Métamorphose permanente Afrah Al-Kubaisi Traduction de Jalel El Gharbi.
Les morts mangent-ils ; boivent-ils ? Respirent-ils leurs peines ; se souviennent-ils de leurs rêves ? Rêvent-ils de justice ? Et sur quelle terre se trouvent-ils ? Oublient-ils la colère qui a duré des années ? Aiment-ils ? *** Mort, Je vis au fond de mes songes et on m’interdit de rêver Je n’ai aucun droit ; tous mes droits sont bafoués Et toutes mes aspirations confisquées Mes blessures sont truffées de sel Et mes sens engourdis Mort, Je pleure comme tous les humains mais mon fort intérieur a été assassiné Amarré à ce corps et en résidence surveillé Mes volatiles tombent les uns après les autres Mes roses n’ont ni couleur ni parfum Mes papillons sont tristes Ma plume torturée Et mes sentiments sont dans un camp. *** Mort, La lumière n’est plus lumière ; L’ombre n’est plus ombre ; L’amour n’est plus amour ; L’espoir n’est plus espoir. *** Mort, Mes larmes ont éteint ma bougie Ma solitude a démoli mon enfance Qui suis-je ? Comment puis-je rester mort toute une vie ? Que veux-je ? Comment puis-je rester enterré avec toutes mes aspirations ? Où aller Alors que tous les chemins sont minés ? Où fuir Alors que la prison est partout ? La prison est partout. *** Voici mes voies enfoncées Voici mes jours embourbés Voici ma vie se consumant sous mon regard Ma tête demeure à jamais inclinée Et ma main blessée Comment être ? Et quand ? Je n’ai même plus envie d’être Mort, Mon exécution se prolonge à l’infini. |
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