2. Organisation de l’armée espagnole


 
2.1Tercio d'infanterie 2.2 La cavalerie 2.3 L'artillerie





2.1 le Tercio d'infanterie

Le Tercio est l'unité administrative et tactique de l’infanterie espagnole de 1534 à 1704. Pendant cette longue période le Tercio a évolué dans sa composition, tactiquement et techniquement. Un  Tercio regroupait un état-major et un nombre variables de compagnies de combats ou banderas.


2.1.a l’état-major du Tercio

Cette état-major permanent est une nouveauté à l'époque de la création des Tercios et il regroupe les fonctions administratives (payement, intendance etc...) et militaires de l'unité. Cette état-major comprends normalement:

Le Mestre de Camp 
(Maestro de Campo
Il commande le Tercio. Avec lui on trouve son page et sa garde personnelle de huit hallebardiers. 
Le maître de camp est aussi le capitaine de la première compagnie et il donne généralement son nom au Tercio qu’il commande.
Le sergent major
(Sargento Mayor
C'est l'officier en second, il est capitaine de la deuxième compagnie et dispose de deux sergents d’armes.
Un auditeur militaire
(
Fiscal Militar)
Il s'occupe des finances du Tercio et il a trois aides.
le chef de la police militaire
(barrachel de campaña)
C'est l'officier qui s'occupe de la discipline, il dispose de 5 soldats de cavalerie et d'un bourreau.
Un chapelain principal Il dispose de l'aide de deux chapelains ordinaires
Un fourrier (furier mayor Il est chargé de l'intendance
Un chirurgien principal Responsable des activités médicales
Un tambour principal Responsable des musiciens du Tercio
Au total nous avons donc un état major de 29 hommes.

 


2.1.a Les compagnies de combats de 1534 à 1632

L’unité de base de combat des Tercios est la compagnie. Il existait deux types de compagnies: les compagnies de piquiers et les compagnies d’arquebusiers. La composition de ses compagnies varies suivants les théâtres d'opérations. De 1536 à 1567, les premiers Tercios étaient basés principalement en Italie et ils comportaient 10 compagnies de 300 hommes;  8 compagnies de piquiers et 2 compagnies d’arquebusiers soit 10 x 300 = 3000 hommes.
A partir de 1568, l'organisation des Tercios de l’armée des Flandres est modifiée, un Tercio en Flandres regroupait alors 12 compagnies de 250 hommes; 10 compagnies de piquiers et 2 compagnies d’arquebusiers soit 12 x 250 = 3000 hommes.
Toutes les compagnies comportaient le même nombre d'officiers:

un capitaine et son page,
un alférez,
un sergent,
un abanderado (enseigne),
trois musiciens,
un fourrier,
un chapelain et un barbier, soit un total de 11 hommes.

De même intégrés aux hommes de troupes on avait les "cabos" qui généralement commandaient une "escadre" de 25 soldats. De ce fait suivant le type de compagnie on a entre 10 et 12 "cabos", le cabo était en général un soldat vétéran. Il existe une autre sous-unité non officielle, les "camaradas"de 6 à 12 hommes aux ordres d'un soldat vétéran. Les camaradas étaient particulièrement importante pour le maintient du moral et pour les taches quotidiennes du soldat espagnol.  

(A): organisation d'un Tercio de 12 compagnies de 250 hommes
2 x [11 officiers, 224 arquebusiers et 15 mousquetaires]
10 x [11 officiers, 111 corselets, 108 piquiers sec et 20 mousquetaires.]
 
 

(B): organisation d'un Tercio de 10 compagnies de 300 hommes
2 x [11 officiers, 35 piquiers sec, 239 arquebusiers et 15 mousquetaires]
8 x [11 officiers, 135 corselets, 44 piquiers sec, 90 arquebusiers et 20 mousquetaires]

 

 note: Le corselet est un piquier avec une armure complète. Le piquier sec a seulement des pièces de l'armures.
Le tableau 1 montre la répartition des hommes suivant leurs armes dans un Tercio du XVI siècle. Le mousquet a été introduit par le Duc d'Alba en 1567, juste avant le départ pour les Flandres.
 Tableau 1 Tercio à 12 compagnies
Tercio à 10 compagnies
Officiers
159 h
5,2%
147 h
5,2%
Piquiers avec Corselet
1110 h
36,6%
1080 h
35,7%
Piquiers
1080 h
35,7%
400 h
13,2%
Arquebusiers
448 h
14,8%
1220 h
40,3%
Mousquetaires
230 h
7,6%
190 h
6,3%
Ratio Tireurs/Piquiers
0,31

0,95

En campagne, la réalité était quelque peu différentes. Les pertes au combats, les maladies, mais surtout les désertions réduisaient dramatiquement les effectifs d’un Tercio (note: cette remarque est valable pour toutes les armées de l‘époque). De même les armées avaient tendance à avoir plus de tireurs (arquebusiers ou mousquetaires) pour augmenter leurs puissance de feux.

Voici la réalité des compagnies espagnols 

- En 1567, lors de la revue de Lons-en-Saulnier, les 4 Tercios qui devaient partir avec le duc de Alba pour les Flandres regroupaient 49 compagnies et 8795 hommes, reparties comme suit:

Tercio Compagnies (Co)
hommes (h)
h/co
Tercio de Lombardie
10
2204 
220
Tercio de Naples
19
3194
168
Tercio de Sicile
10
1641
164
Tercio de Sardaigne
10
1756
175
 
- De 1567 à 1600, les Tercios de l'Armée des Flandres, ont reçu de nombreux renfort, plus de 63 000 hommes (réparties en 23 Tercios, on trouvera les noms de ces unités sur le site de J.L. Sanchez), pour combler leurs pertes. L'effectif moyen d'une compagnie à chaque arrivée de renfort, dans la seconde moitié du XVI siècles, s'établie à seulement 134 hommes, bien loin des 250 hommes que compte théoriquement la compagnie.
- En 1571, l'armée des Flandres dispose de 4 Tercios espagnols qui comporte 41 compagnies de piquiers et 9 compagnies d’arquebusiers. On a le Terrcio de Napoles avec 19 compagnies dont 3 d'arquebusiers totalisant 2676 hommes; Le Terrcio de Sicilia avec 11 compagnies dont 3 d'arquebusiers totalisant 1642 hommes; Le Terrcio de Lombardia avec 10 compagnies dont 2 d'arquebusiers totalisant 1588 hommes et enfin Le Terrcio de Flandes avec 10 compagnies dont 2 d'arquebusiers totalisant 1603 hommes. Le total des troupes est de 7509 hommes pour les 50 compagnies, ce qui nous donne une moyenne de 1880 hommes par Tercio et de quelques 150 hommes par compagnie.
La figure ci dessus  montre la répartition des hommes, les tireurs (arquebusiers et mousquetaires) représentent 32 % des hommes de troupes, on a alors un ratio tireurs/piquiers de 0,55
 
- En 1571 lors de la préparation de l'expédition navale qui ira à Lépante, le Tercio de Lombardia enverra 12 compagnies, soit 1756 soldats, ce qui nous donne 146 soldats par compagnie. IL faut noté que ce Tercio basé dans le milanais comptait à cette époque 3 compagnies de vétérans avec 451 hommes et 17 compagnies de nouvelles recrues (les bisoño) avec 2826 hommes. On peut remarquer que les compagnies de vétérans comptent 150 hommes par compagnie et celles de recrues 166 hommes par compagnie.

- Lors de l'opération de l'Invincible Armada en 1588, les 4 Tercios (renforcés) de l'armée des Flandres regroupent 82 compagnies (dont 17 compagnies d'arquebusiers) pour 8 710 hommes, soit une moyenne de 106 hommes par compagnies. Le chef de l'armée des Flandres utilisera 6 000 hommes pour son armée d'invasion, le reste étant utilisés pour surveiller les révoltés hollandais.

- Répartition des effectifs des 4 Tercios qui ont attaqué la France en 1596.

Le total des troupes est de 4910  hommes pour 44 compagnies (16 pour le premier Tercio, 14 compagnies pour le 2ème, 8 compagnies pour le 3éme et 6 compagnies pour le dernier) ce qui nous donne une moyenne de 112 soldats par compagnie.  Les Tireurs représentent 72% des hommes, soit un ratio tireurs/piquiers de 2,56.
 
 
 
 
 
 

 

En conclusion, dans la deuxième moitié du XVI siècle, un Tercio de 12 compagnies comptait environ 1500 hommes, avec 125 soldats par compagnie. Vers 1600, un vétéran donnait pour cent hommes: 60 tireurs, 30 piquiers et 10 officiers et hallebardiers.


2.1.b La compagnie de l'ordonnance de 1632

L'ordonnance Royale de 1632, modifie l’organisation des compagnies des Tercios. Au lieu d’avoir deux types de compagnie, il n’en resta plus qu’une, comportant toutes les armes. Les Tercios de l’armée des Flandres et d'Italie sont composés de 15 compagnie de 200 hommes  et les Tercios de la péninsule ibérique sont composés de 12 compagnies de 250 hommes.

Compagnie de 250 hommes: 11 officiers, 90 corselets (ie Piquiers), 60 mousquetaires et 89 arquebusiers
Compagnie de 200 hommes: 11 officiers, 70 corselets (ie Piquiers), 40 mousquetaires et 79 arquebusiers

En 1636, le Cardinal Infante, gouverneur des Pays-Bas, subdivise les Tercios espagnols et Italiens de son armée des Flandres en 15 compagnies, 2 compagnies d'Arquebusiers  et 13 compagnies de Piquiers (cf. figure ci-dessous). Avec la forte proportion de mousquetaires (60 %) dans les compagnies de piquiers on a théoriquement 68% de tireurs (voire Tableau 2).

Organisation d'un Tercio de 15 compagnies (armée des Flandres)

2 x [11 officiers, 159 arquebusiers et 30 mousquetaires]
13 x [11 officiers, 69 piquiers et  120 mousquetaires]
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Le tableau 2 montre la répartition des hommes suivant leurs armes.Théoriquement on retrouve les 3000 hommes, mais on peut remarquer que dans les Tercios de l'armée de Flandres (colonne du milieu) on n'a que 31% de piquiers (sans tenir compte des officiers). 
 Tableau 2 Tercio à 15 compagnies Tercio à 15 compagnies (1636) Tercio à 12 compagnies
Officiers
193 h
193 h
160 h
Piquiers (Corselet/Sec)
1050 h
759 h
1080 h
Arquebusiers
1185 h
318 h
1068 h
Mousquetaires
600 h
1380 h
720 h
Ratio tireurs/piquiers
1,70
2,24 
1,65
 

Dans la pratique, les effectifs des compagnies étaient beaucoup plus réduit.

- En 1634, Lors de la bataille de Nordlingen  le Tercio de Fuenclara dit de "Napoles" disposait de 1 450 hommes (12% d'officiers et 88% de cabos et de soldats)  réparties en 17 compagnies, celui de Idiaquez dit de "Lombardia" de 1 800 hommes (15% d'officiers et 85% de cabos et soldats) réparties en 26 compagnies. Nous avons ainsi une moyenne de 85 hommes par compagnie pour celui de Naples et 69 hommes par compagnie pour celui de Lombardia. De même lors de cette campagne les compagnies avaient une moyenne de 70% de tireurs. 

- En novembre 1643, après Rocroi,  les 5 Tercios espagnols qui ont participé à la bataille regroupent 39 compagnies (328 officiers et 2380 soldats), les 2 Tercios non présent à Rocroi, Gamarra et Avila comportent 36 compagnies (382 officiers et 2721 soldats). Pour les premiers on a une moyenne de 69 hommes/compagnie et pour les seconds une moyenne de 86 hommes/compagnie.

-  Lors de la 2° bataille des Dunes en 1658, le bataillons formé par le Tercio de Bonnifasz ne comportait que quelques 450 hommes et 11 compagnies.

- En septembre 1661, les 4 Tercios de l'Armée des Flandres regroupaient environ 5480 hommes, soit en moyenne 1370 homme par Tercio. Les compagnies ne devaient pas dépasser les 90 - 100 hommes.

 

2.1.c Les Tercios des Guerres Péninsulaires 1635 - 1668

Avec le début de la guerre contre la France en 1635 et le soulèvement du Portugal et de la Catalogne, les vieux Tercios d'Italie et de Flandres ne suffisent plus et la couronne espagnole doit trouver de nouvelles troupes pour faire face à ces guerres dans la péninsule Ibérique.

 

- Entre 1632 et 1634, le gouvernement demande à des nobles de former 16 "régiments" (c'est la première fois que le mot est employé pour des unités espagnole) d'infanterie de 1375 hommes. Même s'ils ont servi en campagne ces unités de type féodales disparaîtront rapidement dans la décade suivante ou seront convertis en Tercio.

- A partir de 1635 les espagnols formeront des "Tercios temporaires" de 1000 hommes (de 10 compagnies). Ces unités sont levées généralement dans les villes ou des provinces qui ne seront pas très sélectives dans leur recrutement et de manière générale ces unités seront de piètre qualité (cf. tableau). En 1639, la Catalogne fournira 5 Tercios de miliciens dit temporaires. De même, la province d'Aragon (qui ne fait pas partie de la Castille),  avec ses 310 000 habitants à la fin du XVI siècle, devait fournir 2 Tercios de 1000 hommes et 500 cavaliers pour les campagnes de Catalogne ainsi que 4 800 miliciens.

- Vers 1637, apparaissent les "Tercios provincial" de 1211 hommes subdivisés en  12 compagnies de 100 hommes avec un état major du Tercio de 11 hommes. Ces Tercios sont de bien meilleurs qualité et ils  formeront l'ossature des armées péninsulaires.

- Enfin vers 1663 apparaît le "Tercio provincial fixe" qui comptait 1000 hommes divisés en 16 puis 20 compagnies (62 ou 50  hommes par compagnie). Ces Tercios seront les premiers à recevoir un uniforme et ils seront connus pour la couleur de ceux-ci. On aura par exemple le Tercio ds Morados Viejos  ou le Tercio des Amarillos viejo.

Pour ce qui concerne les effectifs réels, le tableau suivant donne une bonne idée des effectifs moyen disponibles pour les Tercios péninsulaires.

Campagne / date Nombres de Tercios Effectifs Totaux Moyenne par Tercio
Catalogne 1640(1)
20
23 000 h
1150 h/Tercio
Extremadure1643(2)
12
8095 h
675 h/Tercio
Extremadure 1659 (3)
14
7270 h
519 h / Tercio
Extremadure 1662(4)
17
8890 h
523  h/Tercio
Extremadure 1663(5)
23
11 120 h
483 h/ Tercio
Espagne 1667(6)
5
3090 h
620 h/Tercio
 
(1) Lors de l'invasion de la Catalogne* en 1640 - 1641, l'armée de campagne du roi d'Espagne contenait 3 corps et 3 100 cavaliers, 23 000  fantassins et 24 pièces d'artillerie (le train d'artillerie comprenait 250 hommes, 800 wagons et 1200 mules):
- Avant-Garde: 1 "régiment" de cavalerie,  2 Régiments d'Infanterie (De los Velez et Conte de Oropesa), le régiment des Gardes Royaux, 3 Tercios espagnol (Castilla, Guipúzcoa et de los Arcos) et 1 Tercio Irlandais (Tyron), soit 500 cavaliers et environ 8 000 fantassins.
- La Bataille: 2 "régiments" de cavalerie + 1 compagnie de garde,  6 Régiments d'Infanterie(Melinaceli, Infanlado, Prior de Castilla, Pastrane, Morata et ?), 1 Tercio Viejo (Lesaca) et  2 Tercios provincial espagnol (Catalayund et Toledo) soit 1 300 cavaliers et environ 9 500 fantassins.
- Arrière-garde: 2 "régiments" de cavalerie, 1 Tercio Viejo (Tejada), 1 Tercio wallons, 1 Tercio portugais, 1 Tercio espagnol (Mesia de Acevedo) et quelques compagnies  Italiennes ainsi que l'artillerie et les bagages, soit 1 300 cavaliers, environ 5 500 fantassins et 24 pièces d'artillerie.

Note: Cette armée participera à la bataille de Montjuïc en 1641. La mauvaise qualité des recrues et le manque de ravitaillement favoriseront les désertions.

(2): Une revue de l'armée Royale d'Extremadure donne, pour l'infanterie, 956 Officiers et 7139 soldats qui sont réparties comme suit: 1 Tercio Viejo (Extremadura), 8 Tercios Temporaires, 1 Tercio Irlandais et 2 Tercios Italiens. Le Tercio le plus fournis a 1491 hommes (101 officiers et 1390 soldats) et le Tercio le moins fourni a 398 hommes (119 Officiers et 279 Soldats). Cette armée comporte également des compagnies indépendantes avec 66 officiers et 669 hommes

(3): La revue avant le début de la campagne de 1659  qui culminera par la bataille d'Elvas donne pour l'infanterie, 7 600 hommes qui sont subdivisés en : 4 Tercio de Milice d'Extremadure (2083 hommes), 5 Tercios Provinciales  (2 900 hommes), 4 Régiments de nobles (1390 hommes), le régiment de la garde royale (900 hommes) et enfin le reste de 11 Tercios, dont 2 Tercios irlandais, qui n'avaient que 327 hommes en tout.

(4): L'armée de Don Juan José de Austria qui se prépare à entrer en campagne, regroupe 8890 fantassins qui sont réparties en: 1 Tercio viejo (Armada) avec 484 hommes, 1 Tercio d'Aragon (10 compagnies ) avec 503 hommes, 9 Tercios provinciales ou temporaires avec 5106 hommes, 3 Tercios Italiens avec 1523 hommes et 3 Tercios Allemands avec 1270 hommes.

 (5): L'armée espagnole qui a été vaincu à la Bataille d'Estremoz en 1663 avait 11 120 fantassins qui étaient sub-divisés comme suit: 15 Tercios espagnols regroupant 202 compagnies (13,5 compagnies par Tercio, avec un maximum de 26 et un minimum de 5), 5 Tercios Italiens regroupant 58 compagnies (11,4 compagnies par Tercios) et enfin 3 Tercios allemands avec 26 compagnies (8,7 compagnies par Tercios).

(6): Les 5 premiers tercios provincial fixes regroupaient de 636 officiers, 332 reformados et 2122 soldats subdivisés en 92 compagnies. 2 Tercios (Azules Viejos et Colorados Viejos) ont chacun 21 compagnies avec une moyenne de 6,7 officiers, 3,2 reformados et 24 soldats par compagnie. 2 Tercios (Verdes Viejos et Amarillos Viejos) ont chacun 17 compagnies avec une moyenne de 7,1 officiers, 3,7 reformados et 22 soldats par compagnie. Enfin le Tercio des Morados Viejos a 16 compagnies avec une moyenne de 7 officiers, 4,4 reformados et 23 soldats.



2.1.d  Les derniers Tercios 1685 - 1704

Les effectifs et la composition des derniers Tercios n’avaient plus grand chose à voir avec les Tercios du XVI siècle. Même si on manque de renseignements, l'ordonnance royale de mai 1685 réorganise les Tercios. Le tableau suivant donne une idée générale de la situation des Tercios, elle est basée en partie sur  les données des derniers tercios de l'armée des Flandres (voir R&D n°3). Outre son état major de 13 - 14 hommes un tercio compte normalement de 12 à 15 compagnies de combat.

Compagnie de 1685
Effectif
Etat - Major d'un Tercio
Effectif
Capitaine et son pâge
2
Maestro de campo,
1
Alférez
1
Sargento mayor avec 1 ou 2 aide(s)
2 -3
Abanderado
1
Chapelain principal,
1
Sergent
1
Fourrier principal,
1
Tambour
1
Chirurgien principal,
1
Fourier et Cabos
3 - 4
Tambour principal
1
Soldats*
57 - 63
Capitaine de campagne avec 2 aides
3
Total
66 - 72 places
Total
10 - 11 places
*avec 1/3 de piquiers, 1/3 d’arquebusiers et 1/3 de mousquetaires.


On pouvait aussi avoir des Tercios avec 2 compagnies, celle du Maestro de Campo et du Sergent Major de 100 hommes et 10 compagnies de 79 hommes, voire des Tercios de seulement 10 compagnies de 67 hommes. En théorie on a ainsi des Tercios de 600  à 1 200 hommes.
 
Possible organisation d'un Tercio de 12 compagnies (960 hommes) de l'armée des Flandres vers 1690. Suivant Clonard un Tercio pouvait théoriquement former 2 bataillons de 432 cabos et soldats.
Ici chaque compagnies dispose d'un état-major de 7 hommes, 6 "cabos" et 66 soldats. 
 
 
 
 

 

A cette date, les espagnols vont créer 12 compagnies (4 en Flandres, 4 en Italie et 4 en catalogne) de Grenadiers de 50 hommes, officiers inclus, qui sont armées avec un mousquet à silex ou fusil et d'une baïonnette. Il est possible que les grenadiers soient directement intégrés dans les compagnies à raison de 5 grenadiers par compagnie.

La réalité est plus complexe:

Il semble que les 6 Tercios des Flandres aient été toujours en sous-effectif, avec, pas plus de 40-50 hommes par compagnie, soit au maximum 600 hommes par Tercio.
En 1689 -1690, la ville de Barcelone avait formé deux Tercios de 700 hommes, la province de Valencia un Tercio de 500 hommes.
En 1690, 18 compagnies de renfort totalisent seulement 1101 hommes, soit 61 hommes par compagnie sortent de Madrid pour l'armée de Catalogne.
En 1690, les 5 premiers Tercios provincial fixe disposent de 4 405 hommes, soit une moyenne de 880 hommes par Tercio.
En Espagne, en 1694 les deux Tercios Provincial d'Extremadure avaient 13 compagnies de 50 places en moyenne. De même le Tercio de Ceuta avait à cette époque, un état -major de 18 hommes, 2 compagnies de Ceuta avec 138 hommes et 8 compagnies de Castillans avec 446 hommes, soit un total de 10 compagnies et  602  hommes.
Pour terminer, lors de la bataille de la rivière Ter, en 1694, les 11 900 fantassins sont réparties en 25 Tercios et régiments, soit une moyenne de 476 hommes par tercios.

La dernière réforme, vers 1699, destinée à l’armée des Flandres donne un Tercio de 12 compagnies de 36 hommes (en comptant les  officiers et 5 grenadiers), ce qui nous donne un Tercio théorique de 444 hommes avec l'état-major du Tercio. Nous sommes bien loin des effectifs du début du XVI siècle. A partir de 1702 tous les hommes sont armés avec un fusil et une baïonnette.

Suivant Sánchez Martín (el ejercito de Felipe V, R &D voir les liens),  en 1701  il existait 28 Tercios espagnols et 30 Tercios des nations alliées:

Espagnol
en Espagne
en Italie
en Flandres
Tercio "Viejo"
-
4
3
Tercio Auxiliaire "Viejo"
-*
2
3
Tercio Provincial fixe "Viejo"
5
-
-
Tercio Provincial fixe "Nuevo"
9*
-
-
Tercio de la Marine
2*
-
-
 
16 
6
6
* Suivant certain auteurs (de la Cuesta, Clonard) on a 5 Tercios supplémentaires  (1 Auxiliaire "Viejo", 1 Provincial fixe "Nuevo", 1 Tercio de la Marine et 2 Tercios Auxiliaires)
Nations Alliées
En Espagne
En Italie
En Flandres
Tercio Italiens
2**
6
3
Tercio Wallons
2
-
6
Tercio des Grisons (Suisse)
-
2
-
Tercio Allemands
4**
2
3
 
8
10
12
** Suivant certain auteurs (de la Cuesta, Clonard) on a 4 Tercios supplémentaires (3 Tercios Italiens et 1 Tercio Irlandais) en Espagne, mais seulement 1 Tercio Allemand.

Sur les effectifs réels de ces Tercios on sait que vers cette date, les 6 tercios espagnol compte 72 compagnies avec 341 officiers, 592 reformados et 1217 soldats,  ce qui nous donne un effectif moyen de 358 hommes par Tercio et de 29 hommes par compagnies. Par contre, en Italie on trouve 69 compagnies espagnols, subdivisées en 4 Tercios  et qui comptaient 3593 fantassins, c'est à dire 51 hommes par compagnie et 898 hommes par Tercio.

En 1701, le nouveau roi Philippe V prend les premières mesures pour modifier son infanterie. Ces unités se nomme toujours Tercios, mais elles doivent compter 1 à 2 bataillons de 12 compagnies de ligne et une compagnie de grenadier. Chaque compagnie de ligne  doit compter 3 officiers, 2 sergents,  10 piquiers et 35 "arquebusiers", on a ainsi des bataillons de 650 hommes.


Par l'ordonnance royale de 1704 le Roi Philippe V supprime les Tercios et les remplaces par des régiments à deux bataillons suivant le modèle Français de Louis XIV.


Note: Le nom de Tercio existe de nos jours dans l'armée espagnole des années 2000. Il désigne les 3 bataillons de la légion espagnole, mais aussi les troupes de marine regroupées dans le Tercio de l'Armada ou TEAR..



2.2 les unités de cavalerie espagnole

2.2.1 De 1525 à 1649 

La cavalerie de l'armée espagnole étaient recruté dans tous les territoires de la monarchie. L’unité permanente de la cavalerie espagnole était la compagnie, il n’y avait pas d’unité permanente plus importante. En fait chaque territoire de la monarchie disposaient de ses propres compagnies de cavalerie organique sous les ordres d'un commissaire général de la cavalerie. Ces effectifs étaient complétée par des compagnies purement hispanique et des compagnies ou des régiments de mercenaire, principalement allemand. Ainsi dans l'armée des Flandres on avait trois groupements, la cavalerie organique des Flandres (Wallonne et Flamande) appelée aussi cavalerie du pays, la cavalerie espagnole des Flandres et les régiments de cavalerie allemandes appelée aussi cavalerie étrangère.

Tactiquement, lors de batailles ou au début de chaque campagne, les compagnies se regroupaient en escadron ou trozos (le terme de Grueso est aussi utilisé) de 2 ou 4 compagnies suivant les considérations tactiques et les effectifs des compagnies. Ces Trozos étaient aux ordre d'un commissaire, généralement le capitaine le plus âgée. Vers 1600, la tactique de la cavalerie espagnol était d'ouvrir la charge par une décharge des arquebusiers à cheval suivit d'une charge des cavaliers lourd l'épée à la main qui utilisait leurs pistolets dans la mêlée à bout portant. Cette charges pouvaient être suivit par une attaque des compagnies de celadas qui étaient armée avec une lance.       

i) la cavalerie lourde

Depuis 1525, la cavalerie lourde purement espagnole était représentée par les 24 compagnies d'ordonnance des Gardes Royale "Guardias de Castillas". Chaque compagnie avait 37 homme d'armes ou lance, une trompette, un armurier et un forgeron, sauf la première qui avait 97 hommes d'armes. Les hommes d'armes espagnole étaient de qualité moyenne, inférieures en équipement discipline à la cavalerie française (les gendarmes). Les compagnies d'ordonnance des Guardias de Castillas ne seront que rarement déployés hors d'espagne. Par contre des compagnies de cavaleries lourde appelée caballos lanzas étaient, souvent,  recrutés en Espagne pour servir en Flandre ou en Italie.
Charles  V (1516 - 1558) pouvaient disposaient des compagnies ou bandes d'ordonnances de l'ancien duché de Bourgogne, ces compagnies étaient recruté en Flandres et en Franche Conté et chaque compagnies disposaient de 30 à 60  "Lances".  Comme en France une "Lance" regroupait un homme d'arme, 2 archers (une version allégée de l'homme d'arme) et plusieurs serviteurs, normalement 1 page te 1 valet. Les compagnies italienne ne regroupait que des hommes d'armes.
Dans la première moitié du XVI, l'armes principale est la lance, par la suite ces cavaliers utiliseront principalement le pistolet et l'épée et ils seront nommé Herreruelos puis caballos-corazas. L’armement défensif comprenait une armure 3/4 de type Allemande ou Italienne avec un casque à visière voire un capeau en feutre.

Image extraite de  l'ouvrage du  Conte de Clonard   qui represente deux cavaliers du XVI siécle, avec à droite un Herreruelo avec sa cape courte, son pistolet  et son chapeau en feutre et à gauche un homme d'arme ou caballo lanza  avec una armure compléte.


A partir du début du XVII siècle, la cavalerie lourde se divise en deux groupes, les Cavallos Lanzas (armés de lances)et les Cavallos Corazas (armés d'une épée et de pistolets). Ces cavaliers sont organisé en compagnies de un capitaine et son pâge, un lieutenant et son pâge, un alferez et son pâge, deux trompettes, un fourrier, un forgeron, un chapelain et 88 cavaliers, ce qui nous donne en tout 96 cavaliers plus 3 pâges.  L'armure se convertira peu à peu  en demi-armure avec des bottes en cuire, puis en cuirasse ventrale et dorsale voire sans protection. Quand au casque à visière il s'ouvrira progressivement pour se transformer progressivement en casque de type bourguignon.

ii) la cavalerie légère

En fait, la cavalerie espagnole typique, nest pas l'homme d'arme mais une cavalerie légère ("Jinetes"), montant à cheval avec des étrier court, comme les "Celadas" ou des arquebusiers à cheval. Les cavaliers des compagnies de "Celadas" sont armés avec une Lance courte un pistolet et une épée. Les arquebusiers à cheval avaient une arquebuse et une épée. Leurs armement défensif comprenaient un casque ouvert, pour avoir une bonne vision, un broigne de cuir, voire quelques pièces d'armure pour les Celadas. En théorie les compagnies de cavalerie légère avait 97 cavaliers, une trompette, un armurier et un forgeron. Certaine compagnie Italienne étaient aussi des compagnies d'arquebusier à cheval et les espagnols employaient aussi des cavaliers léger venu de l'est de l'Europe comme les estradiots ou les cosaques.


Concernant les effectifs réels,

Sous Charles V (1516 - 1558), la cavalerie proprement espagnole comptait environ 7120 cavaliers sur le papier.
En 1567,
lors de la revue de Lons-en-Saulnier, le Duc d'Alba disposait de 1200 cavaliers qui étaient réparties comme suit: 5 compagnies de Celadas espagnols, 3 compagnies d'homme d'armes  Italiens, 2 compagnies de cavalerie légère Albanaise et enfin 2 compagnies d'arquebusiers à cheval.

Suivant les mémoires du Duc d'Alba, L'armée des Flandres avait, en 1573, 3300 cavaliers lourds (16 compagnies), 980 cavaliers léger (14 compagnies) et 500 arquebusiers à cheval (5 compagnies), soit 4780 hommes réparties en 35 companies. Les espagnoles ne sont pas présent dans les companies de cavalerie lourde.

Lors de la bataille de Mook en 1574, la cavalerie espagnole était déployée en 5 escadrons: 1 escadrons d'arquebusiers à cheval de 170 hommes (3 compagnies), 3 escadrons de Celadas avec respectivement 170 (3 compagnies), 115 (2 compagnies) et 110 hommes (2 compagnies) et enfin un escadrons de cavalerie lourde Allemande (pistoliers) de 200 hommes (1 compagnie). Pour la cavalerie espagnole nous avons une moyenne de 55 cavaliers par compagnies.

En 1590, lors des operacions en France, l'armée du duque de Parme disposait de 6 bandes d'ordonnance wallone: celle du Conte d'Aremberg avec 50 hommes d'armes et 150 archers, celle du Conte de Boussu avec 40 hommes d'armes et 80 archers, celle du Prince de Chimay 40 hommes d'armes et 80 archers,   celle du Marquis de Renty avec 40 hommes d'armes et 80 archers, celle du Conte de Berlaymont avec 40 hommes d'armes et 80 archers et enfin celle du Baron de Barbançon avec 30 hommes d'armes et 60 archers

En 1634, lors de la bataille de Nördlingen, la cavalerie de l'armée espagnole se compose de 2 compagnies des Gardes du Cardinal-Infante avec 230 cavaliers, 10 compagnies napolitaines avec 700 cavaliers (Conte de Ayala), 4 compagnies lombardes avec 500 cavaliers (Marquis de Florencio), 7 compagnies bourguignonnes avec 590 cavaliers (Conte de la Tour), 18 compagnies italiennes avec 650 cavaliers (Gerardo de Gambacorta) et enfin 5 compagnies bourguignonnes supplémentaires avec 450 cavaliers. En tout, sans compter les gardes, nous avons 32 compagnies italiennes avec une moyenne de 58 cavaliers et 12 compagnies bourguignonnes avec une moyenne de 87 cavaliers.

En 1643 lors de la revue de l'Armée d'Extremadure, la cavalerie espagnole compte 6 compagnies des Gardes de Castille (16 officiers et 125 cavaliers),  23 compagnies de cuirassés (86 officiers et 905 cavaliers), 6 compagnies d'Arquebusiers à Cheval (18 officiers et 279 cavaliers) et 9 compagnies de cavaliers Italiens provenant de Lombardie (52 officiers et 328 cavaliers). On a en tout 44 compagnies pour 172 officiers et 1632 homme, soit une moyenne de 41 hommes (4 officiers et 37 cavaliers) par compagnie.

 

2.2.2 De 1649 à 1704

Suite au discrédit de la cavalerie des armées espagnoles, Philippe IV décide d'en modifier l'organisation. L'ordonnance royale de mars 1649 va créer 24 Tercios de Cavalerie. Chaque tercio compte un état-major de 8 hommes et 6 compagnies de combat comportant chacune : 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 alférez, 2 trompettes, 1 fourrier, 1 chapelain, 1 forgeron, 10 cabos et reformados et 78 cavaliers. Au total on a une unité de 584 hommes

Image extraite de l'ouvrage du Conte de Clonard qui représente deux cavaliers espagnols du milieu du XVII siècle. Le premier cavalier est un arquebusier à cheval ou carabinier, le deuxième est un corazza-lanza ou cuirassier qui porte un casque et une cuirasse. 
 
 
 
 
 

 

L'armement offensif comprends une épée ou rapière et plusieurs pistolets voire l'arquebuse ou la carabine (10 à 15 cavaliers sont armés d'arquebuses ou de carabines). L'armement défensif comprend un casque en fer ouvert ou bourguignonne et une armure légère ou une peau de buffle.
Avec le dernier de Habsbourg, Charles II, les Tercios de cavalerie sont regroupé en brigade de 2 ou 3, enfin vers 1693 - 1697, les Tercios de cavalerie sont subdivisés en 1 ou 2 escadrons de 8 compagnies de 50 hommes.

La réalité
En 1662, la revue de l'Armée d'Extremadure donne 5290 hommes subdivisés en 14 Tercios de cavalerie, soit une moyenne de 378 cavaliers par Tercio. La même année, une revue de l'armée de Galice donne 1487 cavaliers subdivisés en 3 Tercios de Cavalerie, soit une moyenne de 496 cavaliers par Tercio.
En 1663, lors de la bataille d'Estremoz, les 5 935 cavaliers de l'armée espagnols sont réparties en 107 compagnies (10 Tercios de cavalerie plus 9 compagnies indépendantes), soit une moyenne de 55,5 hommes par compagnie.
En 1677, la cavalerie de l'armée des Flandres dispose de 1182 cavaliers espagnols subdivisés en 8 trozos, 1976 cavaliers walons répartis en 15 trozos et enfin 9 régiments de cavaliers allemands comptant 1324 hommes.
En 1694, lors de la bataille de la rivière Ter, les Trozos de l'Ordre de Milan et d'Extremadura pouvaient former 15 escadrons de cavalerie à 3 compagnies totalisant 1450 hommes (quelques 32 cavaliers par compagnie).
Enfin en 1699, nous disposons des effectifs de l'armée des Flandres qui comptent 2258 cavaliers:

7 compagnies de Gardes (3 x Gardes Generale, 3 x Gardes des gouverneurs + 1 x garde Allemande) avec 624 cavaliers,
3 Tercios Coraza espagnol avec 18 compagnies et 516 cavaliers
2 Tercios des nacions (Italien et Bourguignon) avec 12 compagnies et 335 cavaliers
3 Tercios du pays (Wallon) avec 12 compagnies et 332 cavaliers
3 regiment allemands avec 15 compagnies et 451 cavaliers

Suivant les effectifs theoriques il ne manque que 53 cavaliers

2.2.3 Les Dragons espagnols

Les espagnols disposent depuis la fin du XVI siècle des compagnies d'arquebusiers à cheval qui combattent souvent comme des dragons, c'est à dire qu'ils se déplacent à cheval et mettent bien à terre pour combattre. Le tableau suivant montre les dates de création des Tercios de dragons suivant le Conte de Clonard. Chaque Tercio de dragons avaient entre 8 et 22 compagnies de 50 à 100 places.
 
Tercio de dragons Date de Création Effectifs* Mestre de Camp Théâtre Opération
Tercio de la Fuente
1633
800 places Don Pedro de la Fuente
Italie
Tercio Baraglia
1640
? Colonel Bataglia
Italie
Tercio de Vitoria
1640
1 000 places Don Pedro de Santa Cecilia
Espagne
Tercio de Verloo
1674
1100 places Baron de Verloo
Flandres
Tercio de Hartmond
1676
? Don Nicolas Hartmond
Flandres
Tercio  de Villareal
1677
? Don Manual de Villareal
Espagne
Tercio de Steenhnise
1689
?
Prince de Steenhnise
Flandres

*effectifs au moment de leur création

En 1697, les tercios de dragons sont au nombre de 7 (3 en Flandres, 1 en Italie et 3 en Espagne) et ils sont composés d’un état major de 14 hommes et de 9 compagnies de 37 ou 50 places: 1 capitaine avec son pâge, 1 alférez avec son pâge,  2 sergents, 1 tambour, 1 fourrier et de 29 à 43 dragons. 

Concernant la réalité nous savons que le Tercio de Verloo disposait de quelques 500 dragons lors de la bataille de Seneffe en 1674.
En Flandres nous retrouvons en 1699,   3 Tercios (27 compagnies) avec 159 officiers, 166 reformados et 633 dragons, il ne manque que 17 hommes suivant les effectifs théoriques.


2.3 l’artillerie espagnol
Il n’existaient pas à proprement parlée d’artillerie espagnol autre que celle installé dans les forteresse de la péninsule ibérique ou sur les navire de l‘armada. On parlera plus volontiers de l’artillerie de l’empire qui étaient composé principalement d’autrichien ou d’allemand, cette partie de l’empire fabriquant les meilleurs canons. Comme pour les autres armée, l’artillerie était relativement désorganisé (en particulier au XVI siècle) avec un nombres impressionnant de calibres (Voir tableau).
 
Couleuvrine Moyenne de 12 livres ( fin du XVI siècle) tirant. D'après une gravure de Jacques Callot (1592-1635)
 
 
 
 
 
 
 
Pour le fameux capitaine espagnol le Duc de Alba une bonne batterie contenait, vers 1573, 6 canons lourds ou moyen, 2 couleuvrines,  4 couleuvrines moyennes et 12 falconnets. Pour ce qui concerne les effectifs nous aurions pour 24 pièces:
1 capitaine général, 8 Hallebardiers, 1 Lieutenant, 1 caporal d'artillerie, 7 auxiliaires, 96 artilleurs (3 pour les falconnets et 5 pour les autres pièces), 10 gentilshommes d'artillerie, 24 conducteurs, 1 chapelain, 1 médecin, 1 Fourier, 1 prévôt et 2 aides, et enfin on a 72 charpentiers, poudriers, forgerons, tonneliers etc...:
En tout nous avons environs 226 hommes, c'est à dire un état majors de 17 personnes, un service de maintenance de 103 hommes et 106 artilleurs.
 

En 1609 le général de l'artillerie espagnol (Diego Uffano) rationalise les calibres existants. On passe de 23 calibres à 6, puis à 4 (48, 24, 12 et 6 livres).

XVI siècle Calibre* Réforme de 1609 Calibre
Canon Lourd 40 livres
35 livres
32 livres
30 livres
Canon Lourd 48 livres
Canon Moyen 20 livres
18 livres
16 livres
15 livres
Canon Moyen 24 livres
Tiers de canon 10 livres
8 livres
7 livres
Quart de Canon 12 livres
     ou
10 livres
Couleuvrine 24 livres
20 livres
18 livres
16 livres


Couleuvrine Moyenne 12 livres
10 livres
8 livres 
7 livres
Quart de Couleuvrine 6 livres
    ou
5 livres
Tierce de Couleuvrine 5 livres
4 livres
3 livres
2 livres


* une livre correspond à 0,46 kg
Jusqu’au milieu du XVII siècle l’artillerie avait une efficacité toute relative en terrain découvert:
- Les canons étaient lourd et peu mobile.
- Les obus explosives, efficace contre le personnel, n’étaient pas disponible (ils seront utilisés dans la deuxième moitié du XVII siècle).
- La cadence de tir était lente, entre 8 et 15 tirs par heures au début du XVII siècle.
- La qualité du métal faisait que le tube s’échauffait vite.
- Enfin le mécanisme de pointage était erratique.

Le principale avantage de l’artillerie était qu’a courte distance (50 m) les tirs pouvaient être dévastateur sur une unité compacte d’infanterie et qu’a longue portée (500 – 1000 m) les boulets de canons pouvaient désorganisé un escadron d’infanterie. Par contre dans la guerre de siège l’artillerie était indispensable.

Jusqu'au milieu du XVII siècle, l'artillerie espagnole sera principalement utilisé dans les opérations de sièges de la guerre des Flandres et donnera une fausse appréciation de l'arme à l'état major espagnol pour la guerre de  manœuvre. En effet alors que dans la deuxième moitié du XVII siècle, les pays d'Europe organisent des corps spécifique d’artillerie (Gustave en avait un des 1630 composé de 6 compagnies), régiment des fusiliers du Roi en France, Royal Artillery regiment en Angleterre, nous n'avons rien de semblable en Espagne. Cette situation, accompagné de la crise économique du royaume et de sa dispersion territoriale feront que vers la fin du XVII siècle, l'artillerie espagnole est dans un état déplorable, manquant d’hommes bien formés, équipée d’un matériel désuet la plupart du temps en mauvais état.

 
2.4 L'infanterie des nations alliées

En plus des Tercios espagnol, l'infanterie du royaume d'Espagne regroupaient des unités provenant des territoires sous administration espagnol (Naples, Sicile, Lombardie, Franche-conté et Flandres),  les nations alliées et des unités de mercenaires.
Les Tercios espagnol étaient des unités d’élite et ne représentaient qu’une fraction des troupes impériales. Sous le règne de Charles-Quint, les Tercios ne représentaient que 16.7% du total de l'infanterie. Dans l’armée des Flandres (1567 - 1621), les Tercios espagnol ne formaient en moyenne que 14,4 % de l’infanterie, ainsi
en 1572 le duc d’Alba comptait comme infanterie: 19500 wallons, 24440 allemands et 9100 espagnol, soit 17 % du total. En  1607 l'archiduc Alberto disposait comme infanterie: de 3680 italiens, 1500 bourguignons, 2440 irlandais, 14000 wallons,16780 allemands et 6550 espagnols, soit 12 % du total. Enfin au moment de Rocroi en 1643 les fantassins espagnols ne représentaient que 25% de l'infanterie.

Concernant l'organisation de ces troupes elle est différente suivant les nationalités.
Les italiens et les irlandais étaient organisés théoriquement comme les espagnols.

Lorsqu'ils servent pour la couronne d'Espagne, les allemands sont formés en régiments de 10 -12 compagnies de 300 hommes
, avec un état major de 18 hommes, 132 piquiers et 150 mousquetaires pour les régiments de haut-allemands et d'un état-major de 21 hommes, de 150 piquiers, de 29 arquebusiers et de 100 mousquetaires pour les régiments de bas-allemands.
Les wallons furent organisé comme les allemands jusqu’en 1602 puis ensuite en Tercio de 12 compagnies de 200 hommes (Figure ci-dessous). De même les bourguignons furent organisés, après 1598, en Tercio de 12 compagnies de 200 hommes .
Cette organisations sera fortement altéré vers la fin du  XVII siècle ou les  Tercios Italiens et Wallons suivront l'évolutions des tercios espagnols. Les régiments allemands auront des effectifs théoriques variables suivant leurs zones de recrutement en allemagne.

 
Organisation d'une compagnie wallonne de 200 hommes vers 1617.
 
 
 
 
 
 

 

 

Les effectifs réels des unités des nations suivaient la tendance des espagnols. Lors de la revue d'avril 1588, la formidable armée du Duque de Parme comptait en plus des 4 Tercios espagnols:
3 Tercios Italien, totalisant 50 compagnies et 5156 hommes; 1 régiment Bourguignon avec 15 compagnies et 1328 hommes; 2 régiments britanique totalisant 15 compagnies et 1722 hommes; 1 régiment lorrain de 12 compagnies et environ 2300 hommes; 9 régiments wallons
totalisant 116 compagnies et 13870 hommes et 8 régiments allemands totalisant 99 compagnies et environ 24 000 hommes. En résumé nous avons 24 grandes unités (307 compagnies et quelques 48400 hommes) sans compter les 4 tercios espagnols (82 compagnies et 8718 hommes)
En 1590, les 5 compagnies du Tercio de Spinola qui gardaient la forteresse de Breda ne comptaient que 350 hommes prétes aux combats. La même année une petite armée qui voulait récupérer Breda ne comptait que 4 000 fantassins et était subdivisée 37 compagnies: 2 Tercios Italiens (Spinola et Capizuchi) avec 25 compagnies et le régiment allemand  de Berlaymont avec 12 compagnies.
En 1634, l'armée du Cardinal Infante Fernando qui remporta la bataille de Nordlingen, disposait de 2 Tercios espagnols avec 3250 hommes et de 9 unités des nations:

7 Tercios Italiens:
Torralto, 10 co [750 hommes]; Tercio de Cardenas,  13 co [950 hommes]; Tercio de San Severo, 24 co [1 900 hommes]; Tercio de Torrecusa, 15 co [950 hommes]; Tercio de Lunato, 15 co [1 300 hommes]; Tercio de Paniguerola, 12 co [800 hommes]; Tercio de Guasco, 12 co [1 000 hommes].
2 régiments Allemands:
Régiment du Conte de Salm, 11 co [2 400 hommes]; Régiment du Conte de Würmser, 10 co [2 150 hommes]

Nous avons un  total de  7650 italiens subdivisés en 101 compagnies  et  de 4550 allemands, des nouvelles recrues, qui sont réparties en 21 compagnies.

En 1699, les 9 Tercios des nations comptents  24 compagnies Italiennes et  60 compagnies Wallonnes avec respectivement 1023 hommes (341 hommes/Tercios) et 2463 hommes (411 hommes/Tercios).  Les 3 régiments allemands ne comptent que 30 compagnies et 1322 hommes.  


En 1700, dans l'armée de l'etat de Milan, on a 2 Tercios italiens avec 21 compagnies et 1669 hommes, 2 régiments allemands avec 24 compagnies et 2213 hommes.


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