU MOUVEMENT DES CONSEILS OUVRIERS EN ALLEMAGNE 1919-1935.
Dans de tels mouvements les conceptions particulières des ouvriers, social-démocrate, anarchiste, libérale, religieuse, etc...devaient s'effacer devant la nécessité du moment. La masse en tant que classe était obligée d'agir sous sa propre direction, sur la base organisationnelle de l'usine, rejetant toutes les organisations de différentes "couleurs".Dans les centres industriels importants les Conseils Ouvriers prenaient le pouvoir à Berlin, à Hambourg, dans la Rhur et le centre de l'Allemagne, en Saxe. Quel usage ont-ils fait de ce pouvoir?

Jean Barrot:LE "RENÉGAT" KAUTSKY ET SON DISCIPLE LENINE
Les conditions qui ont permis le développement et l'essor d'organisations de type social-démocrate ou bolchevique sont aujourd'hui dépassées. L'idéologie léniniste quant à elle, outre son utilisation par les bureaucrates au pouvoir, loin de servir dans les groupements révolutionnaires qui s'en réclament à l'union du socialisme et du mouvement ouvrier, ne peut servir dès à présent qu'à cimenter provisoirement l'union d'intellectuels médiocres et de travailleurs médiocrement révolutionnaires.

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